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Politique Publié le mardi 8 mars 2011 | L’Inter

Réunion D`addis Abéba : Les conséquences de l’absence de Gbagbo

Laurent Gbagbo ne sera pas à la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine prévue à Addis Abeba le 10 mars prochain. Il sera représenté par un autre Laurent, qui lui est président du Conseil économique et social. A en en croire en effet le journal pro-gouvernemental, Fraternité Matin, c’est Laurent Dona Fologo qui ira représenter les intérêts du rival d’Alassane Ouattara. Il faut le dire tout net, l’absence de Laurent Gbagbo à cette réunion du CSP peut être lourde de conséquences. La première et la moins fâcheuse, c’est sans aucun doute le fait que les deux protagonistes vont rater là une occasion en or de se parler les yeux dans les yeux. Ceux qui voyaient dans cette réunion d’Addis Abeba l’occasion d’un dialogue direct entre ces frères ennemis, doivent déchanter. Et pourtant, nombreux sont ceux qui percevaient dans ce dialogue Gbagbo-Ouattara le plus sûr moyen d’en finir avec ce contentieux électoral qui endeuille la Côte d’Ivoire ; les deux hommes ayant là l’occasion de vider une fois pour toutes et sans intermédiaire le différend qui les oppose. C’est raté ! Par ailleurs, Laurent Gbagbo peut être sanctionné pour défiance à l’égard des membres du CPS qui l’ont invité au siège de l’Union africaine. Son refus de répondre à l’invitation peut en effet être interprété comme une attitude irrévérencieuse et le faire apparaître comme celui qui joue contre la paix. Perçu comme un « rebelle » à toute initiative internationale en vue de régler le dossier ivoirien, il pourrait être alors traité sans ménagement par un CSP, qui aura tout loisir de lui faire avaler des couleuvres. C’est là la deuxième conséquence. La troisième, qui découle de la seconde, c’est le risque de voir les décisions qui auront été arrêtées à Addis Abeba, connaître le même sort que tous les accords signés après les événements du 19 septembre 2002. Laurent Gbagbo étant absent au moment de l’adoption de ces mesures annoncées comme contraignantes, il n’est pas exclu qu’il les froisse, surtout si elles lui sont défavorables. Comme il l’a fait de l’accord de Linas-Marcoussis et des résolutions de l’Onu sur la crise ivoirienne, notamment la fameuse résolution 1721. Du coup, ces solutions attendues depuis plus d’un mois, s’annoncent mort-nées ou du moins inapplicables sur le terrain. Il s’ensuit que cette impossibilité d’appliquer les « mesures contraignantes » de l’UA aura pour effet de raviver la tension dans le pays avec de nouveaux affrontements armés comme ceux qui endeuillent la Côte d’Ivoire depuis près d’un mois. Une telle dégradation de la situation sociopolitique sur fond de dialogue des armes pourrait pousser l’Union africaine à préconiser l’option militaire brandie entre-temps par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest( Cedeao). Elle pourrait se résoudre à opter pour « la force légitime » d’autant que l’absence de Laurent Gbagbo à la réunion à laquelle il a été convié sera perçue comme du mépris pour les membres du CSP. Et c’est là une autre conséquence.
Assane NIADA
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