Le rideau est tombé sur la 265e réunion du Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine, à Addis Abeba. Le communiqué qui a sanctionné les travaux des chefs de l’Etat pose plus de problèmes qu’il n’en résout. L’équation de départ était simple : Laurent Gbagbo se réclame Président de la République de Côte d’Ivoire, parce que investi par le Conseil constitutionnel ; à l’opposé, Alassane Ouattara dit détenir sa légitimité de la Commission électorale indépendante (Cei). En envoyant des experts en Côte d’Ivoire, la démarche de l’Ua s’est voulue scientifique. Sur le terrain, les experts ont même exposé leurs méthodes de travail. Des enquêtes de terrain, suivies d’auditons ont meublé leurs activités. A l’arrivée, sans «dépouiller» le fatras d’informations glanées, l’Ua conclut en l’élection de Ouattara, comme président élu de la République de Côte d’Ivoire. Tout le monde est pris de court. La logique mathématique épousée par le panel des chefs d’Etat, qui veut que chaque affirmation soit rigoureusement justifiée, est bottée en touche. Alassane est Président, un point, c’est tout. L’Ua confirme ainsi tout le mal que ses détracteurs pensent d’elle. A savoir que, c’est une quincaillerie politique peu soucieuse de l’idéal panafricaniste, où chaque entité vogue en fonction de ses intérêts personnels. Les chefs d’Etat ne sont pas suffisamment responsables pour insuffler une dynamique à l’Union pour optimiser ses rendements. Elle est toujours à la remorque de l’Onu qui lui dicte ses lois. La solution médiane à laquelle s’attendaient les Ivoiriens s’éloigne. Brutalement. Sur le terrain, le camp Ouattara qui ne croyait pas aux conclusions du panel ont mis le pied sur l’accélérateur. Les expéditions punitives dans les quartiers d’Abidjan se soldent toujours par des morts d’innocentes personnes dont le seul crime est d’avoir épousé les thèses de Laurent Gbagbo. L’Ua, en faisant le jeu des criminels, donne d’elle l’image d’une organisation quelconque, à l’instar de l’Onu, le machin, selon le Général de Gaule. En 2002, lorsque le pays est attaqué par « un consortium » de rebelles, l’Ua est restée de marbre. Pourtant, elle proscrit dans ses textes, les prises de pouvoirs par les armes. En 2004, une soixantaine d’Ivoiriens ont été massacrés devant l’Hôtel Ivoire par la Licorne, bras armé de l’ex-président français, Jacques René Chirac. Là encore, la compassion de l’Ua est restée dans les cartons d’Addis-Abeba. Aujourd’hui, là où les Ivoiriens attendaient la voie du milieu, celle de la sagesse, l’Ua s’est engluée dans un labyrinthe diplomatique dont elle seule connaît l’issue. Au rendez-vous de l’Histoire, l’Ua a choisi le bégaiement. Au sifflement du train, elle a trainé les pas. Disons-le net, le seul perdant de la 265e réunion, c’est L’Ua, elle-même. Parce qu’elle n’a pas su éviter à un de ses membres, et pas n’importe lequel, un chaos politique. Sa réponse à la crise post-électorale est devenue une nouvelle question. A laquelle les Ivoiriens devront trouver une solution. Pacifiquement ou par les armes. De l’un à autre, l’histoire qui n’admet pas les jugements précautionneux retiendra la responsabilité de l’Union africaine.
Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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