L’Université d’Abobo-Adjamé non loin du quartier Abobo, a été le théâtre de violents affrontements les 13 et 14 mars 2011. En effet, des insurgés qui se font appeler ‘’commando invisible’’ ont lancé une offensive sur cette Institution académique, et ont pu s’installer pendant quelques moments. Après d’âpres combats, les Forces Armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) ont pu reprendre le contrôle de cette Institution. Le 22 mars 2011, en pionnier, notre équipe de reportage est allée faire le constat.
L’autoroute qui mène à cette Université est fermée à la circulation. Nous sommes obligés aux environs de 12h30, d’emprunter la seconde entrée à partir de l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma). Une fois dans les environs, le silence qui règne juste derrière cet Hôpital, incite déjà à la peur. Les maisons sont vides, on n’entend guère les bruits de ménage dans les familles riveraines. Nous avançons tout de même. Une fois au portail de cette Université, l’on aperçoit des militaires en position de combat de part et d’autre. Notre véhicule avance à une vitesse moyenne pour éviter toute suspicion de la part des éléments des Fanci qui contrôlent les lieux car, à tout moment, ils peuvent faire feu. A 12h40 après quelques mètres, nous sommes stoppés par les soldats. ‘’Où allez-vous et qui êtes-vous ?’’, nous demande le soldat, tout en gardant l’arme pointé sur nous. Alors que nous n’avons même pas encore
décliné notre identité, un autre militaire plus loin nous tient dans son champ de tir. Nous gardons notre calme et nous nous présentons. Nous lui signifions l’objet de notre visite bien que nous ayions été annoncé en ces lieux. Cela n’a pas empêché ces soldats de par leurs précautions, d’afficher une grande incrédulité. Ils ont regardé avec minutie nos documents d’identité, procédé à la fouille de notre véhicule avant de nous laisser partir, avec une mine de méfiance. Environ une centaine de mètres plus tard, d’autres soldats nous demandent de marquer un arrêt. Ce que nous faisons. Là, ce sont des militaires au visage peint en noir avec un regard d’acier qui nous soumettent au même rituel avant de nous laisser avancer dans une Université où règne un calme de cimetière. Les oiseaux et autres sont les seuls à se faire entendre. L’espace qui, habituellement, accueille des milliers d’étudiants de cette
Institution et ceux de l’Université de Bouaké-la-Neuve, qui y est délocalisée, est désert. A la place des étudiants avec des livres et stylos, ce sont désormais des hommes en treillis avec des armes de guerre de type Kalachnikov, des 12.7… qu’on voit à tous les endroits stratégiques de cette Institution, où est logé le savoir. Dans cet espace inhabituel, nous perdons même le sens de l’orientation.
La découverte du sinistre
Nous avançons vers l’entrée principale de cette Institution. Nous apercevons le bâtiment abritant le service administratif et financier. Nous y entrons. Le spectacle est triste. Il ne reste que des cendres dans les bureaux, aucun papier n’est en état, tout a brûlé. Le service informatique où se trouve toute la mémoire électronique de cette Institution n’est qu’un amas de débris. Ces lieux, à la vue, ont été attaqués, avec des armes lourdes incendiaires. A 13h05, nous sommes au niveau du bâtiment abritant le service de la Scolarité. Un service où sont stockées toute la documentation, et les archives des étudiants et celles de l’Institution. En ces lieux, rien n’a été épargné, tout a brûlé intégralement. Les murs sont sur le point de s’écrouler. Nous trouvons sur place des soldats du 1er Bataillon, du Bataillon blindé. Ces derniers affirment que ‘’ ce sont les rebelles qui ont attaqué. Ils ont visé la
Scolarité de cette Université avec des obus. Et voilà les résultats. Nous avons l’impression que ce bâtiment les intéressait particulièrement et ils l’ont détruit. Mais rassurez-vous, nous avons pu les chasser’’. Ce soldat en tenant de tels propos a voulu nous inviter à la sérénité. Nous lui demandons si nous pouvons sortir de l’Université par l’entrée principale pour voir l’autoroute qui mène à Abobo et Adjamé. L’un des soldats sans détour a dit ‘’Vous pouvez regarder ce que vous voulez, les rebelles ont été repoussés jusqu’à Anyama, soyez sereins’’. Une fois sur l’axe principal, nous constatons un véritable silence donnant l’impression d’être dans une zone interdite. Elle l’est vraiment, vu qu’aucun véhicule, ni piéton n’est visible dans les sens Adjamé-Abobo. Ce sont plutôt des check points qui sont installés par les Fanci, pour dire que les combats peuvent reprendre à tout moment.
Du côté de l’entreprise Filtisac qui fait face à cette Université, nous avons pu voir à distance que les grands portails de cette entreprise sont fermés. Les Fanci tiennent des positions avec des armes lourdes. Certains coiffés de casque de guerre veillent au grain 24h/24, d’autres munis de jumelles surveillent à distance. Nous avons pu voir des soldats motivés qui ne cessaient de nous rassurer vu notre empressement à quitter les lieux: ‘’Il n`y a rien, faites votre travail et partez’’. Sur le chemin du retour à 14h, nous rencontrons le Directeur de l’Ures de Korhogo, qui fait partie de l’Université de Bouaké-la-Neuve, dont les bureaux ont été délocalisés à l’Université d’Abobo-Adjamé. Le directeur de l’Ures, le professeur Zigui Koléa Paulin, embarque ses affaires, surtout ses documents à bord de son véhicule de fonction. Il a décidé de délocaliser ses bureaux pour la deuxième fois dans les bureaux de la
Présidence de l’Université de Bouaké-la-Neuve, sis aux 2Plateaux 7ème tranche. Le Président de l’Université de Bouaké-la-Neuve, le Professeur Lazare Poamé, dont le souci de l’autre a toujours structuré son être, a accueilli de façon spontanée dans ses locaux, son collègue d’Abobo-Adjamé. C’est désormais l’Université de Bouaké, elle-même délocalisée du fait de la crise militaro-politique de 2002, qui accueille la présidence de l’Université d’Abobo-Adjamé.
K.A.Parfait
L’autoroute qui mène à cette Université est fermée à la circulation. Nous sommes obligés aux environs de 12h30, d’emprunter la seconde entrée à partir de l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma). Une fois dans les environs, le silence qui règne juste derrière cet Hôpital, incite déjà à la peur. Les maisons sont vides, on n’entend guère les bruits de ménage dans les familles riveraines. Nous avançons tout de même. Une fois au portail de cette Université, l’on aperçoit des militaires en position de combat de part et d’autre. Notre véhicule avance à une vitesse moyenne pour éviter toute suspicion de la part des éléments des Fanci qui contrôlent les lieux car, à tout moment, ils peuvent faire feu. A 12h40 après quelques mètres, nous sommes stoppés par les soldats. ‘’Où allez-vous et qui êtes-vous ?’’, nous demande le soldat, tout en gardant l’arme pointé sur nous. Alors que nous n’avons même pas encore
décliné notre identité, un autre militaire plus loin nous tient dans son champ de tir. Nous gardons notre calme et nous nous présentons. Nous lui signifions l’objet de notre visite bien que nous ayions été annoncé en ces lieux. Cela n’a pas empêché ces soldats de par leurs précautions, d’afficher une grande incrédulité. Ils ont regardé avec minutie nos documents d’identité, procédé à la fouille de notre véhicule avant de nous laisser partir, avec une mine de méfiance. Environ une centaine de mètres plus tard, d’autres soldats nous demandent de marquer un arrêt. Ce que nous faisons. Là, ce sont des militaires au visage peint en noir avec un regard d’acier qui nous soumettent au même rituel avant de nous laisser avancer dans une Université où règne un calme de cimetière. Les oiseaux et autres sont les seuls à se faire entendre. L’espace qui, habituellement, accueille des milliers d’étudiants de cette
Institution et ceux de l’Université de Bouaké-la-Neuve, qui y est délocalisée, est désert. A la place des étudiants avec des livres et stylos, ce sont désormais des hommes en treillis avec des armes de guerre de type Kalachnikov, des 12.7… qu’on voit à tous les endroits stratégiques de cette Institution, où est logé le savoir. Dans cet espace inhabituel, nous perdons même le sens de l’orientation.
La découverte du sinistre
Nous avançons vers l’entrée principale de cette Institution. Nous apercevons le bâtiment abritant le service administratif et financier. Nous y entrons. Le spectacle est triste. Il ne reste que des cendres dans les bureaux, aucun papier n’est en état, tout a brûlé. Le service informatique où se trouve toute la mémoire électronique de cette Institution n’est qu’un amas de débris. Ces lieux, à la vue, ont été attaqués, avec des armes lourdes incendiaires. A 13h05, nous sommes au niveau du bâtiment abritant le service de la Scolarité. Un service où sont stockées toute la documentation, et les archives des étudiants et celles de l’Institution. En ces lieux, rien n’a été épargné, tout a brûlé intégralement. Les murs sont sur le point de s’écrouler. Nous trouvons sur place des soldats du 1er Bataillon, du Bataillon blindé. Ces derniers affirment que ‘’ ce sont les rebelles qui ont attaqué. Ils ont visé la
Scolarité de cette Université avec des obus. Et voilà les résultats. Nous avons l’impression que ce bâtiment les intéressait particulièrement et ils l’ont détruit. Mais rassurez-vous, nous avons pu les chasser’’. Ce soldat en tenant de tels propos a voulu nous inviter à la sérénité. Nous lui demandons si nous pouvons sortir de l’Université par l’entrée principale pour voir l’autoroute qui mène à Abobo et Adjamé. L’un des soldats sans détour a dit ‘’Vous pouvez regarder ce que vous voulez, les rebelles ont été repoussés jusqu’à Anyama, soyez sereins’’. Une fois sur l’axe principal, nous constatons un véritable silence donnant l’impression d’être dans une zone interdite. Elle l’est vraiment, vu qu’aucun véhicule, ni piéton n’est visible dans les sens Adjamé-Abobo. Ce sont plutôt des check points qui sont installés par les Fanci, pour dire que les combats peuvent reprendre à tout moment.
Du côté de l’entreprise Filtisac qui fait face à cette Université, nous avons pu voir à distance que les grands portails de cette entreprise sont fermés. Les Fanci tiennent des positions avec des armes lourdes. Certains coiffés de casque de guerre veillent au grain 24h/24, d’autres munis de jumelles surveillent à distance. Nous avons pu voir des soldats motivés qui ne cessaient de nous rassurer vu notre empressement à quitter les lieux: ‘’Il n`y a rien, faites votre travail et partez’’. Sur le chemin du retour à 14h, nous rencontrons le Directeur de l’Ures de Korhogo, qui fait partie de l’Université de Bouaké-la-Neuve, dont les bureaux ont été délocalisés à l’Université d’Abobo-Adjamé. Le directeur de l’Ures, le professeur Zigui Koléa Paulin, embarque ses affaires, surtout ses documents à bord de son véhicule de fonction. Il a décidé de délocaliser ses bureaux pour la deuxième fois dans les bureaux de la
Présidence de l’Université de Bouaké-la-Neuve, sis aux 2Plateaux 7ème tranche. Le Président de l’Université de Bouaké-la-Neuve, le Professeur Lazare Poamé, dont le souci de l’autre a toujours structuré son être, a accueilli de façon spontanée dans ses locaux, son collègue d’Abobo-Adjamé. C’est désormais l’Université de Bouaké, elle-même délocalisée du fait de la crise militaro-politique de 2002, qui accueille la présidence de l’Université d’Abobo-Adjamé.
K.A.Parfait