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Politique Publié le mardi 5 avril 2011 | AFP

Malgré ses promesses, la France intervient à nouveau en Afrique

PARIS, Pressé par les menaces pesant sur les Français et
l'incapacité militaire de l'Onu, Nicolas Sarkozy a plongé la France dans une
nouvelle opération militaire en Côte d'Ivoire, qui met à mal ses promesses de
neutralité et souligne les ambiguïtés de sa politique africaine.
Le chef de l'Etat avait pourtant promis que l'on ne l'y prendrait plus.
Lors d'un déplacement en Afrique du Sud en février 2008, il avait très
clairement proclamé son intention de mettre un terme aux interventions très
controversées de la France dans ses ex-colonies d'Afrique.
"La France n'a pas à jouer un rôle de gendarme en Afrique", avait-il alors
lancé, "la France n'a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées
en Afrique. L'Afrique doit prendre en charge les problèmes de sécurité".
A peine trois ans plus tard, les armes françaises ont à nouveau parlé en
Côte d'Ivoire. Lundi soir, des hélicoptères tricolores ont ouvert le feu à
Abidjan sur des positions du président sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de
céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu par la communauté
internationale comme le vainqueur de la présidentielle de novembre.
Bien sûr, comme l'ont répété le Premier ministre François Fillon et ses
ministres, les formes ont été respectées. L'entrée en action des troupes de la
force Licorne a été "expressement sollicitée par le secrétaire général de
l'Onu Ban Ki-moon, conformément à la résolution 1975 de son Conseil de
sécurité".
Comme l'a souligné Nicolas Sarkozy dans sa réponse à M. Ban, l'opération
française avait pour seul objectif d'assurer "la protection des civils menacés
en Côte d'Ivoire" et d'accélérer les "efforts politiques de l'ensemble de la
communauté internationale visant à résoudre la crise actuelle dans le respect
du choix souverain du peuple ivoirien".
Cette intervention vise à "neutraliser les armes lourdes détenues par les
forces" de Laurent Gbagbo et elle "se terminera dès lors que la mission de
l'Onuci sera remplie", a insisté mardi le Quai d'Orsay.
Malgré ces précautions juridiques et oratoires, l'action militaire
française à Abidjan a fait ressurgir les mauvais souvenirs de sa précédente
intervention dans la capitale économique ivoirienne en novembre 2004, après le
bombardement de la base française de Bouaké par des avions du camp Gbagbo. Et
surtout relancé le procès en ingérence de la France en Afrique.
Très en pointe dans les efforts internationaux visant à accélérer le départ
de Laurent Gbagbo au profit d'Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy s'était
défendu de toute ingérence. "Il n'y a aucune ambiguïté : nos soldats, les
soldats de la France, n'ont pas vocation à s'ingérer dans les affaires
intérieures de la Côte d'Ivoire", avait-il promis début janvier.
Critiqué pour ses atermoiements face à la révolte qui a emporté le régime
"ami" de l'ex-président Ben Ali en Tunisie, le chef de l'Etat avait justifié
quelques jours plus tard sa prudence par la nécessité d'une "certaine réserve
lorsqu'il s'agit de commenter les événements des pays qui ont été colonisés
par la France". La France ne doit pas être "assimilée à un pays qui a gardé
des réflexes coloniaux", avait-il souligné.
L'opposition ne s'est pas privée mardi de souligner ces ambiguïtés.
"C'est vrai que la situation est grave", a concédé le chef de file des députés
socialistes Jean-Marc Ayrault, "maintenant, fallait-il intervenir comme la
France l'a fait ? Nous nous interrogeons, nous sommes réservés".
Devant l'Assemblée nationale, M. Fillon a balayé ces réserves, assurant que
"la France peut être aujourd'hui fière d'avoir participé à la défense et à
l'expression de la démocratie en Côte d'Ivoire".
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