Elle ne fait plus envie. La Résidence présidentielle, cette belle et imposante bâtisse a perdu toute sa splendeur. Le Premier ministre Guillaume Soro et certains de ses collaborateurs, notamment le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko, ont visité ses ruines hier matin. Dès son entrée, la Résidence Présidentielle expose sa laideur. Deux chars détruits par les bombardements des forces de l’ONUCI et la Licorne jouent les hôtesses. A peine a-t-on fini de les observer que des éléments de l’ONUCI vous énumèrent les mesures de sécurité. « Faites attention où vous posez les pieds, met-on en garde. Il y a des mines dans la pelouse ». Nous avons pu effectivement apercevoir quelques mines anti-personnelles au niveau de la guérite. Plus loin dans la cour de la Résidence traient également des grenades offensives. Même les nombreux véhicules abandonnés dont l’un des « command car » présidentiel sont minés, avertissent les soldats présents. Il s’agit bien d’une Résidence minée. Un bâtiment secondaire a échappé à un incendie. Le bâtiment principal, lui, a toute sa façade lagunaire détruite par les bombardements. Tout le premier étage est démoli. Des arbres sont tombés sur des véhicules. Les stigmates de combats violents sont évidents. La Croix-Rouge y a découvert cinq corps, quatre militaires et un civil. Pour des raisons non expliquées, le « bunker » a été interdit aux journalistes, reporters photo et cameramen. Ceux qui ont cependant accompagné le Premier ministre dans ce sous-sol décrivent la même désolation. A sa sortie, Guillaume Soro lui-même parle d’un « sentiment de gâchis ». « Il était important qu’on vienne voir la réalité de la Résidence présidentielle, a-t-il expliqué. On constate qu’il y avait ici une intense activité militaire. Toutes ces grenades encore présentes dénotent de la violence des combats ». Le Premier ministre s’est dit « choqué » que l’ancien Chef de l’Etat Laurent Gbagbo s’y soit « enfermé avec ses enfants et petits-enfants ». « Il les a mis en danger, a-t-il déploré. Il aurait pu les mettre en sécurité au lieu de les utiliser comme bouclier humain ». En tout état de cause, il estime que tout cela est une « leçon pour l’avenir ». Et aussi qu’on « ne peut plus gouverner comme il y a 20 ans ». Guillaume Soro a insisté que Laurent Gbagbo a eu plus de « chance » de s’en sortir mieux que Ben Ali (Tunisie) et Hosni Moubarak. « La France et les Etats-Unis lui avaient proposé un exil doré », a-t-il rappelé. Mais mieux vaut ne pas s’y attarder. Avec ses collaborateurs, il est retourné à la Primature au Plateau. Il a répété qu’il était primordial que les Ivoiriens « reprennent le travail ». Lui, l’a déjà fait et compte tenir un conseil de gouvernement ce matin. Comme pour dire qu’il y a une vie et aussi une Côte d’Ivoire après Laurent Gbagbo.
KIGBAFORY Inza
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