Adulé par les uns et stigmatisé par les autres, Koulibaly Mamadou ne laisse personne indifférent. Ces récentes sorties pour le retour d’un climat apaisé au sein de la population et de la classe politique sont diversement appréciées dans sa famille politique alors qu`au sein du RHDP, il est fortement critiqué.
Pour les pro-Koulibaly, le Vice-président du FPI avait prévenu mais Laurent Gbagbo et les siens ont fait une lecture naïve de la situation dont les conséquences doivent être assumées à présent. Leur raisonnement est le suivant : « Il faut se souvenir que le 2 Juin 2010, à la rotonde de l’Assemblée Nationale, à la faveur d’une conférence initiée par la société civile, le Président Koulibaly Mamadou avait émis des doutes sérieux sur la sincérité des accords de Ouagadougou qui n’avaient pas permis le désarmement qui était pourtant un préalable non négociable avant d’aller aux élections. Il avait même demandé la démission de feu Désiré Tagro et suggéré au Président Laurent Gbagbo la désignation de nouvelles personnalités en vue d’engager des discussions pour des accords plus crédibles. On se souvient également qu’à la faveur de la même conférence, le Président de l’Assemblée Nationale avait dénoncé certaines pratiques dans la procédure de recrutement pour l’entrée dans les grandes écoles publiques notamment l’école de police. Par ailleurs, pour éviter la création de tensions inutiles entre les Ivoiriens et pour ne pas que le FPI soit vu comme un parti xénophobe, on se rappelle que le Président Koulibaly avait conseillé à ses camarades de parti que la liste électorale dite liste blanche, telle que validée par la CEI, sur la base du mode opératoire, soit retenue afin de permettre à tous les Ivoiriens de prendre part aux élections au lieu de s’engager dans un processus de radiation qui, à coup sûr, allait raviver la tension déjà perceptible au sein de la population. Sur toutes ces questions dont l’objectif était de donner la chance au Président Gbagbo de se succéder à lui-même, le Président de l’Assemblée nationale a pratiquement été livré à la vindicte populaire par ses propres camarades de parti. Il avait
été traité d’étranger, de ressortissant de Badiangara au Mali par des femmes et de jeunes venus danser devant l’Assemblée Nationale, de militant infiltré du RDR par Blé Goudé et ses jeunes patriotes, etc… Il lui a même été affirmé que l’on pouvait aller aux élections sans désarmer et que les accords de Ouagadougou étaient la seule voie pour sortir de la crise. Le désarmement avait alors dit le président Gbagbo, se ferait par la force après les élections. Finalement le contentieux électoral a été ouvert, une liste définitive en est sortie et nous sommes allés aux élections librement sans contrainte alors qu’il y avait des réserves sérieuses sur le vote à venir. La liste électorale est revenue presque sans changement du contentieux mais les populations de toutes parts étaient braquées contre nous pour nos atermoiements sans conséquences. Pour avoir accepté d’aller dans ces conditions calamiteuses aux élections, les résultats qui sortent de ce scrutin s’imposent à nous. Laurent Gbagbo ne peut pas avoir imposé l’acceptation forcée de ces conditions à son propre camp et nous demander après coup d’en contester les résultats que l’on pouvait de toute évidence pronostiquer sans risque d’erreurs. Vouloir se braquer contre la réalité qui prévaut après le scrutin, c’est mettre en péril la vie d’autres Ivoiriens. Nous avons assez payé et nous devons aller de l’avant en composant avec les nouvelles autorités dans l’intérêt des populations dans un environnement de paix propice au retour de la prospérité. Par ailleurs, c’est Laurent Gbagbo lui-même qui, mécontent des résultats post électoraux, a demandé à la Communauté internationale de venir faire l’évaluation du processus et qu’il s’engageait à en assumer entièrement les conclusions et à les appliquer de façon impérative. Un tel engagement disqualifiait automatiquement le Conseil Constitutionnel et son résultat qui pouvait être remis en cause par ceux du Panel. Laurent Gbagbo lui-même mettait donc sous l’autorité du Panel des chefs d’Etats de l’UA la décision du Conseil constitutionnel. Il faut respecter ces engagements pour la paix. Ce sont des fautes graves mais qui nous engagent tous en tant que partisans de Laurent Gbagbo ».
En revanche, d’autres militants estiment que Gbagbo a certes commis des erreurs graves qui les ont conduits dans un trou mais ils disent ne pas être condamnés à y rester. Il faut en sortir et s’émanciper de Laurent Gbagbo qui tout compte fait est responsable de tout ce qui leur arrive pour n’avoir pas été à l’écoute de ses partisans. Que disent-ils ? « Il faut engager la lutte pour sortir de ce schéma que Ouattara nous impose car ne pas le faire, c’est perpétuer l’esclavage et encourager les marionnettes de la France. Nous ne pouvons pas nous accoquiner avec des putschistes. Koulibaly à tort de le faire. Une autre voie existe qui est celle de la résistance par tous les moyens. Nous aurions souhaité que le 3ème Vice Président du FPI partage notre point de vue mais nous le comprenons et nous n’allons pas le brûler, pour autant, à cause de sa démarche que nous espérons fructueuse pour l’avenir de la Côte d’Ivoire ».
La question se pose de savoir maintenant ce qu’est la résistance par tous les moyens d’un parti décapité dont les cadres sont dispersés, en exil ou en prison, avec des comptes bancaires bloqués. Alors que la démarche de Koulibaly semble maintenir le FPI en vie, celle de ses adversaires semble appeler au suicide collectif. Les cadres pro Gbagbo ne doivent pas oublier que dans quelques mois ils auront à affronter les élections législatives, municipales et celles de conseils généraux à moins que dans leur stratégie de résistance, ils aient choisi de boycotter l’entrée au gouvernement et la participation aux futurs scrutins.
Il faut retenir, de ces positions, que le Professeur Mamadou Koulibaly va et doit jouer un rôle important dans la réconciliation nationale. Car, même traité d’excentrique par certains cadres du RHDP, ses adversaires reconnaissent en lui quelqu’un qui a toujours été rigoureux dans ses démarches et qui ne négligent aucun détail dans ses initiatives. Evidemment, force est de reconnaître que ses récentes sorties et déclarations ont sensiblement contribué au rapprochement entre les blocs du RHDP et de LMP. Il faut certainement l’encourager à poursuivre ses efforts en faveur de la population qui demeure le véritable enjeu. La libération future des cadres emprisonnés y compris de Laurent Gbagbo lui-même et le retour de ceux en exil n’est probablement envisageable qu’à ce prix. En attendant Koulibaly porte son calvaire.
Une contribution d`Evelyne KOUASSI (Analyste politique)
Pour les pro-Koulibaly, le Vice-président du FPI avait prévenu mais Laurent Gbagbo et les siens ont fait une lecture naïve de la situation dont les conséquences doivent être assumées à présent. Leur raisonnement est le suivant : « Il faut se souvenir que le 2 Juin 2010, à la rotonde de l’Assemblée Nationale, à la faveur d’une conférence initiée par la société civile, le Président Koulibaly Mamadou avait émis des doutes sérieux sur la sincérité des accords de Ouagadougou qui n’avaient pas permis le désarmement qui était pourtant un préalable non négociable avant d’aller aux élections. Il avait même demandé la démission de feu Désiré Tagro et suggéré au Président Laurent Gbagbo la désignation de nouvelles personnalités en vue d’engager des discussions pour des accords plus crédibles. On se souvient également qu’à la faveur de la même conférence, le Président de l’Assemblée Nationale avait dénoncé certaines pratiques dans la procédure de recrutement pour l’entrée dans les grandes écoles publiques notamment l’école de police. Par ailleurs, pour éviter la création de tensions inutiles entre les Ivoiriens et pour ne pas que le FPI soit vu comme un parti xénophobe, on se rappelle que le Président Koulibaly avait conseillé à ses camarades de parti que la liste électorale dite liste blanche, telle que validée par la CEI, sur la base du mode opératoire, soit retenue afin de permettre à tous les Ivoiriens de prendre part aux élections au lieu de s’engager dans un processus de radiation qui, à coup sûr, allait raviver la tension déjà perceptible au sein de la population. Sur toutes ces questions dont l’objectif était de donner la chance au Président Gbagbo de se succéder à lui-même, le Président de l’Assemblée nationale a pratiquement été livré à la vindicte populaire par ses propres camarades de parti. Il avait
été traité d’étranger, de ressortissant de Badiangara au Mali par des femmes et de jeunes venus danser devant l’Assemblée Nationale, de militant infiltré du RDR par Blé Goudé et ses jeunes patriotes, etc… Il lui a même été affirmé que l’on pouvait aller aux élections sans désarmer et que les accords de Ouagadougou étaient la seule voie pour sortir de la crise. Le désarmement avait alors dit le président Gbagbo, se ferait par la force après les élections. Finalement le contentieux électoral a été ouvert, une liste définitive en est sortie et nous sommes allés aux élections librement sans contrainte alors qu’il y avait des réserves sérieuses sur le vote à venir. La liste électorale est revenue presque sans changement du contentieux mais les populations de toutes parts étaient braquées contre nous pour nos atermoiements sans conséquences. Pour avoir accepté d’aller dans ces conditions calamiteuses aux élections, les résultats qui sortent de ce scrutin s’imposent à nous. Laurent Gbagbo ne peut pas avoir imposé l’acceptation forcée de ces conditions à son propre camp et nous demander après coup d’en contester les résultats que l’on pouvait de toute évidence pronostiquer sans risque d’erreurs. Vouloir se braquer contre la réalité qui prévaut après le scrutin, c’est mettre en péril la vie d’autres Ivoiriens. Nous avons assez payé et nous devons aller de l’avant en composant avec les nouvelles autorités dans l’intérêt des populations dans un environnement de paix propice au retour de la prospérité. Par ailleurs, c’est Laurent Gbagbo lui-même qui, mécontent des résultats post électoraux, a demandé à la Communauté internationale de venir faire l’évaluation du processus et qu’il s’engageait à en assumer entièrement les conclusions et à les appliquer de façon impérative. Un tel engagement disqualifiait automatiquement le Conseil Constitutionnel et son résultat qui pouvait être remis en cause par ceux du Panel. Laurent Gbagbo lui-même mettait donc sous l’autorité du Panel des chefs d’Etats de l’UA la décision du Conseil constitutionnel. Il faut respecter ces engagements pour la paix. Ce sont des fautes graves mais qui nous engagent tous en tant que partisans de Laurent Gbagbo ».
En revanche, d’autres militants estiment que Gbagbo a certes commis des erreurs graves qui les ont conduits dans un trou mais ils disent ne pas être condamnés à y rester. Il faut en sortir et s’émanciper de Laurent Gbagbo qui tout compte fait est responsable de tout ce qui leur arrive pour n’avoir pas été à l’écoute de ses partisans. Que disent-ils ? « Il faut engager la lutte pour sortir de ce schéma que Ouattara nous impose car ne pas le faire, c’est perpétuer l’esclavage et encourager les marionnettes de la France. Nous ne pouvons pas nous accoquiner avec des putschistes. Koulibaly à tort de le faire. Une autre voie existe qui est celle de la résistance par tous les moyens. Nous aurions souhaité que le 3ème Vice Président du FPI partage notre point de vue mais nous le comprenons et nous n’allons pas le brûler, pour autant, à cause de sa démarche que nous espérons fructueuse pour l’avenir de la Côte d’Ivoire ».
La question se pose de savoir maintenant ce qu’est la résistance par tous les moyens d’un parti décapité dont les cadres sont dispersés, en exil ou en prison, avec des comptes bancaires bloqués. Alors que la démarche de Koulibaly semble maintenir le FPI en vie, celle de ses adversaires semble appeler au suicide collectif. Les cadres pro Gbagbo ne doivent pas oublier que dans quelques mois ils auront à affronter les élections législatives, municipales et celles de conseils généraux à moins que dans leur stratégie de résistance, ils aient choisi de boycotter l’entrée au gouvernement et la participation aux futurs scrutins.
Il faut retenir, de ces positions, que le Professeur Mamadou Koulibaly va et doit jouer un rôle important dans la réconciliation nationale. Car, même traité d’excentrique par certains cadres du RHDP, ses adversaires reconnaissent en lui quelqu’un qui a toujours été rigoureux dans ses démarches et qui ne négligent aucun détail dans ses initiatives. Evidemment, force est de reconnaître que ses récentes sorties et déclarations ont sensiblement contribué au rapprochement entre les blocs du RHDP et de LMP. Il faut certainement l’encourager à poursuivre ses efforts en faveur de la population qui demeure le véritable enjeu. La libération future des cadres emprisonnés y compris de Laurent Gbagbo lui-même et le retour de ceux en exil n’est probablement envisageable qu’à ce prix. En attendant Koulibaly porte son calvaire.
Une contribution d`Evelyne KOUASSI (Analyste politique)