Enfin, l`on commence à voir le visage du nouveau pouvoir en Côte d`Ivoire. Deux mois, après son avènement, le régime du président Alassane Dramane Ouattara est en train de se dessiner progressivement. Les premiers visages ont été dévoilés avec la publication, avant-hier mercredi 1er juin, de la liste complète des membres du gouvernement. L`on connait, désormais, les hommes avec qui Ouattara compte gouverner la Côte d`Ivoire et relever, surtout, ce pays au bas de l`échelle du développement, après des décennies de crises politico-militaires. L`on attendait, depuis, d`avoir la composition de cette équipe gouvernementale pour la jauger à l`aune de la réalité du terrain ivoirien. Ça y est. La 2ème équipe Soro sous Alassane Ouattara, la 4ème de sa carrière de Premier ministre est enfin disponible. Un gouvernement de 36 membres, qui commence sa tâche dès ce vendredi où se tiendra le premier conseil avec le chef de l`Etat au Palais d`Abidjan. Si après tant d`années de misère, les Ivoiriens sont très regardants sur la qualité des hommes qui vont les diriger, ils pourraient se montrer très attentifs et surtout critiques vis-à-vis de ce gouvernement, qui suscite déjà quelques appréhensions.
Les faiblesses de l`équipe Soro IV
Certes, on parle d`un gouvernement provisoire, qui devrait conduire la Côte d’Ivoire jusqu’aux élections législatives et municipales d`ici à la fin de l’année. Mais, cela n`empêche de relever les faiblesses de cette équipe dont les Ivoiriens attendent beaucoup. La première, c`est l`effectif pléthorique de ministres dont il regorge. Pour un pays en pleine crise, 36 ministres au gouvernement, c`est trop. Cela contraste même avec la rigueur qu`on connait à l`actuel président de la République. On se souvient bien encore, du plan de relance économique de l`ancien président du Comité interministériel devenu ensuite le premier Premier ministre ivoirien à la fin des années 80, qui a fondé sa stratégie sur ``la réduction du train de vie de l`Etat``. A cette époque, Alassane Ouattara avait marqué la rupture d`avec certaines pratiques frisant le laxisme, par ses mesures telle que l`interdiction de l`usage les week-end et pour certains besoins (personnels notamment) des véhicules administratifs. L`on se souvient même que ces véhicules ne pouvaient franchir certaines zones à moins d`y avoir été commis pour une mission bien définie, en dehors de ceux des fonctionnaires exerçant sur les lieux. Aujourd`hui, avec 36 membres dans son gouvernement dont 5 ministères d`Etat de surcroît, et les budgets à allouer à chaque ministère, il faut craindre que l`on soit en face d`une équipe budgétivore. La preuve, il suffit de compter avec un minimum de 3 véhicules pour un ministre (la flèche, le véhicule de commandement et le véhicule d`accompagnement), pour se retrouver déjà à plus d`une centaine d`engins et non des moindres pour ces nouveaux dirigeants. A-t-on réellement besoin d`une pléthore de ministres pour travailler ou l`a-t-on fait juste pour récompenser des camarades de lutte, au mépris des souffrances des populations de plus en plus désespérées? Un fait est remarquable, en effet, dans la composition de ce gouvernement, c`est le dédoublement de certains postes. A vouloir multiplier certainement les portefeuilles pour satisfaire tout le monde, même si l`on peut prétexter vouloir toucher de près les problèmes. Ce qui n`exclut pas de tenir compte des moyens de l`Etat. Un Etat déjà surendetté et affaibli par la crise. L`on ne serait pas surpris, dans les semaines et mois à venir que, comme dans des gouvernements précédents, des ministres se marchent sur les pieds tellement le découpage des tâches sera rude. C`est le cas de le dire avec les portefeuilles de ``l`Environnement et du développement durable`` à côté des départements des ``Eaux et Forêts`` ou de la ``Salubrité urbaine``. Idem pour le ministère ``des ex-combattants et des victimes de guerre`` et celui de la promotion de la jeunesse et de la culture civique. Deux portefeuilles tout aussi semblables que les départements de la Fonction publique et de l`Emploi dont les regroupements auraient fait gagner en terme de charge et de train de vie au nouveau gouvernement. L`autre fait marquant, c`est le retour de certains ministères qui ont fait jaser à l`époque pour leur contenu creux. A quoi va servir le ministère de la salubrité publique à côté des Districts et autres municipalités? Idem pour le ministère des victimes de guerre, à côté du département de la solidarité et de la défense? Bref, l`équipe Soro IV aurait pu faire l`Economie d`une partie de son monde pour gagner aussi bien en fiabilité qu`en moyens pour travailler sereinement. L`on attendait de l`avènement du président Ouattara, réputé pour sa rigueur, une équipe de technocrates bien limitée, une véritable dream-team pour remettre la Côte d`Ivoire au travail. Mais, la liste rendue publique mercredi laisse plutôt déchanter. L`on peut douter de la technocratie de cette équipe où l`on retrouve un peu de tout, sauf des technocrates futés à des postes clés pour mener la bataille de la relève du bateau Ivoire. A certains postes, l`on attend de voir à l`œuvre les élus dont la carrure et l`expérience n`ont rien à voir avec la tâche en vue. Il est vrai qu`on peut se mettre à tous les postes au service de son pays, mais quoi de mieux et de plus fiable pour un maçon d`être appelé sur un bâtiment et pour un ingénieur sur des ponts et chaussées? Le médecin Mabri au Plan et développement tandis que le financier et ancien Premier ministre Duncan trône aux affaires étrangères et l`Economiste Flindé à l`Enseignement technique, ce sont des exemples qui rappellent ceux des gouvernements de ``grilleurs d`arachides`` précédents composés sur la base des accords de paix assimilables et fort bien à une invite des partis politiques à la soupe. A propos, dans le gouvernement Soro IV, le retour de certains anciens donne l`image d`un neuf avec du vieux. Un choix à craindre surtout que certains de ces hommes ont déjà trempé dans la facilité en profitant des faiblesses du régime précédent. Mais il va falloir compter avec un Alassane Ouattara,très surveillé par la communauté internationale, qui veillerait à ne pas laisser ternir sa réputation de banquier rigoureux, qu`on lui connait à travers le monde. C`est pourquoi, au-delà de ces faiblesses susmentionnées, auxquelles il faut ajouter la faible représentativité des femmes (5 sur 36 membres, soit 13%), il faut attendre de voir à l`œuvre ces nouveaux dirigeants pour mieux apprécier leur travail.
Le potentialités de l`équipe Soro IV
On ne peut l`ignorer, le nouveau gouvernement en place, a des mérites qu`il faut souligner au départ pour l`aider à avancer dans sa mission. Même si le choix de certaines personnalités a tout l`air d`une récompense politique, la promotion d`autres est la bienvenue et suscite beaucoup d`espoir en l`avenir. Charles Diby Koff à l`Economie, Patrick Achy à l`Infrastructure, Professeur Thérèse Ndri Yoman, Dr Ibrahim Cissé à l`enseignement supérieur, Moussa Dosso à l`Industrie, le colonel Gnamien Konan dont le bilan à la douane reste une référence, Dagobert Banzio au Commerce, etc. Ce sont autant d`expériences et de personnalités ayant fait la preuve de leur rigueur, qui vont avoir à travailler aux côtés du nouveau président de la République, qui a en face un défi énorme à relever. A côté de ceux-là, l`expérience déjà acquise à la Primature du Premier ministre Guillaume Soro, peut être un autre atout. Surtout que l`un des premiers challenges de ce gouvernement restera la sortie définitive de crise et la réunification totale du territoire ivoirien. Avec Soro à la Primature, cette réunification devrait être considérée comme acquise. Mais, en plus, le Premier ministre a eu l`ingéniosité de se faire accompagner dans sa tâche de ministre de la Défense par un homme d`expérience, son ex-collaborateur Paul Koffi Koffi. Pour qui ne le saurait, M. Koffi Koffi était jusqu`à sa promotion au poste de ministre délégué à la Défense, le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre chargé des opérations de sortie de crise. A ce titre, il aura piloté tous les dossiers tels les programmes de désarmement, de réinsertion des ex-combattants, du service civique, qu`il connait très bien dans le cadre de la pacification du territoire national. Outre ces éléments positifs, la force principale du gouvernement Soro IV repose sur sa cohésion, qui se veut également de fait. Tous les membres ayant la chance d`appartenir à un grand ensemble, le Rassemblement des Houphouétistes (RHDP) et alliés (UPCI), contrairement aux équipes dirigeantes précédentes, de véritables paniers à crabes composés sous le régime Gbagbo. La solidarité gouvernementale étant un gage de réussite pour tout régime, il n`y a pas de raison que le duo Ouattara-Soro n`arrive pas à bon port. Ce duo, sachant à l`avance qu`il a désormais en face une opposition expérimentée et très déterminée (le FPI, le CNRD) et autres à ne lui faire aucun cadeau.
Félix D.BONY
Les faiblesses de l`équipe Soro IV
Certes, on parle d`un gouvernement provisoire, qui devrait conduire la Côte d’Ivoire jusqu’aux élections législatives et municipales d`ici à la fin de l’année. Mais, cela n`empêche de relever les faiblesses de cette équipe dont les Ivoiriens attendent beaucoup. La première, c`est l`effectif pléthorique de ministres dont il regorge. Pour un pays en pleine crise, 36 ministres au gouvernement, c`est trop. Cela contraste même avec la rigueur qu`on connait à l`actuel président de la République. On se souvient bien encore, du plan de relance économique de l`ancien président du Comité interministériel devenu ensuite le premier Premier ministre ivoirien à la fin des années 80, qui a fondé sa stratégie sur ``la réduction du train de vie de l`Etat``. A cette époque, Alassane Ouattara avait marqué la rupture d`avec certaines pratiques frisant le laxisme, par ses mesures telle que l`interdiction de l`usage les week-end et pour certains besoins (personnels notamment) des véhicules administratifs. L`on se souvient même que ces véhicules ne pouvaient franchir certaines zones à moins d`y avoir été commis pour une mission bien définie, en dehors de ceux des fonctionnaires exerçant sur les lieux. Aujourd`hui, avec 36 membres dans son gouvernement dont 5 ministères d`Etat de surcroît, et les budgets à allouer à chaque ministère, il faut craindre que l`on soit en face d`une équipe budgétivore. La preuve, il suffit de compter avec un minimum de 3 véhicules pour un ministre (la flèche, le véhicule de commandement et le véhicule d`accompagnement), pour se retrouver déjà à plus d`une centaine d`engins et non des moindres pour ces nouveaux dirigeants. A-t-on réellement besoin d`une pléthore de ministres pour travailler ou l`a-t-on fait juste pour récompenser des camarades de lutte, au mépris des souffrances des populations de plus en plus désespérées? Un fait est remarquable, en effet, dans la composition de ce gouvernement, c`est le dédoublement de certains postes. A vouloir multiplier certainement les portefeuilles pour satisfaire tout le monde, même si l`on peut prétexter vouloir toucher de près les problèmes. Ce qui n`exclut pas de tenir compte des moyens de l`Etat. Un Etat déjà surendetté et affaibli par la crise. L`on ne serait pas surpris, dans les semaines et mois à venir que, comme dans des gouvernements précédents, des ministres se marchent sur les pieds tellement le découpage des tâches sera rude. C`est le cas de le dire avec les portefeuilles de ``l`Environnement et du développement durable`` à côté des départements des ``Eaux et Forêts`` ou de la ``Salubrité urbaine``. Idem pour le ministère ``des ex-combattants et des victimes de guerre`` et celui de la promotion de la jeunesse et de la culture civique. Deux portefeuilles tout aussi semblables que les départements de la Fonction publique et de l`Emploi dont les regroupements auraient fait gagner en terme de charge et de train de vie au nouveau gouvernement. L`autre fait marquant, c`est le retour de certains ministères qui ont fait jaser à l`époque pour leur contenu creux. A quoi va servir le ministère de la salubrité publique à côté des Districts et autres municipalités? Idem pour le ministère des victimes de guerre, à côté du département de la solidarité et de la défense? Bref, l`équipe Soro IV aurait pu faire l`Economie d`une partie de son monde pour gagner aussi bien en fiabilité qu`en moyens pour travailler sereinement. L`on attendait de l`avènement du président Ouattara, réputé pour sa rigueur, une équipe de technocrates bien limitée, une véritable dream-team pour remettre la Côte d`Ivoire au travail. Mais, la liste rendue publique mercredi laisse plutôt déchanter. L`on peut douter de la technocratie de cette équipe où l`on retrouve un peu de tout, sauf des technocrates futés à des postes clés pour mener la bataille de la relève du bateau Ivoire. A certains postes, l`on attend de voir à l`œuvre les élus dont la carrure et l`expérience n`ont rien à voir avec la tâche en vue. Il est vrai qu`on peut se mettre à tous les postes au service de son pays, mais quoi de mieux et de plus fiable pour un maçon d`être appelé sur un bâtiment et pour un ingénieur sur des ponts et chaussées? Le médecin Mabri au Plan et développement tandis que le financier et ancien Premier ministre Duncan trône aux affaires étrangères et l`Economiste Flindé à l`Enseignement technique, ce sont des exemples qui rappellent ceux des gouvernements de ``grilleurs d`arachides`` précédents composés sur la base des accords de paix assimilables et fort bien à une invite des partis politiques à la soupe. A propos, dans le gouvernement Soro IV, le retour de certains anciens donne l`image d`un neuf avec du vieux. Un choix à craindre surtout que certains de ces hommes ont déjà trempé dans la facilité en profitant des faiblesses du régime précédent. Mais il va falloir compter avec un Alassane Ouattara,très surveillé par la communauté internationale, qui veillerait à ne pas laisser ternir sa réputation de banquier rigoureux, qu`on lui connait à travers le monde. C`est pourquoi, au-delà de ces faiblesses susmentionnées, auxquelles il faut ajouter la faible représentativité des femmes (5 sur 36 membres, soit 13%), il faut attendre de voir à l`œuvre ces nouveaux dirigeants pour mieux apprécier leur travail.
Le potentialités de l`équipe Soro IV
On ne peut l`ignorer, le nouveau gouvernement en place, a des mérites qu`il faut souligner au départ pour l`aider à avancer dans sa mission. Même si le choix de certaines personnalités a tout l`air d`une récompense politique, la promotion d`autres est la bienvenue et suscite beaucoup d`espoir en l`avenir. Charles Diby Koff à l`Economie, Patrick Achy à l`Infrastructure, Professeur Thérèse Ndri Yoman, Dr Ibrahim Cissé à l`enseignement supérieur, Moussa Dosso à l`Industrie, le colonel Gnamien Konan dont le bilan à la douane reste une référence, Dagobert Banzio au Commerce, etc. Ce sont autant d`expériences et de personnalités ayant fait la preuve de leur rigueur, qui vont avoir à travailler aux côtés du nouveau président de la République, qui a en face un défi énorme à relever. A côté de ceux-là, l`expérience déjà acquise à la Primature du Premier ministre Guillaume Soro, peut être un autre atout. Surtout que l`un des premiers challenges de ce gouvernement restera la sortie définitive de crise et la réunification totale du territoire ivoirien. Avec Soro à la Primature, cette réunification devrait être considérée comme acquise. Mais, en plus, le Premier ministre a eu l`ingéniosité de se faire accompagner dans sa tâche de ministre de la Défense par un homme d`expérience, son ex-collaborateur Paul Koffi Koffi. Pour qui ne le saurait, M. Koffi Koffi était jusqu`à sa promotion au poste de ministre délégué à la Défense, le directeur de cabinet adjoint du Premier ministre chargé des opérations de sortie de crise. A ce titre, il aura piloté tous les dossiers tels les programmes de désarmement, de réinsertion des ex-combattants, du service civique, qu`il connait très bien dans le cadre de la pacification du territoire national. Outre ces éléments positifs, la force principale du gouvernement Soro IV repose sur sa cohésion, qui se veut également de fait. Tous les membres ayant la chance d`appartenir à un grand ensemble, le Rassemblement des Houphouétistes (RHDP) et alliés (UPCI), contrairement aux équipes dirigeantes précédentes, de véritables paniers à crabes composés sous le régime Gbagbo. La solidarité gouvernementale étant un gage de réussite pour tout régime, il n`y a pas de raison que le duo Ouattara-Soro n`arrive pas à bon port. Ce duo, sachant à l`avance qu`il a désormais en face une opposition expérimentée et très déterminée (le FPI, le CNRD) et autres à ne lui faire aucun cadeau.
Félix D.BONY