L’annonce de la composition du gouvernement d’union a provoqué des réactions mitigées au sein de l’opinion qui cherche désespérément les signes du changement promis par Alassane Ouattara.
Pléthorique ! Le moins que l’on puisse écrire est que la taille du gouvernement ne passe pas. Et, les critiques ont fusé de partout. 36 ministres, 5 ministres d’Etat pour un pays dont toute l’administration a été pillée, un pays qui sort d’une crise aussi grave où tout est à reconstruire, voilà le défi qu’Alassane Ouattara et son Premier ministre, Guillaume Soro, lancent aux Ivoiriens. Certes, le chef de l’Etat a montré, par le passé, sa capacité à mobiliser des ressources. Mais, le ton d’un nouveau départ n’aurait-il pas été donné par un gouvernement restreint, avec des secrétariats d’Etat, gage d’un souci d’économie ?
Au-delà du nombre, les critiques visent aussi la composition de la nouvelle équipe. Beaucoup de militants du Rassemblement des républicains (Rdr) sont surpris de retrouver les mêmes personnes qui gravitent autour de leur président depuis toujours. Un sentiment de déjà vu qui pousse à penser que leur leader ne favorise pas l’émergence d’autres compétences.
Des voix s’élèvent aussi au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Elles estiment qu’à défaut de pouvoir occuper ici et maintenant la primature, le parti aurait dû obtenir un plus grand nombre de portefeuilles. Ici aussi le manque de renouvellement du personnel gouvernemental est relevé.
Gouvernement de récompense
A l’analyse, l’équipe gouvernementale apparaît très marquée par la politique. Du côté des partis, elle consacre surtout ceux qui ont battu campagne au cours de la présidentielle passée. L’on note ainsi que les 14 ministres de Ouattara sont issus de sa direction de campagne. Ils ont tous été directeur central de campagne, ou directeur régional de campagne, ou encore directeur régional de campagne adjoint. A l’exception de Mme Nialé Kaba, conseillère à l’économie, fort appréciée au cours des débats télévisés de la campagne. Même logique de récompense au Pdci, où tous les ministres, à l’exception de Charles Koffi Diby, étaient membres de la direction de campagne d’Henri Konan Bédié. Ils ont ensuite rejoint l’équipe de campagne du Rhdp, coalition de partis qui a soutenu Ouattara au second tour. Il faut noter que même s’il a décroché deux portefeuilles au titre de parti, membre du Rhdp, Albert Mabri Toikeusse était chargé de la campagne de Ouattara à l’Ouest, dans la deuxième partie de l’élection. Ainsi, la composition de ce gouvernement montre un président encore otage de la présidentielle. Il fallait remercier ceux qui ont contribué à franchir le premier tour et ensuite les artisans de la victoire finale. En ce qui concerne Guillaume Soro, il faut rappeler qu’il devait initialement se retirer avec un statut spécial, conformément aux dispositions du Cadre permanent de concertation(Cpc) de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo). La guerre imposée par l’ancien chef de l’Etat, lui imposera de mener ses troupes à la Révolution orange. L’instauration par la force de la légalité apporte de nouveaux défis. La mise en place de la nouvelle armée demandera plus de temps. Il faut notamment réussir un savant dosage entre les ex-Forces armées de Forces nouvelles(FaFn) et les ex-Forces de défense et de sécurité(Fds). Une tâche peu aisée mais importante pour le retour total à la stabilité.
Finalement, sur 36 ministres, seulement 9 dont le Premier ministre et ses quatre ministres, n’ont pas pris une part active à la campagne présidentielle.
L’option de récompenser ceux qui « ont mouillé » le maillot limitait forcément la marge de manœuvre du chef de l’Etat.
Ouattara pouvait-il agir autrement ? Difficile de trancher. Mais, la légitimité dont il jouit et sa carrure lui permettaient, sans doute, d’imposer des limites infranchissables. Tout le monde ne peut pas être ministre. Du reste, un cadre qui finance son parti à coups de centaines de millions, gagnés d’une manière peu transparente, est-il plus méritant qu’un responsable local qui apporte juste quelques millions, soustraits à ses maigres et honnêtes revenus ?
Le chef de l’Etat a surtout fait la passe à ses soutiens de la campagne. Mais, l’on peut aussi estimer qu’il a formé le gouvernement, l’œil rivé sur les législatives. Il lui fallait maintenir la flamme de la mobilisation, avec l’espoir que la dynamique de la présidentielle lui donnera une majorité confortable au parlement. Dans ces conditions, le meilleur choix était de resserrer les rangs autour de l’équipe qui a gagné. Même si cela doit se faire au prix de certaines concessions, notamment sur les promesses de réduction de la taille du gouvernement, de changement et de compétence.
En d’autres termes, avec ce gouvernement et à quelques exceptions près, Ouattara fait le choix de la politique, qui garde encore tous ses droits.
L’équipe d’après les législatives donnera une meilleure indication sur sa volonté à innover dans le choix des hommes.
Kesy B. Jacob
Pléthorique ! Le moins que l’on puisse écrire est que la taille du gouvernement ne passe pas. Et, les critiques ont fusé de partout. 36 ministres, 5 ministres d’Etat pour un pays dont toute l’administration a été pillée, un pays qui sort d’une crise aussi grave où tout est à reconstruire, voilà le défi qu’Alassane Ouattara et son Premier ministre, Guillaume Soro, lancent aux Ivoiriens. Certes, le chef de l’Etat a montré, par le passé, sa capacité à mobiliser des ressources. Mais, le ton d’un nouveau départ n’aurait-il pas été donné par un gouvernement restreint, avec des secrétariats d’Etat, gage d’un souci d’économie ?
Au-delà du nombre, les critiques visent aussi la composition de la nouvelle équipe. Beaucoup de militants du Rassemblement des républicains (Rdr) sont surpris de retrouver les mêmes personnes qui gravitent autour de leur président depuis toujours. Un sentiment de déjà vu qui pousse à penser que leur leader ne favorise pas l’émergence d’autres compétences.
Des voix s’élèvent aussi au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Elles estiment qu’à défaut de pouvoir occuper ici et maintenant la primature, le parti aurait dû obtenir un plus grand nombre de portefeuilles. Ici aussi le manque de renouvellement du personnel gouvernemental est relevé.
Gouvernement de récompense
A l’analyse, l’équipe gouvernementale apparaît très marquée par la politique. Du côté des partis, elle consacre surtout ceux qui ont battu campagne au cours de la présidentielle passée. L’on note ainsi que les 14 ministres de Ouattara sont issus de sa direction de campagne. Ils ont tous été directeur central de campagne, ou directeur régional de campagne, ou encore directeur régional de campagne adjoint. A l’exception de Mme Nialé Kaba, conseillère à l’économie, fort appréciée au cours des débats télévisés de la campagne. Même logique de récompense au Pdci, où tous les ministres, à l’exception de Charles Koffi Diby, étaient membres de la direction de campagne d’Henri Konan Bédié. Ils ont ensuite rejoint l’équipe de campagne du Rhdp, coalition de partis qui a soutenu Ouattara au second tour. Il faut noter que même s’il a décroché deux portefeuilles au titre de parti, membre du Rhdp, Albert Mabri Toikeusse était chargé de la campagne de Ouattara à l’Ouest, dans la deuxième partie de l’élection. Ainsi, la composition de ce gouvernement montre un président encore otage de la présidentielle. Il fallait remercier ceux qui ont contribué à franchir le premier tour et ensuite les artisans de la victoire finale. En ce qui concerne Guillaume Soro, il faut rappeler qu’il devait initialement se retirer avec un statut spécial, conformément aux dispositions du Cadre permanent de concertation(Cpc) de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo). La guerre imposée par l’ancien chef de l’Etat, lui imposera de mener ses troupes à la Révolution orange. L’instauration par la force de la légalité apporte de nouveaux défis. La mise en place de la nouvelle armée demandera plus de temps. Il faut notamment réussir un savant dosage entre les ex-Forces armées de Forces nouvelles(FaFn) et les ex-Forces de défense et de sécurité(Fds). Une tâche peu aisée mais importante pour le retour total à la stabilité.
Finalement, sur 36 ministres, seulement 9 dont le Premier ministre et ses quatre ministres, n’ont pas pris une part active à la campagne présidentielle.
L’option de récompenser ceux qui « ont mouillé » le maillot limitait forcément la marge de manœuvre du chef de l’Etat.
Ouattara pouvait-il agir autrement ? Difficile de trancher. Mais, la légitimité dont il jouit et sa carrure lui permettaient, sans doute, d’imposer des limites infranchissables. Tout le monde ne peut pas être ministre. Du reste, un cadre qui finance son parti à coups de centaines de millions, gagnés d’une manière peu transparente, est-il plus méritant qu’un responsable local qui apporte juste quelques millions, soustraits à ses maigres et honnêtes revenus ?
Le chef de l’Etat a surtout fait la passe à ses soutiens de la campagne. Mais, l’on peut aussi estimer qu’il a formé le gouvernement, l’œil rivé sur les législatives. Il lui fallait maintenir la flamme de la mobilisation, avec l’espoir que la dynamique de la présidentielle lui donnera une majorité confortable au parlement. Dans ces conditions, le meilleur choix était de resserrer les rangs autour de l’équipe qui a gagné. Même si cela doit se faire au prix de certaines concessions, notamment sur les promesses de réduction de la taille du gouvernement, de changement et de compétence.
En d’autres termes, avec ce gouvernement et à quelques exceptions près, Ouattara fait le choix de la politique, qui garde encore tous ses droits.
L’équipe d’après les législatives donnera une meilleure indication sur sa volonté à innover dans le choix des hommes.
Kesy B. Jacob