x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Art et Culture Publié le mercredi 8 juin 2011 | L’Inter

Interview / Pr. Poamé Lazare (président de l`université de Bouaké): ``Il faut mettre un terme au bricolage académique`` . "Mes ambitions pour cette université"

© L’Inter Par DR
Université de Bouaké-la-Neuve, délocalisée à Abidjan: le président Lazare Poamé annonce le retour de l`institution sur son site originel
Lundi 6 juin 2011. Abidjan. Présidence de l`Université de Bouaké-la-Neuve, Cocody 2 Plateaux, 7ème Tranche. Conférence de presse animée par Pr Lazare Marcelin Poamé
Le Pr Poamé Lazare, président de l'université de Bouaké s'active en ce moment à traduire dans les faits, la décision du retour définitif de son institution académique sur ses bases. Dans cette interview, il dévoile ses ambitions pour l'université de Bouaké.

On entend beaucoup de bruits autour du retour de l’université de Bouaké à Bouaké. Le Centre régional des oeuvres universitaires (Crou) est déjà installé à Bouaké pendant que l’université est encore à Abidjan. Comment expliquez-vous cette situation ?

Nous avons effectivement pris la pleine mesure de cette situation. C'est pourquoi nous avons programmé une série de missions de prospection à Bouaké dont une avec les membres du cabinet du Ministère de l’Enseignement supérieur. Le budget n’étant pas encore en place, la mission programmée avec les membres du cabinet du ministre de tutelle n’a pu être effectuée. Mais vu l’urgence, j'ai dû pré-financer au mois de mai, des missions restreintes au service du patrimoine de l’Université. Ces missions, effectuées dans des conditions extrêmement difficiles dues au fait que l’université ait perdu presque tous ses véhicules lors des pillages d’avril dernier, nous ont permis d’identifier des locaux d’une capacité d’accueil d’environ 4000 étudiants. Dès la mise en place du budget, d’autres missions seront effectuées pour trouver des locaux susceptibles d’accueillir les 18.000 étudiants que nous avons à Abidjan.

S’agit-il de locaux essentiellement académiques ou incluez-vous les logements d’étudiants?

Il s’agit de locaux essentiellement académiques (amphithéâtres, salles de cours, salles de TP, laboratoires...). La quête de logements pour étudiants relève de la compétence du Centre régional des œuvres universitaires (Crou).

En dehors du problème lié à l’absence de budget, qu’est-ce qui peut expliquer les lenteurs constatées dans la mise en œuvre de votre plan de retour à Bouaké ?

Le campus II de l’université de Bouaké ayant été détruit par la guerre de septembre 2002 et les infrastructures du campus I ne pouvant accueillir la même année tous les niveaux d’études, le plan de retour à Bouaké initié il y a quelques années prévoyait ce qu’il était convenu d’appeler le retour progressif par cycle d’études. C’est dans ce cadre que le ministre Cissé Ibrahima avait décidé, il y a environ deux ans, d’envoyer à Bouaké tous les nouveaux bacheliers inscrits à l’université de Bouaké. Cette mesure devait s’accompagner d’une réhabilitation complète des locaux du Campus I de Bouaké. Avec le concours des services compétents des Ministères de l’Enseignement Supérieur et de l’Economie et des Finances, des réhabilitations ont été budgétisées et amorcées, mais la trésorerie, à un moment donné, a fait cruellement défaut en raison de la situation économique désastreuse que traversait la Côte d’Ivoire. Il faut, pour une meilleure perception et résolution du problème de la relocalisation de l’université, que se généralise dans le corps social et politique d’une Côte d’Ivoire nouvelle, la reconnaissance formelle de l’université comme EPN spécifique, entendez un établissement public national à caractère scientifique. En effet, l’université, en raison des exigences scientifiques qui la fondent et la fécondent, ne peut s’implanter tous azimuts. Son implantation doit s’inscrire dans une approche méthodologique stricte qui en garantisse la crédibilité scientifique et la compétitivité transnationale. Cette dernière, elle-même garantie par la qualité des laboratoires de recherche mis à la disposition des chercheurs. C’est peut-être le lieu de rappeler que nous avons inscrit dans le plan de (re)construction de l’université de Bouaké à Bouaké, la construction de laboratoires modernes, équipés de techniques de pointe devant permettre à tous les chercheurs de Côte d’Ivoire et même de la sous-région de réaliser les travaux scientifiques les plus pointus. Notre souci majeur en arrivant à la tête de cette institution est de bâtir une université digne du 21ème siècle. On ne le répètera jamais assez, une université brille non pas par ses enseignements dont la qualité est principiellement évidente, mais par ses recherches. L’université de Bouaké ne saurait continuer de s’accommoder du bricolage académique et de la débrouillardise épistémique qui ont prévalu jusque-là. C’est le sens de l’expression ''la-Neuve'' qui veut marquer une rupture avec les anciennes pratiques universitaires.

Monsieur le président, à quand précisément votre retour à Bouaké ?

Le retour à Bouaké est déjà effectif mentalement pour la plupart des enseignants et du personnel administratif et technique de l’université de Bouaké. Bien qu’ayant tout perdu à Bouaké après les événements du 19 septembre 2002 et malgré les pertes subies ici lors de la bataille d’Abidjan, ces braves animateurs et acteurs de l’université de Bouaké s’estiment prêts à retourner à Bouaké. D’ailleurs, ils mettront à profit les vacances universitaires qui interviendront au mois de juillet pour se rendre à Bouaké en vue de chercher des maisons d’habitation. Mais techniquement, ce retour était confronté à un obstacle apparu jusqu’ici comme rédhibitoire. C’est, disons-le franchement, le manque de moyens financiers pour réhabiliter l’intégralité des locaux restés à Bouaké, louer des locaux pour abriter provisoirement l’ensemble des structures administratives et académiques et payer les vacations effectuées à Bouaké. Le Ministère étant résolu à faire lever cet obstacle, nous envisageons le retour de l’université à Bouaké pour octobre 2011. Pendant que nous serons à Bouaké sur des installations provisoires (octobre 2011 – octobre 2013), des démarches seront entreprises en vue de polariser les efforts du gouvernement et des partenaires au développement sur la construction de l’Université de Bouaké-la-Neuve sur un nouveau site que nous avons obtenu avec le concours des autorités de la ville de Bouaké.

On constate que vous avez de grandes ambitions pour votre institution!

Oui, nous en avons. Et conformément à nos ambitions, la construction de Bouaké-la-Neuve devra tenir compte à la fois des normes internationales requises en la matière et des desiderata des Ivoiriens qui aspirent à un mieux-être gnoséologique et substantiel, véritable clé du développement clés en tête qui doit se substituer au développement clés en main encore triomphant dans les pays sous-développés. Véritable creuset du développement clés en tête, l’université telle que nous la concevons nous paraît singulièrement outillée pour relever les grands défis du moment. A savoir : l’évaluation éthique et scientifique de la politique de réconciliation et de reconstruction post-conflit; l’accompagnement éthique de la réunification de l’armée; la problématique éthico-scientifique de la sécurité alimentaire en situation post-conflit; l’élaboration des stratégies de lutte contre l’extrême pauvreté; les exigences éthico-politiques de la gouvernance des secteurs publics; la mise en place d’une politique réparatrice et prospective de la qualité de l’environnement et du cadre de vie; la restructuration de la politique globale de l’éducation et de la recherche scientifique à l’ère de l’innovation des systèmes de formation. Au regard de la communauté internationale qui embrasse presque partout les intérêts de la Côte d’Ivoire et comptant sur la volonté politique vigoureusement affirmée au sommet de l’Etat en faveur des universités, nous avons la ferme conviction que l’université de Bouaké-la-Neuve pourra disposer de moyens conséquents pour relever avec élégance et dextérité scientifique les défis majeurs de notre siècle.

Franck SOUHONE
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Art et Culture

Toutes les vidéos Art et Culture à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ