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Art et Culture Publié le samedi 11 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Maurice Bandama, ministre de la Culture et de la Francophonie : ‘’La nomination d’un directeur général du Palais de la culture est inopportune’’


Après la passation de charges à la Tour E au 22ème
étage, Monsieur le ministre de la Culture et de la
Francophonie accepte de nous recevoir sans grande
difficulté. Homme de lettres, par ailleurs, homme
de culture, c’est un technocrate, rompu aux arcanes
des affaires culturelles, qui est nommé à la tête de ce
département stratégique. Avec une grande aisance,
l’écrivain-ministre traite à chaud les sujets brûlants de
son ministère.

Monsieur le ministre, vous venez de recevoir le cahier
de charges afférent à votre nouvelle fonction. Quel
sentiment vous traverse l’esprit en ce moment ?

Je suis fier d’avoir été choisi par le Chef de l’Etat, le
Président de la République SEM Alassane Ouattara
pour conduire le département de la Culture. Je suis un

homme de culture, homme de lettres et je peux vous
assurer que dans le domaine de l’art et de la culture,
nous avons toujours considéré que la culture était le
parent pauvre de la politique de gouvernement de ce
pays. Partout où la culture s’est développée, il a fallu à
la base une volonté politique. Parce que la culture a
besoin, pour être rentable, de lourds investissements.
Et sa rentabilité n’est pas toujours matérielle,
perceptible à l’œil nu. On n’a qu’à voir ce que les
Ivoiriens sont devenus pour se rendre compte que c’est
parce qu’il a manqué dans leur éducation, l’éducation
culturelle. Qui est porteuse de valeurs humaine et
spirituelle. Quand un peuple veut faire la guerre, celui-
ci tue la culture. Et quand il veut renaître, ce peuple
crée la culture. Je réalise la responsabilité qui est la
mienne d’être à la tête de ce département en raison de
la qualité de l’homme qui dirige ce pays, en
l’occurrence le Président Alassane Ouattara. Et de sa
disponibilité à faire de la culture, un des piliers
essentiels du développement de la Côte d’Ivoire. Le
Président de la République m’a fait remarquer que la
première puissance du monde, les Etats-Unis ont pour
première industrie la culture. Les hommes de culture,
les artistes, les écrivains, les comédiens, les acteurs de

cinéma sont plus riches que des hommes politiques,
que des chefs d’Etat aux Etats-Unis. Donc, nous avons
une richesse que nous devons exploiter. Notre rôle est
d’organiser et de faire porter au chef du gouvernement
des programmes et des projets viables et porteurs
d’espoir. C’est ainsi que nous attendons conduire notre
mission à la tête de l’Etat.

Monsieur le ministre, quelle sera la place de la
chefferie traditionnelle dans la politique culturelle
du Président Alassane Ouattara, quand on sait que la
loi de 1934 est rigoureusement toisée par les têtes
couronnées ivoiriennes ?

Nous saurons traduire les orientations du Président de
la République. Effectivement, SEM Alassane Ouattara
a dit qu’il donnerait aux rois et chefs traditionnels un
statut officiel dans la Constitution ivoirienne. En raison
de l’importance de leur rôle dans la cohésion nationale.
Et dans la protection du patrimoine national. Les chefs
traditionnels sont des auxiliaires de l’Administration,
ils sont les garants de la tradition. Evidemment, il y a
des dispositions institutionnelles à prendre au niveau
de la Constitution pour que leur statut soit modifié et

reconnu. C’est ce que le Chef de l’Etat a promis et il le
fera en relation avec le Parlement et le ministère de
l’Intérieur. Et nous, en tant que ministère de la Culture,
ne ferions qu’appliquer la vision du Chef de l’Etat.

Le Fonds de soutien à l’action culturelle est vivement
attendu par les opérateurs et acteurs culturels.
Monsieur le ministre, quelles sont les assurances que
vous donnez à ce monde qui est impatient de recevoir
ce fonds pour développer le secteur de la culture en
Côte d’Ivoire ?

Le Fonds de soutien à l’action culturelle est un fonds
qui existe mais qui n’est rien par rapport aux attentes
et aux moyens dont a besoin le ministère pour relancer
la politique culturelle. Il est prévu - et le Chef de l’Etat
l’a indiqué dans son programme de gouvernement -
qu’un pour cent (1%) du budget national soit consacré
à la Culture. Ce sera la plus grande victoire si nous
obtenons ce montant. Cela nous permettra de faire
beaucoup pour la Culture. Le Fonds de l’action
culturelle est loin de couvrir les besoins des artistes en
Côte d’Ivoire. Ça se chiffre à des centaines de milliards.
Alors que ce fonds ne fait qu’à peine un milliard. Mais

ce qui fera la réalité de la politique culturelle en Côte
d’Ivoire, c’est que nous puissions obtenir au moins un
pour cent (1%) du budget national. Cela va nous
permettre de construire des espaces comme des salles
de spectacle. Toute la Côte d’Ivoire doit être dotée de
salles de théâtre, de bibliothèques, de musées, etc.
Quand une troupe ou un film sort, la projection ne doit
pas uniquement se faire au Palais de la culture ou à
l’Hôtel Ivoire. Il faut que les artistes, les acteurs de
théâtre, les comédiens disposent d’espaces où sur les
trois cent soixante cinq (365) jours de l’année, ils
puissent jouer au moins la moitié de l’année. C’est-à-
dire au moins cent soixante (160) jours de
représentation effective parce que partant d’Abidjan
jusqu’à Man, Korhogo, San-Pedro et Abengourou, il
faut qu’il y ait des salles de spectacle de 2000 ou 1500
places au moins.

Qu’en est-il de la coopération Nord-Sud, Monsieur le
ministre?

En dehors du budget national, nous avons tout l’espace
francophone. Qui est aussi un chantier que nous
devons explorer et exploiter. Vous savez que le Palais

de la culture a été construit par la Chine. Nous avons
d’autres pays comme les Etats-Unis, le Japon et
l’Allemagne. Et il y a aussi la coopération Sud-Sud avec
des pays comme le Brésil qui sont prêts à aider la Côte
d’Ivoire à avoir des infrastructures tant économiques
que culturelles pour avoir des salles de spectacle, de
cinéma, de théâtre, etc. C’est tout cela que nous allons
développer à travers la coopération internationale.
Mais, en interne, le Président de la République est
disposé à donner à la culture tous les moyens qu’il
faut. Si nous avons un pour cent (1%) du budget de la
Côte d’Ivoire nous pouvons en un an construire au
moins deux, trois, quatre ou cinq salles de 1500 places
et si nous avons cela pendant quatre ou cinq ans, c’est
une quinzaine et une vingtaine de salles que nous
pourrons construire sur toute l’étendue du territoire.
Une quinzaine ou une vingtaine de musées ou de
bibliothèques nationales, régionales, départementales
et communales que nous pourrions construire sur
l’ensemble du territoire ivoirien. C’est autant de salles
de danse. C’est aussi des moyens que nous pourrions
avoir pour développer le cinéma, pour financer le
théâtre, pour soutenir le livre. Nous avons de vastes
chantiers. Nous n’attendons que les moyens et ces

moyens ne viennent que par la volonté politique. Et
celle-ci existe avec le Président Alassane Ouattara.

Vous venez de nommer le chorégraphe ivoirien
Georges Momboye comme directeur du Ballet national
Louis Aquin qui sera créé sous peu. Quelles sont vos
motivations ?

Nous avons proposé au Chef de l’Etat que M. Georges
Momboye soit nommé comme directeur du Ballet
national de Côte d’Ivoire. Ce jeune homme a un talent.
Il est connu sur le plan international pour avoir fait la
fresque d’ouverture du Mondial allemand en 2006,
la fresque du Mondial Sud-africain 2010 et la fresque
d’ouverture du Festival des arts nègres au Sénégal.
Il n’y a donc pas de raison qu’il n’ait pas les moyens
de s’exprimer chez lui en Côte d’Ivoire. Nous avons
décidé de le nommer au poste de directeur du Ballet
de la danse que nous allons créer du nom du premier
directeur de ce Ballet national de Côte d’Ivoire. Qui a
été dissout parce que certaines personnes ont pensé
que la Culture n’avait pas sa place. Avec Alassane
Ouattara, la Culture prendra toute sa place. Nous allons
créer un théâtre national et un orchestre national

également.

Comme vous donnez le ton, est-ce que vous allez faire
appel à tous les talents ivoiriens de la diaspora ?

Monsieur Momboye est venu et nous le retenons.
Parce que si nous ne lui faisions pas de propositions
concrètes, il allait retourner. Nous donnons un espace,
nous créons une structure telle que le Ballet national
qui doit s’autofinancer. Evidemment, pour tous les
talents ivoiriens qui sont à l’étranger, notre souhait est
qu’ils reviennent pour travailler pour leur pays. Comme
l’a soutenu le Président de la République lors de son
passage en France. Il faut placer la Côte d’Ivoire à la
place à laquelle elle était, mais à une place encore plus
grande. Nous ferons ce que nous pouvons pour que
tous les talents en matière de culture retournent en
Côte d’Ivoire.

Monsieur le ministre, quel sort réservez-vous au Palais
de la culture dont le directeur général Sidiki Babaka
avait déposé sa lettre de démission ?

Le Palais de la culture est totalement détruit. Il y a

beaucoup de candidats à la direction du Palais de
la culture d’Abidjan. Nous estimons qu’aujourd’hui,
même un directeur général du Palais de la culture
ne pourra rien pour cette structure puisqu’elle
n’est pas fonctionnelle. La nomination au poste de
directeur général du Palais de la culture d’Abidjan est
inopportune. Ce sont des centaines de millions qu’il
faut investir. Il faut remettre le Palais de la culture en
l’état, après quoi on pensera à nommer un directeur
général.

Réalisée par Patrick Krou, coll Larissa G.
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