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Société Publié le jeudi 16 juin 2011 | Nord-Sud

Travaux de la baie de Cocody - Déjà 90.000 tonnes de sable tirées du carrefour de l’Indénié

© Nord-Sud Par Emma
Voiries - Le carrefour de l`Indenié, un véritable casse-tête en saison des pluies
Lundi 23 août 2010. Abidjan, Adjamé
Depuis plusieurs semaines, la baie de Cocody est le lieu d’énormes travaux d’assainissement. Camions bennes, pelleteuses, tracto-pelles y travaillent durement chaque jour. L’ennemi à vaincre : le sable. Mais ce sable est aussi un business florissant.


Il est comme un monstre à plusieurs têtes, à chaque fois qu’on en coupe une, une autre pousse : c’est à peu près l’image que donne la montagne de sable qui s’est amoncelée sur la baie de Cocody. Près d’un mois que les travailleurs de l’EIDA (Entreprise ivoirienne d’aide en assainissement) y travaillent. « Tant qu’il continuera de pleuvoir, le sable qui vient d’Abobo et d’Adjamé, continuera de s’accumuler ici, et nous serons toujours là pour le ramasser », explique N’Gata Joseph, consultant et responsable des travaux dans une société de collecte d’ordures.
Au total, les 20 camions transportent 3000 tonnes de sables, dans la journée. Après une période mo­yenne d’un mois de travaux, ce sont donc 90.000 tonnes de sable retirées de ce site. Au point où l’on se demande : où va donc tout ce sable ? Il est le frère de N’Gata Jorès, le dg de l’EIDA, et lui prête main-forte sur le terrain par ses critiques et ses conseils. Le rôle de l’EIDA con­siste à épurer et faire le curage des deux grandes canalisations qui acheminent l’eau de ruissellement (pleine de sable et d’ordures), en provenance d’A­bobo et Adjamé, vers la lagune.
Elles ont une profondeur de 2,5 mètres, à moitié remplies de sable et de déchets. « Nous allons épurer et curer », promet M. N’Gata. Le sable retiré de là, grâce à quatre tracto-pelles et deux pelleteuses, est mis dans des camions bennes. Depuis le 12 mai, 20 camions effectuent chacun en mo­yenne 10 voyages par jour, transportant par voyage 15 mètres cubes (ou 15 tonnes) de sable tirés du site. Ce qui correspond à une charge journalière de 150 tonnes par véhicule.
Sur le chantier, Djibril travaille pour son patron, propriétaire des tracto-pelles que l’EIDA loue chacun à 45.000 Fcfa, l’heure. Une grosse somme qui le motive au travail. Il explique qu’ils acheminent le sable en plusieurs coins d’Abidjan. Sur les routes, pour remplir les nids de poules. Pour remblayer les creux laissés par les anciennes décharges publiques. « Nous allons souvent à Koumassi. Il y a aussi Adjamé-gare nord, sur le pont, où nous allons remblayer des creux sur la route. Abobo, également vers la casse », cite-t-il. Mais la quantité de sable est telle qu’il faut y remédier rapidement au risque de se retrouver pris par le temps, selon N’Gata Joseph. A côté de cette activité, il y a donc une autre, plus fructueuse qui se passe sur le chantier : la vente de sable. A priori, ce sable plein de déchets de tout genre, ne semble bon que pour le remblayage. Cependant, selon N’Gata, il s’agit du sable provenant d’Abobo. Celui qui quitte Adjamé avec l’eau de ruissellement, vient par un autre caniveau. Ce sable peut être utilisé pour des travaux de bâtiment, car il est légèrement plus propre. Il suffit de le tamiser. L’un des employés du chan­tier en a fait son business. «Vieux père, c’est pour payer du sable ? Si c’est nous qui prenons la benne en charge, le chargement coûte 30.000 Fcfa. Mais si c’est vous qui louez la benne, c’est 10.000 Fcfa, un chargement », explique-t-il. Il est souvent caché à l’entrée du chantier pour aborder discrètement les intéressés et leur proposer un prix en-deçà de celui des autres. Mais pour les contrats sérieux d’achat de sable, il vaut mieux s’adresser aux travailleurs de l’EIDA. Le sable, finalement, ami ou ennemi?

Raphaël Tanoh
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