ABIDJAN - "On est obligé de faire avec, mais vraiment c`est pas facile", soupire un policier à Abidjan. Malgré la paix retrouvée, un
malaise persiste au sein des forces armées ivoiriennes entre combattants du président Alassane Ouattara et forces du régime déchu.
L`heure est officiellement à la coopération entre Forces républicaines
(FRCI) ayant porté M. Ouattara au pouvoir et membres des ex-Forces de défense
et de sécurité (FDS), en place jusqu`à la chute de l`ancien chef de l`Etat
Laurent Gbagbo le 11 avril, arrêté après quatre mois de crise post-électorale
et dix jours de guerre à Abidjan.
Mais dans les commissariats, les brigades et les casernes, l`osmose est
difficile.
Au camp Galliéni même, siège de l`état-major de l`armée, les éléments FRCI
souvent en tenues dépareillées et parfois munis de gris-gris (talismans) -
nombre d`entre eux sont issus de l`ex-rébellion du Nord - sont plus visibles
que les anciens FDS.
Symbole d`un changement d`ère, mais aussi de la confusion du moment: le
général Soumaïla Bakayoko, chef d`état-major tactique des FRCI, y occupe les
bureaux du général Philippe Mangou, nommé par M. Gbagbo et pourtant encore
officiellement à la tête des forces armées.
"On appelle les ex-FDS pour travailler ensemble mais il ne faut pas qu`ils
fassent du zèle. On s`est battu pour être ici", explique à l`AFP un combattant
des FRCI, dénonçant le mépris de certains ex-FDS à leur endroit.
Du côté des ex-FDS, beaucoup "se sentent frustrés quand ils doivent
travailler sous les ordres du cordonnier du coin ou de l`apprenti-chauffeur
qui occupe leur bureau", admet un commissaire de police.
"Ce n`est pas du tout facile", répète un jeune policier en secouant la
tête, dans un autre commissariat. Habillé en treillis et sans arme, il cache
mal son dédain lorsqu`il jette un regard vers un soldat des FRCI, vêtu d`un
uniforme de gendarme et kalachnikov à la main, posté à l`entrée.
"Parce qu`ils portent des treillis aujourd`hui et ont des armes, tous ces
gens-là se prennent pour des militaires", peste un autre policier, pointant
leur formation souvent rudimentaire.
Certains ex-FDS digèrent mal d`être rangés dans le camp des vaincus: "on
n`a pas fait la guerre", se justifient-ils.
Les FRCI ont en effet livré bataille au carré des fidèles de Laurent
Gbagbo, renforcé de miliciens et de mercenaires, tandis que l`essentiel des
FDS, comme la plupart de leurs chefs, attendaient l`issue des combats pour se
rallier.
Dans les deux camps, on reconnaît qu`il y a au quotidien de "petits
accrochages", mais on se dépêche de rassurer: "maintenant, ça va nettement
mieux".
Selon le commissaire, lui-même FDS ayant rejoint les FRCI dès le début de
l`offensive pro-Ouattara à Abidjan, l`un des signes de cette détente est que
depuis un mois les ex-FDS n`ont plus à présenter de laissez-passer. "Ca
causait tellement de désagrément qu`on a laissé tomber", raconte-t-il.
Cependant, policiers et gendarmes restent encore rares dans les rues, où
l`on voit davantage les FRCI patrouiller, souvent à bord de véhicules civils
volés lors de l`assaut.
Quant aux éléments ex-FDS qui ont repris le chemin du travail, ils
demeurent inquiets pour leur sécurité: la prison d`Abidjan a été ouverte aux
premières heures de la descente des FRCI sur la capitale économique.
"On travaille la peur au ventre parce que tous les bandits qu`on a
emprisonnés sont dehors et armés", lâche un policier.
malaise persiste au sein des forces armées ivoiriennes entre combattants du président Alassane Ouattara et forces du régime déchu.
L`heure est officiellement à la coopération entre Forces républicaines
(FRCI) ayant porté M. Ouattara au pouvoir et membres des ex-Forces de défense
et de sécurité (FDS), en place jusqu`à la chute de l`ancien chef de l`Etat
Laurent Gbagbo le 11 avril, arrêté après quatre mois de crise post-électorale
et dix jours de guerre à Abidjan.
Mais dans les commissariats, les brigades et les casernes, l`osmose est
difficile.
Au camp Galliéni même, siège de l`état-major de l`armée, les éléments FRCI
souvent en tenues dépareillées et parfois munis de gris-gris (talismans) -
nombre d`entre eux sont issus de l`ex-rébellion du Nord - sont plus visibles
que les anciens FDS.
Symbole d`un changement d`ère, mais aussi de la confusion du moment: le
général Soumaïla Bakayoko, chef d`état-major tactique des FRCI, y occupe les
bureaux du général Philippe Mangou, nommé par M. Gbagbo et pourtant encore
officiellement à la tête des forces armées.
"On appelle les ex-FDS pour travailler ensemble mais il ne faut pas qu`ils
fassent du zèle. On s`est battu pour être ici", explique à l`AFP un combattant
des FRCI, dénonçant le mépris de certains ex-FDS à leur endroit.
Du côté des ex-FDS, beaucoup "se sentent frustrés quand ils doivent
travailler sous les ordres du cordonnier du coin ou de l`apprenti-chauffeur
qui occupe leur bureau", admet un commissaire de police.
"Ce n`est pas du tout facile", répète un jeune policier en secouant la
tête, dans un autre commissariat. Habillé en treillis et sans arme, il cache
mal son dédain lorsqu`il jette un regard vers un soldat des FRCI, vêtu d`un
uniforme de gendarme et kalachnikov à la main, posté à l`entrée.
"Parce qu`ils portent des treillis aujourd`hui et ont des armes, tous ces
gens-là se prennent pour des militaires", peste un autre policier, pointant
leur formation souvent rudimentaire.
Certains ex-FDS digèrent mal d`être rangés dans le camp des vaincus: "on
n`a pas fait la guerre", se justifient-ils.
Les FRCI ont en effet livré bataille au carré des fidèles de Laurent
Gbagbo, renforcé de miliciens et de mercenaires, tandis que l`essentiel des
FDS, comme la plupart de leurs chefs, attendaient l`issue des combats pour se
rallier.
Dans les deux camps, on reconnaît qu`il y a au quotidien de "petits
accrochages", mais on se dépêche de rassurer: "maintenant, ça va nettement
mieux".
Selon le commissaire, lui-même FDS ayant rejoint les FRCI dès le début de
l`offensive pro-Ouattara à Abidjan, l`un des signes de cette détente est que
depuis un mois les ex-FDS n`ont plus à présenter de laissez-passer. "Ca
causait tellement de désagrément qu`on a laissé tomber", raconte-t-il.
Cependant, policiers et gendarmes restent encore rares dans les rues, où
l`on voit davantage les FRCI patrouiller, souvent à bord de véhicules civils
volés lors de l`assaut.
Quant aux éléments ex-FDS qui ont repris le chemin du travail, ils
demeurent inquiets pour leur sécurité: la prison d`Abidjan a été ouverte aux
premières heures de la descente des FRCI sur la capitale économique.
"On travaille la peur au ventre parce que tous les bandits qu`on a
emprisonnés sont dehors et armés", lâche un policier.