Ça suffit, ils nous ont trop pompés. L’harmonisation des salaires des directeurs généraux et des présidents de conseil d’administration mettra un terme à la prédation des deniers publics et surtout à l’anarchie.
Holà aux disparités salariales. La cacophonie dans le traitement financier des directeurs généraux et des présidents de conseils d’administration des sociétés d’Etat ne sera plus qu’un vieux souvenir. Ainsi en a décidé le président Alassane Ouattara qui devrait, au passage, profiter de l’occasion pour opérer un grand nettoyage dans la gouvernance des structures sous tutelle. En effet, la gabegie dans les entreprises publiques et parapubliques ne prend plus seulement la forme des détournements. Mais s’inhibe dans une certaine légalité imparfaite. En fait, parce que la loi portant statut général des sociétés d’Etat reconnaît aux assemblées générales, la compétence de la détermination du traitement des membres du conseil d’administration, les dirigeants, piétinant toute morale, abusent de cette prérogative. «Or, cette possibilité doit s’exercer sous réserve des plafonds fixés par la réglementation en vigueur », précise un inspecteur des finances. Malheureusement, une gageure dans un contexte refondateur fait de boulimie et de prédation généralisée des deniers publics. En réalité, les dirigeants de ces entreprises, bénéficiant du laxisme juridique, ne respectent pas les seuils réglementaires en ce qui concerne leurs avantages et rémunérations.
Audit et coup de balai
«Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un président de conseil d’administration s’en tirer avec 2 voire 3 millions de Fcfa au terme d’une seule session », explique Jean Monhessan, auditeur dans un cabinet privé. A titre d’exemple, l’ancien président du conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffinage (Sir), Laurent Ottro-Zirignon, plafonnait à 5 millions Fcfa. Ces rétributions sont à l’exclusion des autres avantages non spécifiquement énumérés par la réglementation. Il s’agit, entre autres, des indemnités de logement, (même lorsqu’ils occupent des fonctions dans l’administration qui leur ouvrent droit auxdites indemnités), des primes, des dotations mensuelles de carburant, de téléphone, etc. Sans compter aussi l’équipement des résidences et leur renouvellement tous les deux ans. Cet enrichissement ignominieux des administrateurs de sociétés d’Etat sur la fortune publique au mépris de l’éthique est aussi fort chez les directeurs généraux. Sous Marcel Gossio précédemment directeur général du port autonome d’Abidjan, un rapport interne révèle que les indemnités de présence ont parfois culminé à 5 millions de Fcfa. Quant à son collègue de la Société d’opérations pétrolières (Petroci), Kassoum Fadika, il s’est souvent octroyé 3 à 4 millions Fcfa. En ce qui concerne les salaires, ils sont fixés selon les desiderata du patron lui-même. Or, les textes disposent que le salaire des directeurs généraux est égal au salaire indiciaire ou au salaire catégoriel selon le cas. Mais le salaire net perçu par ces directeurs généraux dont les éléments salariaux ont été examinés par l’inspection générale des finances se situe à 10 millions de Fcfa à l’exclusion de certains autres avantages. C’est le cas aussi d’Ahoua Don Mello, anciennement directeur général du Bureau national d’étude technique et de développement (Bnetd). Selon «Notre voie », celui-ci a regretté devant Laurent Gbagbo qu’il gagnait plus d’argent en tant que directeur général que ministre. Une amertume compréhensible dans la mesure où parfois le directeur peut changer son traitement d’un exercice à un autre au sein de la même société. Selon le procès verbal d’un conseil (quand il en existait), le niveau de revalorisation du salaire de M. Gossio a été triplé en moins de 3 ans. Ici, les consommations mensuelles d’eau, d’électricité, de téléphone et de carburant et même la rétribution du personnel domestique sont prises en charge totale par la structure. Le rapport conclut que la rémunération des dirigeants des sociétés d’Etat se fait de manière presque anarchique. Par exemple, les directeurs généraux débauchés s’octroient toujours des salaires, de loin, supérieurs à leurs rétributions initiales. Outre les fonds spéciaux, les directeurs généraux disposent tous de budget de souveraineté dont les montants donnent le vertige. Dans les régies financières notamment à la douane, aux impôts, au trésor et à la direction des affaires maritimes, «les caisses noires» accueillent tous les fonds tirés des ventes aux enchères et autres saisies. Ces abus sont généralement avalisés par les contrôles financiers spécialisés et les récriminations demeurent sans lendemain. Conséquences, les dirigeants et autres administrateurs des établissements publics administratifs et des entreprises publiques et parapubliques continuent de se faire payer à prix d’or sur le dos du contribuable.
Lanciné Bakayoko
Holà aux disparités salariales. La cacophonie dans le traitement financier des directeurs généraux et des présidents de conseils d’administration des sociétés d’Etat ne sera plus qu’un vieux souvenir. Ainsi en a décidé le président Alassane Ouattara qui devrait, au passage, profiter de l’occasion pour opérer un grand nettoyage dans la gouvernance des structures sous tutelle. En effet, la gabegie dans les entreprises publiques et parapubliques ne prend plus seulement la forme des détournements. Mais s’inhibe dans une certaine légalité imparfaite. En fait, parce que la loi portant statut général des sociétés d’Etat reconnaît aux assemblées générales, la compétence de la détermination du traitement des membres du conseil d’administration, les dirigeants, piétinant toute morale, abusent de cette prérogative. «Or, cette possibilité doit s’exercer sous réserve des plafonds fixés par la réglementation en vigueur », précise un inspecteur des finances. Malheureusement, une gageure dans un contexte refondateur fait de boulimie et de prédation généralisée des deniers publics. En réalité, les dirigeants de ces entreprises, bénéficiant du laxisme juridique, ne respectent pas les seuils réglementaires en ce qui concerne leurs avantages et rémunérations.
Audit et coup de balai
«Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir un président de conseil d’administration s’en tirer avec 2 voire 3 millions de Fcfa au terme d’une seule session », explique Jean Monhessan, auditeur dans un cabinet privé. A titre d’exemple, l’ancien président du conseil d’administration de la Société ivoirienne de raffinage (Sir), Laurent Ottro-Zirignon, plafonnait à 5 millions Fcfa. Ces rétributions sont à l’exclusion des autres avantages non spécifiquement énumérés par la réglementation. Il s’agit, entre autres, des indemnités de logement, (même lorsqu’ils occupent des fonctions dans l’administration qui leur ouvrent droit auxdites indemnités), des primes, des dotations mensuelles de carburant, de téléphone, etc. Sans compter aussi l’équipement des résidences et leur renouvellement tous les deux ans. Cet enrichissement ignominieux des administrateurs de sociétés d’Etat sur la fortune publique au mépris de l’éthique est aussi fort chez les directeurs généraux. Sous Marcel Gossio précédemment directeur général du port autonome d’Abidjan, un rapport interne révèle que les indemnités de présence ont parfois culminé à 5 millions de Fcfa. Quant à son collègue de la Société d’opérations pétrolières (Petroci), Kassoum Fadika, il s’est souvent octroyé 3 à 4 millions Fcfa. En ce qui concerne les salaires, ils sont fixés selon les desiderata du patron lui-même. Or, les textes disposent que le salaire des directeurs généraux est égal au salaire indiciaire ou au salaire catégoriel selon le cas. Mais le salaire net perçu par ces directeurs généraux dont les éléments salariaux ont été examinés par l’inspection générale des finances se situe à 10 millions de Fcfa à l’exclusion de certains autres avantages. C’est le cas aussi d’Ahoua Don Mello, anciennement directeur général du Bureau national d’étude technique et de développement (Bnetd). Selon «Notre voie », celui-ci a regretté devant Laurent Gbagbo qu’il gagnait plus d’argent en tant que directeur général que ministre. Une amertume compréhensible dans la mesure où parfois le directeur peut changer son traitement d’un exercice à un autre au sein de la même société. Selon le procès verbal d’un conseil (quand il en existait), le niveau de revalorisation du salaire de M. Gossio a été triplé en moins de 3 ans. Ici, les consommations mensuelles d’eau, d’électricité, de téléphone et de carburant et même la rétribution du personnel domestique sont prises en charge totale par la structure. Le rapport conclut que la rémunération des dirigeants des sociétés d’Etat se fait de manière presque anarchique. Par exemple, les directeurs généraux débauchés s’octroient toujours des salaires, de loin, supérieurs à leurs rétributions initiales. Outre les fonds spéciaux, les directeurs généraux disposent tous de budget de souveraineté dont les montants donnent le vertige. Dans les régies financières notamment à la douane, aux impôts, au trésor et à la direction des affaires maritimes, «les caisses noires» accueillent tous les fonds tirés des ventes aux enchères et autres saisies. Ces abus sont généralement avalisés par les contrôles financiers spécialisés et les récriminations demeurent sans lendemain. Conséquences, les dirigeants et autres administrateurs des établissements publics administratifs et des entreprises publiques et parapubliques continuent de se faire payer à prix d’or sur le dos du contribuable.
Lanciné Bakayoko