Présent à Malabo, depuis samedi, pour le sommet de l’Union africaine qui se déroule dans la capitale équato-guinéenne, le ministre des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan a fait, hier, un point partiel de ses activités devant des représentants de la presse ivoirienne. Nous vous proposons de larges extraits de cet entretien.
-Sur le déroulement des travaux préparatoires
Nous avons participé avant-hier (dimanche) au Conseil exécutif issu de la réunion du Comité des représentants permanents(Corep). Ce sont ces techniciens qui préparent les dossiers pour que le Conseil exécutif composé des ministres qui les examine, puisse se prononcer et faire des propositions et des suggestions aux chefs d’Etat. C’est la 22e réunion au niveau du Corep, la 19e au niveau du Conseil exécutif, et ce sera le 17e sommet ordinaire pour les chefs d’Etat.
Le grand thème qui fera l’objet de discussions au niveau des chefs d’Etat et qui est préparé par les experts et par le Conseil exécutif, est relatif à l’autonomisation de la jeunesse dans le cadre d’un développement durable.
Les jeunes occupent une proportion importante de la population, notamment en Afrique où ils représentent 50%, 60% de la population voire plus. La pyramide des âges est large à la base en Afrique. Elle n’est pas comme en Europe et dans le monde occidental où c’est l’inverse. Ce dossier est important pour l’Afrique parce qu’il faut pouvoir s’occuper de ces jeunes : les éduquer, les former et leur trouver de l’emploi. Une jeunesse sans emploi est une jeunesse dans le désespoir. Les chefs d’Etat vont donner des instructions finales sur ce thème. Le président de la République S.E. Alassane Ouattara fera une intervention particulière sur ce dossier lors du sommet qui a lieu les 30 juin et 1er juillet. Il arrive en principe à Malabo le 29 juin autour de 16 heures.
-Le budget 2012 ajourné
Un autre sujet qui fera l’objet de discussions, c’est la transformation de la Commission (de l’UA) en autorité. Vous rappelez qu’il y a eu plusieurs discussions au temps du guide Kadhafi qui avait souhaité qu’il y ait un gouvernement africain au-dessus des gouvernements spécifiques qui existent. Un certain nombre d’Etats étaient réticents. Et le compromis qui avait été trouvé, c’était de transformer la Commission en Autorité avec un plus grand pouvoir. Un autre point important, c’est l’efficacité des structures de l’Union africaine. Plusieurs commissions sont créées pour traiter de différents sujets. Il faut faire en sorte que ces commissions travaillent avec plus d’efficacité et surtout que les décisions adoptées soient effectivement appliquées. Parce qu’il arrive quelquefois qu’il y ait des difficultés dans le suivi et l’application de ces décisions. (Ndlr : exemple, lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire).
Il y a une série de réunions techniques des ministres dans différents domaines comme la Santé, l’Economie. Chaque fois que ces ministres se réunissent, des rapports sont faits et qui viennent à la réunion globale pour validation. Autre sujet important, c’est le budget qui permet à l’institution de tourner. Il avait été demandé que le budget 2012 soit adopté à cette session-ci. Il se trouve que ce budget qui tourne autour de 300 millions de dollars (environ 15O milliards de Fcfa) n’est pas prêt. Les documents demandés n’étaient pas disponibles. Certainement qu’il y aura à cet effet une session particulière au 2e semestre 2011.
-La Côte d’Ivoire très courtisée
En marge des rencontres et des discussions, la délégation ivoirienne est très sollicitée par les autres pays étrangers qui sont heureux du retour de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale et qui souhaitent nous rencontrer pour savoir la situation actuelle sur le terrain, la vision qu’a le chef de l’Etat pour la relance du développement et les possibilités de coopération entre ces pays et la Côte d’Ivoire. Au niveau de l’Afrique, se sont signalés les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Maroc et le ministre-conseiller de la République togolaise. En Europe, des ministres ou des ambassadeurs, de la Serbie, de la Slovenie, de la Finlande, et de la Hongrie ont approché les autorités ivoiriennes à l’effet de coopérer. Au niveau de l’Océanie-Asie, ce sont l’Australie, la Nouvelle Zélande qui ont marqué leurs intérêts. Et hier après-midi (lundi), la télévision équato-guinéenne.
-L’axe Bamako-Abidjan
réactivé
Nos frères maliens ont souhaité que soit relancée la commission mixte de coopération ivoiro-malienne. Pendant longtemps d’ailleurs, le Mali a été le deuxième client de la Côte d’Ivoire. On ne le sait pas souvent, mais ce pays importe beaucoup de produits ivoiriens. Il faut que nous apportions une attention particulière aux pays de la sous-région. On comprend d’ailleurs pourquoi le président Alassane Ouattara a créé un ministère en charge de l’intégration africaine dirigé par le ministre Adama Bictogo. Nous avons été ensemble pour un certain nombre de rencontres. Les Maliens ont souhaité que dans cette coopération, nous puissions voir des secteurs spécifiques d’intérêt commun tels que celui du coton produit dans le sud-Mali, le Nord de la Côte d’Ivoire, et même une partie du Burkina Faso. Ça peut être un élément de coopération intéressante. Il y a aussi le dossier du transport. Parce qu’il faut acheminer les produits qui viennent du Mali au port d’Abidjan. Vous savez qu’il y a souvent des tracasseries administratives et des difficultés sur le chemin. Il y a parfois même du racket. Il faut qu’on puisse régler cette question d’importance.
-Le Maroc revient !
Concernant le Maroc, il faut rappeler que ce pays et la Côte d’Ivoire ont une longue histoire d’amitié. Elle a commencé entre sa majesté le roi Hassan II et le président Félix Houphouet-Boigny. Une rue de Casablanca porte le nom de Félix Houphouet-Boigny, et la corniche d’Abidjan qui passe devant l’hôtel Ivoire porte le nom du roi Hassan II. Les Marocains souhaitent qu’il y ait une relance de la coopération. En passant en revue un certain nombre de secteurs comme le logement. Avant le coup d’Etat de 1999, les Marocains projetaient de construire 12.000 logements en Côte d’Ivoire. Il faut relancer ce projet. On a aussi parlé des bouteilles de gaz butane. Vous savez qu’il y a une pénurie de bouteilles de gaz en Côte d’Ivoire. Ils ont une société spécialisée dans ce domaine et qui pourrait venir travailler en Côte d’Ivoire. Il est convenu que des sociétés marocaines participent aux appels d’offres des grands travaux pour les routes et autoroutes. Tout en nouant des partenariats publics mais aussi des partenariats du secteur privé pour la relance.
-Le cas des réfugiés
ivoiriens au Togo
Avec le Togo, la possibilité de l’installation d’un consul honoraire à Lomé a été abordée. Ensuite, a été évoquée la question des réfugiés ivoiriens au Togo. La Côte d’Ivoire souhaite, comme le préconise le Hcr (Ndlr : Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) signer un accord tripartite pour un rapatriement volontaire des Ivoiriens qui sont réfugiés au Togo, en remerciant bien sûr le Togo d’avoir bien voulu accueillir les réfugiés ivoiriens dans la situation difficile que traversait la Côte d’Ivoire.
-Des bourses et des
appuis techniques
de l’Europe
Quant à l’Europe, elle a évoqué les relations bilatérales. A ce propos, un schéma du développement en Côte d’Ivoire a été présenté ainsi que des possibilités d’investissement dans le pays. Des pays ont demandé notre appui parce qu’ils souhaitent entrer au Conseil de sécurité de l’Onu comme membre permanent. Il leur a été indiqué qu’en temps opportun, l’ambassadeur auprès des Nations Unies, Bamba Youssouf, fera un compte-rendu. La plupart de ces Etats ont confirmé l’offre de bourses à nos étudiants. En plus, la Hongrie a proposé un appui technique très important dans les domaines de la lutte contre le cancer et de la lutte contre le diabète(…) Les Hongrois ont relevé que ces deux maladies sont des plus courantes en Afrique et ont promis de mettre à notre disposition des techniques de traitement et de prévention qui ont permis de réduire les taux de ces pathologies de 40% dans leur pays.
-L’Australie et
la Nouvelle Zélande
se signalent
Avec l’Australie et la Nouvelle Zelande, nous avons évoqué les questions de bourses d’études qu’ils ont proposées, mais aussi certains dossiers spécifiques que le président de la République a souhaité qu’on revoie avec eux. Nous avons un grand gisement de fer dans la région de Man, mais aussi de l’autre côté du mont Nimba vers la Guinée. Ils devaient exploiter ces minerais. La relance de ce dossier a été abordée. A la demande du président, nous avons aussi travaillé avec eux sur l’appui à l’agriculture en Côte d’Ivoire pour l’augmentation des rendements. Des rencontres sont prévues avec la Suède, les Etats-Unis et la Grande Bretagne.
Propos recueillis par Cissé Sindou, envoyé spécial à Malabo
-Sur le déroulement des travaux préparatoires
Nous avons participé avant-hier (dimanche) au Conseil exécutif issu de la réunion du Comité des représentants permanents(Corep). Ce sont ces techniciens qui préparent les dossiers pour que le Conseil exécutif composé des ministres qui les examine, puisse se prononcer et faire des propositions et des suggestions aux chefs d’Etat. C’est la 22e réunion au niveau du Corep, la 19e au niveau du Conseil exécutif, et ce sera le 17e sommet ordinaire pour les chefs d’Etat.
Le grand thème qui fera l’objet de discussions au niveau des chefs d’Etat et qui est préparé par les experts et par le Conseil exécutif, est relatif à l’autonomisation de la jeunesse dans le cadre d’un développement durable.
Les jeunes occupent une proportion importante de la population, notamment en Afrique où ils représentent 50%, 60% de la population voire plus. La pyramide des âges est large à la base en Afrique. Elle n’est pas comme en Europe et dans le monde occidental où c’est l’inverse. Ce dossier est important pour l’Afrique parce qu’il faut pouvoir s’occuper de ces jeunes : les éduquer, les former et leur trouver de l’emploi. Une jeunesse sans emploi est une jeunesse dans le désespoir. Les chefs d’Etat vont donner des instructions finales sur ce thème. Le président de la République S.E. Alassane Ouattara fera une intervention particulière sur ce dossier lors du sommet qui a lieu les 30 juin et 1er juillet. Il arrive en principe à Malabo le 29 juin autour de 16 heures.
-Le budget 2012 ajourné
Un autre sujet qui fera l’objet de discussions, c’est la transformation de la Commission (de l’UA) en autorité. Vous rappelez qu’il y a eu plusieurs discussions au temps du guide Kadhafi qui avait souhaité qu’il y ait un gouvernement africain au-dessus des gouvernements spécifiques qui existent. Un certain nombre d’Etats étaient réticents. Et le compromis qui avait été trouvé, c’était de transformer la Commission en Autorité avec un plus grand pouvoir. Un autre point important, c’est l’efficacité des structures de l’Union africaine. Plusieurs commissions sont créées pour traiter de différents sujets. Il faut faire en sorte que ces commissions travaillent avec plus d’efficacité et surtout que les décisions adoptées soient effectivement appliquées. Parce qu’il arrive quelquefois qu’il y ait des difficultés dans le suivi et l’application de ces décisions. (Ndlr : exemple, lors de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire).
Il y a une série de réunions techniques des ministres dans différents domaines comme la Santé, l’Economie. Chaque fois que ces ministres se réunissent, des rapports sont faits et qui viennent à la réunion globale pour validation. Autre sujet important, c’est le budget qui permet à l’institution de tourner. Il avait été demandé que le budget 2012 soit adopté à cette session-ci. Il se trouve que ce budget qui tourne autour de 300 millions de dollars (environ 15O milliards de Fcfa) n’est pas prêt. Les documents demandés n’étaient pas disponibles. Certainement qu’il y aura à cet effet une session particulière au 2e semestre 2011.
-La Côte d’Ivoire très courtisée
En marge des rencontres et des discussions, la délégation ivoirienne est très sollicitée par les autres pays étrangers qui sont heureux du retour de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale et qui souhaitent nous rencontrer pour savoir la situation actuelle sur le terrain, la vision qu’a le chef de l’Etat pour la relance du développement et les possibilités de coopération entre ces pays et la Côte d’Ivoire. Au niveau de l’Afrique, se sont signalés les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Maroc et le ministre-conseiller de la République togolaise. En Europe, des ministres ou des ambassadeurs, de la Serbie, de la Slovenie, de la Finlande, et de la Hongrie ont approché les autorités ivoiriennes à l’effet de coopérer. Au niveau de l’Océanie-Asie, ce sont l’Australie, la Nouvelle Zélande qui ont marqué leurs intérêts. Et hier après-midi (lundi), la télévision équato-guinéenne.
-L’axe Bamako-Abidjan
réactivé
Nos frères maliens ont souhaité que soit relancée la commission mixte de coopération ivoiro-malienne. Pendant longtemps d’ailleurs, le Mali a été le deuxième client de la Côte d’Ivoire. On ne le sait pas souvent, mais ce pays importe beaucoup de produits ivoiriens. Il faut que nous apportions une attention particulière aux pays de la sous-région. On comprend d’ailleurs pourquoi le président Alassane Ouattara a créé un ministère en charge de l’intégration africaine dirigé par le ministre Adama Bictogo. Nous avons été ensemble pour un certain nombre de rencontres. Les Maliens ont souhaité que dans cette coopération, nous puissions voir des secteurs spécifiques d’intérêt commun tels que celui du coton produit dans le sud-Mali, le Nord de la Côte d’Ivoire, et même une partie du Burkina Faso. Ça peut être un élément de coopération intéressante. Il y a aussi le dossier du transport. Parce qu’il faut acheminer les produits qui viennent du Mali au port d’Abidjan. Vous savez qu’il y a souvent des tracasseries administratives et des difficultés sur le chemin. Il y a parfois même du racket. Il faut qu’on puisse régler cette question d’importance.
-Le Maroc revient !
Concernant le Maroc, il faut rappeler que ce pays et la Côte d’Ivoire ont une longue histoire d’amitié. Elle a commencé entre sa majesté le roi Hassan II et le président Félix Houphouet-Boigny. Une rue de Casablanca porte le nom de Félix Houphouet-Boigny, et la corniche d’Abidjan qui passe devant l’hôtel Ivoire porte le nom du roi Hassan II. Les Marocains souhaitent qu’il y ait une relance de la coopération. En passant en revue un certain nombre de secteurs comme le logement. Avant le coup d’Etat de 1999, les Marocains projetaient de construire 12.000 logements en Côte d’Ivoire. Il faut relancer ce projet. On a aussi parlé des bouteilles de gaz butane. Vous savez qu’il y a une pénurie de bouteilles de gaz en Côte d’Ivoire. Ils ont une société spécialisée dans ce domaine et qui pourrait venir travailler en Côte d’Ivoire. Il est convenu que des sociétés marocaines participent aux appels d’offres des grands travaux pour les routes et autoroutes. Tout en nouant des partenariats publics mais aussi des partenariats du secteur privé pour la relance.
-Le cas des réfugiés
ivoiriens au Togo
Avec le Togo, la possibilité de l’installation d’un consul honoraire à Lomé a été abordée. Ensuite, a été évoquée la question des réfugiés ivoiriens au Togo. La Côte d’Ivoire souhaite, comme le préconise le Hcr (Ndlr : Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) signer un accord tripartite pour un rapatriement volontaire des Ivoiriens qui sont réfugiés au Togo, en remerciant bien sûr le Togo d’avoir bien voulu accueillir les réfugiés ivoiriens dans la situation difficile que traversait la Côte d’Ivoire.
-Des bourses et des
appuis techniques
de l’Europe
Quant à l’Europe, elle a évoqué les relations bilatérales. A ce propos, un schéma du développement en Côte d’Ivoire a été présenté ainsi que des possibilités d’investissement dans le pays. Des pays ont demandé notre appui parce qu’ils souhaitent entrer au Conseil de sécurité de l’Onu comme membre permanent. Il leur a été indiqué qu’en temps opportun, l’ambassadeur auprès des Nations Unies, Bamba Youssouf, fera un compte-rendu. La plupart de ces Etats ont confirmé l’offre de bourses à nos étudiants. En plus, la Hongrie a proposé un appui technique très important dans les domaines de la lutte contre le cancer et de la lutte contre le diabète(…) Les Hongrois ont relevé que ces deux maladies sont des plus courantes en Afrique et ont promis de mettre à notre disposition des techniques de traitement et de prévention qui ont permis de réduire les taux de ces pathologies de 40% dans leur pays.
-L’Australie et
la Nouvelle Zélande
se signalent
Avec l’Australie et la Nouvelle Zelande, nous avons évoqué les questions de bourses d’études qu’ils ont proposées, mais aussi certains dossiers spécifiques que le président de la République a souhaité qu’on revoie avec eux. Nous avons un grand gisement de fer dans la région de Man, mais aussi de l’autre côté du mont Nimba vers la Guinée. Ils devaient exploiter ces minerais. La relance de ce dossier a été abordée. A la demande du président, nous avons aussi travaillé avec eux sur l’appui à l’agriculture en Côte d’Ivoire pour l’augmentation des rendements. Des rencontres sont prévues avec la Suède, les Etats-Unis et la Grande Bretagne.
Propos recueillis par Cissé Sindou, envoyé spécial à Malabo