M. le Représentant du Secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire
C'est une joie immense qui s'est emparée des populations de l'Ouest de la Côte d'Ivoire en apprenant que vous effectuez, en compagnie du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, mon frère Hamed Bakayoko, une visite pour " toucher les réalités " dans leur contrée. A l'unisson, la chefferie traditionnelle, les différentes communautés religieuses, les cadres et élus des régions de l'Ouest, principalement du Moyen-Cavally, saluent l'opportunité de votre déplacement qui, à n'en point douter, est un véritable soulagement, et suscite espoir et espérance.
Le Moyen-Cavally, la région où vous vous rendez, a payé, assurément, tout le monde s'accorde à le dire, le plus lourd tribut de cette sale et inutile crise post-électorale. Et, comme si les dieux et les hommes s'acharnaient sur cette partie de la Côte d'Ivoire, les souffrances des populations continuent. Elles ont pour noms :
1. Insécurité
En parcourant la presse, l'on apprend que vous faites le voyage de l'Ouest pour un problème de " sécurisation des frontières " avec le Liberia. Vous faites bien. En conjuguant vos efforts avec les autorités libériennes, vous arriverez certainement à freiner le flux et le reflux des mercenaires. Mais, la sécurité à l'intérieur même du Moyen-Cavally est la plus difficile à assurer, tant l'insécurité se vit au quotidien. L'on sait que les mercenaires, dans leur fuite de Yopougon, ont pris la direction de l'Ouest, semant ruines et destructions sur leur passage à Dabou, à Grand-Lahou, à Fresco, à Sassandra, San Pedro, Soubré. Et, ils ont établi (appuyés par des miliciens locaux) leurs quartiers généraux dans les principales villes du Moyen-Cavally que sont Guiglo, Duékoué, Bloléquin, Toulépleu. Et là, ils se sont fondus aux populations. Voici le drame ! Les zones de Guiglo, Duékoué, Bloléquin, Toulépleu, sont devenues de véritables nids de gangsters de tout acabit. Plus grave, il y est né une " mentalité de gangstérisme ", c'est-à-dire, des gens qui, un peu comme les marchands d'armes, pensent qu'ils ont trouvé dans le maniement des armes, la voie pour gagner leur vie. Dès lors, ils créent les conditions de l'insécurité pour pouvoir vivre. Le pic de cette " mentalité de gangstérisme " se trouve être le Mont Péko. Selon le préfet de région de Duékoué, au moins 300 personnes y règnent en maîtres et y ont installé une insécurité sans nom. Parmi ces personnes, on y trouve des dozos baoulé, des dozos bété, yacouba, malinké, etc. Voici de paisibles paysans qui, du jour au lendemain, abandonnent champs et plantations et se transforment en guérilleros car le maniement des armes est devenu leur " Pmu " (l'argent rapide) pour avoir leur gagne-pain quotidien. Troisième volet sécuritaire, le problème de vengeance. La guerre a créé une animosité entre ceux qu'on nomme les autochtones et la classe des allochtones et étrangers. Les vainqueurs d'un jour veulent régner en maîtres durablement. Alors, ils utilisent toutes sortes d'astuces et de moyens pour terroriser les ennemis d'hier. Cela se passe à Bloléquin, à Toulepleu et à Taï. Si l'insécurité règne, il s'en trouve des gens qui sont malheureux. Voici autant de problèmes sécuritaires qui vous attendent lors de votre passage dans le Moyen-Cavally. Nul doute que, grâce à votre expérience et vos qualités de négociateur hors pair, vous saurez, aux uns et aux autres, tenir le langage de la réconciliation.
2. Les déplacés de l'intérieur et les exilés
Les déplacés de l'intérieur, ce sont les personnes qui ont fui, par exemple Guiglo, Duékoué, Bloléquin ou Toulépleu pour se réfugier à Bin-Houyé, à Daloa, à Man, à Abidjan, à San Pedro ou plus loin. Ou tout simplement qui sont cachées en brousse, vivant dans les cavernes et se nourrissant du mieux qu'elles peuvent. Les exilés, bien sûr, ce sont tous ceux qui ont traversé les frontières libérienne et/ou guinéenne. Déplacés de l'intérieur et exilés ont un problème principal : la peur.
Oui, la peur des exactions une fois revenus de la forêt ou du Libéria. Au fait, les populations ont peur de se voir traitées en ennemies par les éléments des Frci ou d'autres bandes armées non identifiables et par voie de conséquence être tuées. Cette peur des exactions fait que beaucoup de personnes hésitent à retourner chez elles. Au demeurant, cette peur est, parfois, amplifiée par une campagne d'intoxication orchestrée par certains cadres de la région tapis dans l'ombre et certains écrits dans la presse. Des journalistes voient la catastrophe partout, et ceci n'est pas fait pour apporter la sérénité au sein des populations qui, souvent, sont prises entre deux feux, les mercenaires d'un côté, et des éléments incontrôlés des Frci de l'autre.
L'autre volet de la peur des populations, c'est de trouver des villages détruits où tout est calciné. Tout est à reconstruire ! Voici le drame ! Si on sait où poser son baluchon une fois retourné chez soi, au moins, on pourra se battre pour autre chose. Mais, il n'existe plus rien comme logis. Par ces temps de saison des pluies en attendant la réhabilitation par l'Etat des maisons incendiées, un camp de réfugiés dans les villages où la promiscuité fait tant de ravages, ne vaut-il pas mieux que d'aller dormir à la belle étoile dans son propre village ?
M. le Représentant du Secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire
L'échantillon que nous évoquons du drame que vivent les populations de l'Ouest, principalement celles du Moyen-Cavally, c'est pour vous souhaiter le traditionnel Akwaba. Nous sommes contentés de vous accueillir. Mais, ne vous offusquez point si d'aventure nous ne vous offrons pas un tabouret ou un bol de riz, comme cela se fait habituellement, en pays Wê. C'est qu'il ne nous reste plus rien, après le passage et /ou la cohabitation avec des mercenaires, miliciens et éléments Frci incontrôlés. C'est pourquoi, la chefferie traditionnelle, les comunautés religieuses, les cadres et élus du Moyen-Cavally n'ont de cesse d'implorer l'Etat pour qu'un plan d'urgence, qu'ils ont dénommé Plan Marshall, soit institué pour ces zones. Car pour eux, la réconciliation doit être précédée des solutions à trouver aux problèmes de logement, de nourriture, de santé, et de sécurisation mais aussi et surtout d'école. Le Moyen Cavally vous dit déjà merci pout tout ce que vous avez déjà fait pour la Côte d'Ivoire et compte sur vous afin que des solutions urgentes soient apportées aux épineux problèmes évoqués ci-dessus.
Bonne arrivée à l'Ouest MM Choï et Hamed Bakayoko !
Denis Kah Zion
Cadre de Toulépleu
C'est une joie immense qui s'est emparée des populations de l'Ouest de la Côte d'Ivoire en apprenant que vous effectuez, en compagnie du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, mon frère Hamed Bakayoko, une visite pour " toucher les réalités " dans leur contrée. A l'unisson, la chefferie traditionnelle, les différentes communautés religieuses, les cadres et élus des régions de l'Ouest, principalement du Moyen-Cavally, saluent l'opportunité de votre déplacement qui, à n'en point douter, est un véritable soulagement, et suscite espoir et espérance.
Le Moyen-Cavally, la région où vous vous rendez, a payé, assurément, tout le monde s'accorde à le dire, le plus lourd tribut de cette sale et inutile crise post-électorale. Et, comme si les dieux et les hommes s'acharnaient sur cette partie de la Côte d'Ivoire, les souffrances des populations continuent. Elles ont pour noms :
1. Insécurité
En parcourant la presse, l'on apprend que vous faites le voyage de l'Ouest pour un problème de " sécurisation des frontières " avec le Liberia. Vous faites bien. En conjuguant vos efforts avec les autorités libériennes, vous arriverez certainement à freiner le flux et le reflux des mercenaires. Mais, la sécurité à l'intérieur même du Moyen-Cavally est la plus difficile à assurer, tant l'insécurité se vit au quotidien. L'on sait que les mercenaires, dans leur fuite de Yopougon, ont pris la direction de l'Ouest, semant ruines et destructions sur leur passage à Dabou, à Grand-Lahou, à Fresco, à Sassandra, San Pedro, Soubré. Et, ils ont établi (appuyés par des miliciens locaux) leurs quartiers généraux dans les principales villes du Moyen-Cavally que sont Guiglo, Duékoué, Bloléquin, Toulépleu. Et là, ils se sont fondus aux populations. Voici le drame ! Les zones de Guiglo, Duékoué, Bloléquin, Toulépleu, sont devenues de véritables nids de gangsters de tout acabit. Plus grave, il y est né une " mentalité de gangstérisme ", c'est-à-dire, des gens qui, un peu comme les marchands d'armes, pensent qu'ils ont trouvé dans le maniement des armes, la voie pour gagner leur vie. Dès lors, ils créent les conditions de l'insécurité pour pouvoir vivre. Le pic de cette " mentalité de gangstérisme " se trouve être le Mont Péko. Selon le préfet de région de Duékoué, au moins 300 personnes y règnent en maîtres et y ont installé une insécurité sans nom. Parmi ces personnes, on y trouve des dozos baoulé, des dozos bété, yacouba, malinké, etc. Voici de paisibles paysans qui, du jour au lendemain, abandonnent champs et plantations et se transforment en guérilleros car le maniement des armes est devenu leur " Pmu " (l'argent rapide) pour avoir leur gagne-pain quotidien. Troisième volet sécuritaire, le problème de vengeance. La guerre a créé une animosité entre ceux qu'on nomme les autochtones et la classe des allochtones et étrangers. Les vainqueurs d'un jour veulent régner en maîtres durablement. Alors, ils utilisent toutes sortes d'astuces et de moyens pour terroriser les ennemis d'hier. Cela se passe à Bloléquin, à Toulepleu et à Taï. Si l'insécurité règne, il s'en trouve des gens qui sont malheureux. Voici autant de problèmes sécuritaires qui vous attendent lors de votre passage dans le Moyen-Cavally. Nul doute que, grâce à votre expérience et vos qualités de négociateur hors pair, vous saurez, aux uns et aux autres, tenir le langage de la réconciliation.
2. Les déplacés de l'intérieur et les exilés
Les déplacés de l'intérieur, ce sont les personnes qui ont fui, par exemple Guiglo, Duékoué, Bloléquin ou Toulépleu pour se réfugier à Bin-Houyé, à Daloa, à Man, à Abidjan, à San Pedro ou plus loin. Ou tout simplement qui sont cachées en brousse, vivant dans les cavernes et se nourrissant du mieux qu'elles peuvent. Les exilés, bien sûr, ce sont tous ceux qui ont traversé les frontières libérienne et/ou guinéenne. Déplacés de l'intérieur et exilés ont un problème principal : la peur.
Oui, la peur des exactions une fois revenus de la forêt ou du Libéria. Au fait, les populations ont peur de se voir traitées en ennemies par les éléments des Frci ou d'autres bandes armées non identifiables et par voie de conséquence être tuées. Cette peur des exactions fait que beaucoup de personnes hésitent à retourner chez elles. Au demeurant, cette peur est, parfois, amplifiée par une campagne d'intoxication orchestrée par certains cadres de la région tapis dans l'ombre et certains écrits dans la presse. Des journalistes voient la catastrophe partout, et ceci n'est pas fait pour apporter la sérénité au sein des populations qui, souvent, sont prises entre deux feux, les mercenaires d'un côté, et des éléments incontrôlés des Frci de l'autre.
L'autre volet de la peur des populations, c'est de trouver des villages détruits où tout est calciné. Tout est à reconstruire ! Voici le drame ! Si on sait où poser son baluchon une fois retourné chez soi, au moins, on pourra se battre pour autre chose. Mais, il n'existe plus rien comme logis. Par ces temps de saison des pluies en attendant la réhabilitation par l'Etat des maisons incendiées, un camp de réfugiés dans les villages où la promiscuité fait tant de ravages, ne vaut-il pas mieux que d'aller dormir à la belle étoile dans son propre village ?
M. le Représentant du Secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire
L'échantillon que nous évoquons du drame que vivent les populations de l'Ouest, principalement celles du Moyen-Cavally, c'est pour vous souhaiter le traditionnel Akwaba. Nous sommes contentés de vous accueillir. Mais, ne vous offusquez point si d'aventure nous ne vous offrons pas un tabouret ou un bol de riz, comme cela se fait habituellement, en pays Wê. C'est qu'il ne nous reste plus rien, après le passage et /ou la cohabitation avec des mercenaires, miliciens et éléments Frci incontrôlés. C'est pourquoi, la chefferie traditionnelle, les comunautés religieuses, les cadres et élus du Moyen-Cavally n'ont de cesse d'implorer l'Etat pour qu'un plan d'urgence, qu'ils ont dénommé Plan Marshall, soit institué pour ces zones. Car pour eux, la réconciliation doit être précédée des solutions à trouver aux problèmes de logement, de nourriture, de santé, et de sécurisation mais aussi et surtout d'école. Le Moyen Cavally vous dit déjà merci pout tout ce que vous avez déjà fait pour la Côte d'Ivoire et compte sur vous afin que des solutions urgentes soient apportées aux épineux problèmes évoqués ci-dessus.
Bonne arrivée à l'Ouest MM Choï et Hamed Bakayoko !
Denis Kah Zion
Cadre de Toulépleu