x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le jeudi 7 juillet 2011 | Le Mandat

Scandale des redevances dans la filière anacarde: Sangafowa Coulibaly va-t-il sacrifier les vrais producteurs ?

© Le Mandat Par Emma
Activités gouvernementales : Les ministres en séminaire
Mardi 5 juillet 2011. Abidjan, palais présidentiel du Plateau. Le chef de l`Etat ouvre les travaux du séminaire gouvernemental. Photo: le ministre de l`Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly
La filière de l’anacarde ne semble pas bien se porter. Des crises à répétition la sécouent. Et des producteurs indexent le nouneau ministre de l’Agriculture. Des faits...

Depuis le 17 juin 2011, la Direction des Douanes a pris une circulaire en vue de lutter contre la sortie frauduleuse des noix de cajou par voie terrestre et sécuriser la filière anacarde. La circulaire institue désormais le ‘’Bordereau Intercajou’’ comme une condition de recevabilité des déclarations à l’exportation des noix de cajou. Dans la mise en application de cette circulaire, Intercajou s’est heurté à quelques difficultés de la part de certains exportateurs. Ces derniers ont estimé qu’ils n’ont pas été avertis assez tôt et qu’ils souhaitaient l’application de la circulaire aux prochaines expéditions des noix de cajou. Face à cette situation, l’Administration douanière a jugé utile, pour ne pas bloquer les noix de cajou déjà mises en conteneurs et prêtes pour l’expédition, de suspendre temporairement l’application de ladite circulaire en attendant la position définitive du ministère de l’Agriculture et de l’ARECA. Les démarches entreprises par la Fédération Nationale des Producteurs de l’Anacarde de Côte d’Ivoire, après moult tentatives, pour obtenir l’implication du Ministère de l’Agriculture dans la mise en œuvre du Bordereau Intercajou, ont abouti à une rencontre avec l’Inspecteur Général du ministère de l’Agriculture. Il ressort de cette rencontre que le ministre a décidé de recevoir les producteurs le jeudi 07 juillet 2011 à son Cabinet. Contre toute attente, le mardi 5 juillet, le Cabinet du ministre publie une convocation pour la tenue d’une réunion ayant l’apparence des états généraux non préparés, destinée à examiner la situation de la filière anacarde et à prendre des dispositions pratiques. Cette réunion est élargie à l’ensemble des acteurs réels ou supposés de la filière anacarde. Ainsi, des associations, des coopératives, des réseaux dont la plupart n’ont aucune existence juridique et aucun impact réel sur le terrain sont associés à cette réunion en vue de faire barrage aux revendications des vrais producteurs de la filière. Il faut noter que le vrai sujet qui divise le ministère de l’Agriculture et l’autorité de régulation du Coton et de l’Anacarde (ARECA) d’une part et les producteurs et Intercajou d’autre part, serait le scandale des redevances destinées à l’organe interprofessionnel de la filière (INTERCAJOU) collectées par l’ARECA sur la période de 2005 à 2011, dont le montant s’élève aujourd’hui à plus de 2 milliards de FCFA. L’ARECA serait incapable de faire la lumière sur l’utilisation de ces fonds appartenant aux producteurs. Les différentes démarches entreprises par ces derniers, et par l’Intercajou auprès de l’ARECA et du Cabinet du ministre de l’Agriculture seraient restées infructueuses. Et c’est souvent que l’ARECA aurait renvoyé les producteurs et Intercajou vers le Cabinet du ministre. Dans ce jeu de ping-pong, les producteurs voient une complicité dans le détournement de leurs ressources entre Monsieur Mapri Kpolo, le Directeur Exécutif de l’ARECA, en poste depuis sa création en 2002 (9 ans) et les membres du Cabinet du ministère de l’Agriculture. Par ailleurs, Monsieur Abdoulaye Touré, l’actuel Président d’Intercajou, issu du collège des producteurs, entièrement acquis à la cause de ces derniers dont il défend les intérêts, ne serait pas en odeur de sainteté devant le ministère et l’ARECA. Plusieurs tentatives pour le déloger de son poste auraient été faites. Il s’agit notamment de son débarquage en septembre 2009, lors d’une assemblée générale extraordinaire illégale organisée par des administrateurs démissionnaires, au solde des sociétés exportatrices multinationales, l’ARECA et du cabinet ministériel. Monsieur Bassifou qui a été installé à la tête d’Intercajou a géré les activités jusqu’en juillet 2010, date à laquelle Monsieur Abdoulaye Touré a été rétabli dans ses fonctions par une décision de justice, au grand damne de ses adversaires. Le bref passage de Monsieur Bassifou dans le fauteuil présidentiel d’Intercajou aurait permis la ponction d’importantes sommes d’argent sur les fonds des producteurs détenus par l’ARECA. Dès le retour de Monsieur Abdoulaye Touré, l’ARECA a de nouveau fermé le robinet à Intercajou, avec l’appui administratif du ministère de l’Agriculture. Ainsi, l’actuel Ministre qui a occupé le poste de Directeur de cabinet adjoint au temps du Ministre Amadou Gon Coulibaly, serait dans le collimateur des producteurs qui menacent de déballer cette affaire au grand jour en dénonçant les pratiques maffieuses dans ce ministère. Il convient de souligner aussi la longévité de certains membres du cabinet du ministère de l’agriculture, qui pourrait être à la base de la crise qui secoue la filière anacarde, depuis ces dernières années. Des mécanismes mis en place par certains d’entre eux, aux comportements indélicats, seraient difficiles à démonter.

Les producteurs pensent que c’est pour se couvrir que le Ministre, sous l’instigation de l’ARECA, aurait improvisé cette réunion du jeudi 7 juillet 2011 dont le but inavoué serait de suspendre le activités d’INTERCAJOU, en prétextant de l’existence d’une anarchie dans la filière, pour installer une nouvelle équipe acquise à sa cause. En d’autres termes, après l’échec du front anti-Intercajou version Abdoulaye TOURE conduit par les sociétés exportatrices multinationales, l’ARECA et le cabinet ministériel devant la justice en 2009 et 2010, le Ministre Sangafowa Coulibaly semblerait vouloir utiliser des décisions administratives pour mettre fin au mandat de l’équipe dirigeante actuelle d’Intercajou. Malheureusement, des fuites d’informations volontaires émanant de certains membres du Cabinet ministériel seraient parvenues aux producteurs. La riposte en cours de préparation par les producteurs pourrait être fatale pour le ministre actuel. Des dossiers embarrassants afférents à cette affaire seraient en possession des producteurs. Une simple demande de rencontre de la Fédération nationale des producteurs de l’anacarde avec le Ministre pour solliciter son appui à la mise en œuvre du Bordereau Intercajou serait la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui donne l’occasion de se débarrasser de l’ennemi commun, l’Intercajou. La situation qui prévaut dans la filière anacarde interpelle tous ceux qui rêvent de la justice, de la transparente dans la gestion des affaires publiques et de la fin de l’impunité dans cette nouvelle Côte d’Ivoire. L’ARECA peut-elle faire l’objet d’un audit de sa gestion des ressources appartenant aux producteurs, sans éclabousser le cabinet ministériel ? Le ministre Sangafowa Coulibaly va-t-il franchir le Rubicon, sans se faire harakiri ? Le ministère peut-il dissoudre ou suspendre les activités d’une structure légalement constituée selon l’Acte Uniforme de l’OHADA ? Si la réunion de ce jeudi aboutissait à une décision contre les intérêts des producteurs, elle ouvrirait une boîte de pandore, aux conséquences imprévisibles pour le ministère et l’ARECA, sa structure sous tutelle. En tout état de cause, une délégation de plus de 150 représentants des producteurs venus des 11 régions productrices de l’anacarde, depuis le dimanche dernier, affiche une détermination sans précédent dans ce bras de fer qui les oppose au Ministère de l’agriculture. Ainsi, la Présidence de République, dont le Secrétaire Général connait très bien ce dossier pour en avoir été un acteur très actif par le passé, pourrait être la dernière instance pour le règlement de ce conflit. Les producteurs pourraient- ils franchir la barrière de Monsieur Amadou Gon Coulibaly, pour pouvoir faire entendre leurs voix au Président de la République ? Le Président Alassane Ouattara va-t-il ignorer le cri de cœur des producteurs de l’anacarde qui font vivre plus de 2 millions d’Ivoiriens, aujourd’hui livrés à eux- mêmes face aux fonctionnaires prédateurs de notre administration? Le développement de cette affaire dans les jours à venir nous permettra de connaître la réponse à ces questions et la détermination du nouveau régime ivoirien.

Mass D.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ