Sauver ou invalider l`année académique dans les universités publiques d`Abidjan ? La question trotte sur toutes les lèvres dans le milieu universitaire. Et personne n`ose, même pas les autorités, trancher. Pourtant, sur le terrain, la réalité est implacable. Pour l`heure, ni l`université de Cocody, ni celle d`Abobo-Adjamé ne peuvent accueillir les étudiants, et dispenser des cours…
Pas de fenêtres, encore moins de portes. Dans les toilettes, les sanitaires n`existent que de nom. Seules les traces sont visibles. Les fils électriques servant à approvisionner les différentes chambres en électricité ont été arrachées. Bref, tout a été emporté. La cité universitaire Port-Bouët 1 ressemble fort bien à un cimetière.
Ce spectacle affligeant, un tantinet, revolant est symptomatique de la désolation qui règne aujourd`hui dans le monde universitaire. A l`instar des cités « U » de Port-Bouët, celles des autres communes d`Abidjan, sont également à l`arrêt. Et avec elles, les Universités de Cocody et d`Abobo-Adjamé dont les portes sont hermétiquement closes, et gardées par des éléments des Forces républicaines. Elles ne rouvriront qu`après les travaux de réhabilitation qui tardent sans qu`on ne sache trop pourquoi. Voici donc deux mois et demi qu`universités et cités universitaires sont fermées. Et depuis, aucun chantier n`a encore débuté… Entre-temps, les chances de sauver l`année académique s`amenuisent au fil des jours. Mieux, elles sont quasiment aujourd`hui chaotiques. A l`analyse, les dégâts subis par les deux universités d`Abidjan sont énormes. Singulièrement à Abobo-Adjamé, où tout a été littéralement pillé. Même la base de données des étudiants est inexistante. Et les étudiants, désormais « sans papiers ». « Difficile de récupérer un diplôme. Tout est parti en fumée. Nous n`avons pas pu sauver la mémoire centrale » relève un des responsables de la scolarité. « La réhabilitation ne sera pas chose aisée. Il faut carrément reconstruire l`Université d`Abobo-Adjamé », préconise Dr A.B, l`un des enseignants, avant de poursuivre : « Les laboratoires d`analyses coûtent excessivement chers. Si on doit commencer la réhabilitation des bâtiments et équipements des salles de TD et ``amphis``, il va falloir attendre plus de quatre mois. Car il faut démolir des bâtiments pour les reconstruire ensuite ». A Cocody, la tâche ne sera pas non plus aisée. Il faudra, même si la reconstruction ne s`impose pas, une vaste réhabilitation des bâtiments, des laboratoires et des salles sérieusement endommagés.
Plus de matériels didactiques….
De toute évidence, les universités du district d`Abidjan fermées depuis le 19 Avril dernier se remettront difficilement. Du moins, elles n`auront pas leurs portes avant Octobre 2011.
Face à cette perspective, pour le moins, inquiétante, les acteurs de ce système sont perplexes quant à sauver l`année académique, d`autant plus qu`aucune date officielle pour le démarrage des travaux n`a encore été annoncé. L`une des raisons qui poussent certains universitaires à croire que l`année ne pourra pas être sauvée est sans contexte le matériel didactique. Il est carrément inexistant, après le passage des pillards.
A l`UFR des Biosciences, celle des Sciences Humaines, au département de Lettres et Civilisations, des équipements d`analyses, ordinateurs et encyclopédie de dernières générations ont par exemple été dérobés. Autre difficulté non négligeable, le chevauchement des années académiques dans les universités publiques, qui est, pour les enseignants, une réelle préoccupation. Si bien que les étudiants issus de ce système ont du mal à postuler à des concours internationaux et régionaux. Ces chevauchements sont tellement considérables qu`il serait judicieux pour certains universitaires de tout arrêter et de repartir à zéro. A l`université de Cocody, nombre d`UFR n`ont encore pas entamé la rentrée académique 2010-2011. Au Département d`Anglais, ce n`est qu`en octobre dernier que les enseignants ont pu achever l`année académique 2009-2010. Mais, seuls les résultats de la première session ont été données. Quant à ceux de la seconde session, ils attendaient d`être publiés lorsque la crise postélectorale survint. « Certains collègues n`ont pu conserver les notes de leurs étudiants, avec les soubresauts qu`on a connus », fait savoir un Maître-assistant à l`Université de Cocody, sous le couvert de l`anonymat. Même si lui a réussi à sauvegarder les siennes sur son ordinateur portable, il reste persuadé qu`une reprise des enseignements avant quelques mois sera difficile, voire impossible, car, explique t-il, «tous nos bureaux ont été pillés et détruits».
A l`UFR (Unité de Formation et de Recherche) des Sciences des Structures, de la Matière et de la Technologie (SSMT), l`année académique 2009-2010 a débuté en juin 2010. Elle a pu être achevée grâce à la pugnacité des enseignants, d`après un des leurs. Mais l`année 2010-2011 n`a pas encore débuté. Manifestement, toutes les UFR accusent des retards. Et ils varient entre six mois et deux ans. Toutefois, pour des enseignants, il existe une chance, aussi infime soit-elle, d`éviter l`année blanche. C`est le cas de Dr. T.K, enseignant à l`Université de Cocody. « Si les bureaux des professeurs sont réhabilités et équipés avec des salles de TD (Travaux dirigés) et quelques amphithéâtres, nous pouvons terminer en trois mois l`année académique », pense t-il. Malgré cet espoir, il faut l`avouer, mince, la probabilité de voir l`année académique universitaire être invalidée est bel et bien réelle, même si pour le moment, ni le ministre de l`enseignement Supérieur et de la Recherche Scientique, M. Ibrahima Cissé Bacongo ni le Premier Ministre, Guillaume Soro n`ont pour l`instant pas pris la responsabilité de l`annoncer. Le chef du gouvernement a plutôt demandé au ministre Bacongo un rapport détaillé de l`état des lieux des universités publiques, le coût et la date du démarrage des travaux de réhabilitation. Le rapport lui sera en principe remis aujourd`hui jeudi. Et c`est en fonction de ces conclusions, et des recommandations que les étudiants et parents d`élèves sauront si l`année universitaire sera blanche ou non.
Anzoumana Cissé
Pas de fenêtres, encore moins de portes. Dans les toilettes, les sanitaires n`existent que de nom. Seules les traces sont visibles. Les fils électriques servant à approvisionner les différentes chambres en électricité ont été arrachées. Bref, tout a été emporté. La cité universitaire Port-Bouët 1 ressemble fort bien à un cimetière.
Ce spectacle affligeant, un tantinet, revolant est symptomatique de la désolation qui règne aujourd`hui dans le monde universitaire. A l`instar des cités « U » de Port-Bouët, celles des autres communes d`Abidjan, sont également à l`arrêt. Et avec elles, les Universités de Cocody et d`Abobo-Adjamé dont les portes sont hermétiquement closes, et gardées par des éléments des Forces républicaines. Elles ne rouvriront qu`après les travaux de réhabilitation qui tardent sans qu`on ne sache trop pourquoi. Voici donc deux mois et demi qu`universités et cités universitaires sont fermées. Et depuis, aucun chantier n`a encore débuté… Entre-temps, les chances de sauver l`année académique s`amenuisent au fil des jours. Mieux, elles sont quasiment aujourd`hui chaotiques. A l`analyse, les dégâts subis par les deux universités d`Abidjan sont énormes. Singulièrement à Abobo-Adjamé, où tout a été littéralement pillé. Même la base de données des étudiants est inexistante. Et les étudiants, désormais « sans papiers ». « Difficile de récupérer un diplôme. Tout est parti en fumée. Nous n`avons pas pu sauver la mémoire centrale » relève un des responsables de la scolarité. « La réhabilitation ne sera pas chose aisée. Il faut carrément reconstruire l`Université d`Abobo-Adjamé », préconise Dr A.B, l`un des enseignants, avant de poursuivre : « Les laboratoires d`analyses coûtent excessivement chers. Si on doit commencer la réhabilitation des bâtiments et équipements des salles de TD et ``amphis``, il va falloir attendre plus de quatre mois. Car il faut démolir des bâtiments pour les reconstruire ensuite ». A Cocody, la tâche ne sera pas non plus aisée. Il faudra, même si la reconstruction ne s`impose pas, une vaste réhabilitation des bâtiments, des laboratoires et des salles sérieusement endommagés.
Plus de matériels didactiques….
De toute évidence, les universités du district d`Abidjan fermées depuis le 19 Avril dernier se remettront difficilement. Du moins, elles n`auront pas leurs portes avant Octobre 2011.
Face à cette perspective, pour le moins, inquiétante, les acteurs de ce système sont perplexes quant à sauver l`année académique, d`autant plus qu`aucune date officielle pour le démarrage des travaux n`a encore été annoncé. L`une des raisons qui poussent certains universitaires à croire que l`année ne pourra pas être sauvée est sans contexte le matériel didactique. Il est carrément inexistant, après le passage des pillards.
A l`UFR des Biosciences, celle des Sciences Humaines, au département de Lettres et Civilisations, des équipements d`analyses, ordinateurs et encyclopédie de dernières générations ont par exemple été dérobés. Autre difficulté non négligeable, le chevauchement des années académiques dans les universités publiques, qui est, pour les enseignants, une réelle préoccupation. Si bien que les étudiants issus de ce système ont du mal à postuler à des concours internationaux et régionaux. Ces chevauchements sont tellement considérables qu`il serait judicieux pour certains universitaires de tout arrêter et de repartir à zéro. A l`université de Cocody, nombre d`UFR n`ont encore pas entamé la rentrée académique 2010-2011. Au Département d`Anglais, ce n`est qu`en octobre dernier que les enseignants ont pu achever l`année académique 2009-2010. Mais, seuls les résultats de la première session ont été données. Quant à ceux de la seconde session, ils attendaient d`être publiés lorsque la crise postélectorale survint. « Certains collègues n`ont pu conserver les notes de leurs étudiants, avec les soubresauts qu`on a connus », fait savoir un Maître-assistant à l`Université de Cocody, sous le couvert de l`anonymat. Même si lui a réussi à sauvegarder les siennes sur son ordinateur portable, il reste persuadé qu`une reprise des enseignements avant quelques mois sera difficile, voire impossible, car, explique t-il, «tous nos bureaux ont été pillés et détruits».
A l`UFR (Unité de Formation et de Recherche) des Sciences des Structures, de la Matière et de la Technologie (SSMT), l`année académique 2009-2010 a débuté en juin 2010. Elle a pu être achevée grâce à la pugnacité des enseignants, d`après un des leurs. Mais l`année 2010-2011 n`a pas encore débuté. Manifestement, toutes les UFR accusent des retards. Et ils varient entre six mois et deux ans. Toutefois, pour des enseignants, il existe une chance, aussi infime soit-elle, d`éviter l`année blanche. C`est le cas de Dr. T.K, enseignant à l`Université de Cocody. « Si les bureaux des professeurs sont réhabilités et équipés avec des salles de TD (Travaux dirigés) et quelques amphithéâtres, nous pouvons terminer en trois mois l`année académique », pense t-il. Malgré cet espoir, il faut l`avouer, mince, la probabilité de voir l`année académique universitaire être invalidée est bel et bien réelle, même si pour le moment, ni le ministre de l`enseignement Supérieur et de la Recherche Scientique, M. Ibrahima Cissé Bacongo ni le Premier Ministre, Guillaume Soro n`ont pour l`instant pas pris la responsabilité de l`annoncer. Le chef du gouvernement a plutôt demandé au ministre Bacongo un rapport détaillé de l`état des lieux des universités publiques, le coût et la date du démarrage des travaux de réhabilitation. Le rapport lui sera en principe remis aujourd`hui jeudi. Et c`est en fonction de ces conclusions, et des recommandations que les étudiants et parents d`élèves sauront si l`année universitaire sera blanche ou non.
Anzoumana Cissé
