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Société Publié le vendredi 15 juillet 2011 | L’expression

Annulation des résultats des concours de la fonction publique : Le rêve des admis est devenu un cauchemar

Déclarés admis aux concours d’entrée à la police, à l’Ecole normale supérieure et d’autres secteurs de la fonction publique, sous l’ancien régime, les candidats qui avaient pensé avoir quitté les rangs du chômage doivent se remettre au travail pour se faire valoir.

« Je ne sais à quel saint me vouer. Je ne sais quel visage présenter à mes parents et à mes amis. Car tous ont appris que j’ai été reçu au concours de l’Ecole normale supérieure (Ens). Depuis le jour des résultats, nous vivions heureux. Malheureusement pour moi, le nouveau gouvernement est venu tout remettre en cause. Nos résultats ont été annulés. Et depuis lors, tout a commencé à basculer pour moi. Que vais-je raconter à mon entourage. Je vis quotidiennement dans la douleur et la honte. Je souhaite que le président réexamine la décision. Dans le programme de gouvernement, un accent est mis sur l’emploi des jeunes. Nous l’avons alors considéré comme un espoir pour la jeunesse. Nous ne voulons pas payer pour les actes de Laurent Gbagbo». Ce sont en substance les cris de détresse de quelques ex-admis au concours de l’Ens et de l’Ecole de police. Ces jeunes souhaitent que le président Ouattara revienne sur sa décision après avoir pris l’ordonnance d’annulation des concours de ces deux structures tout comme les autres concours de la fonction publique qui ont été annulés par ordonnance. L’article 1er de ce texte du 14 avril stipule que : «Ont déclarés nuls et non avenus les ordonnances, arrêtés, règlements ainsi que les décrets et décisions pris par ou sous l’autorité de l’ancien président de la République et de son gouvernement depuis le 4 décembre 2010». Au niveau de l’École de police, les épreuves des sous-officiers, officiers et commissaires se sont déroulées depuis 2009. «Les résultats sont parus en mars 2011, pendant que l’armée de Laurent Gbagbo avait besoin d’éléments au front. La rentrée à l’école de police étant le 7 avril, je me souviens également que mes parents m’avaient demandé de ne pas y aller. (…). Nous reconnaissons le bien fondé de cette décision, mais il faut dire que nous avons annoncé les résultats à tous nos parents, et rien ne prouve que nous serons admis au prochain concours », craint L. Paulin, ‘’admis’’ comme élève sous officier.

Les admis demandent

Un ‘’admis’’ plus lucide expose d’autres réalités. «Nous souhaitons que des facilités soient faites aux admis que nous sommes, concernant les frais à payer. Si nous pouvions être exonéré, cela nous ferait du bien», soutient un autre candidat à ces concours de police. Au niveau de l’Ens, postulants sont plus prolixes. La date de composition du dernier concours de l’Ens était prévue du 16 au 17 octobre 2010. Les délibérations devaient se tenir le 9 novembre et les oraux du 11 au 12 courant. L’admissibilité qui était prévue le 18 novembre a été retardée 4 janvier. Les résultats définitifs ont été finalement proclamés le 12 janvier et la rentrée des classes fixée au 17 janvier. Au dire d’un admis, les cours se sont déroulés jusqu’en mars. Soit deux mois de formation après la proclamation des résultats. Ces cours ont été bloqués par les violences de la crise postélectorales. «C’est dans cette attente que nous avons appris que le président de la République a annulé les résultats de ces concours. Parce que les résultats ont été proclamés à une période qui ne garantit pas leur crédibilité. Et au même moment, nous apprenons que tous les candidats souhaitant forcément entrer à l’Ens doivent se présenter au prochain concours lancé par le nouveau gouvernement», fait savoir Y.V, une victime de l’ordonnance présidentielle au certificat d’aptitude pédagogique en physique chimie, presque les larmes aux yeux.

…la clémence du président

L’infortuné demande aux gouvernants de se pencher sur leur cas parce qu’il n’est pas toujours facile de réussir à un concours. Il explique que même si le favoritisme a toujours existé sous le régime Gbagbo, des méritants se trouvent sur les listes des admis. Face à cette situation qui a transformé leur rêve en cauchemar, les ‘’malheureux admis’’ se sont rendus au ministère de l’Enseignement supérieur pour en savoir un peu plus sur leur situation. Là, ils apprennent que seuls les résultats sont mis en cause et non les concours. «On nous apprend que les résultats de ces concours ne sont pas crédibles. Et que pour l’Ens qui se veut une école d’excellence, les résultats ne doivent souffrir d’aucun doute », révèle une source qui précise que Pr Sidibé Valy leur aurait fait la promesse de mener des démarches auprès de la tutelle. Cela pour un recours. Depuis pas encore de nouvelle. Joint au téléphone, Pr Valy, l’intérimaire du directeur de l’Ens a fait savoir qu’il n’est pas habilité à se prononcer sur la question en dehors de l’autorité. Une autre source proche du service de la communication de la Fonction publique indique que la responsabilité des concours de police et de l’Ecole normale supérieure n’incombe pas à ce département. Elle précise ne fait qu’utiliser les agents après leur formation : « A la fonction publique, nous ne nous occupons pas de l’organisation des concours de ces écoles. Seulement la fonction publique utilise les élèves formés par ces écoles pour en, faire des fonctionnaires. Elle ne peut donc se prononcer sur l’annulation des concours de ces écoles ». De guerre, les « élèves » de l’Ens ont organisé deux rassemblements et un sit-in devant la cathédrale Saint Paul au Plateau. Grand dommage pour ces jeunes victimes de l’imposture de Laurent Gbagbo qui a voulu confisquer le pouvoir.

Sylvain Beugré
Encadré

L’Ecole de la magistrature et l’Ena épargnées

L’Ecole de la magistrature et l’Ecole nationale d’administration (Ena) ont été épargnées par l’annulation décidée par l’administration Ouattara. Les résultats des concours de ces deux établissements au titre de l’année 2011 n’ont pas été touchés, même si au départ, ces deux écoles avaient été concernées. Un responsable du service concours approché à l’Ena explique que des périodes de la validité des concours avaient été fixées. Ainsi, tous les concours dont les résultats ont été proclamés avant la crise électorale, comme l’Ena, n’ont pas été remis en cause. Leurs résultats ont été jugés valides. En vertu de cette disposition, dit-il, son établissement ne pouvait que continuer la formation des élèves. « Cette même réalité est valable pour l’Ecole de la magistrature », insiste ce responsable. En attendant les nouveaux concours ne soient lancés, les ‘’admis recalés’’ doivent refaire un moral.

S.B.
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