Le gouvernement ivoirien a pris le mercredi dernier, la décision de créer une commission nationale d’enquête dont la mission serait d’élucider les faits graves qui se sont déroulés au cours de la crise post-électorale. Selon le porte-parole du gouvernement, la création de cette commission se justifie par le souci de connaître la vérité sur les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire pendant le conflit qui a suivi la proclamation des résultats de la présidentielle de novembre 2011. «Beaucoup de choses ont été dites notamment par les organisations de droits de l’homme. A ce jour, personne ne sait où se trouve la vérité », avait affirmé M. Bruno Koné. Une autre façon de dire que le gouvernement ne croit pas à la vérité des faits rapportés par les organisations de défense des droits de l’homme parmi lesquelles Human Rights Watch et Amanesty international qui ont ouvertement accusé les forces fidèles au nouveau chef de l’Etat, Alassane Ouattara d’avoir commis des massacres à grande échelle à l’ouest et à Abidjan. Ces organisations ont aussi indexé certains chefs de l’armée qui a porté M. Ouattara au pouvoir d’avoir participé à ces massacres et/ou de les avoir supervisés.
Jusqu’à présent, le gouvernement s’est contenté de déclarer qu’il n’y aura pas d’impunité pour qui que ce soit tout en ne prenant jamais aucune mesure même conservatoire à l’encontre des militaires indexés. Mais le gouvernement était allé plus loin dans sa réticence prendre des sanctions contre les militaires de son camp en déclarant que les accusations des organisations de défense des droits de l’homme n’étaient pas suffisamment crédibles dans la mesure où elles étaient fondées sur des témoignages.
La création d’une commission nationale d’enquête qui rendra ses conclusions dans six mois apparaît comme une mesure visant à gagner du temps. Cette décision confirme bien que ce n’est pas demain que M. Ouattara prendra des sanctions contre les personnes impliquées dans les massacres de Duékoué et de Yopougon. Mieux, que la volonté n’existe mêmepas chez les nouvelles autorités du pays.
Le manque de volonté d’ailleurs clairement dans la conduite de l’enquête judiciaire conduite par le procureur de Daloa. En effet, le mercredi dernier, le ministre de la justice Jeannot Ahoussou Kouadio a révélé que le procureur a achevé son enquête à Duékoué et à Bloléquin et qu’il s’en allait maintenant à Toulépleu. Ainsi, près de quatre mois après son ouverture l’enquête se poursuit encore à pas de tortue pour ne pas dire qu’elle peine à avancer. Quand est-ce que les Ivoiriens auront les résultats de cette enquête ? Dans six mois ? Un an ? Et quels résultats ? Surtout que le ministre de la justice vient d’ajouter une autre pièce, à savoir qu’il faut « absolument entendre le contingent marocain » de l’opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Il parle d’une histoire de chef milicien qui aurait été hébergé par le contingent marocain et qui aurait été transféré à Abidjan alors que le procureur souhaitait l’entendre. Une histoire bien bizarre qui pourrait servir d’alibi à l’immobilisme de la justice ivoirienne dans le dossier du massacre de Duékoué.
Pendant ce temps, les chefs de guerre indexés continuent de parader tranquillement, de narguer leurs victimes et les parents de ceux-ci à qui on demande inlassablement de regagner leurs villages et campements sans aucune garantie de sécurité. Les mis en cause qui ne sont nullement inquiétés ont le temps de faire disparaître les preuves de leurs forfaits. Ils peuvent aussi exercer toutes sortes de pressions et d’intimidations sur les éventuels témoins qui, dès lors, ne pourront témoigner ni devant la fameuse commission, ni devant le procureur.
La nomination à titre définitif de certains de ces mis en cause au grade de commandant de l’armée nationale n’est pas le signe le plus rassurant envoyés aux victimes des massacres de Duékoué et de Yopougon. En effet, pendant que les organisations de défense des droits de l’homme réclament au minimum la mise à l’écart des chefs de guerre indexés, le gouvernement, lui, donne le sentiment de les récompenser pour leur fait de guerre. Et l’argument selon lequel ces promotions étaient prévues par l’accord politique de Ouagadougou n’est pas particulièrement convaincant.
Tout cela confirme bien le constat d’Amnesty international selon lequel il y a un clivage entre les discours sur l’impunité et la réalité du terrain. Mais le régime actuel semble bien décidé à continuer sur sa lancée.
Augustin Kouyo
augustinkouyo@yahoo.fr
Jusqu’à présent, le gouvernement s’est contenté de déclarer qu’il n’y aura pas d’impunité pour qui que ce soit tout en ne prenant jamais aucune mesure même conservatoire à l’encontre des militaires indexés. Mais le gouvernement était allé plus loin dans sa réticence prendre des sanctions contre les militaires de son camp en déclarant que les accusations des organisations de défense des droits de l’homme n’étaient pas suffisamment crédibles dans la mesure où elles étaient fondées sur des témoignages.
La création d’une commission nationale d’enquête qui rendra ses conclusions dans six mois apparaît comme une mesure visant à gagner du temps. Cette décision confirme bien que ce n’est pas demain que M. Ouattara prendra des sanctions contre les personnes impliquées dans les massacres de Duékoué et de Yopougon. Mieux, que la volonté n’existe mêmepas chez les nouvelles autorités du pays.
Le manque de volonté d’ailleurs clairement dans la conduite de l’enquête judiciaire conduite par le procureur de Daloa. En effet, le mercredi dernier, le ministre de la justice Jeannot Ahoussou Kouadio a révélé que le procureur a achevé son enquête à Duékoué et à Bloléquin et qu’il s’en allait maintenant à Toulépleu. Ainsi, près de quatre mois après son ouverture l’enquête se poursuit encore à pas de tortue pour ne pas dire qu’elle peine à avancer. Quand est-ce que les Ivoiriens auront les résultats de cette enquête ? Dans six mois ? Un an ? Et quels résultats ? Surtout que le ministre de la justice vient d’ajouter une autre pièce, à savoir qu’il faut « absolument entendre le contingent marocain » de l’opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Il parle d’une histoire de chef milicien qui aurait été hébergé par le contingent marocain et qui aurait été transféré à Abidjan alors que le procureur souhaitait l’entendre. Une histoire bien bizarre qui pourrait servir d’alibi à l’immobilisme de la justice ivoirienne dans le dossier du massacre de Duékoué.
Pendant ce temps, les chefs de guerre indexés continuent de parader tranquillement, de narguer leurs victimes et les parents de ceux-ci à qui on demande inlassablement de regagner leurs villages et campements sans aucune garantie de sécurité. Les mis en cause qui ne sont nullement inquiétés ont le temps de faire disparaître les preuves de leurs forfaits. Ils peuvent aussi exercer toutes sortes de pressions et d’intimidations sur les éventuels témoins qui, dès lors, ne pourront témoigner ni devant la fameuse commission, ni devant le procureur.
La nomination à titre définitif de certains de ces mis en cause au grade de commandant de l’armée nationale n’est pas le signe le plus rassurant envoyés aux victimes des massacres de Duékoué et de Yopougon. En effet, pendant que les organisations de défense des droits de l’homme réclament au minimum la mise à l’écart des chefs de guerre indexés, le gouvernement, lui, donne le sentiment de les récompenser pour leur fait de guerre. Et l’argument selon lequel ces promotions étaient prévues par l’accord politique de Ouagadougou n’est pas particulièrement convaincant.
Tout cela confirme bien le constat d’Amnesty international selon lequel il y a un clivage entre les discours sur l’impunité et la réalité du terrain. Mais le régime actuel semble bien décidé à continuer sur sa lancée.
Augustin Kouyo
augustinkouyo@yahoo.fr