Les quartiers précaires sur les parcelles de l’université de Cocody ont été détruits hier. Plusieurs familles ont ainsi été jetées à la rue.
Toitures arrachées, maisons détruites, salons en plein air, des enfants sans abris. C’est le spectacle désolant qu’offraient les quartiers précaires Wassa, Chu village et Chu Bagdad hier matin. Ces habitats jouxtant l’université de Cocody ont été détruits samedi. Hier, des mastodontes étaient encore à l’œuvre. Un bulldozer et un Caterpillar en pleine démolition sous le regard impuissant des 7.000 habitants médusés. Des familles aux abois. «Regardez tous ces enfants. Je ne sais pas comment faire. On n’a pas d’argent pour aller ailleurs. Et voici nos affaires qui sont exposées », se lamente Dame Kouadio de la cité Wassa. Elle explique que c’est samedi que son habitation a été détruite sans préavis. Elle a dû dormir à la belle étoile avec ses enfants et neveux. Le spectacle est désolant. Fulgence Konan, étudiant, vit les pires moments de sa vie. « Je me suis relocalisé chez un ami, après la fermeture des cités universitaires. La situation dans laquelle je me trouve en ce moment est plus difficile à gérer que celle que j’ai vécue pendant la crise. Je n’ai plus rien pour faire face à quoi que ce soit. On n’a pas été informé de l’opération. Et voilà que je suis sans domicile », déplore-t-il. Les riverains continuent de se poser des questions. Dans tous les recoins, les Frci surveillent. Contrôlent. K. Amoin Nina n’est pas contente de « l’attitude » du ministre de l’Enseignement supérieur, Cissé Bacongo. «C’est le ministre Bacongo qui veut rallonger la clôture de l’université. Mais il ne prend pas la peine de nous avertir. Samedi, les machines ont cassé des maisons. Quand nous sommes sortis pour protester, le préfet d’Abidjan est venu nous voir. Il a dit qu’il allait convoquer une réunion pour résoudre le problème ». Effectivement, la réunion a eu lieu entre 9 h et 12 h avec le préfet d’Abidjan et le représentant du ministre Cissé Bacongo. Mais, ce « compromis nocturne» n’a pas freiné la démolition de ces faubourgs, à en croire certains habitants de Chu village.
Les cités Blingué 1 et 2 épargnées
« Pendant que j’étais à la réunion, les machines détruisaient les maisons. A mon retour, on me fait savoir que j’ai deux heures pour sauver ce que je pouvais de mes trois maisons. Cela veut dire que les maisons ne seront pas épargnées. J’ai des enfants et une femme. Où allons-nous dormir ce soir? », s’interroge N’Dri Konan, agent des douanes. Malgré tout, la rencontre avec le préfet d’Abidjan a permis de limiter les « dégâts » du côté de Blingué 1 et 2. Dans cette zone à cheval en contre bas du campus, plusieurs maisonnées sont décoiffées. Les familles ont vidé les maisons. Mais grâce à la manifestation de samedi vu des mastodontes qui détruisaient Wassa, Chu village et Chu Bagdad, les habitations ne seront pas détruites pour l’instant. « Le préfet d’Abidjan a accepté d’être notre porte-parole auprès du gouvernement suite à notre rassemblement. A la réunion d’aujourd’hui (hier, ndlr), en présence du représentant du ministre Bacongo, ils ont décidé d’accorder un peu de temps à Blingué 1 et 2 après nous avoir longuement entretenus sur les causes du déguerpissement. Il s’agit, après explication, de récupérer les espaces du campus et construire de nouveaux amphithéâtres. Ils ont demandé que nous hébergions nos voisins des quartiers rasés. Avant que l’Etat ne trouve un site pour relocaliser toutes les populations concernées. Nous avons soumis quelques doléances au préfet d’Abidjan. Afin que nos enfants qui sont en classe d’examen puissent se préparer dans de bonnes conditions », a explique Oulaï Abel, chef du quartier Blingué 1.
Les précisions du ministère
Une source introduite au ministère de l’Enseignement supérieur dément les accusations des riverains. A l’en croire, les ministres de la Construction, de l’Intérieur, le gouverneur du district et le maire de Cocody ont effectué six visites sur ce site avant la destruction. « La mairie de Cocody a tenu une réunion d’information avec les concernés avant le mois de juillet. Le 16 juin, le ministre de l’Enseignement supérieur s’est rendu sur les lieux pour discuter avec les populations. Le Premier ministre s’est aussi rendu sur les lieux le 21 juin. Il y a un problème d’espace, l’université de Cocody n’a pas assez de bâtiments. Chu village est collé à des amphithéâtres et empêche ainsi l’extension de l’université. Nous voulons effectivement rallonger la clôture de l’université », dévoile la source. Qui ajoute que depuis 2007, les populations ont été sommées de quitter la zone. « Mais elles ont toujours fait la sourde oreille. Ce processus de déguerpissement s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation de l’université de Cocody ».
Dacoury Vincent, Stagiaire
Leg : Les espaces du campus de Cocody occupés par les habitations ont été démolis.
Toitures arrachées, maisons détruites, salons en plein air, des enfants sans abris. C’est le spectacle désolant qu’offraient les quartiers précaires Wassa, Chu village et Chu Bagdad hier matin. Ces habitats jouxtant l’université de Cocody ont été détruits samedi. Hier, des mastodontes étaient encore à l’œuvre. Un bulldozer et un Caterpillar en pleine démolition sous le regard impuissant des 7.000 habitants médusés. Des familles aux abois. «Regardez tous ces enfants. Je ne sais pas comment faire. On n’a pas d’argent pour aller ailleurs. Et voici nos affaires qui sont exposées », se lamente Dame Kouadio de la cité Wassa. Elle explique que c’est samedi que son habitation a été détruite sans préavis. Elle a dû dormir à la belle étoile avec ses enfants et neveux. Le spectacle est désolant. Fulgence Konan, étudiant, vit les pires moments de sa vie. « Je me suis relocalisé chez un ami, après la fermeture des cités universitaires. La situation dans laquelle je me trouve en ce moment est plus difficile à gérer que celle que j’ai vécue pendant la crise. Je n’ai plus rien pour faire face à quoi que ce soit. On n’a pas été informé de l’opération. Et voilà que je suis sans domicile », déplore-t-il. Les riverains continuent de se poser des questions. Dans tous les recoins, les Frci surveillent. Contrôlent. K. Amoin Nina n’est pas contente de « l’attitude » du ministre de l’Enseignement supérieur, Cissé Bacongo. «C’est le ministre Bacongo qui veut rallonger la clôture de l’université. Mais il ne prend pas la peine de nous avertir. Samedi, les machines ont cassé des maisons. Quand nous sommes sortis pour protester, le préfet d’Abidjan est venu nous voir. Il a dit qu’il allait convoquer une réunion pour résoudre le problème ». Effectivement, la réunion a eu lieu entre 9 h et 12 h avec le préfet d’Abidjan et le représentant du ministre Cissé Bacongo. Mais, ce « compromis nocturne» n’a pas freiné la démolition de ces faubourgs, à en croire certains habitants de Chu village.
Les cités Blingué 1 et 2 épargnées
« Pendant que j’étais à la réunion, les machines détruisaient les maisons. A mon retour, on me fait savoir que j’ai deux heures pour sauver ce que je pouvais de mes trois maisons. Cela veut dire que les maisons ne seront pas épargnées. J’ai des enfants et une femme. Où allons-nous dormir ce soir? », s’interroge N’Dri Konan, agent des douanes. Malgré tout, la rencontre avec le préfet d’Abidjan a permis de limiter les « dégâts » du côté de Blingué 1 et 2. Dans cette zone à cheval en contre bas du campus, plusieurs maisonnées sont décoiffées. Les familles ont vidé les maisons. Mais grâce à la manifestation de samedi vu des mastodontes qui détruisaient Wassa, Chu village et Chu Bagdad, les habitations ne seront pas détruites pour l’instant. « Le préfet d’Abidjan a accepté d’être notre porte-parole auprès du gouvernement suite à notre rassemblement. A la réunion d’aujourd’hui (hier, ndlr), en présence du représentant du ministre Bacongo, ils ont décidé d’accorder un peu de temps à Blingué 1 et 2 après nous avoir longuement entretenus sur les causes du déguerpissement. Il s’agit, après explication, de récupérer les espaces du campus et construire de nouveaux amphithéâtres. Ils ont demandé que nous hébergions nos voisins des quartiers rasés. Avant que l’Etat ne trouve un site pour relocaliser toutes les populations concernées. Nous avons soumis quelques doléances au préfet d’Abidjan. Afin que nos enfants qui sont en classe d’examen puissent se préparer dans de bonnes conditions », a explique Oulaï Abel, chef du quartier Blingué 1.
Les précisions du ministère
Une source introduite au ministère de l’Enseignement supérieur dément les accusations des riverains. A l’en croire, les ministres de la Construction, de l’Intérieur, le gouverneur du district et le maire de Cocody ont effectué six visites sur ce site avant la destruction. « La mairie de Cocody a tenu une réunion d’information avec les concernés avant le mois de juillet. Le 16 juin, le ministre de l’Enseignement supérieur s’est rendu sur les lieux pour discuter avec les populations. Le Premier ministre s’est aussi rendu sur les lieux le 21 juin. Il y a un problème d’espace, l’université de Cocody n’a pas assez de bâtiments. Chu village est collé à des amphithéâtres et empêche ainsi l’extension de l’université. Nous voulons effectivement rallonger la clôture de l’université », dévoile la source. Qui ajoute que depuis 2007, les populations ont été sommées de quitter la zone. « Mais elles ont toujours fait la sourde oreille. Ce processus de déguerpissement s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation de l’université de Cocody ».
Dacoury Vincent, Stagiaire
Leg : Les espaces du campus de Cocody occupés par les habitations ont été démolis.