L’axe Yamoussoukro-Abuja est en train de se consolider. La visite du président ivoirien, Alassane Ouattara chez son homologue, Jonathan Goodluck, vient traduire la volonté des deux pays d’unir leurs forces. Objectifs : faire profiter la sous-région et devenir les dragons d’Afrique. Ainsi, du 30 juillet au 1er août, le Chef de l’Etat ivoirien a séjourné à Abuja. Au-delà de l’aspect politique, il a été beaucoup question d’économie. Raison pour laquelle les ministres des Mines et de l’Energie, du Commerce, de l’Intégration, de l’Intérieur, la Sir, le secteur privé ivoirien ont fait partie du voyage. Le président Ouattara a donc décidé de la réactivation véritable de la Commission mixte de coopération ivoiro-nigériane créée en 1987. Il entend la dynamiser davantage pour que les secteurs pétrolier, agricole et industriel des deux pays puissent en tirer profit. Cependant, certains acquis restent indéniables. Les deux présidents de la République savent que leurs pays respectifs ont tout intérêt à coopérer ensemble au vu des résultats qui existent déjà suite aux échanges déjà opérés. En effet, la forte communauté nigériane présente en Côte d’Ivoire est constituée d’hommes et de femmes qui s’insèrent harmonieusement dans l’économie ivoirienne. Les échanges commerciaux entre les deux pays se sont intensifiés. Leur valeur estimée à 1316 milliards de Fcfa fait du Nigeria, le premier partenaire africain et le troisième partenaire mondial de la Côte d’Ivoire. Mais face aux potentialités existantes, les deux pays veulent faire prospérer davantage leurs populations respectives. Déjà au niveau du carburant, la Côte d’Ivoire s’approvisionne en pétrole brut dans ce pays pour le compte de la Sir et le Nigeria, conscient des potentialités techniques ivoiriennes en matière de raffinage, n’hésite pas à se tourner vers l’Etat ivoirien. Au plan régional, les deux pays ont insisté sur le renforcement de l’intégration au niveau des pays de la Cedeao, améliorer la gouvernance pour l’adapter à l’environnement régional et mondial actuel pour que de part et d’autre, les affaires puissent prospérer. Il a été envisagé des réseaux routiers inter-Etat (Lagos-Abidjan), l’interconnexion électrique et gazière, la forte réduction des contrôles policiers et douaniers sur les routes et frontières communes. Tout cela pour rassurer les investisseurs au niveau des deux pays. Des rencontres ont eu lieu avec des groupes d’ambassadeurs africains accrédités au Nigéria, le Nigerian Investment Promotion Commission, (l’équivalent de la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire). « Le Nigérian doit se sentir à l’aise de venir investir en Côte d’Ivoire, de même que l’Ivoirien qui s’installe au Nigéria », a indiqué à Abuja le président Ouattara. Le Nigeria, par son poids économique, constitue un vaste marché pour la Côte d’Ivoire. En effet, étant le géant de l’Afrique de l’Ouest (poids économique et démographique) et la Côte d’Ivoire le géant de l’UEMOA, l’effet synergique n’aura que des retombées positives. Il a donc été question aussi de faire revenir la confiance entre les deux pays qui avaient connu quelques frémissements lors de la crise post-électorale. Aux opérateurs économiques, l’assurance a été donnée au sujet de la Justice qui constitue l’un des talons d’Achille de la Côte d’Ivoire pour l’environnement des affaires. Le secteur privé ivoirien représenté par Jean-Louis Billon, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, Joël Dervain (Dg de la Sir), Daniel Gnangni (Dg de Petroci) ont même pris des contacts avec des hommes d’affaires nigérians et vice-versa. Novembre/décembre, une réunion est prévue pour jeter les bases d’une franche coopération où tous les contours seront analysés pour faire de ces deux pays, les dragons de l’Afrique. A l’image des dragons d’Asie, Hong Kong, Corée du Sud, Singapour et Taïwan. Ceux-ci jouissent aujourd’hui d`un niveau de vie comparable à celui des pays de l`Union Européenne ou du Japon, et leurs Idh (Indice de développement humain) sont parmi les plus élevés au monde. Alors que bien avant les indépendances, ils ne représentaient rien. En tout cas, le secret espoir que nourrissent Alassane Ouattara et Jonathan Goodluck est sur la bonne voie.
JEA
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