x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le vendredi 19 août 2011 | L’expression

Abobo/ Litige foncier : Palabres autour du « parlement » d’Avocatier

A Abobo-Avocatier, un litige foncier oppose la communauté villageoise de N’Guessankoi à la famille Bah Lamine depuis une trentaine d’années. Cette affaire a rebondi depuis le
départ des « patriotes » du « parlement » du quartier.

La chefferie de N’Guessankoi dans la commune d’Abobo mène une guerre de trente ans contre Mme Lamine Bah née N’Guessan Joséphine. Au centre de ce bras de fer, le contrôle
de 9 ha de terrain dont le village se dit spolié par une famille présentée par le chef du village comme « des étrangers » qui veulent délester les autochtones de leurs biens. Cette vieille
querelle a ressurgi récemment avec la construction d’une station d’essence sur le site utilisé par les « patriotes » du « tout puissant congrès » d’Avocatier. Le chef du village
de N’Guessankoi est rouge de colère contre les enfants de Mme N’Guessan Joséphine qu’il accuse d’avoir usé de leur puissance financière et de leur influence politique pour s’approprier les terres de toute la communauté villageoise.

Très remonté, Ayeby Ayeby Paul peine à trouver les mots pour nous donner sa version des faits. Ses propos sont entrecoupés de fréquentes pauses qui dissimulent mal sa rage. « Au temps du ministre Albert Kacou Tiapani, tout le village a été attribué à Mme Lamine Bah née N’Guessan Joséphine au mépris des règles en vigueur. Les titres fonciers 35056, 35061 et 35062 lui ont été délivrés sans enquête de commodo et incommodo. Aucun des chefs de village d’Abobo n’a été avisé. S’il y avait eu une enquête, le ministre

Tiapani aurait découvert que ces titres fonciers sont irréguliers », précise le chef de N’Guessan au prix de mille efforts pour surmonter sa colère. Agent de cadastre depuis
1968, géomètre exceptionnel de classe exceptionnelle à la retraite depuis 1993, l’autorité traditionnelle dit avoir mené des démarches pour faire découvrir « l’erreur » au ministre de
la Construction et de l’Urbanisme sous le président Henri Konan Bédié. Mme Jacqueline Oble, député de la commune, a été saisie pour faciliter la rencontre avec le ministre en charge du dossier. « Le ministre Tiapani a reconnu qu’il n’y a pas eu
d’enquête avant l’attribution des titres fonciers. Séance tenante, il a désigné M. Gueye (chef du service topographie),

M. Comoé (chef de l’urbanisme) et Mme Laubouet qui ont été chargés de faire le lotissement et de rétablir le village dans ses droits avec la suppression des trosi titres fonciers litigieux », affirme Ayeby Ayeby Paul. Les trois chefs de service désignés par la tutelle l’ont approché pour lui signifier leur incapacité à faire le morcellement faute d’appareil. Un géomètre-expert qui a pris le relais a reçu trois millions pour le lotissement, soutient-il. Le coup de décembre 1999 a mis fin à cette opération et laissé libre cours au camp adverse de reprendre de plus belle la vente des terrains à des opérateurs économiques, regrette le plaignant. « N’Guessan Joséphine et son fils Badra Ali ont commencé à vendre les parcelles aux stations
Petro Ivoire et Royal, à une boucherie. Les opérateurs économiques de l’Afrique de l’ouest ont envahi nos terres par leur soin. La famille Bah est devenue si riche
qu’elle menace de détruire des mosquées, des églises, des écoles, des maisons. Elle veut expulser tout le monde », craint le chef de village de N’Guessankoi. Sous le régime Gbagbo,
le village dit avoir obtenu des arrêtés intimant l’ordre à Badra Ali l’arrêt de tout morcellement mais ces documents comportent de nombreuses anomalies. Un arrêté annulant les
titres fonciers de la famille Bah pris par le ministre Abouo N’Dori Raymond ne comporte aucune référence ni de signature. Une mise en demeure d’arrêt « immédiat » des
travaux, signé par Coné Dioman, directeur des affaires juridiques et du contentieux sous le ministre Marcel Amon Tanoh n’est pas datée. Chose rare en matière de courrier
administratif. Seule une lettre signée du directeur de cabinet de Laurent Gbagbo respecte la règle. Dans ce courrier en date du 1er octobre, N’Zi Paul David assure le président du comité de gestion du village de N’Guessankoi que le chef de l’Etat a pris bonne note de la sollicitation dont il a été l’objet pour intervenir dans le litige foncier les opposant à Mme Lamine
Bah. Fort de ces mises en demeure, Ayeby Ayeby Paul saisit un huissier pour débouter Badra Ali mais en vain. De même que les procès intentés contre cette famille a tourné en leur
défaveur. Mais au-delà de toutes ces démarches, le chef du village de N’Guessankoi se considère comme le détenteur « naturel » et « exclusif » des terres au centre du
conflit. « Le village de N’Guessnkoi a été fondé en 1895 et mon père Ohoueu Ayeby est né ici en 1900. La tombe de mes deux parents et leur case se trouvent dans les titres fonciers de Mme N’Guessan. C’est inconcevable. En outre, mon père possède un titre foncier indigène obtenu en 1931. Les parents de Mme Joséphine N’Guessan ne possèdent aucune trace au village. Je les mets au défi de me prouver le contraire »,

fulmine le retraité. Pour lui, la seule issue à ce conflit est l’annulation des titres fonciers et la rétrocession des terrains à la communauté villageoise. Chez les enfants Bah, on prend avec amusement ces « gesticulations » de la chefferie qui mène un combat « puéril » perdu d’avance. Selon Badra Ali Bah, cette affaire n’en n’est pas une dès lors que sa mère possède tous les documents qui mettent fin au débat. « C’est l’administration qui délivre les titres fonciers. L’Etat nous a pris des portions de terrain et nous avons eu trois parcelles en compensation. Cette affaire est du bidon, il n’y a pas de crée.

C’est Ayeby qui s’agite mais il a perdu tous les procès », affirme serein le frère de l’ancien ministre, Mme Safiatou Bah N’Daw. Selon le patron de la société pétrolière Ben and Co, la chefferie de N’Guessankoi ne peut prouver aucun titre de propriété sur le site litigieux. « J’attends que ces gens prouvent que j’ai fait du faux avec les titres fonciers. Des sociétés pétrolières ne peuvent pas s’installer sur un terrain sans vérifier que son propriétaire est en règle », affirme l’opérateur économique en brandissant son certificat de propriété et sa fiche d’impôt. Son grand-père, dit-il, est le fondateur de ce village contrairement à ce qu’avance Ayeby Ayeby Paul. « Le campement a été fondé par mon grand-père Yatté N’Guessan, chef supérieur des Attié. Le terrain qui comportait 50 ha de café et cacao appartenant à mon ascendant, a été borné en 1923. Il est en né en 1875 sur ses terres comme cela est écrit sur la carte d’identité de ma mère », précise Ali Badra Bah. Puis d’ajouter : « L’école primaire Bad II porte le nom de mon grand-père. Pourquoi on ne dit pas Ayebykoi mais N’Guessankoi ? Chaque village a un propriétaire et je suis propriétaire». Au ministère de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisation, on dit être informé de ce dossier. « Nous avons été saisis par la chefferie et nous leur avons conseillé de saisir la direction des affaires juridiques. Ils voulaient faire glisser l’affaire sur le terrain politique mais à partir du moment où la famille Bah possède des titres fonciers, l’affaire devient compliquée pour les plaignants », nous a informé un collaborateur de Mamadou Sanogo sous le couvert de l’anonymat.

Nomel Essis
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ