S’il y a un homme qui a marqué (et continue) de ses empreintes l’architecture ivoirienne, l’urbanisme et la réalisation d’édifices d’envergure, pour la postérité, en Côte d’Ivoire, c’est assurément Pierre Fakhoury ! Né à Dabou, il y a 67 ans et Ivoirien, son nom se confond avec les grands moments de ce pays phare de la sous-région ouest-africaine.
Ses œuvres ont largement dépassé les frontières de l’Eburnie.
Son talent a aussi conquis de nombreux autres décideurs africains.
La pierre de Fakhoury à la perle des lagunes
L’architecte ivoirien a construit de nombreux édifices à Abidjan dont le Postel 2001 au Plateau, au cœur de la cité administrative et des affaires. Cet immeuble qui permet de comparer la capitale économique à Manhattan, aux Etats-Unis, est fait de façon futuriste avec l’extérieur en verre et donne l’impression d’être un grand miroir pour les
travailleurs et leurs visiteurs. ‘’Cet édifice ne peut jamais être démodé’’, confesse un touriste qui a osé s’aventurer en Côte d’Ivoire en décembre 2004 en plein conflit ivoirien. En
attendant un jour de bâtir la Tour F de la cité administrative,
Pierre Fakhoury ne s’est pas arrêté. Il a dessiné et construit Yamoussoukro grâce au premier président ivoirien.
Le rêve du vieux
Le Président Houphouët-Boigny rêvait de faire de son village natal la Brasilia d’Afrique en transférant la capitale à Yamoussoukro. De grandes écoles sont construites ainsi que d’autres édifices tels l’hôtel Président, la fondation internationale Félix Houphouët-Boigny pour la Paix. Une ville aux artères imposantes et insolentes est sortie en quelques années de terre en pleine brousse africaine. L’ancien membre du gouvernement français, en homme de foi, voulait poser un acte avant sa mort : offrir à Dieu, aux chrétiens et croyants en Côte d’Ivoire, un temple religieux. Et Pierre Fakhoury lui a permis de réaliser ce rêve. Cet architecte n’a pas été imposé au Vieux (Ndlr : le nom donné par les Ivoiriens au père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne). Au contraire, le ‘’bélier de Yamoussoukro’’ avait lancé un concours de 1984 à 1986 auquel plusieurs grands noms de l’architecture mondiale et contemporaine ont pris part. Au terme d’une sélection rigoureuse, c’est le projet néoclassique de Fakhoury qui a été retenu par le premier chef d’Etat ivoirien. Par la suite, l’architecte et son équipe respecteront le délai de trois ans de livraison de la Basilique Notre Dame de la Paix en pays baoulé.
La Basilique : Saint Pierre dépassée
Cette réalisation va susciter de vives polémiques surtout que le miracle ivoirien commençait à amorcer son déclin. Des protestations, des grèves de la faim et des menaces ont été servies aux Ivoiriens et au Vatican. La raison : la Basilique Notre Dame de la Paix avec son dôme haut de 160 m peut engloutir la Basilique Saint Pierre de Rome. Coût de l’opération : 40 milliards de francs Cfa. Quand le pape Jean- Paul II prononça la phrase suivante à la fin de l’homélie le 10 septembre 1990, ce fut un grand soulagement pour Houphouët : ‘’Au moment où je célèbre la dédicace de cette église, je suis heureux de l’élever au rang de Basilique’’. Il a fallu pour réaliser le plus gros chantier de l’Afrique depuis les indépendances (construire en trois ans un tel édifice), faire travailler jour et nuit 1500 ouvriers et ingénieurs de sociétés ivoiriennes, françaises, israéliennes et italiennes. Se confiant à des confrères panafricains, Fakhoury a soutenu : ‘’Je reste celui qui a su traduire en réalité la foi qu’il (ndlr : Houphouët) avait en la chrétienté, en son pays et en l’Afrique. Je suis le traducteur – pas le messager – de sa parole. C’était un bâtisseur qui voyait grand et juste. (…) Le Président ne m’a pas donné la Basilique. Il m’a accordé sa confiance. Et j’ai construit avec cette confiance. J’avais 47 ans à l’époque. A travers l’architecture, j’ai été en quelque sorte son porteur d’eau’’, a expliqué l’architecte d’Houphouët en 1999, dans Jeune Afrique. La Basilique Notre Dame de Paris est toute petite à côté de cet édifice qui peut accueillir 18 000 fidèles dont 7000 assis et 300 000 sur les parvis. C’est un joyau architectural composé notamment d’un dôme avec 7000 pièces en acier, 1810 projecteurs pour la lumière, 7 cloches géantes dont la plus grosse pèse 4,2 tonnes et un orgue numérique géant importé des Etats-Unis. Il a été prévu, à côté de cet édifice religieux, la construction d’un hôpital et d’une université catholique. Malheureusement, le père fondateur n’a pu achever entièrement son rêve de voir la capitale transférée à Yamoussoukro. Ses successeurs vont essayer de le concrétiser avec des fortunes diverses. Après les dix ans de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a déjà posé deux actes forts : investiture le 21 Mai 2011 et un Conseil des ministres à Yamoussoukro. Le Président de la République a réaffirmé son intention de poursuivre et favoriser le transfert effectif et rapide de la capitale politique et administrative à Yamoussoukro.
Source : magazine de L’Intelligent d’Abidjan
Ses œuvres ont largement dépassé les frontières de l’Eburnie.
Son talent a aussi conquis de nombreux autres décideurs africains.
La pierre de Fakhoury à la perle des lagunes
L’architecte ivoirien a construit de nombreux édifices à Abidjan dont le Postel 2001 au Plateau, au cœur de la cité administrative et des affaires. Cet immeuble qui permet de comparer la capitale économique à Manhattan, aux Etats-Unis, est fait de façon futuriste avec l’extérieur en verre et donne l’impression d’être un grand miroir pour les
travailleurs et leurs visiteurs. ‘’Cet édifice ne peut jamais être démodé’’, confesse un touriste qui a osé s’aventurer en Côte d’Ivoire en décembre 2004 en plein conflit ivoirien. En
attendant un jour de bâtir la Tour F de la cité administrative,
Pierre Fakhoury ne s’est pas arrêté. Il a dessiné et construit Yamoussoukro grâce au premier président ivoirien.
Le rêve du vieux
Le Président Houphouët-Boigny rêvait de faire de son village natal la Brasilia d’Afrique en transférant la capitale à Yamoussoukro. De grandes écoles sont construites ainsi que d’autres édifices tels l’hôtel Président, la fondation internationale Félix Houphouët-Boigny pour la Paix. Une ville aux artères imposantes et insolentes est sortie en quelques années de terre en pleine brousse africaine. L’ancien membre du gouvernement français, en homme de foi, voulait poser un acte avant sa mort : offrir à Dieu, aux chrétiens et croyants en Côte d’Ivoire, un temple religieux. Et Pierre Fakhoury lui a permis de réaliser ce rêve. Cet architecte n’a pas été imposé au Vieux (Ndlr : le nom donné par les Ivoiriens au père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne). Au contraire, le ‘’bélier de Yamoussoukro’’ avait lancé un concours de 1984 à 1986 auquel plusieurs grands noms de l’architecture mondiale et contemporaine ont pris part. Au terme d’une sélection rigoureuse, c’est le projet néoclassique de Fakhoury qui a été retenu par le premier chef d’Etat ivoirien. Par la suite, l’architecte et son équipe respecteront le délai de trois ans de livraison de la Basilique Notre Dame de la Paix en pays baoulé.
La Basilique : Saint Pierre dépassée
Cette réalisation va susciter de vives polémiques surtout que le miracle ivoirien commençait à amorcer son déclin. Des protestations, des grèves de la faim et des menaces ont été servies aux Ivoiriens et au Vatican. La raison : la Basilique Notre Dame de la Paix avec son dôme haut de 160 m peut engloutir la Basilique Saint Pierre de Rome. Coût de l’opération : 40 milliards de francs Cfa. Quand le pape Jean- Paul II prononça la phrase suivante à la fin de l’homélie le 10 septembre 1990, ce fut un grand soulagement pour Houphouët : ‘’Au moment où je célèbre la dédicace de cette église, je suis heureux de l’élever au rang de Basilique’’. Il a fallu pour réaliser le plus gros chantier de l’Afrique depuis les indépendances (construire en trois ans un tel édifice), faire travailler jour et nuit 1500 ouvriers et ingénieurs de sociétés ivoiriennes, françaises, israéliennes et italiennes. Se confiant à des confrères panafricains, Fakhoury a soutenu : ‘’Je reste celui qui a su traduire en réalité la foi qu’il (ndlr : Houphouët) avait en la chrétienté, en son pays et en l’Afrique. Je suis le traducteur – pas le messager – de sa parole. C’était un bâtisseur qui voyait grand et juste. (…) Le Président ne m’a pas donné la Basilique. Il m’a accordé sa confiance. Et j’ai construit avec cette confiance. J’avais 47 ans à l’époque. A travers l’architecture, j’ai été en quelque sorte son porteur d’eau’’, a expliqué l’architecte d’Houphouët en 1999, dans Jeune Afrique. La Basilique Notre Dame de Paris est toute petite à côté de cet édifice qui peut accueillir 18 000 fidèles dont 7000 assis et 300 000 sur les parvis. C’est un joyau architectural composé notamment d’un dôme avec 7000 pièces en acier, 1810 projecteurs pour la lumière, 7 cloches géantes dont la plus grosse pèse 4,2 tonnes et un orgue numérique géant importé des Etats-Unis. Il a été prévu, à côté de cet édifice religieux, la construction d’un hôpital et d’une université catholique. Malheureusement, le père fondateur n’a pu achever entièrement son rêve de voir la capitale transférée à Yamoussoukro. Ses successeurs vont essayer de le concrétiser avec des fortunes diverses. Après les dix ans de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a déjà posé deux actes forts : investiture le 21 Mai 2011 et un Conseil des ministres à Yamoussoukro. Le Président de la République a réaffirmé son intention de poursuivre et favoriser le transfert effectif et rapide de la capitale politique et administrative à Yamoussoukro.
Source : magazine de L’Intelligent d’Abidjan
