Retour des vacances du gouvernement, Les grands dossiers qui attendent les ministres

Le travail appelle le gouvernement, qui rentre des vacances. La sécurisation du pays, entre autres chantiers, est l’un des pans délicats de sa mission.

Bientôt la rentrée des classes, pour le gouvernement ! Avec le retour des congés en France, hier, du président de la République, Alassane Ouattara, cette rentrée s’avère probable pour début septembre. Ainsi, la reprise du travail va consacrer la fin effective des deux semaines de vacances gouvernementales, après quatre mois d’intenses activités. Deux importants séminaires, une matrice d’actions et une ‘’charte d’éthique‘’ ont sanctionné, ces quatre mois de labeur. Le tout avait permis au gouvernement de se définir un canevas de travail. Ceci fait, il n’a plus qu’à reprendre ses chantiers au niveau où il les avait laissés. Il ne serait donc pas surprenant qu’un conseil des ministres fasse le point, jeudi, dans un premier temps et remette ensuite en selle les 36 ministres. Pour la sécurisation, une communication d’Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, est très attendue sur les conclusions de la commission de redressement des grades à la Police nationale. Cette commission instaurée par décret n°2011-197 du 03 août, doit « corriger les anomalies constatées dans l’avancement aux grades ». L’Ecole de police a un nouveau dirigeant. La tutelle devrait surtout situer la hiérarchie et le gouvernement sur l’évolution de l’ ‘’affaire Viviane Atsin ‘’ du nom du commissaire principal qui dirigeait l’Ecole de police et qui a maille à partir avec la justice pour « vol » présumé de coffre-fort dudit établissement. Si d’autres nominations sont en vue au sein de la direction de l’école, selon des sources, ses transfuges devraient à terme redorer le blason. L’Etat a passé à cet effet une commande de 4700 nouvelles tenues chez le privé Gonfreville-SICG, basé à Bouaké. La moralisation des agents de police, mise à l’index pour racket abusif, est en cours. Hamed Bakayoko poursuivra donc le combat contre la corruption.

Frci : encasernement, profilage, sécurité frontalière
L’autre charge que M. Bakayoko partage avec son collègue délégué auprès du ministre de la Défense, n’est autre que le redéploiement des forces de défense et de sécurité. Si les policiers doivent incessamment retrouver les commissariats, les gendarmes, eux, attendent que les locaux d’escadrons et autres brigades leur soient rétrocédés. Les deux ministres avaient entrepris d’évacuer lesdits lieux, il y a une semaine. C’est ainsi qu’aujourd’hui, Abidjan-sud est soulagée des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui occupaient ses enceintes. Reste que l’opération se poursuit dans les autres pôles du district d’Abidjan. A côté de la « libération » desdits lieux, il y a la poursuite de l’entrée en caserne des Frci. Pour cette fois, il est temps d’évacuer des sites privés. Paul Koffi Koffi qui avait été solidement épaulé par son collègue de l’Intégration, Adama Bictogo, va poursuivre sa campagne pour le retour des militaires exilés. Combien sont-ils revenus au bercail à ce jour ? Il en fera le point au conseil des ministres, afin de recevoir, pourquoi pas, des recommandations. Il travaille aussi à corriger la porosité des frontières ivoiro-ghanéenne et ivoiro-libérienne. Un plan de sécurisation conjoint a été mis en place à cet effet par les Frci, les Casques bleus de l’Opération des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire (Onuci) et ceux de la Mission des Nations Unies pour le Libéria (Minul). Le ministre-délégué attend beaucoup de la stratégie commune. Côté moralisation, toute l’armée ivoirienne attend d’être habillée dans un treillis neuf, après le lot de 1000 offerts par la France. Quant aux commandants des Frci, ils avaient été sommés de ne plus se mêler des affaires civiles. Il faut veiller au respect de la consigne. Enfin, le ministre-délégué suit le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des jeunes qui ont servi de supplétifs aux Frci pendant la guerre.


Les dossiers judiciaires : et après les inculpations ?
Nonobstant l’indépendance proclamée de la justice ivoirienne, le ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Jeannot, ne manquera pas de jeter un œil sur l’évolution des dossiers relatifs aux poursuites engagées contre les anciens dirigeants ivoiriens. A titre de rappel, c’est presque une semaine après le début des vacances gouvernementales, soit les 16 et 18 août derniers, que les juges d’instruction d’Odienné et de Korhogo ont formellement inculpé Laurent Gbagbo et son épouse, de crimes économiques. Une inculpation qui marque un tournant dans les poursuites judiciaires liées à la crise post-électorale. De retour de vacances, le ministre de la Justice fera sans doute le point de l’évolution des différents volets de l’enquête avec le Parquet surtout que c’est sur son instruction que celui-ci a diligenté les enquêtes qui ont abouti à l’inculpation de plusieurs dignitaires de l’ancien régime au pouvoir.

Composition de l’équipe de la Cdvr : Banny attend le décret
Lors du dernier conseil des ministres, l’on attendait la prise du décret nommant les membres de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Malheureusement, le décret n’a pas été signé avant la trêve. Avec la reprise des activités gouvernementales, il est clair que le dossier de la nomination des collaborateurs de Charles Konan Banny figurera en bonne place sur la table du chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Car, de source proche du président de la Cdvr, c’est nanti de ce décret que le travail pourra véritablement commencer.

Marc Dossa et Bidi Ignace