Hamed Bakayoko depuis Paris : « Etre Français ne vous met pas au-dessus de la loi en Côte d’Ivoire »
Les vérités du ministre de l’Intérieur sur l’arrestation de Gbagbo
Le ministre de l'Intérieur de Côte d’Ivoire séjourne depuis quelques jours en France. Le mercredi 31 août 2011, il était sur le Plateau de la télévision France 24. Sans faux fuyants, Hamed Bakayoko s’est prononcé sur les questions brûlantes en Côte d’Ivoire. A savoir entre autres, l’interpellation des trois officiers français, la situation sécuritaire et l’inculpation de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo.
(…) où en est-on exactement aujourd’hui ?
Hamed Bakayoko : Ce que je peux dire, c’est que le retour à la normalité se passe très bien. La tendance est très bonne. Nous avons une progression qui défie ce qu’on a vu dans bien de pays où il a fallu 18 mois pour atteindre le taux que nous avons (en quelques mois). Nous avons une reprise des forces de police et de gendarmerie qui est effective avec un repli des forces militaires dans les casernes. Tout cela est un processus. Les gens préfèrent qu’on aille assez vite pour camper la situation. Ce que je peux dire, c’est que beaucoup a été fait. Mais reconnaissons que beaucoup reste à faire.
Beaucoup reste à faire. Dans quels domaines exactement ? Est-ce que c’est la confiance que la population peut avoir dans ces forces de sécurité en général ?
Tout à fait. D’abord nous avons travaillé à travers un plan de lutte contre le racket, à faire en sorte que les populations retrouvent leur liberté. Aujourd’hui, vous interrogez n’importe qui à Abidjan, les gens vont et viennent sans les barrages, les tracasseries, etc. qui sont réduits. Ensuite, faire en sorte que les gens soient libres dans leur domicile, que nous puissions réduire le taux d’agression. Aujourd’hui, les agressions sont liées au niveau de réinsertion que nous avons (…). Nous avons environ 20.000 jeunes combattants qui se sont volontairement engagés dans cette guerre de libération, et qui sont là et que nous devons traiter. On a le sentiment qu’on veut nous pousser à la faute pour que cette affaire soit traitée dans la précipitation. Nous avons un calendrier. Il faut d’abord les reprofiler donc les identifier, intégrer ceux qui ont la qualité et la capacité d’être dans l’armée, et trouver du travail et réinsérer dans la vie sociale ceux qui n’en ont pas, pour que ce désarmement soit quelque chose d’équilibré. Il ne faut pas faire quelque chose de rapide pour faire plaisir à l’opinion publique nationale et internationale, et avoir un kyste qui demeure un poids dans le développement du pays. Donc cette question est prise en charge. Elle est prise en charge par le programme national de réinsertion (Pnrrc) qui est dirigé par Daniel Ouattara. Le 2 septembre 2011 déjà, dans deux jours, on a la fin du reprofilage qui est la fin de l’identification. Ensuite, il va avoir une affectation, une adaptation à l’évolution de la crise (…)
Il ne faut toujours pas agir dans l’urgence, dans la précipitation, vous dites. Mais certaines organisations de défense des droits de l’Homme, dénoncent tout de même des exactions qui seraient commises encore en ce moment même en Côte d’Ivoire par les forces de sécurité, que ce soient par les Frci que par les policiers et gendarmes. Des accusations très très graves. Qu’est-ce que vous faites concrètement pour mettre fin à ces exactions ?
Nous avons créé une commission nationale d’enquête indépendante. La méthode du président Ouattara, c’est de ne pas rejeter du revers de la main, toutes ces accusations. Nous les prenons en compte. Nous nous asseyons avec les organisations et nous voulons avoir des preuves. Ce que nous ne voulons pas, c’est de ne pas tomber dans cette habitude de mettre dos à dos toutes les parties parce qu’on a dit les miliciens et mercenaires de Gbagbo ont tué, il faut trouver des tueurs chez Ouattara. Il y a eu des combats comme il y en a aujourd’hui en Libye. Après, il y a un décompte. Mais nous avons la conviction que nos hommes ont été responsables de tueries coupables dans le cadre de combats. Parce que ces combats se sont poursuivis à Pk18, à Yopougon. Et tout le monde le sait. Il n’y a pas cinq mois. Ce que je veux dire, si les éléments que rapportent ces Ong, sont mis en évidence, nous prendrons des mesures. Je peux vous dire que je travaille au quotidien avec ces Ong. Nous ne leur fermons pas la porte. Bien souvent, elles nous disent que c’est dans le cadre des témoignages. Mais dans un contexte comme celui de la Côte d’Ivoire, si vous allez à Yopougon et que vous visitez cinq familles de pro-Gbagbo, elles vous diront qu’on a tué celui-ci, on fait ceci. Mais qu’est-ce que cela prouve ? Nous, nous voulons des preuves. S’il y a des preuves, on prendra des mesures.
Il y a des charniers notamment qui ont été découverts. Il n’y a pas que les organisations de défense des droits de l’Homme, il y a aussi la section des droits de l’Homme de l’Onu. L’Onu qu’on ne peut pas accuser d’être hostile particulièrement au camp Ouattara ?
Nous ne disons pas qu’elle est hostile. Nous disons que nous recevons et nous voulons traiter en toute équité ces questions. S’il y a des preuves, des mesures seront prises. En fait, les gens sont pressés. Cette crise vient de finir. On vient de mettre en place les responsables de l’armée, la prison civile était fermée, on vient de la rouvrir, c’est maintenant que la plupart des grands commandements font leur passation. Donc tous ces dossiers seront pris en charge. Que personne ne se méprenne sur notre volonté politique. La volonté politique affirmée par le président de la République, c’est de faire de la Côte d’Ivoire, un Etat de droit. Nous avons dit à nos hommes, que ceux qui seront coupables d’exactions, de crimes de sang, seront passibles devant les tribunaux compétents.
Vous avez rencontré cette semaine, le ministre de l’Intérieur français, votre homologue Claude Guéant. Est-ce qu’il y a des choses concrètes qui sont sorties de cette rencontre?
En dehors de la réactivation de la coopération dans toute sa composante : Formation, assistance, etc., nous avons là déjà, une donation importante de la France, qui va être faite à la mi-octobre. Et j’ai invité le ministre Claude Guéant qui a accepté de venir à Abidjan, pour recevoir des véhicules roulants-je pense plus d’une cinquantaine-, du matériel de maintien de l’ordre parce que la police et la gendarmerie ont été dépouillées avec cette crise. Aujourd’hui, notre contrainte c’est que tous nos efforts ont pour objectif de remettre le pays à niveau, à zero, pour repartir. En fait, notre calendrier, c’est de tout faire d’ici à la fin de l’année 2011, pour remettre les pendules à l’heure pour qu’en 2012, nous puissions entamer tout le programme de développement. Le pays commence à être en chantier, nous avons bouclé le financement du troisième pont qui va démarrer en septembre, celui de Jacqueville a été bouclé, la fin de l’autoroute du nord. Voilà un pays qui est devenu propre. Appelez à Abidjan et demandez. C’est un pays qui est plein d’espoir. Le président Ouattara va étonner le monde avec ce qu’il va faire de la Côte d’Ivoire. Et je pense que la Côte d’Ivoire peut offrir ce qu’il y a de mieux en Afrique.
Je vous demande de revenir sur une affaire qui fait polémique en ce moment en France comme en Côte d’Ivoire. Le 20 août dernier, trois anciens militaires officiers français qui travaillaient en Côte d’Ivoire dans le secteur de la sécurité, disent avoir été enlevés, arrêtés de façon arbitraire à Abidjan. Où en est la situation ? Pourquoi cette interpellation ?
Simplement parce que ces personnes sont en relation avec une personne qui est en surveillance, Monsieur Dominique Lafont sur qui pèsent de lourds soupçons de collaboration avec le régime de Laurent Gbagbo dans le cadre des achats d’armes. Il transporte des armes. Ces messieurs travaillaient pour lui. Ce monsieur est réfugié au Togo. Il envoie des gens qui sont des ex-militaires français sur un territoire dans un contexte comme celui-là qui est très sensible. Nos hommes sont intervenus en urgence. Ils ont été entendus et la plupart sont retournés au Togo. C’est cela l’Etat de droit. Nous voulons bâtir sur la base de l’Etat de droit. Cela veut tout dire. Etre Français ne vous met pas au-dessus de la loi en Côte d’Ivoire. Il faut que ce soit clair. Nous l’avons dit aux autorités d’ici. Ces messieurs le savent. L’ancien officier Charraux a travaillé à la formation de milices et du Cecos. Il a travaillé pour la sécurité de Seka Seka Anselme qui était l’homme de main de Mme Gbagbo. Donc ces messieurs ne peuvent pas venir dans le contexte de la Côte d’Ivoire, se promener sans informer les autorités, et avec des sommes d’argent de cette nature sans qu’on sache.
Justement, l’un de ces Français a porté plainte pour vol notamment de cette somme d’argent. Est-ce que ce n’est pas un message un peu (…) pour toutes les personnes qu’elles soient Françaises ou ivoiriennes qui ont pu collaborer avec certains proches du régime Gbagbo? Est-ce que ça veut dire qu’elles peuvent être inquiétées à tout moment?
Non pas du tout. Ça dépend de ce qu’on a fait. Il y a plein de gens du régime Gbagbo, même des partisans au plus haut niveau qui sont à Abidjan qui circulent. Il y en a qui savent. On ne peut pas réconcilier sans la justice. Il y en a qui savent qu'ils sont passibles devant les tribunaux pour crimes économiques, pour crimes de sang. On ne peut pas laisser cela parce qu’il y a eu 3000 morts dans cette crise. Les gens oublient vite. 3000 morts, les Français qui ont été enlevés et tués. On ne peut pas laisser passer cela sous silence. Ce n’est pas possible. C’est irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays.
Ces hommes ont été apparemment interpellés par des membres de la garde républicaine et qui sont proches du N°2 de la garde républicaine, le commandant Wattao. Certains critiquent le commandant Wattao et réclament sa demission.
Nous, nous gérons tout cela avec sérénité. Les gens veulent nous créer des contradictions inutiles. On voit venir. Il faut créer une contradiction pour que le président Ouattara soit obligé aussi rapidement et dans la précipitation, de prendre des sanctions contre ceux qui l’ont soutenu. Nous avons interpellé le Commandant Wattao. Il le sait. Il nous a donné, moi le ministre de l’Intérieur, les informations qu’il avait sur cette affaire. J’ai autorisé, si ces messieurs étaient en Côte d’Ivoire, qu’il les interpelle et les mette à la disposition de la police.
Le président de la République Alassane Ouattara était également au courant ?
Ce n’est pas sa responsabilité directe. J’étais au courant.
Une dernière question au sujet de Laurent Gbagbo. Il a été arrêté le 11 avril dernier, et il a été formellement inculpé le 18 août dernier pour crimes économiques. Ces avocats continuent à dénoncer la façon dont il a été interpellé. Ils assurent que son statut d’ancien chef d’Etat n’a pas été respecté. Qu’est-ce que vous répondez ?
Gbagbo Laurent a été interpellé après des tirs à l’arme lourde dans un bunker. Il était en chef d’opérations militaires. Ce n’était pas un chef d’Etat ou ancien chef d’Etat. Que les gens arrêtent de nier ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, d’insulter la mémoire récente des Ivoiriens. Nous le traitons (Gbagbo, Ndlr) du mieux que nous pouvons. L’Onu l’a confirmé. Tous ceux qui l’ont vu, l’ont confirmé. Il est dans les mains de la justice. La justice fera son travail en toute sérénité. Tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire, tous ces morts, tous ces crimes, Gbagbo en est le premier responsable. C’est parce qu’il a refusé de donner le pouvoir qu’il y a eu tous ces problèmes. Donc on ne peut pas être étonné qu’il soit aujourd’hui inculpé et passible devant les tribunaux.
Entretien Retranscrit par BAMBA Idrissa
Les vérités du ministre de l’Intérieur sur l’arrestation de Gbagbo
Le ministre de l'Intérieur de Côte d’Ivoire séjourne depuis quelques jours en France. Le mercredi 31 août 2011, il était sur le Plateau de la télévision France 24. Sans faux fuyants, Hamed Bakayoko s’est prononcé sur les questions brûlantes en Côte d’Ivoire. A savoir entre autres, l’interpellation des trois officiers français, la situation sécuritaire et l’inculpation de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo.
(…) où en est-on exactement aujourd’hui ?
Hamed Bakayoko : Ce que je peux dire, c’est que le retour à la normalité se passe très bien. La tendance est très bonne. Nous avons une progression qui défie ce qu’on a vu dans bien de pays où il a fallu 18 mois pour atteindre le taux que nous avons (en quelques mois). Nous avons une reprise des forces de police et de gendarmerie qui est effective avec un repli des forces militaires dans les casernes. Tout cela est un processus. Les gens préfèrent qu’on aille assez vite pour camper la situation. Ce que je peux dire, c’est que beaucoup a été fait. Mais reconnaissons que beaucoup reste à faire.
Beaucoup reste à faire. Dans quels domaines exactement ? Est-ce que c’est la confiance que la population peut avoir dans ces forces de sécurité en général ?
Tout à fait. D’abord nous avons travaillé à travers un plan de lutte contre le racket, à faire en sorte que les populations retrouvent leur liberté. Aujourd’hui, vous interrogez n’importe qui à Abidjan, les gens vont et viennent sans les barrages, les tracasseries, etc. qui sont réduits. Ensuite, faire en sorte que les gens soient libres dans leur domicile, que nous puissions réduire le taux d’agression. Aujourd’hui, les agressions sont liées au niveau de réinsertion que nous avons (…). Nous avons environ 20.000 jeunes combattants qui se sont volontairement engagés dans cette guerre de libération, et qui sont là et que nous devons traiter. On a le sentiment qu’on veut nous pousser à la faute pour que cette affaire soit traitée dans la précipitation. Nous avons un calendrier. Il faut d’abord les reprofiler donc les identifier, intégrer ceux qui ont la qualité et la capacité d’être dans l’armée, et trouver du travail et réinsérer dans la vie sociale ceux qui n’en ont pas, pour que ce désarmement soit quelque chose d’équilibré. Il ne faut pas faire quelque chose de rapide pour faire plaisir à l’opinion publique nationale et internationale, et avoir un kyste qui demeure un poids dans le développement du pays. Donc cette question est prise en charge. Elle est prise en charge par le programme national de réinsertion (Pnrrc) qui est dirigé par Daniel Ouattara. Le 2 septembre 2011 déjà, dans deux jours, on a la fin du reprofilage qui est la fin de l’identification. Ensuite, il va avoir une affectation, une adaptation à l’évolution de la crise (…)
Il ne faut toujours pas agir dans l’urgence, dans la précipitation, vous dites. Mais certaines organisations de défense des droits de l’Homme, dénoncent tout de même des exactions qui seraient commises encore en ce moment même en Côte d’Ivoire par les forces de sécurité, que ce soient par les Frci que par les policiers et gendarmes. Des accusations très très graves. Qu’est-ce que vous faites concrètement pour mettre fin à ces exactions ?
Nous avons créé une commission nationale d’enquête indépendante. La méthode du président Ouattara, c’est de ne pas rejeter du revers de la main, toutes ces accusations. Nous les prenons en compte. Nous nous asseyons avec les organisations et nous voulons avoir des preuves. Ce que nous ne voulons pas, c’est de ne pas tomber dans cette habitude de mettre dos à dos toutes les parties parce qu’on a dit les miliciens et mercenaires de Gbagbo ont tué, il faut trouver des tueurs chez Ouattara. Il y a eu des combats comme il y en a aujourd’hui en Libye. Après, il y a un décompte. Mais nous avons la conviction que nos hommes ont été responsables de tueries coupables dans le cadre de combats. Parce que ces combats se sont poursuivis à Pk18, à Yopougon. Et tout le monde le sait. Il n’y a pas cinq mois. Ce que je veux dire, si les éléments que rapportent ces Ong, sont mis en évidence, nous prendrons des mesures. Je peux vous dire que je travaille au quotidien avec ces Ong. Nous ne leur fermons pas la porte. Bien souvent, elles nous disent que c’est dans le cadre des témoignages. Mais dans un contexte comme celui de la Côte d’Ivoire, si vous allez à Yopougon et que vous visitez cinq familles de pro-Gbagbo, elles vous diront qu’on a tué celui-ci, on fait ceci. Mais qu’est-ce que cela prouve ? Nous, nous voulons des preuves. S’il y a des preuves, on prendra des mesures.
Il y a des charniers notamment qui ont été découverts. Il n’y a pas que les organisations de défense des droits de l’Homme, il y a aussi la section des droits de l’Homme de l’Onu. L’Onu qu’on ne peut pas accuser d’être hostile particulièrement au camp Ouattara ?
Nous ne disons pas qu’elle est hostile. Nous disons que nous recevons et nous voulons traiter en toute équité ces questions. S’il y a des preuves, des mesures seront prises. En fait, les gens sont pressés. Cette crise vient de finir. On vient de mettre en place les responsables de l’armée, la prison civile était fermée, on vient de la rouvrir, c’est maintenant que la plupart des grands commandements font leur passation. Donc tous ces dossiers seront pris en charge. Que personne ne se méprenne sur notre volonté politique. La volonté politique affirmée par le président de la République, c’est de faire de la Côte d’Ivoire, un Etat de droit. Nous avons dit à nos hommes, que ceux qui seront coupables d’exactions, de crimes de sang, seront passibles devant les tribunaux compétents.
Vous avez rencontré cette semaine, le ministre de l’Intérieur français, votre homologue Claude Guéant. Est-ce qu’il y a des choses concrètes qui sont sorties de cette rencontre?
En dehors de la réactivation de la coopération dans toute sa composante : Formation, assistance, etc., nous avons là déjà, une donation importante de la France, qui va être faite à la mi-octobre. Et j’ai invité le ministre Claude Guéant qui a accepté de venir à Abidjan, pour recevoir des véhicules roulants-je pense plus d’une cinquantaine-, du matériel de maintien de l’ordre parce que la police et la gendarmerie ont été dépouillées avec cette crise. Aujourd’hui, notre contrainte c’est que tous nos efforts ont pour objectif de remettre le pays à niveau, à zero, pour repartir. En fait, notre calendrier, c’est de tout faire d’ici à la fin de l’année 2011, pour remettre les pendules à l’heure pour qu’en 2012, nous puissions entamer tout le programme de développement. Le pays commence à être en chantier, nous avons bouclé le financement du troisième pont qui va démarrer en septembre, celui de Jacqueville a été bouclé, la fin de l’autoroute du nord. Voilà un pays qui est devenu propre. Appelez à Abidjan et demandez. C’est un pays qui est plein d’espoir. Le président Ouattara va étonner le monde avec ce qu’il va faire de la Côte d’Ivoire. Et je pense que la Côte d’Ivoire peut offrir ce qu’il y a de mieux en Afrique.
Je vous demande de revenir sur une affaire qui fait polémique en ce moment en France comme en Côte d’Ivoire. Le 20 août dernier, trois anciens militaires officiers français qui travaillaient en Côte d’Ivoire dans le secteur de la sécurité, disent avoir été enlevés, arrêtés de façon arbitraire à Abidjan. Où en est la situation ? Pourquoi cette interpellation ?
Simplement parce que ces personnes sont en relation avec une personne qui est en surveillance, Monsieur Dominique Lafont sur qui pèsent de lourds soupçons de collaboration avec le régime de Laurent Gbagbo dans le cadre des achats d’armes. Il transporte des armes. Ces messieurs travaillaient pour lui. Ce monsieur est réfugié au Togo. Il envoie des gens qui sont des ex-militaires français sur un territoire dans un contexte comme celui-là qui est très sensible. Nos hommes sont intervenus en urgence. Ils ont été entendus et la plupart sont retournés au Togo. C’est cela l’Etat de droit. Nous voulons bâtir sur la base de l’Etat de droit. Cela veut tout dire. Etre Français ne vous met pas au-dessus de la loi en Côte d’Ivoire. Il faut que ce soit clair. Nous l’avons dit aux autorités d’ici. Ces messieurs le savent. L’ancien officier Charraux a travaillé à la formation de milices et du Cecos. Il a travaillé pour la sécurité de Seka Seka Anselme qui était l’homme de main de Mme Gbagbo. Donc ces messieurs ne peuvent pas venir dans le contexte de la Côte d’Ivoire, se promener sans informer les autorités, et avec des sommes d’argent de cette nature sans qu’on sache.
Justement, l’un de ces Français a porté plainte pour vol notamment de cette somme d’argent. Est-ce que ce n’est pas un message un peu (…) pour toutes les personnes qu’elles soient Françaises ou ivoiriennes qui ont pu collaborer avec certains proches du régime Gbagbo? Est-ce que ça veut dire qu’elles peuvent être inquiétées à tout moment?
Non pas du tout. Ça dépend de ce qu’on a fait. Il y a plein de gens du régime Gbagbo, même des partisans au plus haut niveau qui sont à Abidjan qui circulent. Il y en a qui savent. On ne peut pas réconcilier sans la justice. Il y en a qui savent qu'ils sont passibles devant les tribunaux pour crimes économiques, pour crimes de sang. On ne peut pas laisser cela parce qu’il y a eu 3000 morts dans cette crise. Les gens oublient vite. 3000 morts, les Français qui ont été enlevés et tués. On ne peut pas laisser passer cela sous silence. Ce n’est pas possible. C’est irresponsable et dangereux pour l’avenir du pays.
Ces hommes ont été apparemment interpellés par des membres de la garde républicaine et qui sont proches du N°2 de la garde républicaine, le commandant Wattao. Certains critiquent le commandant Wattao et réclament sa demission.
Nous, nous gérons tout cela avec sérénité. Les gens veulent nous créer des contradictions inutiles. On voit venir. Il faut créer une contradiction pour que le président Ouattara soit obligé aussi rapidement et dans la précipitation, de prendre des sanctions contre ceux qui l’ont soutenu. Nous avons interpellé le Commandant Wattao. Il le sait. Il nous a donné, moi le ministre de l’Intérieur, les informations qu’il avait sur cette affaire. J’ai autorisé, si ces messieurs étaient en Côte d’Ivoire, qu’il les interpelle et les mette à la disposition de la police.
Le président de la République Alassane Ouattara était également au courant ?
Ce n’est pas sa responsabilité directe. J’étais au courant.
Une dernière question au sujet de Laurent Gbagbo. Il a été arrêté le 11 avril dernier, et il a été formellement inculpé le 18 août dernier pour crimes économiques. Ces avocats continuent à dénoncer la façon dont il a été interpellé. Ils assurent que son statut d’ancien chef d’Etat n’a pas été respecté. Qu’est-ce que vous répondez ?
Gbagbo Laurent a été interpellé après des tirs à l’arme lourde dans un bunker. Il était en chef d’opérations militaires. Ce n’était pas un chef d’Etat ou ancien chef d’Etat. Que les gens arrêtent de nier ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, d’insulter la mémoire récente des Ivoiriens. Nous le traitons (Gbagbo, Ndlr) du mieux que nous pouvons. L’Onu l’a confirmé. Tous ceux qui l’ont vu, l’ont confirmé. Il est dans les mains de la justice. La justice fera son travail en toute sérénité. Tout ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire, tous ces morts, tous ces crimes, Gbagbo en est le premier responsable. C’est parce qu’il a refusé de donner le pouvoir qu’il y a eu tous ces problèmes. Donc on ne peut pas être étonné qu’il soit aujourd’hui inculpé et passible devant les tribunaux.
Entretien Retranscrit par BAMBA Idrissa