Les débats ont été houleux mardi à Yamoussoukro. Statuant sur le financement des systèmes des pays africains, les ministres de la Santé et de l’Economie réunis dans la capitale politique ivoirienne pour la session régionale de l’Oms se sont mutuellement accusés d’être à la base du sous-financement.
Ils n’ont pas eu la langue de bois. Les ministres de l’Economie et des Finances ont accusé mardi les ministres de la santé de mal gouvernance dans l’utilisation des fonds qui leur sont alloués. C’était lors de la réunion commune sur le thème ‘’Financement de la santé : partage d’expériences en matière de mobilisation de fonds pour réaliser les objectifs nationaux de développement sanitaire’’. Selon les ministres de l’économie des pays africains, le simple fait d’accroître le financement de la santé à 15% comme le recommandent les accords d’Abuja de 2001 ne permet pas d’obtenir de meilleurs résultats sanitaires. En un mot, la majorité des fonds alloués à la santé est dilapidée. La gabegie, la déperdition et la mauvaise utilisation des ressources demeurent des préoccupations majeures. Elles résultent d’une faible imputabilité et d’un manque de transparence vis-à-vis des partenaires extérieurs et du contribuable. Les participants ont reconnu qu’il faut rationnaliser l’utilisation des ressources affectées au secteur de la santé en tenant compte des aspects comme l’efficacité et l’équité. Aussi, la capacité des pays à satisfaire les priorités sanitaires, comme c’est le cas du Niger, où le ministre de l’économie et des finances Ouhoumoudou Mahamdou a indiqué que le budget national est financé sous forme de prêt et donc les bailleurs de fonds imposent leurs priorités au gouvernement. Et, selon lui, la plupart des pays africains ont du mal à mobiliser les ressources additionnelles et à les gérer un fois acquises. Pour obtenir de meilleurs résultats sanitaires, les pays doivent mettre en place des systèmes efficaces de supervision de la gestion des fonds. A ce niveau, des avancées notables ont été réalisées au Ghana, au Cap-Vert et au Rwanda, tant au niveau de la prise en charge qu’au niveau de la couverture-maladie. Les responsables de la santé ont riposté. Joseph Yieley, ministre de la santé du Ghana, a réussi à introduire des audits cliniques et un système de surveillance rigoureux pour mettre un frein à la fraude. La directrice générale de l’Oms, Margaret Chan, a indiqué que les délégués des différents pays ont fait face à la réalité en abordant le problème de corruption. Si les pays ne font pas face à la réalité, ils ne trouveront jamais de solutions à ce problème majeur. Aux différents ministres des finances présents, elle a rappelé que la santé est un investissement tout comme les autres secteurs. Selon elle, l’absence de paludisme dans un pays augmente son Pib de 2%. La directrice générale de l’Oms s’est prononcée sur la question des aides extérieures. Pour elle, ces aides ne doivent pas, à elles seules, constituer le budget alloué aux ministères de santé. Elles doivent être un appui. « Les problèmes varient d’un pays à un autre et donc chaque pays doit faire ses propres réflexions et appliquer ses stratégies. Le Rwanda et le Ghana sont de bons exemples. Il serait bon que les autres pays tirent des enseignement de leurs systèmes », a-t-elle conclu.
Adélaïde Konin (Envoyée spéciale à Yamoussoukro)
Ils n’ont pas eu la langue de bois. Les ministres de l’Economie et des Finances ont accusé mardi les ministres de la santé de mal gouvernance dans l’utilisation des fonds qui leur sont alloués. C’était lors de la réunion commune sur le thème ‘’Financement de la santé : partage d’expériences en matière de mobilisation de fonds pour réaliser les objectifs nationaux de développement sanitaire’’. Selon les ministres de l’économie des pays africains, le simple fait d’accroître le financement de la santé à 15% comme le recommandent les accords d’Abuja de 2001 ne permet pas d’obtenir de meilleurs résultats sanitaires. En un mot, la majorité des fonds alloués à la santé est dilapidée. La gabegie, la déperdition et la mauvaise utilisation des ressources demeurent des préoccupations majeures. Elles résultent d’une faible imputabilité et d’un manque de transparence vis-à-vis des partenaires extérieurs et du contribuable. Les participants ont reconnu qu’il faut rationnaliser l’utilisation des ressources affectées au secteur de la santé en tenant compte des aspects comme l’efficacité et l’équité. Aussi, la capacité des pays à satisfaire les priorités sanitaires, comme c’est le cas du Niger, où le ministre de l’économie et des finances Ouhoumoudou Mahamdou a indiqué que le budget national est financé sous forme de prêt et donc les bailleurs de fonds imposent leurs priorités au gouvernement. Et, selon lui, la plupart des pays africains ont du mal à mobiliser les ressources additionnelles et à les gérer un fois acquises. Pour obtenir de meilleurs résultats sanitaires, les pays doivent mettre en place des systèmes efficaces de supervision de la gestion des fonds. A ce niveau, des avancées notables ont été réalisées au Ghana, au Cap-Vert et au Rwanda, tant au niveau de la prise en charge qu’au niveau de la couverture-maladie. Les responsables de la santé ont riposté. Joseph Yieley, ministre de la santé du Ghana, a réussi à introduire des audits cliniques et un système de surveillance rigoureux pour mettre un frein à la fraude. La directrice générale de l’Oms, Margaret Chan, a indiqué que les délégués des différents pays ont fait face à la réalité en abordant le problème de corruption. Si les pays ne font pas face à la réalité, ils ne trouveront jamais de solutions à ce problème majeur. Aux différents ministres des finances présents, elle a rappelé que la santé est un investissement tout comme les autres secteurs. Selon elle, l’absence de paludisme dans un pays augmente son Pib de 2%. La directrice générale de l’Oms s’est prononcée sur la question des aides extérieures. Pour elle, ces aides ne doivent pas, à elles seules, constituer le budget alloué aux ministères de santé. Elles doivent être un appui. « Les problèmes varient d’un pays à un autre et donc chaque pays doit faire ses propres réflexions et appliquer ses stratégies. Le Rwanda et le Ghana sont de bons exemples. Il serait bon que les autres pays tirent des enseignement de leurs systèmes », a-t-elle conclu.
Adélaïde Konin (Envoyée spéciale à Yamoussoukro)