Le ministre de l’Agriculture veut mettre de l’ordre dans les coopératives. Au-delà du 30 octobre, les coopératives fictives seront traquées. Une initiative qui rencontre l’adhésion de la Coordination pour la relance des activités des producteurs café-cacao (Crap-cc).
Le compte à rebours a commencé pour les profiteurs de la filière café-cacao. A partir du 30 octobre prochain, les coopératives illégales vont être extirpées du secteur. «Nous allons traquer les coopératives fictives qui ne réussiront pas à fournir les documents demandés », prévient Guillaume Gnamba, conseiller du ministre de l’Agriculture. Une décision importante au regard des agissements d’individus véreux qui surgissent à l’orée des campagnes en vue de bénéficier des financements et autres fonds en faveur des organisations professionnelles agricoles. Une situation aujourd’hui à la base du chaos dans la filière. Selon M. Gnamba, sur un total de 2.813 coopératives agricoles recensées sur l’ensemble du territoire, près de 2.134 appartiennent au seul café-cacao à l’exclusion des 120 syndicats également répertoriés dans la même filière. A titre indicatif, l’on compte 169 coopératives à Gagnoa pour une production de 104.693 tonnes, 163 coopératives à Abengourou, 143 à Agboville, 162 à San Pedro et à Guiglo, 170 à Man. A Tiassalé, l’autorité administrative en a dénombré 65 dont 25 ont pu collecter les 12.800 tonnes. Sur ce nombre, seulement 8 ont fait un bilan de gestion à l’occasion d’une assemblée générale dûment organisée. En ce qui concerne la région de Divo, il existe environ 256 coopératives. Si l’on considère un seuil de production de 2.000 tonnes par coopérative, on pourrait déduire que 70 coopératives sont largement suffisantes pour la région et que les 186 supplémentaires sont de trop. Une véritable anarchie aux mille tentacules. En effet, avec la libéralisation de la filière café cacao, les coopératives se sont créées comme des champignons souvent au mépris des dispositions légales. Selon le président de la Coordination pour la relance des activités des producteurs de café cacao (Crap-cc), Toussaint N’guessan qui lutte pour la professionnalisation du secteur, les agréments sont délivrés, en violation totale de la loi sur les coopératives. Cette loi prise sous le n°97-721 du 23 décembre 1997, en son article 13, stipule que : «Au titre du contrôle sur pièce, les coopératives sont tenues d’adresser à la direction départementale du ministère chargé de l’action coopérative du lieu de leur siège ou à la direction centrale compétente dudit ministère lorsqu’il s’agit d’une union régionale ou inter-régionale, d’une fédération ou d’une confédération, une copie du procès-verbal de chaque assemblée générale et une copie du rapport annuel de gestion». Ce dernier document comprend, entre autres, le rapport d’activité, le rapport financier, le bilan et le compte d’exploitation de l’exercice écoulé.
Objectif,
professionnaliser
Selon M. N’guessan, ce cadre dont viendra pourtant le salut des producteurs était jusque-là resté théorique. En effet, la procédure d’agrément décrit dans la circulaire interministérielle n°3718 / Minagra / Mid du 26 octobre 1998 relative à l’application de la procédure d’agrément des coopératives n’est pas correctement appliquée. Dans cette procédure, il y a trois niveaux pour agréer une coopérative. Le premier niveau est la direction départementale de l’Agriculture (Dda) dont le rôle est d’authentifier sur le terrain la conformité des éléments du dossier. Le deuxième niveau est celui de la Direction régionale de l’agriculture (Dra) qui fait le travail de contre-vérification sur le terrain avant de soumettre au directeur régional de l’agriculture la convocation de la réunion du Comité régional d’agrément des coopératives (Crac). C’est ce comité qui, au troisième niveau, émet un avis dans un procès verbal. S’il est favorable, un projet d’arrêt portant agrément de la coopérative est transmis au préfet accompagné du procès verbal de la réunion du comité d`agrément des coopératives. Le préfet signe l’arrêté s’il s’assure de la régularité de la procédure. C’est pourquoi William Wombléhi, président de la coopérative de Nidrou n’hésite pas à engager la responsabilité des préfets dans la délivrance des agréments aux coopératives fictives qui ne tiennent jamais d’assemblée générale de renouvellement des organes. «Les préfets signent les agréments n’importe comment pour peu que vous ayez donné quelque chose», fustige, Alexis Guéhi, président d’une coopérative de Guiglo. Autant dire que la multiplicité des coopératives profite à une catégorie d’individus. De quoi donner une crise d’urticaire au ministre de l’Agriculture qui a décidé de mettre la représentativité au cœur de la réforme du secteur agricole. «On assiste à une prolifération inexpliquée des coopératives, notamment dans la filière café-cacao. Face à cette situation, notre vision est d’assainir le mouvement des coopératives par une sélection qualitative afin d’avoir des structures gérées dans les règles de l’art», fait remarquer Mamadou Sangafowa Coulibaly. Pour lui, il faut que les coopératives se comportent en véritables entreprises viables et crédibles dans la mesure où c’est là, le fondement du système agricole ivoirien. Pour ce faire, il exhorte les coopératives agricoles à opter pour une gestion claire et réglementaire de leurs structures. Les autorités préfectorales et administratives régionales sont invitées à sensibiliser les groupements agricoles afin que ceux-ci se conforment à la loi et déposent de manière régulière le bilan de leurs activités. «Les coopératives qui ne rempliront pas les formalités qui leur ouvriront la voie du professionnalisme se verront retirer leur agrément », menace Mamadou Sangafowa Coulibaly.
Lanciné Bakayoko
Le compte à rebours a commencé pour les profiteurs de la filière café-cacao. A partir du 30 octobre prochain, les coopératives illégales vont être extirpées du secteur. «Nous allons traquer les coopératives fictives qui ne réussiront pas à fournir les documents demandés », prévient Guillaume Gnamba, conseiller du ministre de l’Agriculture. Une décision importante au regard des agissements d’individus véreux qui surgissent à l’orée des campagnes en vue de bénéficier des financements et autres fonds en faveur des organisations professionnelles agricoles. Une situation aujourd’hui à la base du chaos dans la filière. Selon M. Gnamba, sur un total de 2.813 coopératives agricoles recensées sur l’ensemble du territoire, près de 2.134 appartiennent au seul café-cacao à l’exclusion des 120 syndicats également répertoriés dans la même filière. A titre indicatif, l’on compte 169 coopératives à Gagnoa pour une production de 104.693 tonnes, 163 coopératives à Abengourou, 143 à Agboville, 162 à San Pedro et à Guiglo, 170 à Man. A Tiassalé, l’autorité administrative en a dénombré 65 dont 25 ont pu collecter les 12.800 tonnes. Sur ce nombre, seulement 8 ont fait un bilan de gestion à l’occasion d’une assemblée générale dûment organisée. En ce qui concerne la région de Divo, il existe environ 256 coopératives. Si l’on considère un seuil de production de 2.000 tonnes par coopérative, on pourrait déduire que 70 coopératives sont largement suffisantes pour la région et que les 186 supplémentaires sont de trop. Une véritable anarchie aux mille tentacules. En effet, avec la libéralisation de la filière café cacao, les coopératives se sont créées comme des champignons souvent au mépris des dispositions légales. Selon le président de la Coordination pour la relance des activités des producteurs de café cacao (Crap-cc), Toussaint N’guessan qui lutte pour la professionnalisation du secteur, les agréments sont délivrés, en violation totale de la loi sur les coopératives. Cette loi prise sous le n°97-721 du 23 décembre 1997, en son article 13, stipule que : «Au titre du contrôle sur pièce, les coopératives sont tenues d’adresser à la direction départementale du ministère chargé de l’action coopérative du lieu de leur siège ou à la direction centrale compétente dudit ministère lorsqu’il s’agit d’une union régionale ou inter-régionale, d’une fédération ou d’une confédération, une copie du procès-verbal de chaque assemblée générale et une copie du rapport annuel de gestion». Ce dernier document comprend, entre autres, le rapport d’activité, le rapport financier, le bilan et le compte d’exploitation de l’exercice écoulé.
Objectif,
professionnaliser
Selon M. N’guessan, ce cadre dont viendra pourtant le salut des producteurs était jusque-là resté théorique. En effet, la procédure d’agrément décrit dans la circulaire interministérielle n°3718 / Minagra / Mid du 26 octobre 1998 relative à l’application de la procédure d’agrément des coopératives n’est pas correctement appliquée. Dans cette procédure, il y a trois niveaux pour agréer une coopérative. Le premier niveau est la direction départementale de l’Agriculture (Dda) dont le rôle est d’authentifier sur le terrain la conformité des éléments du dossier. Le deuxième niveau est celui de la Direction régionale de l’agriculture (Dra) qui fait le travail de contre-vérification sur le terrain avant de soumettre au directeur régional de l’agriculture la convocation de la réunion du Comité régional d’agrément des coopératives (Crac). C’est ce comité qui, au troisième niveau, émet un avis dans un procès verbal. S’il est favorable, un projet d’arrêt portant agrément de la coopérative est transmis au préfet accompagné du procès verbal de la réunion du comité d`agrément des coopératives. Le préfet signe l’arrêté s’il s’assure de la régularité de la procédure. C’est pourquoi William Wombléhi, président de la coopérative de Nidrou n’hésite pas à engager la responsabilité des préfets dans la délivrance des agréments aux coopératives fictives qui ne tiennent jamais d’assemblée générale de renouvellement des organes. «Les préfets signent les agréments n’importe comment pour peu que vous ayez donné quelque chose», fustige, Alexis Guéhi, président d’une coopérative de Guiglo. Autant dire que la multiplicité des coopératives profite à une catégorie d’individus. De quoi donner une crise d’urticaire au ministre de l’Agriculture qui a décidé de mettre la représentativité au cœur de la réforme du secteur agricole. «On assiste à une prolifération inexpliquée des coopératives, notamment dans la filière café-cacao. Face à cette situation, notre vision est d’assainir le mouvement des coopératives par une sélection qualitative afin d’avoir des structures gérées dans les règles de l’art», fait remarquer Mamadou Sangafowa Coulibaly. Pour lui, il faut que les coopératives se comportent en véritables entreprises viables et crédibles dans la mesure où c’est là, le fondement du système agricole ivoirien. Pour ce faire, il exhorte les coopératives agricoles à opter pour une gestion claire et réglementaire de leurs structures. Les autorités préfectorales et administratives régionales sont invitées à sensibiliser les groupements agricoles afin que ceux-ci se conforment à la loi et déposent de manière régulière le bilan de leurs activités. «Les coopératives qui ne rempliront pas les formalités qui leur ouvriront la voie du professionnalisme se verront retirer leur agrément », menace Mamadou Sangafowa Coulibaly.
Lanciné Bakayoko