Après deux semaines de vacances, les ministres ont repris en main les dossiers poignants de la reconstruction. Parmi eux, la ministre de la Salubrité urbaine est la plus attendue sur le déroulement du reste de son opération ‘‘pays propre’’. L’enjeu est de taille.
Il y a deux mois, quand elle débutait le déguerpissement des grandes artères d’Abidjan, les plus pessimistes prédisaient un fiasco. Ils y voyaient trop d’implications économiques, sociales, mais surtout politiques. Jusqu’ici, Anne Ouloto leur a donné tort. Elle a démoli contre vents et marées, les luxueux petits commerces de Cocody mal installés, jusqu’aux murs débordants de grandes entreprises comme la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), aux II-Plateaux. Même si on lui reproche un peu d’avoir ménagé la clôture pharaonique du Café de Versailles, appartenant à Alpha Blondy ‘‘Jagger’’ (les statues n’ont pas été cassées comme le mur). Les très controversés maquis de la Rue princesse ont été rasés par les bulldozers, et les insoumis qui ont voulu reconstruire leurs terrasses en ont eu pour leur compte. Ce que beaucoup n’auraient jamais cru il y a quelques mois. Si ces premiers résultats sont dignes d’éloges, on s’interroge. Jusqu’où Anne Ouloto est-elle prête à aller? A quatre mois du délai qu’elle a indiqué pour achever son opération ‘‘pays propre’’, le chemin est encore long et parsemé d’embûches.
Akouédo transformé
en jardin public ?
La ministre de la Salubrité doit achever l’opération de déguerpissement des grandes artères. Sur sa route, les commerces de Koumassi et de Marcory zones 4 appartenant à de richissimes et influents opérateurs économiques que les politiques ont toujours ménagés. Oserait-elle s’en prendre à ces magasins s’ils débordent dans le domaine public? A côté de cela, il lui faudra finir le boulot entamé par les mairies d’Abobo et d’Adjamé. C’est-à-dire, déguerpir la voie menant à la casse d’Abobo, dégager entièrement le boulevard Nangui-Abrogoa. Nangui Abrogoa, c’est un désordre organisé, enraciné depuis des années. Quant à la casse, on s’interroge sur le sort de ses nombreux petits commerces. Vu que le ministère de l’artisanat et de la promotion des Pme doit être pris en compte. Mais cela n’est qu’un pan de la tâche du ministère de la Salubrité urbaine. Bien que le déguerpissement des quartiers précaires a été confié au ministre de la Construction, il y a la question des panneaux publicitaires anarchiques. A ce sujet, des discussions sont prévues avec l’ordre des afficheurs. Cèderont-ils du terrain? C’est à voir. A côté de cela, il ne faut pas perdre de vue la décharge d’Akouédo. Annoncé pour être fermé avant le 30 décembre, le gros réservoir d’ordures n’a pas encore trouvé preneur pour la relève. Sur les 25 centres de groupage qu’Anne Ouloto doit trouver, 18 ont été proposés par les maires, fort impliqués dans le processus. Parmi ces 18 centres, beaucoup ne répondent pas aux normes. Les recherches se poursuivent âprement. Ici, l’obstacle majeur, c’est le temps. En 120 jours, tout doit être fin prêt pour tenir les promesses faites aux villageois d’Akouédo. Ces villageois qui, le 12 juillet, ont dit à la ministre qu’elle est la première dame à ce ministère et qu’ils ont confiance en elle. Un appel à manifestation sera lancé le 15 septembre, soutenu par la Société financière internationale (Sfi). La structure retenue se chargera de gérer les ordures ménagères avec de nouveaux centres de groupage. Parce qu’Anne Ouloto a un plan pour Akouédo. Un projet de mégalomane est prévu sur le site, selon une source du ministère. Le centre de 100 hectares, exploité depuis près de 40 ans, sera transformé en un gigantesque parc vert. Un jardin public où les gens iront prendre de l’air. Mais les difficultés sont énormes pour se permettre de rêver. Réaction de l’un des proches collaborateurs d’Anne Ouloto : « madame la ministre ne gère ni le stress, ni la pression. » On se rappelle, mi-août, lors d’une conférence de presse pleine d’anecdotes, “maman bulldozer” avait évoqué le cas de certains de ses proches dont elle avait démoli les commerces mal situés. Elle avait même été obligée de débourser de l’argent pour réinstaller une proche qui lui en voulait. Mme Ouloto a aussi signifié que des hommes avaient voulu jouer sur leurs relations au sommet de l’Etat pour la dissuader. Mais ils ont vite compris que c’était peine perdue. Ces anecdotes avaient un seul but: montrer son impartialité et sa détermination à aller jusqu’au bout. « Aucun commerce ne sera difficile à casser (s’il est mal situé). Puisque l’Etat a donné son accord », explique notre source à propos des réticences sur les magasins de Marcory. Selon elle, si politiquement l’accord de principe est acquis, il va sans dire que les pressions économiques et sociales ne comptent plus. « Nous ne cassons pas les commerces parce qu’il faut les casser. S’ils sont bien installés, nous ne les toucherons pas », précise notre informateur. Et d’ajouter que la mission qui semble difficile pour la ministre, c’est au contraire celle qui consistera à amener les Ivoiriens à assainir leur environnement. La sensibilisation. C’est plus compliqué qu’aller démolir des box mal installés, demander aux administrateurs des différents ministères de donner une couche de peinture aux murs de leurs locaux, ou traiter les décharges publiques.
Il y a deux mois, quand elle débutait le déguerpissement des grandes artères d’Abidjan, les plus pessimistes prédisaient un fiasco. Ils y voyaient trop d’implications économiques, sociales, mais surtout politiques. Jusqu’ici, Anne Ouloto leur a donné tort. Elle a démoli contre vents et marées, les luxueux petits commerces de Cocody mal installés, jusqu’aux murs débordants de grandes entreprises comme la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), aux II-Plateaux. Même si on lui reproche un peu d’avoir ménagé la clôture pharaonique du Café de Versailles, appartenant à Alpha Blondy ‘‘Jagger’’ (les statues n’ont pas été cassées comme le mur). Les très controversés maquis de la Rue princesse ont été rasés par les bulldozers, et les insoumis qui ont voulu reconstruire leurs terrasses en ont eu pour leur compte. Ce que beaucoup n’auraient jamais cru il y a quelques mois. Si ces premiers résultats sont dignes d’éloges, on s’interroge. Jusqu’où Anne Ouloto est-elle prête à aller? A quatre mois du délai qu’elle a indiqué pour achever son opération ‘‘pays propre’’, le chemin est encore long et parsemé d’embûches.
Akouédo transformé
en jardin public ?
La ministre de la Salubrité doit achever l’opération de déguerpissement des grandes artères. Sur sa route, les commerces de Koumassi et de Marcory zones 4 appartenant à de richissimes et influents opérateurs économiques que les politiques ont toujours ménagés. Oserait-elle s’en prendre à ces magasins s’ils débordent dans le domaine public? A côté de cela, il lui faudra finir le boulot entamé par les mairies d’Abobo et d’Adjamé. C’est-à-dire, déguerpir la voie menant à la casse d’Abobo, dégager entièrement le boulevard Nangui-Abrogoa. Nangui Abrogoa, c’est un désordre organisé, enraciné depuis des années. Quant à la casse, on s’interroge sur le sort de ses nombreux petits commerces. Vu que le ministère de l’artisanat et de la promotion des Pme doit être pris en compte. Mais cela n’est qu’un pan de la tâche du ministère de la Salubrité urbaine. Bien que le déguerpissement des quartiers précaires a été confié au ministre de la Construction, il y a la question des panneaux publicitaires anarchiques. A ce sujet, des discussions sont prévues avec l’ordre des afficheurs. Cèderont-ils du terrain? C’est à voir. A côté de cela, il ne faut pas perdre de vue la décharge d’Akouédo. Annoncé pour être fermé avant le 30 décembre, le gros réservoir d’ordures n’a pas encore trouvé preneur pour la relève. Sur les 25 centres de groupage qu’Anne Ouloto doit trouver, 18 ont été proposés par les maires, fort impliqués dans le processus. Parmi ces 18 centres, beaucoup ne répondent pas aux normes. Les recherches se poursuivent âprement. Ici, l’obstacle majeur, c’est le temps. En 120 jours, tout doit être fin prêt pour tenir les promesses faites aux villageois d’Akouédo. Ces villageois qui, le 12 juillet, ont dit à la ministre qu’elle est la première dame à ce ministère et qu’ils ont confiance en elle. Un appel à manifestation sera lancé le 15 septembre, soutenu par la Société financière internationale (Sfi). La structure retenue se chargera de gérer les ordures ménagères avec de nouveaux centres de groupage. Parce qu’Anne Ouloto a un plan pour Akouédo. Un projet de mégalomane est prévu sur le site, selon une source du ministère. Le centre de 100 hectares, exploité depuis près de 40 ans, sera transformé en un gigantesque parc vert. Un jardin public où les gens iront prendre de l’air. Mais les difficultés sont énormes pour se permettre de rêver. Réaction de l’un des proches collaborateurs d’Anne Ouloto : « madame la ministre ne gère ni le stress, ni la pression. » On se rappelle, mi-août, lors d’une conférence de presse pleine d’anecdotes, “maman bulldozer” avait évoqué le cas de certains de ses proches dont elle avait démoli les commerces mal situés. Elle avait même été obligée de débourser de l’argent pour réinstaller une proche qui lui en voulait. Mme Ouloto a aussi signifié que des hommes avaient voulu jouer sur leurs relations au sommet de l’Etat pour la dissuader. Mais ils ont vite compris que c’était peine perdue. Ces anecdotes avaient un seul but: montrer son impartialité et sa détermination à aller jusqu’au bout. « Aucun commerce ne sera difficile à casser (s’il est mal situé). Puisque l’Etat a donné son accord », explique notre source à propos des réticences sur les magasins de Marcory. Selon elle, si politiquement l’accord de principe est acquis, il va sans dire que les pressions économiques et sociales ne comptent plus. « Nous ne cassons pas les commerces parce qu’il faut les casser. S’ils sont bien installés, nous ne les toucherons pas », précise notre informateur. Et d’ajouter que la mission qui semble difficile pour la ministre, c’est au contraire celle qui consistera à amener les Ivoiriens à assainir leur environnement. La sensibilisation. C’est plus compliqué qu’aller démolir des box mal installés, demander aux administrateurs des différents ministères de donner une couche de peinture aux murs de leurs locaux, ou traiter les décharges publiques.