Dans quelques mois, l'on aura de nouvelles élections en Côte d'Ivoire. Le collège des électeurs ivoiriens sera à nouveau sollicité pour renouveler le parlement. Un autre scrutin qui se profile à l'horizon avec beaucoup de passion quand on sait ce que représentent les députés, baromètres pour jauger du poids des formations politiques dans un pays. A l'approche de ce scrutin prévu avant la fin de l'année, les forces politiques présentes sur l'échiquier national se préparent activement déjà sans omettre de poser certaines préoccupations de transparence de départ. Outre les questions sécuritaires à l'étude et la composition de la commission électorale indépendante (CEI) vraisemblablement bouclée, il demeure une autre question non moins pertinente qui n'a pas encore trouvé de réponse. Doit-on aller aux prochaines élections avec le président de cette commission? Youssouf Bakayoko peut-il garantir la transparence et la sécurité de ces scrutins? En effet, l'on sait les conséquences de la crise post-électorale sur la réputation du président de la CEI, considéré à tort ou à raison comme l'un des acteurs majeurs de cette crise. Les partisans du président déchu, Laurent Gbagbo, ont perdu toute confiance en l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui a succédé à Beugré Mambé à la tête de l'organe en charge des élections, après que ce dernier ait été soupçonné, lui aussi, de rouler pour un camp. Qu'il se soit ''entêté'' pour donner les résultats des élections après 72h, et qui plus est dans le fief de l'adversaire, constitue, pour les dirigeants de ''La Majorité présidentielle'' (LMP), un délit grave marquant une ''collusion'' du président de la CEI avec la communauté internationale pour positionner un poulain, en l’occurrence le président Ouattara, leur adversaire. Du coup, Youssouf Bakayoko ne jouit plus de sa crédibilité aux yeux des barons et militants de LMP, qui douteraient de son impartialité dans les challenges à venir. Jamais deux sans trois, les partisans de Laurent Gbagbo n'auraient pas tort d'avoir des réserves sur la personne du président de la CEI. Aussi, pour bien faire les choses, il aurait été convenable, en envisageant la recomposition de la CEI, de penser à la tête de l'organe pour remettre en confiance tous les prétendants aux prochains postes électoraux non moins importants que celui de l'Exécutif. Changer la tête de la CEI, ce n'est point faire du tort ni à M. Bakayako ni à un camp politique donné. Mais, c'est tirer des leçons de la crise post-électorale et manifester la volonté de prévenir de tels événements en mettant tout le monde sur le même piédestal pour ne pas donner du grain à moudre à ceux qui guettent les moindres failles pour lever le pouce. Cela dit, si les parties en compétition ne disent toujours rien, c'est qu'elles conviennent que la personne du président de la CEI ne pose pas problème pour les scrutins à venir. Alors, il ne devrait pas se poser d'inconvénient à continuer avec le député de Séguéla, qui tient encore la barre et semble disposer, s'il n'y a aucune objection, à conduire sa mission jusqu'à son terme. Pourvu que cette fois, il n'y ait plus de voix pour le taxer de partial.
F.D.BONY
F.D.BONY