La Côte d’Ivoire a rendu un dernier hommage aux victimes de la crise post-électorale en procédant à l’inhumation de cent d’entre elles au cimetière d’Abobo. En présence du chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Ne pleurez pas ! Même si le président de la République lui-même n’a pu retenir ses larmes devant une famille de victime. C’est normal quand on est devant cent cercueils contenant des personnes mortes dans des circonstances parfois cruelles. Ce jeudi 13 octobre, c’est le décor sur un espace contigu au cimetière municipal d’Abobo. La Nation ivoirienne rend un dernier hommage aux victimes de la crise post-électorale. Le président de la République, Alassane Ouattara, vient de déposer une gerbe de fleurs sur l’un des cent cercueils. C’est celui du jeune Yéo Yaramissa, mort à 21 ans. Il a été découpé à la machette. A cette annonce, des clameurs s’échappent de l’assemblée. Après cet acte symbolique, l’armée entonne la sonnerie mortuaire. Le cercueil N° 1 s’ébranle avec le jeune Yaramissa. Il est 12h 04. Le drapeau national se retire. Les officiels aussi. La cérémonie d’hommage prend fin. Chaque famille va prendre le corps de son parent. La retenue de l’acte institutionnel se volatilise. La séparation est difficile. Des pleurs se font entendre. Les secours sont subitement submergés. Une femme puis deux arrivent sous leur tente. De jeunes scouts transportent une autre. Elles se sont écroulées sous l’effet de l’émotion. Une dame, au bord des larmes, essaie de consoler celles qui pleurent : « à quoi serviront vos pleurs ? Ce n’est pas en pleurant qu’ils reviendront à la vie ». Peine perdue !
Bien plus tôt… Sur le flanc Ouest de la place de la cérémonie, se trouve la loge des officiels. En face, sur le côté Est, des chapiteaux sous lesquels sont disposés cent cercueils en bois recouverts des couleurs nationales. La couronne posée sur chaque cercueil porte cette prière : « Repose en paix ».
L’atmosphère est lourde. N’empêche, elle sera détendue par des acclamations pour saluer l’arrivée du président de la République. Accompagné de son épouse, il rejoint son siège après un tour d’honneur. Le maître de cérémonie invite alors l’assemblée à respecter la solennité du moment : « n’applaudissez pas ! ». Quand bien même les parents des victimes acclament Alassane Ouattara, ils savent que ce jour n’est pas jour de fête. « La mort de nos proches nous peine », confirme leur porte-parole, Sibiri Yéo. Pourtant, dignement, ils contiennent leur douleur. Peut-être parce que, comme le poète cité par le maire de la commune d’Abobo, Adama Toungara, ils ont foi que leurs enfants, leurs parents ou leurs amis « ne sont pas morts inutilement ».
Ils ne sont pas morts…
« Et, nous affirmons que nos frères et sœurs, tombés sous les balles assassines de la tyrannie ne sont pas morts pour rien. Ils sont partis en héros pour que la Côte d’Ivoire, notre cher et beau pays, terre d’hospitalité et de progrès, soit éternelle », renchérit le maire. « Ces cent martyrs dois-je préciser, ne représentent malheureusement qu’une toute petite partie du triste et lourd bilan de plus de 3000 tués pendant la crise électorale, dont 700 dans notre commune », poursuit le ministre des Mines et de l’énergie. Adama Toungara rend hommage à la première Dame pour son soutien constant à sa population durant toutes les crises qu’elle a connues. Il salue également le Premier ministre, Guillaume Soro : « fin tacticien et grand stratège militaire, homme de qualité et de devoir ».
Sibiri Yéo, au nom des parents de victimes, dit merci à Alassane Ouattara qui a pris en charge les frais de conservation des corps et ceux de l’inhumation. Quoiqu’affligé, il invite à la réconciliation car, de son avis, la mort de leurs parents « sera vaine si rien n’est fait pour enterrer la hache de haine dans le cœur des Ivoiriens ». Il souhaite que les parents des morts soient partie intégrante du processus de réconciliation nationale. Sibiri Yéo demande au président de la République d’assister « directement » les familles endeuillées : « nombreuses sont celles qui ont du mal à s’assumer parce que celui ou celle qui est parti était le pilier de la famille ». L’imam Traoré Mamadou de la grande mosquée de la Riviera golf prie Allah afin qu’il ouvre les portes du paradis aux défunts. Et, le vicaire général de l’archidiocèse d’Abidjan, Pascal Séka Tadet demande au Seigneur de les accueillir dans Sa cité éternelle.
Bamba K. Inza
Ne pleurez pas ! Même si le président de la République lui-même n’a pu retenir ses larmes devant une famille de victime. C’est normal quand on est devant cent cercueils contenant des personnes mortes dans des circonstances parfois cruelles. Ce jeudi 13 octobre, c’est le décor sur un espace contigu au cimetière municipal d’Abobo. La Nation ivoirienne rend un dernier hommage aux victimes de la crise post-électorale. Le président de la République, Alassane Ouattara, vient de déposer une gerbe de fleurs sur l’un des cent cercueils. C’est celui du jeune Yéo Yaramissa, mort à 21 ans. Il a été découpé à la machette. A cette annonce, des clameurs s’échappent de l’assemblée. Après cet acte symbolique, l’armée entonne la sonnerie mortuaire. Le cercueil N° 1 s’ébranle avec le jeune Yaramissa. Il est 12h 04. Le drapeau national se retire. Les officiels aussi. La cérémonie d’hommage prend fin. Chaque famille va prendre le corps de son parent. La retenue de l’acte institutionnel se volatilise. La séparation est difficile. Des pleurs se font entendre. Les secours sont subitement submergés. Une femme puis deux arrivent sous leur tente. De jeunes scouts transportent une autre. Elles se sont écroulées sous l’effet de l’émotion. Une dame, au bord des larmes, essaie de consoler celles qui pleurent : « à quoi serviront vos pleurs ? Ce n’est pas en pleurant qu’ils reviendront à la vie ». Peine perdue !
Bien plus tôt… Sur le flanc Ouest de la place de la cérémonie, se trouve la loge des officiels. En face, sur le côté Est, des chapiteaux sous lesquels sont disposés cent cercueils en bois recouverts des couleurs nationales. La couronne posée sur chaque cercueil porte cette prière : « Repose en paix ».
L’atmosphère est lourde. N’empêche, elle sera détendue par des acclamations pour saluer l’arrivée du président de la République. Accompagné de son épouse, il rejoint son siège après un tour d’honneur. Le maître de cérémonie invite alors l’assemblée à respecter la solennité du moment : « n’applaudissez pas ! ». Quand bien même les parents des victimes acclament Alassane Ouattara, ils savent que ce jour n’est pas jour de fête. « La mort de nos proches nous peine », confirme leur porte-parole, Sibiri Yéo. Pourtant, dignement, ils contiennent leur douleur. Peut-être parce que, comme le poète cité par le maire de la commune d’Abobo, Adama Toungara, ils ont foi que leurs enfants, leurs parents ou leurs amis « ne sont pas morts inutilement ».
Ils ne sont pas morts…
« Et, nous affirmons que nos frères et sœurs, tombés sous les balles assassines de la tyrannie ne sont pas morts pour rien. Ils sont partis en héros pour que la Côte d’Ivoire, notre cher et beau pays, terre d’hospitalité et de progrès, soit éternelle », renchérit le maire. « Ces cent martyrs dois-je préciser, ne représentent malheureusement qu’une toute petite partie du triste et lourd bilan de plus de 3000 tués pendant la crise électorale, dont 700 dans notre commune », poursuit le ministre des Mines et de l’énergie. Adama Toungara rend hommage à la première Dame pour son soutien constant à sa population durant toutes les crises qu’elle a connues. Il salue également le Premier ministre, Guillaume Soro : « fin tacticien et grand stratège militaire, homme de qualité et de devoir ».
Sibiri Yéo, au nom des parents de victimes, dit merci à Alassane Ouattara qui a pris en charge les frais de conservation des corps et ceux de l’inhumation. Quoiqu’affligé, il invite à la réconciliation car, de son avis, la mort de leurs parents « sera vaine si rien n’est fait pour enterrer la hache de haine dans le cœur des Ivoiriens ». Il souhaite que les parents des morts soient partie intégrante du processus de réconciliation nationale. Sibiri Yéo demande au président de la République d’assister « directement » les familles endeuillées : « nombreuses sont celles qui ont du mal à s’assumer parce que celui ou celle qui est parti était le pilier de la famille ». L’imam Traoré Mamadou de la grande mosquée de la Riviera golf prie Allah afin qu’il ouvre les portes du paradis aux défunts. Et, le vicaire général de l’archidiocèse d’Abidjan, Pascal Séka Tadet demande au Seigneur de les accueillir dans Sa cité éternelle.
Bamba K. Inza