M. Gaoussou Touré était récemment l’invité de la Rédaction de l’Intelligent d’Abidjan. Dans la première partie de notre compte-rendu publiée hier, nous avons présenté les grands chantiers que M. Gaoussou Touré comptait entreprendre au niveau de son département. Cette seconde partie est essentiellement consacrée aux échanges qu’il a eus avec les journalistes et les personnes œuvrant dans le milieu.
Phase questions-réponses (2ème partie)
Séry Débailly, L’Intelligent d’Abidjan :
Merci Monsieur le ministre pour cette première série de questions, mais il y a une question sur laquelle nous allons rebondir très rapidement. Parlez-nous un peu du coût du Boeing présidentiel?
Mme Touré, présidente directrice d’une compagnie de transport:
Quelle place accordez-vous à la femme dans le transport routier ? Ne serait-il pas important de mettre en place une politique de formation au profit des acteurs du secteur des transports ? Comment comptez-vous vous y prendre pour amener les transporteurs à respecter les engagements vis-à-vis des banquiers dans le cadre du renouvellement du parc automobile? Nous demandons que les gares de stationnement soient développées et construites pour que nous puissions stationner nos véhicules.
Touré Youssouf, Dp de l’IA :
Avec le président Ouattara, il faut rêver grand. Quelle est la place du métro dans votre plan de développement du transport en Côte d’Ivoire ? Et qu’entendez-vous faire au niveau des gares routières où règne la pagaille ?
Lanciné Bakayoko de Nord-Sud quotidien :
Quelles solutions pour mettre fin aux ‘’Gnabros’’ (auxiliaires de transports). Ceux-là mêmes qui constituent le nœud du racket et qui, par ricochet, font grimper le tarif du transport? Qu’en est-il de l’actionnariat de l’Office Ivoirien des Chargeurs? Et à quand l’interdiction du téléphone cellulaire au volant. Après l’accident du ministre Moulod, n’est-il pas temps d’imposer l’utilisation des gilets de sauvetage sur les embarcations ? Puisqu’il semble que dans cet accident, les gilets de sauvetage ont fait défaut.
M. Tiémélé Yao Daniel (Une organisation du milieu des transporteurs) :
Quelle réforme entendez-vous mettre en place pour les auto-écoles ?
M. Ouattara Siagnan , PDG de Le Nouveau Navire
M. Le ministre, que devient le fonds alloué aux transporteurs ? Pourquoi n’associez-vous pas La Licorne dans la mission commencée par l’OFT? Ma dernière question est relative à l’édition du permis de conduire. Nous souffrons beaucoup. Il y a des personnes qui viennent à six heures et repartent à 18h sans obtenir gain de cause. Que comptez-vous faire pour corriger cette situation ?
M. Tapé Albert César, sécretaire général du Conseil national des chauffeurs professionnels de Côte d’Ivoire :
Le Fonds de Développement des Transports Routiers est-il suspendu, modifié ou annulé? Ma préoccupation suivante concerne le renouvellement du parc auto dont la cérémonie officielle a eu lieu à Adjamé. Depuis cette cérémonie, nous ne comprenons plus rien. Et qu’en est-il du livre blanc que nous vous avions remis le 30 juin dernier ?
Honoré Kouassi de L’Intelligent d’Abidjan :
M. Le ministre, je vous ai suivi et il se trouve que dans tous vos projets de réformes, vous n’avez pas parlé de la Banque des transporteurs. Aussi au niveau du transport ferroviaire, nous savons qu’il y a quelques années, un Ivoirien avait émis l’idée de mettre en place des tramways, qu’en est-il aujourd’hui ?
Wognin Dieudonné, Le Quotidien d’Abidjan :
M. Le ministre, lorsque vous étiez dans l’opposition, vous applaudissiez l’esprit républicain des syndicats… Mais aujourd’hui, je me pose des questions. Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Ma deuxième question est relative à la coopération Sud-Sud. Le président Laurent Gbagbo dans le souci de crédibiliser la coopération Sud-Sud, a mis en place un cadre de coopération avec l’Inde. Et l’un des fruits a été l’acquisition des bus ‘’Tata’’. C’est vrai qu’on doute de l’efficacité des bus ‘’Tata’’, mais toujours est-il que c’était dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Vous parlez de nouveaux bus qui vont arriver bientôt, allez-vous rester dans le ton de la coopération Sud-Sud pour avoir des bus d’autres partenaires du Sud ? Ou est-ce que vous allez retourner à nos bons vieux amis, les Français ?
Réponses du Ministre
Il y a des voies plus autorisées que celles du ministre des Transports, mais ce n’est pas ça le débat. Quand on dit qu’on veut une nation forte, on est obligé de se donner les moyens pour qu’on soit fort. Le Président ne peut pas toujours louer des avions, même avec ses collègues africains pour ses déplacements ! Donc la Côte d’Ivoire se devait de doter la présidence de moyens pour qu’effectivement les déplacements soient faits. Ça été fait et l’avion vient d’arriver. Mais il y a des voies plus autorisées qui vont intervenir, non seulement pour vous présenter l’avion, mais aussi pour vous donner le coût.
Madame Cissé a posé la question du genre. Dans notre programme, nous avons une très grande place pour les femmes et je suis heureux de voir que dans le secteur des transports, nous avons de braves femmes et madame Cissé en est une. J’en profite pour lui rendre hommage et faire de même pour toutes les femmes qui sont en train de s’exprimer. Elles sont nombreuses, je les ai déjà identifiées et je suis très fier parce que ces sœurs gèrent bien leurs affaires et les affaires prospèrent au moment où tout le monde est en décadence. C’est dire que quand les femmes veulent, elles font du bon travail. Nous allons les soutenir et faire en sorte qu’il y ait beaucoup de femmes qui rentrent dans ce secteur.
La formation, une nécessité pour le ministre
Pour la politique de formation, je suis entièrement d’accord et je vous ai dit que l’un des volets importants du renouvellement du parc auto, c’est la formation et l’entretien des véhicules. C’est très important et c’est pour cela que nous allons avoir des partenaires agréés parce qu’avant, n’importe qui pouvait venir vendre des véhicules sans même qu’il y ait à disposition des pièces de rechange pour les transporteurs. Au finish, les acheteurs se retrouvent avec des problèmes, parce qu’il n’y a pas de pièces de rechange en cas de panne et leur activité s’arrête. Par conséquent, on ne peut pas honorer les engagements avec la banque. Cela crée un autre problème entre le transporteur et la banque. Du coup, au niveau de la banque, on taxe les transporteurs de personnes peu crédibles. Alors que dans ces cas d’espèce, les transporteurs ne sont pas fautifs : on leur a proposé des choses qui ne tiennent pas. Aujourd’hui, vous avez la chance d’avoir à la tête du ministère, des gens qui connaissent un peu le transport. Du coup, quand il y a des propositions de matériels roulants, nous sommes à même de savoir si ça fait l’affaire des transporteurs ou pas. On leur dit simplement, on n’en veut pas. C’est pourquoi, nous allons agréer tous ceux qui veulent nous livrer des véhicules, y compris les concessionnaires. Aujourd’hui, on n’a pas de problèmes. Les banquiers disent : «dans le cadre du renouvellement du parc auto, tous ceux que vous allez agréer, nous ne mettons pas de plafond». Tout ce dont ils ont besoin comme argent pour acheter les véhicules que vous voulez vendre aux transporteurs, on leur permet d’acheter les véhicules. Donc, la balle est aujourd’hui dans notre camp.
L’organisation des transporteurs, la seule solution pour faire disparaître les ‘’wôrô-wôrô’’
C’est un chantier important. Si nous n’organisons pas les droits de trafic, nous aurons des problèmes et les transporteurs les plus organisés paieront les pots cassés. Ceux qui payent les cotisations de la CNPS pour leurs chauffeurs, pour l’ensemble de leurs employés. Les autres ne payent pas. Alors, si on les accepte et que l’Etat ne fait rien, n’organise pas les lignes, les sociétés qui sont fortes aujourd’hui vont disparaître parce qu’on va leur livrer une concurrence déloyale. Or, le rôle du ministère des Transports, c’est de faire en sorte que nous ayons des sociétés fortes dans le secteur des transports. C’est l’une des raisons pour lesquelles je dis qu’il nous faut une réforme. Parce qu’on ne sait même pas qui exploite les lignes au niveau du ministère des Transports. C’est ce qui se passe aujourd’hui, mais on ne peut pas l’accepter. L’Etat va se donner les moyens pour qu’on ait toutes les lignes. Comme les crédits vont passer par l’Etat, il ne peut pas ne pas vous couvrir pour que vous fassiez convenablement votre travail pour rembourser les fonds qu’il a alloués. C’est toutes ces organisations-là que nous sommes en train de mettre en place. Nous avons un peu arrêté l’octroi des véhicules parce que pour nous, il est bon qu’on trace la base et qu’on mette tout au clair, pour partir sur des critères clairs et transparents pour continuer le renouvellement du parc auto. Et c’est ce à quoi, nous nous attelons.
Des gares de stationnement pour les automobilistes
N’ayez pas d’inquiétudes, les droits du transporteur seront respectés. Vous aurez des lieux où garer vos véhicules. Nous l’avons déjà dit. Nos gares aujourd’hui, sont tout, sauf des gares, avec la boue… C’est le lieu de féliciter Abobo, puisque la première gare que nous avons inaugurée avant la fin de l’année, c’est celle d’Abobo. Grâce à la mairie et au privé, nous avons travaillé pour que cette gare puisse être construite. Après ça, nous aurons la gare d’Adjamé. Les études sont prêtes et nous avons des bailleurs de fonds qui sont là. Aujourd’hui, nous sommes prêts à lancer l’appel d’offre. Le ministre de l’Economie et des Finances va organiser l’appel d’offre entre toutes les sociétés que nous avons déjà sélectionnées pour que la meilleure société soit retenue pour la construction des gares. Tout se passera dans la transparence. Mieux, nous sommes en laboratoire pour voir comment prévoir des têtes de taxis. Le constat, c’est que l’une des plaies, au niveau des transports ‘’taxi-Woro-Woro et autres’’, c’est qu’il n’y a pas de ‘’têtes de taxis’’. Du coup, le transporteur après avoir déposé quelqu’un, roule à vide en attendant de trouver un autre client. Toute chose qui greffe son exploitation, ce sont des choses que nous avons étudiées, pour que tous ceux qui seront financés, aient les moyens de rembourser leur crédit. Les têtes de taxis viendront améliorer la rentabilité des taxis. C’est pourquoi, mes collaborateurs et moi travaillons presque 20h par jour et je profite de cette lucarne pour les féliciter pour tout ce sacrifice. Ces importantes heures supplémentaires qu’ils font sans être payés, il faut que les uns et les autres puissent le reconnaître. Ils le font pour que la Côte d’Ivoire avance, pour que nous puissions atteindre nos objectifs. C’est pourquoi, je demande aux transporteurs d’approcher le ministère chaque fois qu’ils ont des doutes sur quelque chose qu’ils ne comprennent pas.
Tramway et Métro :
Le Gouvernement en
laboratoire
Pour ce qui est du Tramway et du métro, il y a des études qui sont en cours. C’est vrai que beaucoup de personnes viennent vers nous avec des projets qu’ils sont eux-mêmes prêts à financer. Mais dans l’état actuel des choses, il faut aller dans l’ordre et la discipline. Aujourd’hui, on est aussi obligé d’étudier tout projet, l’impact environnemental. Ce sont des pistes sérieuses que nous avons aujourd’hui pour accompagner le transport terrestre, mais les études ne sont pas terminées. Donc le ministre des Transports que je suis, ne peut pas vous dire aujourd’hui qu’il va régler le problème du métro ou du tramway. Il y a plusieurs questions : est-ce qu’il faut le faire en aérien, avec des rails, des pneus ? Il y a cette question qui se pose à nous et il y a aussi les différents coûts. Et ce sont des investissements très importants qui sont compris entre 150 et 300 milliards de FCFA, voire 500 milliards pour certains projets. Nous ne pouvons donc pas prendre cela à la légère et annoncer qu’on va les faire. C’est ce que j’avais à dire pour le métro et le tramway.
‘’Gros bras et gnabros’’
On ne peut pas les laisser continuer. Si nous voulons que les choses marchent, il faut les enlever de la route. Mais en même temps, s’ils n’ont rien, ils vont revenir dans les gares et sur les routes. L’Etat doit donc leur faire des propositions. Et c’est ce que j’essaie de faire comprendre. Tous ceux qui sont dans les gares, nous les avons déjà recensés et nous allons faire en sorte qu’on puisse les équiper. Ceux qui peuvent avoir les taxis, on les mettra à leur disposition. Une fois que nous aurons fait cela, l’Etat va sévir. Celui qui dit : « je ne veux pas travailler, c’est trop dur, il faut que je vienne rançonner les gens dans les gares, sur les routes. Parce que c’est ce qu’il préfère, qu’il sache qu’on ne va plus permettre cela.
Combattre le racket sous toutes ses formes
Le racket, ce n’est pas que les forces de l’ordre, ce sont plusieurs autres personnes. Il faut combattre toutes les formes de racket. Et je vous promets que nous allons le faire. Mais il faut le faire à partir d’un plan, d’un programme et surtout dans la discrétion et sans heurt. Le secteur du transport offre suffisamment d’argent si on veut travailler. Ceux qui refusent de travailler dans les normes, seront mis hors du secteur. Et sur cette question, il n’y aura pas de demi-mesure, l’Etat prendra ses responsabilités et la force sera à la loi.
Et le conflit à l’OIC et le Guichet Unique… les auto-écoles ‘’boutiques’’
S’agissant de l’Office Ivoirien des Chargeurs, le problème est à moitié réglé, parce que le plus gros problème c’est qu’il y avait deux clans qui s’affrontaient autour du contrôle de l’OIC et qui s’attaquaient au niveau de la justice. Nous avons eu des cas de dérapages au niveau de la justice. Mais aujourd’hui, nous avons mis de l’ordre et nous avons une idée de l’actionnariat et les actionnaires ont élu un président. Il reste maintenant un Directeur général à nommer. A ce sujet, les propositions sont nombreuses. Nous avons à ce jour plus de 154 propositions. Et le dossier devient très important. Nous allons faire un appel à candidatures pour montrer que le ministre ne cherche pas à imposer des personnes qu’il aime pour avoir de l’argent. Nous allons travailler dans la transparence et très bientôt nous allons lancer l’appel à candidatures. Et celui qui sera choisi, c’est quelqu’un qui s’impose par sa compétence, parce que c’est la compétence que nous recherchons. Il y a des Ivoiriens qui sont capables et compétents.
Parlant du guichet unique, tout le monde sait qu’il y a un problème. C’est clair que si vous allez à un guichet aujourd’hui, vous trouverez qu’il est rempli de monde; des margouillats. Et là où il y a des margouillats, c’est la magouille. Tout sera mis en œuvre pour que les Ivoiriens ne payent que ce que l’Etat demande de payer. Au-delà, ils n’auront plus rien à payer à d’autres personnes. J’ai la ferme volonté de le faire et j’ai le gouvernement à mes côtés.
Au niveau des auto-écoles, je ne me suis pas encore penché sur votre cas, mais sachez que je ne suis pas content de vous. Nous n’avons pas d’auto-écoles; nous avons des écoles-boutiques. Il y a même des écoles sans matériel didactique, qui font passer le permis pourvu qu’on leur paye l’argent demandé. Si je veux appliquer toute la réglementation, toutes les auto-écoles seront fermées. Mais la réforme viendra pour réglementer ce secteur. Nous avons nos idées et nous sommes en train de trouver les financements pour que ceux qui ont la formation pour diriger une auto-école puissent bénéficier du financement nécessaire pour acheter les véhicules dont ils ont besoin pour faire leur travail. Sinon, sachez que les propriétaires d’auto-écoles ne sont pas oubliés, nous avons une grande réforme à faire.
C’est une honte pour nous de demander aux forces étrangères de lever les barrages
Dans le cadre de la lutte contre le racket, on me demande les raisons pour lesquelles la Licorne n’a pas été associée. Non, nous sommes un pays souverain. Ce n’est pas dans toutes les situations que l’armée extérieure va nous aider. C’est une honte pour nous de demander aux forces étrangères de lever les barrages. Nous devons prendre nos responsabilités et ceci relève de la responsabilité exclusive de l’Etat, et c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui doit résoudre ce problème. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas associé la Licorne et les autres forces étrangères dans le démantèlement des barrages. Nous estimons que nous avons la capacité de faire ce travail. Et je salue ceux qui font ce travail. Pour la question des chauffeurs professionnels, j’ai le dossier sur mon bureau. Je l’ai lu, exploité et je sais ce que je vais faire pour les chauffeurs. C’est pourquoi j’ai parlé de fédération. Une fois que nous aurons la fédération, nous allons tout dérouler. Il y aura des réformes, et on verra qui est chauffeur ou qui ne l’est pas. De sorte que les chauffeurs puissent bénéficier de la retraite et de couverture maladie. Vous avez raison d’avoir un syndicat, parce que vous êtes des employés. Vous devez défendre vos droits auprès des transporteurs, et de l’Etat. Nous avons l’accord du ministère de l’Intérieur pour que les problèmes que vous posez puissent trouver des solutions. Le ministre Gaoussou n’a pas changé, je suis venu créer des richesses, pour aider. Il n’y a aucun désaccord entre nous et les transporteurs.
Penser autrement l’utilisation du fonds des transporteurs
Le fonds tel qu’il a été mis en place ne fonctionne pas selon le décret signé par l’Etat ivoirien. Il a fonctionné comme une société, c'est-à-dire avec un siège, avec des administrateurs, des directeurs et un personnel permanents. Résultats, le fonds n’a servi à rien, sinon que pour l’achat de beaux meubles, effectuer des voyages à travers le monde entier, tout, sauf ce qui doit être fait pour les transporteurs. Nous disons que chacun a son métier. Tout ce qui a été fait dans l’assurance-maladie dans ce domaine. Aujourd’hui, c’est un échec. Le gouvernement du Président Alassane Ouattara ne s’inscrira pas dans cette voie, parce que nous voulons réussir tout ce que nous faisons. Le fonds sera là, et il nous aidera à travailler. Nous n’aurons plus de siège. Le fonds sera logé au ministère. Il y aura des personnes qui seront nommées présidents dudit fonds. Les fonds que l’Etat mettra à votre disposition, on les utilisera pour lever des fonds très importants. Nous avons 300 000 véhicules à renouveler pour les cinq ans. Et il y a des véhicules qui coûtent 100 millions de FCFA.
Des prix sur mesure
pour les transporteurs ivoiriens
Mais dans notre politique, la première action que nous allons mener est de baisser le prix du véhicule. Nous n’avons pas pour habitude de lancer des mots en l’air. Comment allons-nous baisser le coût ? D’abord, au niveau de la douane. Nous avons demandé à l’Etat de baisser le taux de douane qui était de 51% pour l’importation ; ce que l’Etat a fait. Mieux, l’Etat va réduire le taux presqu’à zéro. Pour aider les transporteurs. Et cette fois-ci, c’est le ministère qui le fera pour vous. Vous n’allez pas courir dans un bureau, vous ne donnerez de l’argent à personne. Ça sera le rôle du ministère de suivre les dossiers, de les préparer, et de les transmettre directement au ministre de l’Economie et des Finances. De sorte que dès que le véhicule arrive, vous avez vos exonérations, vos documents. Les constructeurs qui sont avec nous, avaient des marges de 30%, nous leur avons dit que 30% c’est trop. Aujourd’hui, ce n’est plus dix véhicules que nous allons acheter, nous parlons des dizaines et des dizaines de milliers de véhicules que nous allons acheter. Donc, il est important que vous baissiez vos marges. Parce que ceux qui ont les taxis, on leur demande de ramener une recette journalière de 35 à 40 000 FCFA et c’est ce qu’ils font. Nous, ce que nous leur proposons, c’est la somme de 20.000 FCFA qu’ils doivent déposer chaque jour à la banque et c’est le véhicule qui devient la caution. Si vous faites quinze jours sans verser de l’argent à la banque, on vous arrache le véhicule pour le donner à une autre personne, parce que le véhicule ne vous appartient pas, il appartient à la banque jusqu'à ce que vous finissez de payer. Les conditions seront très souples, mais nous serons rigoureux dans l’application, parce que nous ne permettrons pas aux transporteurs de faire du faux. Nous avons un secteur rentable.
Pas de solution au téléphone portable au volant
Le problème des téléphones portables au volant fera partie des réformes que nous allons mener. C’est une loi qui doit être votée sur ce sujet à l’Assemblée nationale.
Les bus TATA ont laissé un mauvais souvenir
La coopération Sud-Sud a été une mauvaise affaire pour la Côte d’Ivoire. Les Indiens ont réussi à nous vendre des bus qui ne sont pas performants. Mais comme l’Etat a apposé sa signature et que l’Etat est une continuité, nous assumerons ces contrats qui ont été signés par le gouvernement de l’ancien président. Mais nous allons changer complètement notre collaboration avec les sociétés asiatiques. Oui, pour la collaboration Sud-Sud avec les pays asiatiques mais non pour la collaboration désorganisée qui coûte cher aux contribuables ivoiriens, et qui se fait sans les intérêts des Ivoiriens. Aujourd’hui, voici ce que nous demandons à nos frères. Nous leur présenterons un cahier de charges en leur demandant de créer une société avec les Ivoiriens, avec qui, ils feront le montage des véhicules, avec suffisamment de pièces de rechange. Ceci, pour que nous ne soyons plus dans le cas des bus TATA.
Conclusion
Nous avons de grandes ambitions pour le transport en Côte d’Ivoire. Et notre ambition est de faire de ce secteur des transports, un secteur rentable, une activité où règnent l’ordre et la discipline. Une activité où les transporteurs n’ont aucun problème pour avoir les financements dont ils ont besoin pour s’équiper. Et nous allons mener une lutte féroce contre le racket de sorte qu’on puisse rendre la vie moins chère pour les Ivoiriens et qu’on puisse réduire les pertes de temps occasionnées. Au niveau de l’ensemble du système de transport. Nous sommes en train d’initier les réformes pour atteindre réellement nos objectifs. Il s’agit de moderniser notre système de transport de telle sorte que l’usager se retrouve. Qu’on soit passager ou transporteur, tout doit être fait pour que tout se passe dans l’ordre et la discipline, sans que les usagers aient des dessous de table à payer. C’est une mission exaltante et nous tenons à cette mission parce que cela fait partie des engagements que le Président de la République a pris et nous ne sommes que ses soldats. Tout ce qu’il dit, nous sommes là sur le terrain pour l’appliquer. Et nous sommes sûrs et certains qu’avec les réformes que nous allons mettre en route, nous allons atteindre nos objectifs pour que l’ensemble des partenaires du transport en Côte d’Ivoire puissent entrer dans le train du bonheur qui touchera la Côte d’Ivoire.
Témoignages des piliers du secteur
Le Doyen N’sikan, patron de UTB :
«Je connais le ministre, il y a de cela belle lurette et il m’a beaucoup aidé»
«Je connais le ministre, il y a de cela belle lurette et il m’a beaucoup aidé. Quand il a été nommé, j’ai dit que le Président de la République a choisi un bon ministre pour notre secteur. Avec ce que je viens d’entendre, je vais réunir tous les transporteurs pour leur indiquer que M. le ministre entend nous donner de l’argent pour acheter les véhicules. Les transporteurs ruinés seront guéris. Mais pourquoi des transporteurs ivoiriens ont-ils sombré ? Les transporteurs de la sous- région chargent de leur pays et accèdent directement à nos régions frontalières où ils déversent leurs passagers. Et pendant la traite, nos transporteurs quand ils prennent les passagers pour les descendre à Bouaké, ils retournent vides. Faire un aller–retour, les deux ne suffissent pas, c’est la raison pour laquelle les transporteurs ont été ruinés. C’est pourquoi, j’ai demandé au ministre d’imiter ce que les autres font dans leur pays».
Sékou Camara, membre du groupe le ‘’Bembeya Jazz’’ :
«Il faut qu’on accepte la méthode des blancs pour nous développer»
«Je salue l’Intelligent d’Abidjan qui est un grand journal et qui est beaucoup lu. Je salue également cette tribune qui permet aux autorités de ce pays de dévoiler leurs différents plans ou programmes. Je salue le ministre que je connais depuis 1960 lorsqu’il avait l’âge de 6 ans. Le milieu du transport est très complexe et la Guinée a beaucoup à apprendre aux côtés de la Côte d’Ivoire. Dès mon retour, je demanderais au ministre délégué au transport guinéen, Tidiane Traoré, d’envoyer des missions pour s’inspirer du modèle ivoirien. Tu ne mets pas la main à la poche, tu n’as rien ; et dès que vous quittez l’aéroport de Conakry, vous voyez la pagaille qu’il y a dans ce secteur. La réussite, c’est d’abord la méthode, ensuite viennent la tolérance, la rigueur et pour finir la discipline. C’est en cela que les Asiatiques et les Européens nous ont dépassés. Le noir n’aime pas la discipline, il n’aime pas l’ordre. Dès qu’il y a de l’ordre, il trouve que c’est trop blanc ; il faut qu’on accepte la méthode des blancs pour nous développer».
Diaby Mamadou, transporteur :
«Les syndicats ont détruit l’économie ivoirienne sans qu’on ne s’en rende compte»
« J’ai été le premier ivoirien à créer la ligne entre la Côte d’Ivoire et le Niger. J’avais des représentations au Niger, au Nigéria et en Guinée. Le ministre Adama Coulibaly en est témoin. J’ai organisé un séminaire international à la frontière qui a réuni près de 50 personnes. Je remercie M. le ministre pour avoir pensé aux transporteurs de la sous-région. La Côte d’Ivoire est incontournable sur le plan du transport terrestre. Mais les syndicats ont détruit l’économie ivoirienne sans qu’on ne s’en rende compte. J’effectue un chargement de 70 places qui revient à 1.300.000 FCFA et le syndicat ne me donne que 800.000 FCFA sans que j’aie pris le carburant. Mes économies ont été détruites, par ricochet celles de la Côte d’Ivoire. M. Diaby a travaillé comme un Ambassadeur dans la sous-région. Aujourd’hui, le Niger charge en Côte d’Ivoire. Le Niger nous charge également au Niger, et ceci par la faute des syndicats. J’ai garé mes véhicules à cause des syndicats. Lorsque je charge 60 places cela me revient à 600.000 FCFA et le syndicat me donne 350.000 FCFA sans que j’aie pris le carburant. Ils prennent même les frais de bagages. Je souhaite que Dieu donne une longue vie au ministre pour mettre en œuvre son plan de réformes».
Sylla Bangali (transporteur à Bouaké, fondateur de SITB de Bouaké):
«Nous soutenons les actions du ministre»
«Je salue l’intervention du ministre, qui est en phase avec les transporteurs. Ceux qui décrieront les actions menées par le ministre, ne veulent pas la bonne marche des transporteurs. Nous avons débuté dans le milieu du transport en 1956 et présentement nous sommes toujours dans le transport. De 1973 à 1980, c’est nous qui transportons les marchandises du Mali. Et aujourd’hui, nos parcs sont vides. A l’époque, nous partions à la SAFCA, le Burkina Faso n’avait pas la SAFCA, encore moins le Mali. Mais nous, nous avions la SAFCA, nous avions SOGEFIBAIL, BICIBAIL et toutes ces entreprises donnaient des véhicules aux transporteurs, sans aval. Si aujourd’hui, on nous propose cela, nous ne pouvons qu’applaudir et nous sommes impatients de voir l’avènement d’un tel projet. Nous souhaitons que cela puisse passer le plus tôt possible. Nous soutenons les actions du ministre dans ce sens».
Phase questions-réponses (2ème partie)
Séry Débailly, L’Intelligent d’Abidjan :
Merci Monsieur le ministre pour cette première série de questions, mais il y a une question sur laquelle nous allons rebondir très rapidement. Parlez-nous un peu du coût du Boeing présidentiel?
Mme Touré, présidente directrice d’une compagnie de transport:
Quelle place accordez-vous à la femme dans le transport routier ? Ne serait-il pas important de mettre en place une politique de formation au profit des acteurs du secteur des transports ? Comment comptez-vous vous y prendre pour amener les transporteurs à respecter les engagements vis-à-vis des banquiers dans le cadre du renouvellement du parc automobile? Nous demandons que les gares de stationnement soient développées et construites pour que nous puissions stationner nos véhicules.
Touré Youssouf, Dp de l’IA :
Avec le président Ouattara, il faut rêver grand. Quelle est la place du métro dans votre plan de développement du transport en Côte d’Ivoire ? Et qu’entendez-vous faire au niveau des gares routières où règne la pagaille ?
Lanciné Bakayoko de Nord-Sud quotidien :
Quelles solutions pour mettre fin aux ‘’Gnabros’’ (auxiliaires de transports). Ceux-là mêmes qui constituent le nœud du racket et qui, par ricochet, font grimper le tarif du transport? Qu’en est-il de l’actionnariat de l’Office Ivoirien des Chargeurs? Et à quand l’interdiction du téléphone cellulaire au volant. Après l’accident du ministre Moulod, n’est-il pas temps d’imposer l’utilisation des gilets de sauvetage sur les embarcations ? Puisqu’il semble que dans cet accident, les gilets de sauvetage ont fait défaut.
M. Tiémélé Yao Daniel (Une organisation du milieu des transporteurs) :
Quelle réforme entendez-vous mettre en place pour les auto-écoles ?
M. Ouattara Siagnan , PDG de Le Nouveau Navire
M. Le ministre, que devient le fonds alloué aux transporteurs ? Pourquoi n’associez-vous pas La Licorne dans la mission commencée par l’OFT? Ma dernière question est relative à l’édition du permis de conduire. Nous souffrons beaucoup. Il y a des personnes qui viennent à six heures et repartent à 18h sans obtenir gain de cause. Que comptez-vous faire pour corriger cette situation ?
M. Tapé Albert César, sécretaire général du Conseil national des chauffeurs professionnels de Côte d’Ivoire :
Le Fonds de Développement des Transports Routiers est-il suspendu, modifié ou annulé? Ma préoccupation suivante concerne le renouvellement du parc auto dont la cérémonie officielle a eu lieu à Adjamé. Depuis cette cérémonie, nous ne comprenons plus rien. Et qu’en est-il du livre blanc que nous vous avions remis le 30 juin dernier ?
Honoré Kouassi de L’Intelligent d’Abidjan :
M. Le ministre, je vous ai suivi et il se trouve que dans tous vos projets de réformes, vous n’avez pas parlé de la Banque des transporteurs. Aussi au niveau du transport ferroviaire, nous savons qu’il y a quelques années, un Ivoirien avait émis l’idée de mettre en place des tramways, qu’en est-il aujourd’hui ?
Wognin Dieudonné, Le Quotidien d’Abidjan :
M. Le ministre, lorsque vous étiez dans l’opposition, vous applaudissiez l’esprit républicain des syndicats… Mais aujourd’hui, je me pose des questions. Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Ma deuxième question est relative à la coopération Sud-Sud. Le président Laurent Gbagbo dans le souci de crédibiliser la coopération Sud-Sud, a mis en place un cadre de coopération avec l’Inde. Et l’un des fruits a été l’acquisition des bus ‘’Tata’’. C’est vrai qu’on doute de l’efficacité des bus ‘’Tata’’, mais toujours est-il que c’était dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Vous parlez de nouveaux bus qui vont arriver bientôt, allez-vous rester dans le ton de la coopération Sud-Sud pour avoir des bus d’autres partenaires du Sud ? Ou est-ce que vous allez retourner à nos bons vieux amis, les Français ?
Réponses du Ministre
Il y a des voies plus autorisées que celles du ministre des Transports, mais ce n’est pas ça le débat. Quand on dit qu’on veut une nation forte, on est obligé de se donner les moyens pour qu’on soit fort. Le Président ne peut pas toujours louer des avions, même avec ses collègues africains pour ses déplacements ! Donc la Côte d’Ivoire se devait de doter la présidence de moyens pour qu’effectivement les déplacements soient faits. Ça été fait et l’avion vient d’arriver. Mais il y a des voies plus autorisées qui vont intervenir, non seulement pour vous présenter l’avion, mais aussi pour vous donner le coût.
Madame Cissé a posé la question du genre. Dans notre programme, nous avons une très grande place pour les femmes et je suis heureux de voir que dans le secteur des transports, nous avons de braves femmes et madame Cissé en est une. J’en profite pour lui rendre hommage et faire de même pour toutes les femmes qui sont en train de s’exprimer. Elles sont nombreuses, je les ai déjà identifiées et je suis très fier parce que ces sœurs gèrent bien leurs affaires et les affaires prospèrent au moment où tout le monde est en décadence. C’est dire que quand les femmes veulent, elles font du bon travail. Nous allons les soutenir et faire en sorte qu’il y ait beaucoup de femmes qui rentrent dans ce secteur.
La formation, une nécessité pour le ministre
Pour la politique de formation, je suis entièrement d’accord et je vous ai dit que l’un des volets importants du renouvellement du parc auto, c’est la formation et l’entretien des véhicules. C’est très important et c’est pour cela que nous allons avoir des partenaires agréés parce qu’avant, n’importe qui pouvait venir vendre des véhicules sans même qu’il y ait à disposition des pièces de rechange pour les transporteurs. Au finish, les acheteurs se retrouvent avec des problèmes, parce qu’il n’y a pas de pièces de rechange en cas de panne et leur activité s’arrête. Par conséquent, on ne peut pas honorer les engagements avec la banque. Cela crée un autre problème entre le transporteur et la banque. Du coup, au niveau de la banque, on taxe les transporteurs de personnes peu crédibles. Alors que dans ces cas d’espèce, les transporteurs ne sont pas fautifs : on leur a proposé des choses qui ne tiennent pas. Aujourd’hui, vous avez la chance d’avoir à la tête du ministère, des gens qui connaissent un peu le transport. Du coup, quand il y a des propositions de matériels roulants, nous sommes à même de savoir si ça fait l’affaire des transporteurs ou pas. On leur dit simplement, on n’en veut pas. C’est pourquoi, nous allons agréer tous ceux qui veulent nous livrer des véhicules, y compris les concessionnaires. Aujourd’hui, on n’a pas de problèmes. Les banquiers disent : «dans le cadre du renouvellement du parc auto, tous ceux que vous allez agréer, nous ne mettons pas de plafond». Tout ce dont ils ont besoin comme argent pour acheter les véhicules que vous voulez vendre aux transporteurs, on leur permet d’acheter les véhicules. Donc, la balle est aujourd’hui dans notre camp.
L’organisation des transporteurs, la seule solution pour faire disparaître les ‘’wôrô-wôrô’’
C’est un chantier important. Si nous n’organisons pas les droits de trafic, nous aurons des problèmes et les transporteurs les plus organisés paieront les pots cassés. Ceux qui payent les cotisations de la CNPS pour leurs chauffeurs, pour l’ensemble de leurs employés. Les autres ne payent pas. Alors, si on les accepte et que l’Etat ne fait rien, n’organise pas les lignes, les sociétés qui sont fortes aujourd’hui vont disparaître parce qu’on va leur livrer une concurrence déloyale. Or, le rôle du ministère des Transports, c’est de faire en sorte que nous ayons des sociétés fortes dans le secteur des transports. C’est l’une des raisons pour lesquelles je dis qu’il nous faut une réforme. Parce qu’on ne sait même pas qui exploite les lignes au niveau du ministère des Transports. C’est ce qui se passe aujourd’hui, mais on ne peut pas l’accepter. L’Etat va se donner les moyens pour qu’on ait toutes les lignes. Comme les crédits vont passer par l’Etat, il ne peut pas ne pas vous couvrir pour que vous fassiez convenablement votre travail pour rembourser les fonds qu’il a alloués. C’est toutes ces organisations-là que nous sommes en train de mettre en place. Nous avons un peu arrêté l’octroi des véhicules parce que pour nous, il est bon qu’on trace la base et qu’on mette tout au clair, pour partir sur des critères clairs et transparents pour continuer le renouvellement du parc auto. Et c’est ce à quoi, nous nous attelons.
Des gares de stationnement pour les automobilistes
N’ayez pas d’inquiétudes, les droits du transporteur seront respectés. Vous aurez des lieux où garer vos véhicules. Nous l’avons déjà dit. Nos gares aujourd’hui, sont tout, sauf des gares, avec la boue… C’est le lieu de féliciter Abobo, puisque la première gare que nous avons inaugurée avant la fin de l’année, c’est celle d’Abobo. Grâce à la mairie et au privé, nous avons travaillé pour que cette gare puisse être construite. Après ça, nous aurons la gare d’Adjamé. Les études sont prêtes et nous avons des bailleurs de fonds qui sont là. Aujourd’hui, nous sommes prêts à lancer l’appel d’offre. Le ministre de l’Economie et des Finances va organiser l’appel d’offre entre toutes les sociétés que nous avons déjà sélectionnées pour que la meilleure société soit retenue pour la construction des gares. Tout se passera dans la transparence. Mieux, nous sommes en laboratoire pour voir comment prévoir des têtes de taxis. Le constat, c’est que l’une des plaies, au niveau des transports ‘’taxi-Woro-Woro et autres’’, c’est qu’il n’y a pas de ‘’têtes de taxis’’. Du coup, le transporteur après avoir déposé quelqu’un, roule à vide en attendant de trouver un autre client. Toute chose qui greffe son exploitation, ce sont des choses que nous avons étudiées, pour que tous ceux qui seront financés, aient les moyens de rembourser leur crédit. Les têtes de taxis viendront améliorer la rentabilité des taxis. C’est pourquoi, mes collaborateurs et moi travaillons presque 20h par jour et je profite de cette lucarne pour les féliciter pour tout ce sacrifice. Ces importantes heures supplémentaires qu’ils font sans être payés, il faut que les uns et les autres puissent le reconnaître. Ils le font pour que la Côte d’Ivoire avance, pour que nous puissions atteindre nos objectifs. C’est pourquoi, je demande aux transporteurs d’approcher le ministère chaque fois qu’ils ont des doutes sur quelque chose qu’ils ne comprennent pas.
Tramway et Métro :
Le Gouvernement en
laboratoire
Pour ce qui est du Tramway et du métro, il y a des études qui sont en cours. C’est vrai que beaucoup de personnes viennent vers nous avec des projets qu’ils sont eux-mêmes prêts à financer. Mais dans l’état actuel des choses, il faut aller dans l’ordre et la discipline. Aujourd’hui, on est aussi obligé d’étudier tout projet, l’impact environnemental. Ce sont des pistes sérieuses que nous avons aujourd’hui pour accompagner le transport terrestre, mais les études ne sont pas terminées. Donc le ministre des Transports que je suis, ne peut pas vous dire aujourd’hui qu’il va régler le problème du métro ou du tramway. Il y a plusieurs questions : est-ce qu’il faut le faire en aérien, avec des rails, des pneus ? Il y a cette question qui se pose à nous et il y a aussi les différents coûts. Et ce sont des investissements très importants qui sont compris entre 150 et 300 milliards de FCFA, voire 500 milliards pour certains projets. Nous ne pouvons donc pas prendre cela à la légère et annoncer qu’on va les faire. C’est ce que j’avais à dire pour le métro et le tramway.
‘’Gros bras et gnabros’’
On ne peut pas les laisser continuer. Si nous voulons que les choses marchent, il faut les enlever de la route. Mais en même temps, s’ils n’ont rien, ils vont revenir dans les gares et sur les routes. L’Etat doit donc leur faire des propositions. Et c’est ce que j’essaie de faire comprendre. Tous ceux qui sont dans les gares, nous les avons déjà recensés et nous allons faire en sorte qu’on puisse les équiper. Ceux qui peuvent avoir les taxis, on les mettra à leur disposition. Une fois que nous aurons fait cela, l’Etat va sévir. Celui qui dit : « je ne veux pas travailler, c’est trop dur, il faut que je vienne rançonner les gens dans les gares, sur les routes. Parce que c’est ce qu’il préfère, qu’il sache qu’on ne va plus permettre cela.
Combattre le racket sous toutes ses formes
Le racket, ce n’est pas que les forces de l’ordre, ce sont plusieurs autres personnes. Il faut combattre toutes les formes de racket. Et je vous promets que nous allons le faire. Mais il faut le faire à partir d’un plan, d’un programme et surtout dans la discrétion et sans heurt. Le secteur du transport offre suffisamment d’argent si on veut travailler. Ceux qui refusent de travailler dans les normes, seront mis hors du secteur. Et sur cette question, il n’y aura pas de demi-mesure, l’Etat prendra ses responsabilités et la force sera à la loi.
Et le conflit à l’OIC et le Guichet Unique… les auto-écoles ‘’boutiques’’
S’agissant de l’Office Ivoirien des Chargeurs, le problème est à moitié réglé, parce que le plus gros problème c’est qu’il y avait deux clans qui s’affrontaient autour du contrôle de l’OIC et qui s’attaquaient au niveau de la justice. Nous avons eu des cas de dérapages au niveau de la justice. Mais aujourd’hui, nous avons mis de l’ordre et nous avons une idée de l’actionnariat et les actionnaires ont élu un président. Il reste maintenant un Directeur général à nommer. A ce sujet, les propositions sont nombreuses. Nous avons à ce jour plus de 154 propositions. Et le dossier devient très important. Nous allons faire un appel à candidatures pour montrer que le ministre ne cherche pas à imposer des personnes qu’il aime pour avoir de l’argent. Nous allons travailler dans la transparence et très bientôt nous allons lancer l’appel à candidatures. Et celui qui sera choisi, c’est quelqu’un qui s’impose par sa compétence, parce que c’est la compétence que nous recherchons. Il y a des Ivoiriens qui sont capables et compétents.
Parlant du guichet unique, tout le monde sait qu’il y a un problème. C’est clair que si vous allez à un guichet aujourd’hui, vous trouverez qu’il est rempli de monde; des margouillats. Et là où il y a des margouillats, c’est la magouille. Tout sera mis en œuvre pour que les Ivoiriens ne payent que ce que l’Etat demande de payer. Au-delà, ils n’auront plus rien à payer à d’autres personnes. J’ai la ferme volonté de le faire et j’ai le gouvernement à mes côtés.
Au niveau des auto-écoles, je ne me suis pas encore penché sur votre cas, mais sachez que je ne suis pas content de vous. Nous n’avons pas d’auto-écoles; nous avons des écoles-boutiques. Il y a même des écoles sans matériel didactique, qui font passer le permis pourvu qu’on leur paye l’argent demandé. Si je veux appliquer toute la réglementation, toutes les auto-écoles seront fermées. Mais la réforme viendra pour réglementer ce secteur. Nous avons nos idées et nous sommes en train de trouver les financements pour que ceux qui ont la formation pour diriger une auto-école puissent bénéficier du financement nécessaire pour acheter les véhicules dont ils ont besoin pour faire leur travail. Sinon, sachez que les propriétaires d’auto-écoles ne sont pas oubliés, nous avons une grande réforme à faire.
C’est une honte pour nous de demander aux forces étrangères de lever les barrages
Dans le cadre de la lutte contre le racket, on me demande les raisons pour lesquelles la Licorne n’a pas été associée. Non, nous sommes un pays souverain. Ce n’est pas dans toutes les situations que l’armée extérieure va nous aider. C’est une honte pour nous de demander aux forces étrangères de lever les barrages. Nous devons prendre nos responsabilités et ceci relève de la responsabilité exclusive de l’Etat, et c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui doit résoudre ce problème. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas associé la Licorne et les autres forces étrangères dans le démantèlement des barrages. Nous estimons que nous avons la capacité de faire ce travail. Et je salue ceux qui font ce travail. Pour la question des chauffeurs professionnels, j’ai le dossier sur mon bureau. Je l’ai lu, exploité et je sais ce que je vais faire pour les chauffeurs. C’est pourquoi j’ai parlé de fédération. Une fois que nous aurons la fédération, nous allons tout dérouler. Il y aura des réformes, et on verra qui est chauffeur ou qui ne l’est pas. De sorte que les chauffeurs puissent bénéficier de la retraite et de couverture maladie. Vous avez raison d’avoir un syndicat, parce que vous êtes des employés. Vous devez défendre vos droits auprès des transporteurs, et de l’Etat. Nous avons l’accord du ministère de l’Intérieur pour que les problèmes que vous posez puissent trouver des solutions. Le ministre Gaoussou n’a pas changé, je suis venu créer des richesses, pour aider. Il n’y a aucun désaccord entre nous et les transporteurs.
Penser autrement l’utilisation du fonds des transporteurs
Le fonds tel qu’il a été mis en place ne fonctionne pas selon le décret signé par l’Etat ivoirien. Il a fonctionné comme une société, c'est-à-dire avec un siège, avec des administrateurs, des directeurs et un personnel permanents. Résultats, le fonds n’a servi à rien, sinon que pour l’achat de beaux meubles, effectuer des voyages à travers le monde entier, tout, sauf ce qui doit être fait pour les transporteurs. Nous disons que chacun a son métier. Tout ce qui a été fait dans l’assurance-maladie dans ce domaine. Aujourd’hui, c’est un échec. Le gouvernement du Président Alassane Ouattara ne s’inscrira pas dans cette voie, parce que nous voulons réussir tout ce que nous faisons. Le fonds sera là, et il nous aidera à travailler. Nous n’aurons plus de siège. Le fonds sera logé au ministère. Il y aura des personnes qui seront nommées présidents dudit fonds. Les fonds que l’Etat mettra à votre disposition, on les utilisera pour lever des fonds très importants. Nous avons 300 000 véhicules à renouveler pour les cinq ans. Et il y a des véhicules qui coûtent 100 millions de FCFA.
Des prix sur mesure
pour les transporteurs ivoiriens
Mais dans notre politique, la première action que nous allons mener est de baisser le prix du véhicule. Nous n’avons pas pour habitude de lancer des mots en l’air. Comment allons-nous baisser le coût ? D’abord, au niveau de la douane. Nous avons demandé à l’Etat de baisser le taux de douane qui était de 51% pour l’importation ; ce que l’Etat a fait. Mieux, l’Etat va réduire le taux presqu’à zéro. Pour aider les transporteurs. Et cette fois-ci, c’est le ministère qui le fera pour vous. Vous n’allez pas courir dans un bureau, vous ne donnerez de l’argent à personne. Ça sera le rôle du ministère de suivre les dossiers, de les préparer, et de les transmettre directement au ministre de l’Economie et des Finances. De sorte que dès que le véhicule arrive, vous avez vos exonérations, vos documents. Les constructeurs qui sont avec nous, avaient des marges de 30%, nous leur avons dit que 30% c’est trop. Aujourd’hui, ce n’est plus dix véhicules que nous allons acheter, nous parlons des dizaines et des dizaines de milliers de véhicules que nous allons acheter. Donc, il est important que vous baissiez vos marges. Parce que ceux qui ont les taxis, on leur demande de ramener une recette journalière de 35 à 40 000 FCFA et c’est ce qu’ils font. Nous, ce que nous leur proposons, c’est la somme de 20.000 FCFA qu’ils doivent déposer chaque jour à la banque et c’est le véhicule qui devient la caution. Si vous faites quinze jours sans verser de l’argent à la banque, on vous arrache le véhicule pour le donner à une autre personne, parce que le véhicule ne vous appartient pas, il appartient à la banque jusqu'à ce que vous finissez de payer. Les conditions seront très souples, mais nous serons rigoureux dans l’application, parce que nous ne permettrons pas aux transporteurs de faire du faux. Nous avons un secteur rentable.
Pas de solution au téléphone portable au volant
Le problème des téléphones portables au volant fera partie des réformes que nous allons mener. C’est une loi qui doit être votée sur ce sujet à l’Assemblée nationale.
Les bus TATA ont laissé un mauvais souvenir
La coopération Sud-Sud a été une mauvaise affaire pour la Côte d’Ivoire. Les Indiens ont réussi à nous vendre des bus qui ne sont pas performants. Mais comme l’Etat a apposé sa signature et que l’Etat est une continuité, nous assumerons ces contrats qui ont été signés par le gouvernement de l’ancien président. Mais nous allons changer complètement notre collaboration avec les sociétés asiatiques. Oui, pour la collaboration Sud-Sud avec les pays asiatiques mais non pour la collaboration désorganisée qui coûte cher aux contribuables ivoiriens, et qui se fait sans les intérêts des Ivoiriens. Aujourd’hui, voici ce que nous demandons à nos frères. Nous leur présenterons un cahier de charges en leur demandant de créer une société avec les Ivoiriens, avec qui, ils feront le montage des véhicules, avec suffisamment de pièces de rechange. Ceci, pour que nous ne soyons plus dans le cas des bus TATA.
Conclusion
Nous avons de grandes ambitions pour le transport en Côte d’Ivoire. Et notre ambition est de faire de ce secteur des transports, un secteur rentable, une activité où règnent l’ordre et la discipline. Une activité où les transporteurs n’ont aucun problème pour avoir les financements dont ils ont besoin pour s’équiper. Et nous allons mener une lutte féroce contre le racket de sorte qu’on puisse rendre la vie moins chère pour les Ivoiriens et qu’on puisse réduire les pertes de temps occasionnées. Au niveau de l’ensemble du système de transport. Nous sommes en train d’initier les réformes pour atteindre réellement nos objectifs. Il s’agit de moderniser notre système de transport de telle sorte que l’usager se retrouve. Qu’on soit passager ou transporteur, tout doit être fait pour que tout se passe dans l’ordre et la discipline, sans que les usagers aient des dessous de table à payer. C’est une mission exaltante et nous tenons à cette mission parce que cela fait partie des engagements que le Président de la République a pris et nous ne sommes que ses soldats. Tout ce qu’il dit, nous sommes là sur le terrain pour l’appliquer. Et nous sommes sûrs et certains qu’avec les réformes que nous allons mettre en route, nous allons atteindre nos objectifs pour que l’ensemble des partenaires du transport en Côte d’Ivoire puissent entrer dans le train du bonheur qui touchera la Côte d’Ivoire.
Témoignages des piliers du secteur
Le Doyen N’sikan, patron de UTB :
«Je connais le ministre, il y a de cela belle lurette et il m’a beaucoup aidé»
«Je connais le ministre, il y a de cela belle lurette et il m’a beaucoup aidé. Quand il a été nommé, j’ai dit que le Président de la République a choisi un bon ministre pour notre secteur. Avec ce que je viens d’entendre, je vais réunir tous les transporteurs pour leur indiquer que M. le ministre entend nous donner de l’argent pour acheter les véhicules. Les transporteurs ruinés seront guéris. Mais pourquoi des transporteurs ivoiriens ont-ils sombré ? Les transporteurs de la sous- région chargent de leur pays et accèdent directement à nos régions frontalières où ils déversent leurs passagers. Et pendant la traite, nos transporteurs quand ils prennent les passagers pour les descendre à Bouaké, ils retournent vides. Faire un aller–retour, les deux ne suffissent pas, c’est la raison pour laquelle les transporteurs ont été ruinés. C’est pourquoi, j’ai demandé au ministre d’imiter ce que les autres font dans leur pays».
Sékou Camara, membre du groupe le ‘’Bembeya Jazz’’ :
«Il faut qu’on accepte la méthode des blancs pour nous développer»
«Je salue l’Intelligent d’Abidjan qui est un grand journal et qui est beaucoup lu. Je salue également cette tribune qui permet aux autorités de ce pays de dévoiler leurs différents plans ou programmes. Je salue le ministre que je connais depuis 1960 lorsqu’il avait l’âge de 6 ans. Le milieu du transport est très complexe et la Guinée a beaucoup à apprendre aux côtés de la Côte d’Ivoire. Dès mon retour, je demanderais au ministre délégué au transport guinéen, Tidiane Traoré, d’envoyer des missions pour s’inspirer du modèle ivoirien. Tu ne mets pas la main à la poche, tu n’as rien ; et dès que vous quittez l’aéroport de Conakry, vous voyez la pagaille qu’il y a dans ce secteur. La réussite, c’est d’abord la méthode, ensuite viennent la tolérance, la rigueur et pour finir la discipline. C’est en cela que les Asiatiques et les Européens nous ont dépassés. Le noir n’aime pas la discipline, il n’aime pas l’ordre. Dès qu’il y a de l’ordre, il trouve que c’est trop blanc ; il faut qu’on accepte la méthode des blancs pour nous développer».
Diaby Mamadou, transporteur :
«Les syndicats ont détruit l’économie ivoirienne sans qu’on ne s’en rende compte»
« J’ai été le premier ivoirien à créer la ligne entre la Côte d’Ivoire et le Niger. J’avais des représentations au Niger, au Nigéria et en Guinée. Le ministre Adama Coulibaly en est témoin. J’ai organisé un séminaire international à la frontière qui a réuni près de 50 personnes. Je remercie M. le ministre pour avoir pensé aux transporteurs de la sous-région. La Côte d’Ivoire est incontournable sur le plan du transport terrestre. Mais les syndicats ont détruit l’économie ivoirienne sans qu’on ne s’en rende compte. J’effectue un chargement de 70 places qui revient à 1.300.000 FCFA et le syndicat ne me donne que 800.000 FCFA sans que j’aie pris le carburant. Mes économies ont été détruites, par ricochet celles de la Côte d’Ivoire. M. Diaby a travaillé comme un Ambassadeur dans la sous-région. Aujourd’hui, le Niger charge en Côte d’Ivoire. Le Niger nous charge également au Niger, et ceci par la faute des syndicats. J’ai garé mes véhicules à cause des syndicats. Lorsque je charge 60 places cela me revient à 600.000 FCFA et le syndicat me donne 350.000 FCFA sans que j’aie pris le carburant. Ils prennent même les frais de bagages. Je souhaite que Dieu donne une longue vie au ministre pour mettre en œuvre son plan de réformes».
Sylla Bangali (transporteur à Bouaké, fondateur de SITB de Bouaké):
«Nous soutenons les actions du ministre»
«Je salue l’intervention du ministre, qui est en phase avec les transporteurs. Ceux qui décrieront les actions menées par le ministre, ne veulent pas la bonne marche des transporteurs. Nous avons débuté dans le milieu du transport en 1956 et présentement nous sommes toujours dans le transport. De 1973 à 1980, c’est nous qui transportons les marchandises du Mali. Et aujourd’hui, nos parcs sont vides. A l’époque, nous partions à la SAFCA, le Burkina Faso n’avait pas la SAFCA, encore moins le Mali. Mais nous, nous avions la SAFCA, nous avions SOGEFIBAIL, BICIBAIL et toutes ces entreprises donnaient des véhicules aux transporteurs, sans aval. Si aujourd’hui, on nous propose cela, nous ne pouvons qu’applaudir et nous sommes impatients de voir l’avènement d’un tel projet. Nous souhaitons que cela puisse passer le plus tôt possible. Nous soutenons les actions du ministre dans ce sens».