La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, deux pays ennemis ? C’est ce que le régime Gbagbo a voulu incruster dans les esprits et ériger en pratique dans les relations entre ces deux pays voisins. Arrivés au pouvoir en 2000 à la faveur d’une opération civilo-militaire qui a marqué les élections calamiteuses au bout desquelles Gbagbo et le général Guéï Robert se sont chacun proclamé président de la République, les responsables du Fpi se sont engagés dans un tout sécuritaire. Les casernes, les brigades, les commissariats ont été des espaces de purges et de règlements de comptes. Les vrais faux coups d’Etat et tentatives de coup d’Etat ont servi de prétextes aux répressions les plus sauvages. A chaque fois, le pouvoir Fpi pointait un doigt accusateur vers le Burkina Faso.
Les autorités de ce pays sont accusées de collusion avec les supposés déstabilisateurs. La propagande à Abidjan soutenue par des campagnes de presse rondement menées vers les cibles désignées dressait les patriotes et autres éléments des forces de sécurité aux ordres contre les populations burkinabé installées en Côte d’Ivoire. « Les assaillants ont été pris avec sur eux des billets de train Abidjan-Ouaga aller retour » ou encore « Les agresseurs mis en déroute par les forces nationales se sont volatilisés dans le triangle Katiola, Ferké et Kong » sont des indications aux sous-entendus clairs. La patrie est en danger ; attaquée par des envahisseurs venus du Nord et soutenus par le pays des hommes intègres.
Les réactions alors, dans les quartiers, sur les routes et les plantations ne se faisaient pas attendre : chasse à l’homme, enlèvements, massacre… En moins de deux ans de présence à la tête de la Côte d’Ivoire, de 2000 à 2002, Gbagbo et son système ont transformé les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire en source permanente de tension, et plus grave, en calvaire pour les Burkinabè vivant au pays de Félix Houphouët-Boigny. Et pourtant, la Côte d’Ivoire et le Burkina anciennement appelé Haute Volta, ont formé un seul et même pays. Les populations qui ont vécu sous la coupe de la colonisation française ont été pendant longtemps le même Etat.
La colonie de la Côte d’Ivoire englobant la basse Côte d’Ivoire et haute Côte d’Ivoire allant d’Abidjan à Ouagadougou. Est-ce par hasard que la vie politique de cette colonie ait été animée par des figures historiques comme Houphouët-Boigny et Ouezzin Coulibaly ? Les peuples de cet espace se sont brassés et métissés en profondeur. La complémentarité des génies et des énergies réciproques a servi à mettre en valeur les immenses richesses de la partie forestière du territoire conformément aux choix et aux intérêts des colons. Les indépendances sont intervenues en émiettant les colonies mais les liens entre la Côte d’Ivoire et le Burkina vont au-delà des conjonctures.
Economiquement, socialement et culturellement, l’intégration est fortement en marche et très avancée. Une réalité qui, pour des politiques avertis, aurait dû constituer le socle d’un rapprochement plus hardi. Que non ! Gbagbo a fait exploser les liens, et installé la haine et la destruction comme vécu quotidien. Le mal psychologique dépassant de loin les dérives matérielles qui sont cependant énormes. L’ancien chef de l’Etat n’a pas hésité à se rendre à Ouagadougou négocier le dialogue direct avec les anciens rebelles des Forces nouvelles. Un calcul politicien dont l’objectif unique était de sauver son fauteuil. Mais au fond, rien dans le quotidien n’avait changé dans les rapports entre les deux peuples. C’est pour remettre les choses à l’endroit que le nouveau pouvoir ivoirien a rapidement noué avec les autorités du Burkina.
Le Conseil des ministres conjoint de la semaine passée dans la capitale du Faso témoigne du réchauffement entre les deux pays. Abidjan et Ouagadougou, c’est un peu comme Berlin et Paris. Un axe fort construit entre ces deux capitales donnera un coup de fouet à l’intégration sous-régionale. Le chemin de fer, l’histoire commune, les intérêts des deux Etats et des populations le commandent et l’imposent. Ouattara et Compaoré, les deux chefs d’Etat en exercice, en remettant la coopération et la bonne entente au centre des préoccupations se situent tout simplement dans le sens de l’histoire. Une histoire que Laurent Gbagbo a vainement tenté de contrarier.
L’homme restera dans les mémoires de cette histoire à la hauteur des dégâts commis. La Côte d’Ivoire et le Burkina ont la possibilité d’écrire de belles pages d’une coopération exemplaire et bénéfique pour toute l’Afrique de l’Ouest. Les populations en ont la détermination, le potentiel existe, l’environnement s’y prête. Il faut vite recoller les morceaux et tourner la page Gbagbo. Pour les retrouvailles bénéfiques des deux morceaux d’un même pays. Tout le monde y gagne.
D. Al Seni
Les autorités de ce pays sont accusées de collusion avec les supposés déstabilisateurs. La propagande à Abidjan soutenue par des campagnes de presse rondement menées vers les cibles désignées dressait les patriotes et autres éléments des forces de sécurité aux ordres contre les populations burkinabé installées en Côte d’Ivoire. « Les assaillants ont été pris avec sur eux des billets de train Abidjan-Ouaga aller retour » ou encore « Les agresseurs mis en déroute par les forces nationales se sont volatilisés dans le triangle Katiola, Ferké et Kong » sont des indications aux sous-entendus clairs. La patrie est en danger ; attaquée par des envahisseurs venus du Nord et soutenus par le pays des hommes intègres.
Les réactions alors, dans les quartiers, sur les routes et les plantations ne se faisaient pas attendre : chasse à l’homme, enlèvements, massacre… En moins de deux ans de présence à la tête de la Côte d’Ivoire, de 2000 à 2002, Gbagbo et son système ont transformé les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire en source permanente de tension, et plus grave, en calvaire pour les Burkinabè vivant au pays de Félix Houphouët-Boigny. Et pourtant, la Côte d’Ivoire et le Burkina anciennement appelé Haute Volta, ont formé un seul et même pays. Les populations qui ont vécu sous la coupe de la colonisation française ont été pendant longtemps le même Etat.
La colonie de la Côte d’Ivoire englobant la basse Côte d’Ivoire et haute Côte d’Ivoire allant d’Abidjan à Ouagadougou. Est-ce par hasard que la vie politique de cette colonie ait été animée par des figures historiques comme Houphouët-Boigny et Ouezzin Coulibaly ? Les peuples de cet espace se sont brassés et métissés en profondeur. La complémentarité des génies et des énergies réciproques a servi à mettre en valeur les immenses richesses de la partie forestière du territoire conformément aux choix et aux intérêts des colons. Les indépendances sont intervenues en émiettant les colonies mais les liens entre la Côte d’Ivoire et le Burkina vont au-delà des conjonctures.
Economiquement, socialement et culturellement, l’intégration est fortement en marche et très avancée. Une réalité qui, pour des politiques avertis, aurait dû constituer le socle d’un rapprochement plus hardi. Que non ! Gbagbo a fait exploser les liens, et installé la haine et la destruction comme vécu quotidien. Le mal psychologique dépassant de loin les dérives matérielles qui sont cependant énormes. L’ancien chef de l’Etat n’a pas hésité à se rendre à Ouagadougou négocier le dialogue direct avec les anciens rebelles des Forces nouvelles. Un calcul politicien dont l’objectif unique était de sauver son fauteuil. Mais au fond, rien dans le quotidien n’avait changé dans les rapports entre les deux peuples. C’est pour remettre les choses à l’endroit que le nouveau pouvoir ivoirien a rapidement noué avec les autorités du Burkina.
Le Conseil des ministres conjoint de la semaine passée dans la capitale du Faso témoigne du réchauffement entre les deux pays. Abidjan et Ouagadougou, c’est un peu comme Berlin et Paris. Un axe fort construit entre ces deux capitales donnera un coup de fouet à l’intégration sous-régionale. Le chemin de fer, l’histoire commune, les intérêts des deux Etats et des populations le commandent et l’imposent. Ouattara et Compaoré, les deux chefs d’Etat en exercice, en remettant la coopération et la bonne entente au centre des préoccupations se situent tout simplement dans le sens de l’histoire. Une histoire que Laurent Gbagbo a vainement tenté de contrarier.
L’homme restera dans les mémoires de cette histoire à la hauteur des dégâts commis. La Côte d’Ivoire et le Burkina ont la possibilité d’écrire de belles pages d’une coopération exemplaire et bénéfique pour toute l’Afrique de l’Ouest. Les populations en ont la détermination, le potentiel existe, l’environnement s’y prête. Il faut vite recoller les morceaux et tourner la page Gbagbo. Pour les retrouvailles bénéfiques des deux morceaux d’un même pays. Tout le monde y gagne.
D. Al Seni