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Société Publié le mercredi 30 novembre 2011 | Le Patriote

Interview / Flavien Traoré (Secrétaire général de la Coordination Nationale des Enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire) “Il faut dissoudre la FESCI”

© Le Patriote Par Prisca
Activités syndicales : La Fesci tient une AG extraordinaire.
La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d`Ivoire (Fesci) a tenu une AG extraordinaire le mardi 21 septembre 2010 à l`université de Cocody en présence de son S.G Mian Augustin.
Ils ont le regard tourné sur l’avancée des travaux de réfection et de restauration du temple du savoir. Les bardés de diplômes qui ont vu leur lieu de prédilection fermé à la faveur de la crise s’impatientent. Nous avons rencontré le premier responsable de la Coordination Nationale des enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire(CNEC). Pr. Flavien Traoré dans cet entretien fait des propositions pour un nouveau départ après la crise, de la vie universitaire

Le Patriote : Voilà six mois que les Universités sont fermées. Comment vivez-vous cette situation ?
Favien Traoré : Il faut dire que les Universités sont fermées depuis près de 6 mois du fait que, certains acteurs de l’enseignement supérieur et non les moindres des professeurs dans le cadre de leur responsabilité politique, des étudiants majoritairement membres de la FESCI ont été impliqués dans la crise postélectorale. Cette décision de fermeture des universités est salutaire dans la mesure où elle a fortement affaiblie la FESCI. Cependant, si cette situation perdure, nous risquons d’aller vers une seconde année blanche, si les travaux de réhabilitation et de restauration des infrastructures ne sont pas accélérés. Et ça, il faut le craindre et l’éviter. A l’heure actuelle, les enseignants chercheurs souhaitent une réouverture rapide des amphis. Parce que c’est seulement à l’Université que les Enseignants et les Chercheurs ont la latitude de mener à bien leur recherche. Tant que cette structure reste fermée, bien que nous soyons payés, nous avons une certaines angoisse qui nous anime. Cette angoisse est également partagée par plusieurs générations d’étudiants qui attendent. C’est pourquoi, nous demandons au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en fonction des ressources qu’il a obtenu, qu’il donne une date indicative pour la rentrée universitaire, afin que tout le monde soit rassuré. Je crois que si rien n’est fait, ça peut conduire à un mécontentement populaire.

L.P. : Une date indicative pour la rentrée universitaire? Mais qu’avez-vous obtenu de vos différents bras de fer avec le pouvoir précédent et qu’est-ce qui reste pour le point d’achèvement?
F.T. :. Pour ce qui est de notre condition de vie, suite à la lutte de la CNEC, deux décrets ont été signés. Un décret portant grille particulière des enseignants du supérieur et des chercheurs. Et un décret portant institution d’une indemnité d’émolument particulier. Suivant ces décrets, nous devions naturellement connaître une revalorisation salariale. Malheureusement, depuis 2009, date d’entrée en vigueur de ces 2 décrets, nous n’avons obtenu que la moitié de ces revenus. Nous attendons donc du gouvernement Alassane Ouattara l’autre moitié. A l’époque Laurent Gbagbo, nous a promis qu’il paierait l’autre moitié à la fin du point d’achèvement des PPTE prévu pour juin 2012. Nous souhaitons que ces décrets puissent véritablement entrés en vigueur sous le Président Alassane Ouattara, pour éviter d’autres remous dans le milieu universitaire. Nous disons au président Alassane Ouattara, de bien regarder cette grille, salaire comme indemnité et de faire en sorte qu’il y ait une certaine rationalité au niveau des salaires. Celui qui a un doctorat, quel que soit sont secteur d’activités doit être au-dessus de celui qui a une maîtrise. Tant qu’il n’y aura pas cette cohérence, les remous sociaux ne finiront point parce que certaines corporations seront victimes d’injustice et vont revendiquer avec raison. C’est dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire nouvelle que nous demandons au président Alassane Ouattara d’aller vers l’application de cette grille qui coupera l’aile à toutes les revendications salariales. Cette grille est beaucoup plus juste que celle dont nous avons hérité des pouvoir précédents.

L.P: Engluée dans une sorte d’année interminable. Que faut- il pour régulariser les années universitaires ?
F.T : A l’impossible, nul n’est tenu. Le Burkina Faso a fait deux années blanches, le Sénégal aussi et pourquoi pas l’université de Côte d’Ivoire. Il faut déclarer l’année blanche quand on ne peut rien faire. Arrêtons de tergiverser et donnons la chance à nos étudiants de repartir sur de nouvelles bases. En Côte d’Ivoire, à la faveur de la crise postélectorale, il y a eu 3000 morts, c’est triste, mais la Côte d’Ivoire est debout et continue sa marche. Arrêtons de tourner ! L’université a besoin d’un nouveau départ, pour donner la chance à nos enfants d’être formés dans le temps et dans des conditions optimales. Ça fait partir de notre histoire, nous devons nous inspirer de cette crise pour repartir sur de bons pieds. Il faut que les gens acceptent l’idée de l’année blanche. C’est au contraire très bon pour les générations d’aujourd’hui et à venir. En espérant que les questions d’infrastructures et le manque d’enseignants seront réglés définitivement. Pour éviter l’année blanche vous êtes obligés d’achever 2007-2008 en 2011. C’est vraiment ridicule. Arrêtons ça ! Il faut mettre les pieds dans le plat si des générations doivent passer par l’année blanche, il faut que cela se fasse. Qu’est-ce que perdre une ou deux années quand il faut gagner une formation de qualité.

L.P. : A quelles conditions les organisations estudiantines doivent exercer pour ne plus impacter de manière négative sur la vie de l’université ?
F.T : Concernant la FESCI, et toutes les organisations estudiantines, il faut dire qu’elles sont partie prenante de la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire. Il faut revenir aux normes. D’abord légalement en Côte d’Ivoire, il ne peut avoir de syndicat d’étudiants et d’élèves. Parce que ce ne sont pas des organisations de travailleurs. Au vu de la loi, seules les organisations de travailleurs ont le droit de créer des syndicats. Il faut donc que la FESCI révise sont statut et sont règlement intérieur pour devenir une association. S’il y a des textes et si les actes posés par la FESCI, permettent de la dissoudre, il faut la dissoudre. Si on le ne fait pas, on encourage l’impunité. Et j’interpelle la FESCI, le fait de dissoudre leur organisation doit leur permettre de rebondir. Parce que si la FESCI prend un nouveau nom et est animée par de nouveaux acteurs et adoptent un nouveau langage et attitude, tout le monde dira, les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire ont changé. Mais, si vous gardez la dénomination FESCI et les mêmes acteurs, j’ai bien peur que les mêmes méthodes ne soient encore appliquées. Prendre un nouveau nom, adopter de nouveaux statuts, respecter l’autorité, renouveler ses animateurs. Voici les conditions d’une organisation estudiantine qui pourra impulser la dynamique de la politique de l’université avec la nouvelle Côte d’Ivoire qui se profile sous le président Alassane Ouattara. Si on garde la dénomination FESCI, dès lors qu’on prononcera le mot FESCI, tout le monde verra derrière cette organisation, les milliers de crimes commis par la FESCI.

L.P : La question des dirigeants des universités n’est pas encore réglée après la crise. Selon vous faut-il nommer ou organiser de nouvelles élections ?
F.T : il faut dire les choses telles qu’elles sont. Les élections des présidents des universités se font selon un collège dans lequel se trouve 25 à 30% de personnalités extérieures. C’est par exemple, les responsables de la CIE, du Port Autonome, du ministère de l’Intérieur… Ensuite, il y a 15% d’étudiants au total, il y a plus de 50%du collège qui sont non enseignants et qui votent. Les 50% restant, ce sont les enseignants. Vous constatez que lorsque vous êtes au pouvoir, vous avez les personnalités extérieures avec vous. Vous avez les étudiants avec vous par ce qu’on achète facilement leurs voix. C’est –à-dire, l’autorité à 50 à60% des voix pour elle. Et puisque l’enseignant, il est soit de gauche ou de droite, ils vont prendre les enseignants de leur bord, du coup, celui qui est élu en général, c’est quelqu’un qui est proche du pouvoir. Ça a été le cas d’Aké Ngbo Marie, et ça a été également le cas de Téa Gokou. Je reste persuadé que si les textes actuels sont en vigueur aujourd’hui, c’est pratiquement quelqu’un du RHDP qui sera élu. En attendant de revoir les textes pour des élections plus démocratiques, en tant que syndicaliste, nous proposons un administrateur provisoire nommé par décret qui va mieux préparer l’organisation de ces élections démocratiques, en modifiant les textes selon notre vision. Nous ne sommes pas contre la nomination. Mais si tel est le cas : les résultats seront jugés de tous.

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