En marge de l’atelier de validation du Plan de développement 2012-2015 de la Société de développement des forêts (SODEFOR) le nouveau directeur général s’est entretenu avec la presse :
Vous venez de prendre les rênes de la Sodefor. Quels sont vos priorités ?
Avant de parler de priorité, permettez-moi de remercier tous ceux qui m’ont fait confiance et nommé à ce poste. Je voudrais citer le président de la République, le Premier ministre chef du gouvernement et mon ministre de tutelle et les rassurer que tout ce qui concerne les défis liés à la gestion forestière, je m’engage à pouvoir les résoudre. Pour en revenir à la question que vous avez posée, je pense que le premier défi pour moi, c’est de doter l’entreprise d’une boussole de travail. Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui se situe dans ce cadre-là. Pour définir les grands axes de nos actions à conduire pour la période 2012-21015. Une fois dotés de cette boussole, la seconde priorité pour moi sera de la mettre très rapidement en exécution. En principe, dès le 3 janvier, une fois que la première phase est achevée, la priorité sera de mettre en œuvre le programme que nous aurons concocté ici.
Quel est l’état actuel de la forêt ivoirienne ?
Il faut le dire, nos forêts sont dans un état presque catastrophique. Le taux d’infiltration moyen que nous avons aujourd’hui se situe autour de 50%. Il y a des forêts qui n’existent que de nom. Il n’y a pas longtemps, en visite de terrain, j’ai demandé au responsable d’une forêt si je pouvais avoir en continu 5 ha de forêt, il m’a répondu non. Et que tout s’était transformé en verger de café, cacao, hévéa et autres spéculations agricoles. Toutefois, nous ne désespérons pas. C’est pour cela que nous prévoyons un vaste programme de reboisement pour trouver ailleurs ce que nous avons perdu grâce à l’avancée de l’agriculture.
Avec ce diagnostic, peut toujours compter la Côte d’Ivoire au nombre des pays forestiers ?
Bien sûr ! Lorsque vous prenez la définition de la forêt, ce n’est pas toujours en termes de bois exploitable. Quand vous prenez la définition au niveau de la FAO, on vous dira que sur une superficie donnée, voilà le nombre d’essence forestière que nous trouvons. Si nous nous mettons dans ce cas de figure, la Côte d’Ivoire aujourd’hui peut toujours compter parmi les pays forestiers. Parce que nous avons, y compris les aires protégés, c’est-à-dire les parcs et les réserves en plus des forêts classées, nous pouvons, pour la Côte d’Ivoire, compter, bon an mal an, entre 5 et 6 millions d’hectares même si ce n’est pas dans un état de conservation parfaite. Cela peut être inversé. Il suffit que l’autorité de l’Etat soit réaffirmée sur ces forêts, qu’on y applique effectivement la réglementation forestière, ce sont des forêts qui vont repartir, même si l’on n’intervient pas. Je pense que le potentiel n’est pas perdu.
Dans le chantier que vous comptez entreprendre, quel sera la place des partenaires au développement et bailleurs de fonds ?
Lorsque nous allons finir l’élaboration de notre programme, nous irons vers les bailleurs de fonds pour leur exposer notre vision. Et j’ose espérer que certains vont accepter de nous accompagner. Mais, au-delà des bailleurs de fonds classiques que nous avons, il va falloir rechercher de nouveaux partenaires. C’est cela l’innovation de notre programme. On ne va plus avoir dans notre espace, des reboisements ou bien des activités d’aménagement financés par la Banque Mondiale ou encore la BAD. Mais, nous allons démarcher aussi des privés qui sont intéressés par le bois. Par exemple, des gens peuvent nous dire qu’ils ont besoin de telle essence pour produire tel produit. Nous avons la terre. Alors, nous allons l’intégrer dans notre programme. Pour me résumer, je dirais que la part des bailleurs de fonds sera certes importante dans un programme classique de reboisement, mais, dans le cas de l’innovation, nous allons aussi approcher des opérateurs privés qui ont un intérêt dans la forêt et qui veulent travailler avec nous pour satisfaire leurs marchés tout en respectant notre règlementation.
De quels moyens disposez-vous pour lutter contre les infiltrations et les occupations anarchiques des forêts ?
Nous n’aurons jamais une personne derrière chaque arbre. Il faut donc envisager une gestion beaucoup plus intelligente de la situation. Notre programme, sous réserve des propositions et amendements de l’atelier, c’est d’abord d’être effectivement sur le terrain. Ensuite, il faudra sensibiliser de sorte que les populations comprennent que les forêts leur appartiennent au même titre que l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous allons leur explique ce que le forêt peut rapporter et s’il y a certaines qui sont productives, voir dans quelle mesure, dans la répartition des bénéfices tirés de la forêt elles peuvent bénéficier. Suffisamment sensibilisés et acquis à la cause, eux-mêmes sur place pourront assurer la surveillance de la forêt comme si nous y étions. Parce qu’étant sûrs qu’à la fin, elles vont en tirer quelque chose. C’est ce qui justifie la présence du préfet qui a exposé et celle des ONG. C’est pour nous aider à trouver le moyen et la méthode de communication juste pour que le message soit perçu et accepté par les populations. Si cette démarche aboutit, nous pouvons renverser très rapidement la situation de dégradation de la forêt. Et d’agresseurs de nos forêts, les populations en deviendront les protecteurs.
Qu’en sera-t-il des permis aux exploitants forestiers ?
Là, il faut voir les choses à deux niveaux. Nous, nous gérons les forêts classées, les fermiers, c’est au niveau du ministère. Ce que je peux en dire, c’est que certainement, les permis vont tenir compte de la capacité des forêts qui sont ouvertes à l’exploitation. Aujourd’hui, nous assistons à un appauvrissement de nos forêts en essences exploitables. Donc la même politique qui sera menée au niveau des forêts classées sera prolongée dans le domaine rural pour nous permettre de régénérer la ressource. Afin que dans 15 ou 20 ans, la Côte d’Ivoire puisse revenir à son niveau d’antan de production. Lorsque vous allez approcher les responsables concernés au ministère, ils pourront vous donner plus de détail.
Propos recueillis par Ody K. Albert
Vous venez de prendre les rênes de la Sodefor. Quels sont vos priorités ?
Avant de parler de priorité, permettez-moi de remercier tous ceux qui m’ont fait confiance et nommé à ce poste. Je voudrais citer le président de la République, le Premier ministre chef du gouvernement et mon ministre de tutelle et les rassurer que tout ce qui concerne les défis liés à la gestion forestière, je m’engage à pouvoir les résoudre. Pour en revenir à la question que vous avez posée, je pense que le premier défi pour moi, c’est de doter l’entreprise d’une boussole de travail. Ce que nous sommes en train de faire aujourd’hui se situe dans ce cadre-là. Pour définir les grands axes de nos actions à conduire pour la période 2012-21015. Une fois dotés de cette boussole, la seconde priorité pour moi sera de la mettre très rapidement en exécution. En principe, dès le 3 janvier, une fois que la première phase est achevée, la priorité sera de mettre en œuvre le programme que nous aurons concocté ici.
Quel est l’état actuel de la forêt ivoirienne ?
Il faut le dire, nos forêts sont dans un état presque catastrophique. Le taux d’infiltration moyen que nous avons aujourd’hui se situe autour de 50%. Il y a des forêts qui n’existent que de nom. Il n’y a pas longtemps, en visite de terrain, j’ai demandé au responsable d’une forêt si je pouvais avoir en continu 5 ha de forêt, il m’a répondu non. Et que tout s’était transformé en verger de café, cacao, hévéa et autres spéculations agricoles. Toutefois, nous ne désespérons pas. C’est pour cela que nous prévoyons un vaste programme de reboisement pour trouver ailleurs ce que nous avons perdu grâce à l’avancée de l’agriculture.
Avec ce diagnostic, peut toujours compter la Côte d’Ivoire au nombre des pays forestiers ?
Bien sûr ! Lorsque vous prenez la définition de la forêt, ce n’est pas toujours en termes de bois exploitable. Quand vous prenez la définition au niveau de la FAO, on vous dira que sur une superficie donnée, voilà le nombre d’essence forestière que nous trouvons. Si nous nous mettons dans ce cas de figure, la Côte d’Ivoire aujourd’hui peut toujours compter parmi les pays forestiers. Parce que nous avons, y compris les aires protégés, c’est-à-dire les parcs et les réserves en plus des forêts classées, nous pouvons, pour la Côte d’Ivoire, compter, bon an mal an, entre 5 et 6 millions d’hectares même si ce n’est pas dans un état de conservation parfaite. Cela peut être inversé. Il suffit que l’autorité de l’Etat soit réaffirmée sur ces forêts, qu’on y applique effectivement la réglementation forestière, ce sont des forêts qui vont repartir, même si l’on n’intervient pas. Je pense que le potentiel n’est pas perdu.
Dans le chantier que vous comptez entreprendre, quel sera la place des partenaires au développement et bailleurs de fonds ?
Lorsque nous allons finir l’élaboration de notre programme, nous irons vers les bailleurs de fonds pour leur exposer notre vision. Et j’ose espérer que certains vont accepter de nous accompagner. Mais, au-delà des bailleurs de fonds classiques que nous avons, il va falloir rechercher de nouveaux partenaires. C’est cela l’innovation de notre programme. On ne va plus avoir dans notre espace, des reboisements ou bien des activités d’aménagement financés par la Banque Mondiale ou encore la BAD. Mais, nous allons démarcher aussi des privés qui sont intéressés par le bois. Par exemple, des gens peuvent nous dire qu’ils ont besoin de telle essence pour produire tel produit. Nous avons la terre. Alors, nous allons l’intégrer dans notre programme. Pour me résumer, je dirais que la part des bailleurs de fonds sera certes importante dans un programme classique de reboisement, mais, dans le cas de l’innovation, nous allons aussi approcher des opérateurs privés qui ont un intérêt dans la forêt et qui veulent travailler avec nous pour satisfaire leurs marchés tout en respectant notre règlementation.
De quels moyens disposez-vous pour lutter contre les infiltrations et les occupations anarchiques des forêts ?
Nous n’aurons jamais une personne derrière chaque arbre. Il faut donc envisager une gestion beaucoup plus intelligente de la situation. Notre programme, sous réserve des propositions et amendements de l’atelier, c’est d’abord d’être effectivement sur le terrain. Ensuite, il faudra sensibiliser de sorte que les populations comprennent que les forêts leur appartiennent au même titre que l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous allons leur explique ce que le forêt peut rapporter et s’il y a certaines qui sont productives, voir dans quelle mesure, dans la répartition des bénéfices tirés de la forêt elles peuvent bénéficier. Suffisamment sensibilisés et acquis à la cause, eux-mêmes sur place pourront assurer la surveillance de la forêt comme si nous y étions. Parce qu’étant sûrs qu’à la fin, elles vont en tirer quelque chose. C’est ce qui justifie la présence du préfet qui a exposé et celle des ONG. C’est pour nous aider à trouver le moyen et la méthode de communication juste pour que le message soit perçu et accepté par les populations. Si cette démarche aboutit, nous pouvons renverser très rapidement la situation de dégradation de la forêt. Et d’agresseurs de nos forêts, les populations en deviendront les protecteurs.
Qu’en sera-t-il des permis aux exploitants forestiers ?
Là, il faut voir les choses à deux niveaux. Nous, nous gérons les forêts classées, les fermiers, c’est au niveau du ministère. Ce que je peux en dire, c’est que certainement, les permis vont tenir compte de la capacité des forêts qui sont ouvertes à l’exploitation. Aujourd’hui, nous assistons à un appauvrissement de nos forêts en essences exploitables. Donc la même politique qui sera menée au niveau des forêts classées sera prolongée dans le domaine rural pour nous permettre de régénérer la ressource. Afin que dans 15 ou 20 ans, la Côte d’Ivoire puisse revenir à son niveau d’antan de production. Lorsque vous allez approcher les responsables concernés au ministère, ils pourront vous donner plus de détail.
Propos recueillis par Ody K. Albert