L’Alliance pour le Changement a beaucoup œuvré pour l’avènement d’une démocratie vraie en Côte d’Ivoire. A l’occasion de la commémoration de la mémoire de Coulibaly Abdoulaye, secrétaire permanent du mouvement et Ouattara Brahima, membre également du mouvement, enlevés le 18 décembre 2010 par les tueurs de Laurent Gbagbo, nous avons rencontré son président Alphonse Tiorna Soro. Dans entretien, il nous parle des élections législatives, de l’avenir politique des Forces Nouvelles dont il est issu et la polémique autour de la Primature. Interview.
Le Patriote : Monsieur le président de l’Alliance pour le Changement, les élections législatives viennent de s’achever. Vous étiez candidat à Karakoro où vous avez été élu. A l’heure du bilan, quel commentaire pouvez-vous faire de ces élections ?
Alphonse Soro : Je souhaiterais d`abord rendre un hommage à toutes les populations de la circonscription électorale Karakoro-Komboro, commune et sous-préfecture. Je salue surtout les chefs des deux cantons, tous les chefs des villages et leurs notables et merci aux femmes et jeunes pour la grande mobilisation autour de ma candidature. Je n`oublie pas les cadres et la diaspora qui s’est déplacée d’Abidjan, de Yamoussoukro, de Daloa, bref, de toute la Côte d’Ivoire pour venir nous apporter soutien. Cela dit, je pense que les élections ont été bien organisées et que contrairement aux commentaires pessimistes et tendancieux, le taux de participation est plus que raisonnable pour une élection qui intervient quelques mois après une aussi grave crise post-élection-présidentielle avec son corollaire de morts, de disparitions et de déception aussi de l`électorat qui s`est senti désabusé. Je rends hommage au Président de la République qui très tôt, a donné des signaux dès son arrivée au pouvoir qui montrent qu’on peut faire confiance à la jeunesse. Je voudrais donc ici lui dédier ma victoire en tant que jeune député à l’Assemblée nationale.
LP : A ces élections, vous êtes allés, vous et vos camarades cadres des Forces Nouvelles, sous diverses bannières politiques. Est-ce à dire que ces élections viennent de sonner le glas pour les Forces Nouvelles ?
AS : Je ne suis certainement pas la personne la mieux indiquée pour répondre à cette question. Mais à mon avis une réponse été donnée à cette question par la première personnalité des Forces Nouvelles en la personne du secrétaire général Guillaume Soro. Je suis un peu surpris du débat qui perdure autour de l’avenir des Forces Nouvelles. Pour moi, c’est un débat qui n’a que trop duré. Il a eu lieu, il n’y a pas trop longtemps, lors du conclave que nous avons eu à Bouaké ; de mon point de vue, le conclave a tranché. Les Forces Nouvelles ne sont pas un parti politique et les Forces Nouvelles ne seront pas un parti politique. Je vais vous dire qu’en partant au conclave, il y avait trop de supitations autour de cette question et qu’il y avait le spectre d`une transformation des Forces Nouvelles en parti politique. Mais très tôt, le débat a avorté. Parce que dès l’ouverture du conclave, le Premier ministre a tranché en disant que les Forces Nouvelles allaient restées au sein du RHDP qui est en train de travailler à mettre en place un parti unifié. Un parti unifié est en train de se mettre en place et à partir de là on ne trouvera certainement plus ces entités qui sont amenées à disparaitre dès que ce parti unifié verra effectivement le jour. En ce moment, on ne parlera plus des Forces Nouvelles, de même que demain, les gens ne doivent pas s’étonner qu’on ne parle plus du PDCI ou du RDR. Mais d’un parti unifié houphouétiste composé de personnes qui se reconnaissent dans cette philosophie politique.
LP : Au cours de ces élections législatives, il y a eu des contestations, notamment au sein des partis alliés du RHDP qui accusaient d’autres membres du RHDP d’avoir fraudé à ces élections. Avec toutes ces contestations, le projet de parti unifié n’est-il pas mal parti ?
AS : Les élections sont toujours l’occasion de secousses politiques, de contestations, d’adversité et même d’animosité. Mais je pense qu’il est temps de se ressaisir ; car tout ce qui s’est passé est normal, parce que nous n’avons pas pu aller en RHDP. Mais quand les résultats définitifs seront communiqués, il ne faudras pas qu`il y ait de faux perdants. Ceux qui ont perdu doivent être fair-play et ceux qui ont gagné doivent avoir le triomphe modeste et qu’ils sachent qu’il y a eu un message que la population ivoirienne a tenu à faire passer. Vous avez vu une victoire nette du RDR.
Certains pensent que c’est le fruit de leur travail ou leur personne qui en est la cause. Mais moi, je dis que le premier atout qui a fait gagné ces élections, à 80% c’est le label « Alassane Dramane Ouattara ». Il ne faut pas que certains se surestiment ; la population a décidé de donner le pouvoir à Alassane Ouattara de manière définitive. Alassane Ouattara a prêté serment en mai 2011. Nous sommes aujourd’hui, en décembre. Si, sur toute cette période, le président n’avait rien fait de bon jusqu’à maintenant, nous n’aurions pas eu ce score de 127 députés. Il faut que les choses soient claires. Même les militants du FPI ont compris ce qui se passe en ce moment en Côte d’Ivoire. Il y a un nouveau vent qui souffle sur la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle les populations se sont dit que "pour une fois il y a un regime qui se soucie de nos préoccupations; autant donc lui donner tout le pouvoir". Les populations qui sont matures ont donc voté le RDR et Alassane Ouattara pour exprimer leur adhésion à tout ce qui se fait actuellement. Les défis sont énormes et les populations aujourd’hui sont soucieuses de donner les pleins pouvoirs au président de la République pour mettre en œuvre pleinement et entièrement son programme.
LP : Cela fait maintenant 6 mois que le gouvernement Ouattara a été mis en place. Etes-vous satisfait de la place qu’occupe la jeunesse dans le gouvernement ?
AS : Je suis satisfait de la place qu’occupe la jeunesse au sein du système Ouattara. Et cela est incontestable. Mais nous ne sommes pas satisfaits de la place qu’occupent les jeunes dans le gouvernement. D’ailleurs, il n’y a pas de jeunes dans le gouvernement Ouattara.
LP : Mais et le ministre Alain Lobognon…
AS : Alain Lobognon à 43 ans et je vous informe que la Charte africaine de la jeunesse stipule qu`on est jeune de 15 à 35 ans. Après 35 ans, vous n`êtes plus jeune. Donc convenez que dans le gouvernement actuel du président Ouattara, la jeunesse n’est pas représentée. Mais nous avons connu plus de dix ans de crise, tout le monde a vieilli dans la guerre et pour certains dans le maquis. Mais nous avons foi que progressivement la Côte d’ivoire peut tendre vers des pays comme le Sénégal où on peut être ministre à 27 ans. Parlant du système dans sa globalité, il y a des signaux positifs. Vous savez le modèle qu`on a servi à la jeunesse ivoirienne depuis plusieurs années, c`était la facilité, le verbe politicien, le discours de la haine, la force et de la violence. Mais depuis l’avènement du président Ouattara, il y a un autre message, aujourd’hui tous les jeunes aspirent à travailler quelle que soit la rémunération. Chacun veut travailler. La nouvelle orientation qu’il a donnée à la Côte d’ivoire, fait qu’il y a un nouveau dynamisme qui incite les jeunes à se lever tôt, à aller travailler, à avoir des résultats la ou on travaille, à être le meilleur du groupe, à avoir des diplômes et surtout à espérer en l`avenir. Cette nouvelle mentalité est perceptible au niveau de toute la population pas seulement les jeunes, tant au niveau du public qu`au niveau du privé. Il y a une rigueur qui est en train de s’installer. En ce qui concerne la jeunesse, il y a un début de création d’emplois pour cette jeunesse qui est restée longtemps au chômage. Même s`il y a quelque chose qui doit être réglée. A ce niveau, il manque tout un mécanisme interministériel officiel, médiatisé et efficient de recensement des chômeurs et des diplômes sans emplois qui suivra également de manière exhaustive la création des emplois et l`accessibilité rationnelle, objective et équitable de tous les jeunes à l`emploi. Je le dis parce qu’à l`allure où vont les choses, il sera difficile de rendre compte des un million d`emplois promis par le Président de la République en cinq ans. Pour le reste, on sent que la jeunesse est au cœur des préoccupations du système. Plus d’une cinquantaine de députés relativement jeunes siègeront à l’Assemblée nationale et ils appartiennent à la génération de la contestation. Désormais, les ministres doivent savoir qu’aucun texte ne passera a l`assemblée comme une lettre à la poste. Il y aura des débats sérieux qui doivent porter sur les vraies préoccupations et l`avenir. Les jeunes n’iront pas pour y faire de la figuration. C’est dommage qu’on aura aussi en face des gens qui étaient déjà en première ligne dans ce pays, lorsque nous étions au primaire. Il faut qu’à un moment donné, certains sachent qu’ils doivent se retirer pour passer le relais. Parce que les jeunes sont prêts. ll y a un type nouveau de jeunes intellectuels qui ont des arguments à faire valoir.
LP : Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye pour répondre des accusations de crimes de sang et contre l’humanité à La Haye. Ses partisans ont organisé un arbre de Noël devant le siège de la Cour pénale internationale pour le soutenir. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?
AS : Moi, je suis foncièrement un démocrate. Mais laissez-moi vous dire tout de suite que cela me crée un problème, que moins d’une année après le massacre de plus de 3000 personnes par le FPI, des individus comme les Koua Justin et autres nous narguent dans les rues d’Abidjan. Je suis certes pour la diversité des opinions, mais honnêtement, cela me cause un problème. On veut tellement faire plaisir aux gens qu’on ne se rend pas compte que le FPI est en train de retourner la situation en sa faveur. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est le FPI qui est la victime. Et cela me choque que des gens qui ont massacré, brûlé les gens : article 125 par ci, article D ou B par la (les LMP écrivaient D ou B sur les portes pour indiquer Dioula et Baoulé aux tueurs) pour venir faire croire que ce sont eux les victimes. Pendant la crise postelectorale, chaque jour, on dénombrait au moins 20 morts qu’on nous signalait à travers tout le pays. Faites-vous-mêmes le calcul. Mettez-vous dans la peau d’un citoyen lambda qui habitait Abobo qui recevait des obus chaque jour. Mettez-vous à la place des gens dont les parents ont été brûlés vifs à un barrage ou tout simplement massacrés. Il faut qu’on se rappelle de tous cela! Et je veux que le FPI se rappelle de cette période. Aujourd’hui, quand on écoute les gens au FPI, c’est comme s’ils viennent d’arriver de l’étranger. Pourtant, on était tous ici et nous avons vécu ensemble. Ce sont eux qui avaient les armes et ce sont eux qui tuaient. Parce que vous avez un président de la République comme Alassane Ouattara qui est trop gentil et qui tient à aller à la réconciliation, vous voulez en abuser, non il ne faut pas. Nous, nous allons mettre de l’ordre à ce niveau. Laurent Gbagbo a été transféré. Nous, nous apprêtons à organiser grande fête pour son départ à La Haye. Si vous voyez que nous ne l’avons pas encore fait, c’est parce que nous voulons que Simone Gbagbo, le général Dogbo Blé et le criminel de Blé Goudé, rattrapé dans sa cachette, suivent. Nous n’avons pas voulu faire plusieurs fêtes. Les victimes sont satisfaites du transfèrement de Laurent Gbagbo. D’ailleurs, j`ai entendu dire par ce dernier ceci au TPI: « On va aller jusqu’au bout. Moi, j’ai dirigé ce pays pendant dix ans, mais je n’ai pas fait cela ». Mais aujourd’hui, qu’il sache que l’impunité, c’est fini. Sous lui, c’était possible de tuer en toute impunité. Sous lui, il y a eu des gens qui ont massacré des citoyens. On a organisé un simulacre de procès et à la fin, ils ont été tous libérés. Mais ce n’est plus possible désormais. Desormais celui qui va se lever pour exécuter son prochain sera mis en prison. Lui, il est parti, nous attendons les autres pour faire la grande fête qui scellera définitivement la fin de l’impunité dans notre pays.
LP : Mais les exactions, il y en a eu dans les deux camps…
AS : C’est vous qui le dites.
LP : Mais il y a eu des rapports.
AS : Quels rapports ?
LP : Des organismes internationaux tels que Human Right Watch, Amnesty International et même l’ONUCI. Et pensez-vous qu’une juridiction comme la CPI puisse voir seulement les méchants dans un seul camp ? Par souci d’équilibrisme, comme c’est toujours le cas dans pareille situation.
AS : Je vais vous dire une chose. C’est un équilibrisme de mauvais aloi qui va poser problème. Parce que nous, nous n’allons pas nous asseoir tranquillement observer les gens jouer à ce jeu, rien que pour faire plaisir au camp de Gbagbo. On veut faire plaisir au camp Gbagbo en faisant des rapports pour dire les deux camps ont tués. Il faut qu’on arrête cela. Il y a des gens qui tuaient tous les jours. D’autres personnes qui étaient au nord, ont estimé qu`il fallait mettre fin à ces massacres en marchant sur Abidjan. Mais lorsqu’ils venaient à Abidjan, ce n’étaient pas des personnes qui avaient des rameaux d’olivier qui sont venus pour les accueillir. Mais ils avaient en face d’eux des mercenaires et des miliciens qui massacraient les populations. Vous attendez quoi des commandants des groupements tactiques? Qu’ils se laissent massacrer sans rien faire? Nous pensons que la communauté internationale se trompe en pensant qu’il faut équilibrer les choses. Si la crise a duré, c’est parce que justement elle voulait faire plaisir à tout le monde au lieu de dire la vérité à Laurent Gbagbo pour qu’il parte. Il y a eu des tueries pendant la guerre de part et d’autre. Mais cela s’est fait au cours des affrontements. Pour nous, il s’agit de sanctionner sévèrement ceux qui ont massacré les populations et il faut s’en tenir à cela. Ainsi, les FRCI qui sont aujourd’hui en activité sauront qu’on ne peut pas tuer en toute impunité des populations aux mains nues, au risque de se retrouver dans la situation de Laurent Gbagbo et de ses généraux.
LP : Vous avez parlé des FRCI tout à l’heure. Depuis que le président de la République est au pouvoir, pas un seul jour, où les populations ne se plaignent de leur comportement. La goutte d’eau qui a fait débordé le vase est ce qui s’est passé à Vavoua avec six morts où le président de la République a été obligé de prendre des mesures draconiennes contre elles. Que pensez-vous de ces mesures ?
AS : Je pense que le président de la République a sonné le holà et le message est bien passé. Nous condamnons toutes les dérives des FRCI de manière très énergique. Nous pensons qu’il ne faut pas que ces dernières jouent contre le pouvoir Ouattara. Parce qu’aujourd’hui, dans la tête de tout le monde, ce sont ces forces qui ont mené le combat pour le respect de la démocratie. Les FRCI n’ont donc pas intérêt à travailler contre le pouvoir Ouattara. Il est temps que les commandants prennent leurs responsabilités pour mettre de l’ordre dans les rangs des FRCI. Je connais ces commandants et je sais de quoi ils sont capables. Je veux les sentir, parce que je sais que ce sont des militaires accomplis, très regardant sur la discipline et les vertus militaires. Il s’agit de mettre de l`ordre au sein des combattants qui ont rejoint le mouvement à Abidjan. Et cette mission est hautement à la portée des commandants. C’est à eux de prendre leurs responsabilités. On espère que c’est le dernier dérapage. Il faut qu’ils mettent de l’ordre. La tâche n’est pas facile, car il y a des combattants qui n’étaient pas dans la rébellion et qui n’ont pas été formé à la discipline militaire. Et je soupçonne également des infiltrations des personnes qui n’ont pas intérêt à ce que la sécurité revienne dans nos villes. Est-ce qu’on est sûr que tous ceux qui roulent avec des véhicules estampillés FRCI et qui font le rodéo comme on le dit, sont vraiment des gens qui ont combattu ? Moi, je ne le crois pas. Il faut qu’on sache à qui on a affaire. Notre adversaire est capable de tout. Parce que très fort dans la manipulation. Il faut faire très attention et ouvrir les yeux. Car, je suis certain qu’il y a des infiltrés dans cette armée.
LP : Bientôt, il y aura un remaniement ministériel. Une chose qui a fait encore ressurgir la polémique sur le futur locataire de la Primature. Le PDCI-RDA revendique haut et fort ce poste. Parce qu’il estime c’est à lui qu’il revient. Puisque le président l’avait promis lors de la campagne présidentielle. Qu’est-ce que vous inspire toute cette polémique ?
AS : Vous voulez me faire parler, après on dira que c’est le Premier ministre Guillaume Soro qui a envoyé son petit frère Alphonse Soro pour le defendre. Il n’en est rien. Je suis son collaborateur et démocrate qu`il est, il ne nous prive pas de notre liberté de penser et de parole et j`ai mon opinion sur certaines questions en tant que dirigeant de mouvement associatif. Cela dit, j’ai une réponse à proposer. Il faut qu`on soit realiste. Premièrement, lorsque vous prenez la situation sécuritaire du pays, qui est mieux placé pour la gérer ? Deuxièmement, qui peut suivre et achever le processus de réinsertion pour permettre à ceux qui veulent être démobilisés de l’être et ceux qui veulent embrasser une carrière militaire de le faire. Troisièmement, les gens sont encore dans l’euphorie de la prise du pouvoir et oublient qu’on a affaire au FPI qui est un champion de la manipulation. Aujourd’hui, parmi les partisans de Laurent Gbagbo qui sont en exil, il y a plusieurs composantes. Vous avez celle qui est riche et qui a des milliards. Il y a également la composante militaire, on parle de plusieurs milliers de personnes. Et enfin la composante syndicalistes et politiques. Eux et nous avons fait l’école de la contestation, de l`insurrection et de la manipulation. Pensez-vous que toutes ces personnes vont rester longtemps en exil sans rien faire ? Posons-nous des questions. Aujourd`hui qui peut gérer tous cela? A moins qu`on ne souhaite le Charybde-en-Scylla à Guillaume Soro!
LP : Mais Guillaume Soro ne peut tout de même pas rester tout le temps à la Primature.
AS : Je suis d’accord avec vous qu’il ne restera pas ad-vitam aeternam Premier Ministre. Mais on est dans un processus qui évolue et les conditions se créent au fur et à mesure. Au PDCI, je dis que nous sommes tous soucieux du respect de la promesse électorale du Président Ouattara et surtout soucieux de sauvegarder l`entente et la cohésion actuelle à la tête de l`Etat. Maintenant, que le PDCI-RDA sache que le faiseur de roi n’est pas le roi. Il faut qu’au PDCI on intègre cela. Le président de la République, c`est Alassane Ouattara. Le PDCI doit tirer les leçons de ses échecs successifs. Ils ont perdu l’élection présidentielle. Ils viennent de perdre les élections législatives. Ce sont des messages clairs. Car s’ils n’y prennent garde, ils perdront plus aux élections municipales qui arrivent. Le PDCI ferait donc mieux de se concentrer et engager la réflexion sur leur appareil pour trouver des solutions à cette cascade d’échecs. Et puis on ne crée pas un parti politique pour revendiquer la Primature. On crée un parti politique pour diriger un pays en conquérant le poste de Président de la République.
LP : Mais le poste a été promis au PDCI…
AS : Il est vrai que le poste a été promis au PDCI. Mais le contexte dans lequel la promesse a été faite n’est le même que celui d’aujourd’hui. Il y a des contraintes nouvelles qui se présentent avec lesquelles il faut compter. Maintenant, si l’on veut qu’on s’amuse, il n’y a pas de problème. On peut prendre quelqu’un d’autre. Mais on aura un Premier ministre « flêkê-flêkê ». Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés. Il s’agit d’installer un système, de sécuriser un régime et de créer les conditions pour qu’il perdure afin de permettre au président de la République qui a bien commencer de continuer à travailler pour le bonheur des populations et c`est dans cela que tout le monde gagnera y compris le PDCI. C’est de cela qu’il s’agit et non des querelles de poste. C’est vraiment dommage, d’autant que cela vient d’un parti allié comme le PDCI. On est dans une alliance. Il faut que les choses se passent dans le cadre de l’alliance. Pourquoi est-ce que tout doit se décider sur la place publique ? C`est une question sensible et le Président de la République et le Président Bédié parleront et ils trouveront la bonne conduite à tenir. Donc le débat public sur cette question doit prendre fin.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
Le Patriote : Monsieur le président de l’Alliance pour le Changement, les élections législatives viennent de s’achever. Vous étiez candidat à Karakoro où vous avez été élu. A l’heure du bilan, quel commentaire pouvez-vous faire de ces élections ?
Alphonse Soro : Je souhaiterais d`abord rendre un hommage à toutes les populations de la circonscription électorale Karakoro-Komboro, commune et sous-préfecture. Je salue surtout les chefs des deux cantons, tous les chefs des villages et leurs notables et merci aux femmes et jeunes pour la grande mobilisation autour de ma candidature. Je n`oublie pas les cadres et la diaspora qui s’est déplacée d’Abidjan, de Yamoussoukro, de Daloa, bref, de toute la Côte d’Ivoire pour venir nous apporter soutien. Cela dit, je pense que les élections ont été bien organisées et que contrairement aux commentaires pessimistes et tendancieux, le taux de participation est plus que raisonnable pour une élection qui intervient quelques mois après une aussi grave crise post-élection-présidentielle avec son corollaire de morts, de disparitions et de déception aussi de l`électorat qui s`est senti désabusé. Je rends hommage au Président de la République qui très tôt, a donné des signaux dès son arrivée au pouvoir qui montrent qu’on peut faire confiance à la jeunesse. Je voudrais donc ici lui dédier ma victoire en tant que jeune député à l’Assemblée nationale.
LP : A ces élections, vous êtes allés, vous et vos camarades cadres des Forces Nouvelles, sous diverses bannières politiques. Est-ce à dire que ces élections viennent de sonner le glas pour les Forces Nouvelles ?
AS : Je ne suis certainement pas la personne la mieux indiquée pour répondre à cette question. Mais à mon avis une réponse été donnée à cette question par la première personnalité des Forces Nouvelles en la personne du secrétaire général Guillaume Soro. Je suis un peu surpris du débat qui perdure autour de l’avenir des Forces Nouvelles. Pour moi, c’est un débat qui n’a que trop duré. Il a eu lieu, il n’y a pas trop longtemps, lors du conclave que nous avons eu à Bouaké ; de mon point de vue, le conclave a tranché. Les Forces Nouvelles ne sont pas un parti politique et les Forces Nouvelles ne seront pas un parti politique. Je vais vous dire qu’en partant au conclave, il y avait trop de supitations autour de cette question et qu’il y avait le spectre d`une transformation des Forces Nouvelles en parti politique. Mais très tôt, le débat a avorté. Parce que dès l’ouverture du conclave, le Premier ministre a tranché en disant que les Forces Nouvelles allaient restées au sein du RHDP qui est en train de travailler à mettre en place un parti unifié. Un parti unifié est en train de se mettre en place et à partir de là on ne trouvera certainement plus ces entités qui sont amenées à disparaitre dès que ce parti unifié verra effectivement le jour. En ce moment, on ne parlera plus des Forces Nouvelles, de même que demain, les gens ne doivent pas s’étonner qu’on ne parle plus du PDCI ou du RDR. Mais d’un parti unifié houphouétiste composé de personnes qui se reconnaissent dans cette philosophie politique.
LP : Au cours de ces élections législatives, il y a eu des contestations, notamment au sein des partis alliés du RHDP qui accusaient d’autres membres du RHDP d’avoir fraudé à ces élections. Avec toutes ces contestations, le projet de parti unifié n’est-il pas mal parti ?
AS : Les élections sont toujours l’occasion de secousses politiques, de contestations, d’adversité et même d’animosité. Mais je pense qu’il est temps de se ressaisir ; car tout ce qui s’est passé est normal, parce que nous n’avons pas pu aller en RHDP. Mais quand les résultats définitifs seront communiqués, il ne faudras pas qu`il y ait de faux perdants. Ceux qui ont perdu doivent être fair-play et ceux qui ont gagné doivent avoir le triomphe modeste et qu’ils sachent qu’il y a eu un message que la population ivoirienne a tenu à faire passer. Vous avez vu une victoire nette du RDR.
Certains pensent que c’est le fruit de leur travail ou leur personne qui en est la cause. Mais moi, je dis que le premier atout qui a fait gagné ces élections, à 80% c’est le label « Alassane Dramane Ouattara ». Il ne faut pas que certains se surestiment ; la population a décidé de donner le pouvoir à Alassane Ouattara de manière définitive. Alassane Ouattara a prêté serment en mai 2011. Nous sommes aujourd’hui, en décembre. Si, sur toute cette période, le président n’avait rien fait de bon jusqu’à maintenant, nous n’aurions pas eu ce score de 127 députés. Il faut que les choses soient claires. Même les militants du FPI ont compris ce qui se passe en ce moment en Côte d’Ivoire. Il y a un nouveau vent qui souffle sur la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle les populations se sont dit que "pour une fois il y a un regime qui se soucie de nos préoccupations; autant donc lui donner tout le pouvoir". Les populations qui sont matures ont donc voté le RDR et Alassane Ouattara pour exprimer leur adhésion à tout ce qui se fait actuellement. Les défis sont énormes et les populations aujourd’hui sont soucieuses de donner les pleins pouvoirs au président de la République pour mettre en œuvre pleinement et entièrement son programme.
LP : Cela fait maintenant 6 mois que le gouvernement Ouattara a été mis en place. Etes-vous satisfait de la place qu’occupe la jeunesse dans le gouvernement ?
AS : Je suis satisfait de la place qu’occupe la jeunesse au sein du système Ouattara. Et cela est incontestable. Mais nous ne sommes pas satisfaits de la place qu’occupent les jeunes dans le gouvernement. D’ailleurs, il n’y a pas de jeunes dans le gouvernement Ouattara.
LP : Mais et le ministre Alain Lobognon…
AS : Alain Lobognon à 43 ans et je vous informe que la Charte africaine de la jeunesse stipule qu`on est jeune de 15 à 35 ans. Après 35 ans, vous n`êtes plus jeune. Donc convenez que dans le gouvernement actuel du président Ouattara, la jeunesse n’est pas représentée. Mais nous avons connu plus de dix ans de crise, tout le monde a vieilli dans la guerre et pour certains dans le maquis. Mais nous avons foi que progressivement la Côte d’ivoire peut tendre vers des pays comme le Sénégal où on peut être ministre à 27 ans. Parlant du système dans sa globalité, il y a des signaux positifs. Vous savez le modèle qu`on a servi à la jeunesse ivoirienne depuis plusieurs années, c`était la facilité, le verbe politicien, le discours de la haine, la force et de la violence. Mais depuis l’avènement du président Ouattara, il y a un autre message, aujourd’hui tous les jeunes aspirent à travailler quelle que soit la rémunération. Chacun veut travailler. La nouvelle orientation qu’il a donnée à la Côte d’ivoire, fait qu’il y a un nouveau dynamisme qui incite les jeunes à se lever tôt, à aller travailler, à avoir des résultats la ou on travaille, à être le meilleur du groupe, à avoir des diplômes et surtout à espérer en l`avenir. Cette nouvelle mentalité est perceptible au niveau de toute la population pas seulement les jeunes, tant au niveau du public qu`au niveau du privé. Il y a une rigueur qui est en train de s’installer. En ce qui concerne la jeunesse, il y a un début de création d’emplois pour cette jeunesse qui est restée longtemps au chômage. Même s`il y a quelque chose qui doit être réglée. A ce niveau, il manque tout un mécanisme interministériel officiel, médiatisé et efficient de recensement des chômeurs et des diplômes sans emplois qui suivra également de manière exhaustive la création des emplois et l`accessibilité rationnelle, objective et équitable de tous les jeunes à l`emploi. Je le dis parce qu’à l`allure où vont les choses, il sera difficile de rendre compte des un million d`emplois promis par le Président de la République en cinq ans. Pour le reste, on sent que la jeunesse est au cœur des préoccupations du système. Plus d’une cinquantaine de députés relativement jeunes siègeront à l’Assemblée nationale et ils appartiennent à la génération de la contestation. Désormais, les ministres doivent savoir qu’aucun texte ne passera a l`assemblée comme une lettre à la poste. Il y aura des débats sérieux qui doivent porter sur les vraies préoccupations et l`avenir. Les jeunes n’iront pas pour y faire de la figuration. C’est dommage qu’on aura aussi en face des gens qui étaient déjà en première ligne dans ce pays, lorsque nous étions au primaire. Il faut qu’à un moment donné, certains sachent qu’ils doivent se retirer pour passer le relais. Parce que les jeunes sont prêts. ll y a un type nouveau de jeunes intellectuels qui ont des arguments à faire valoir.
LP : Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye pour répondre des accusations de crimes de sang et contre l’humanité à La Haye. Ses partisans ont organisé un arbre de Noël devant le siège de la Cour pénale internationale pour le soutenir. Qu’est-ce que tout cela vous inspire ?
AS : Moi, je suis foncièrement un démocrate. Mais laissez-moi vous dire tout de suite que cela me crée un problème, que moins d’une année après le massacre de plus de 3000 personnes par le FPI, des individus comme les Koua Justin et autres nous narguent dans les rues d’Abidjan. Je suis certes pour la diversité des opinions, mais honnêtement, cela me cause un problème. On veut tellement faire plaisir aux gens qu’on ne se rend pas compte que le FPI est en train de retourner la situation en sa faveur. Aujourd’hui, on a l’impression que c’est le FPI qui est la victime. Et cela me choque que des gens qui ont massacré, brûlé les gens : article 125 par ci, article D ou B par la (les LMP écrivaient D ou B sur les portes pour indiquer Dioula et Baoulé aux tueurs) pour venir faire croire que ce sont eux les victimes. Pendant la crise postelectorale, chaque jour, on dénombrait au moins 20 morts qu’on nous signalait à travers tout le pays. Faites-vous-mêmes le calcul. Mettez-vous dans la peau d’un citoyen lambda qui habitait Abobo qui recevait des obus chaque jour. Mettez-vous à la place des gens dont les parents ont été brûlés vifs à un barrage ou tout simplement massacrés. Il faut qu’on se rappelle de tous cela! Et je veux que le FPI se rappelle de cette période. Aujourd’hui, quand on écoute les gens au FPI, c’est comme s’ils viennent d’arriver de l’étranger. Pourtant, on était tous ici et nous avons vécu ensemble. Ce sont eux qui avaient les armes et ce sont eux qui tuaient. Parce que vous avez un président de la République comme Alassane Ouattara qui est trop gentil et qui tient à aller à la réconciliation, vous voulez en abuser, non il ne faut pas. Nous, nous allons mettre de l’ordre à ce niveau. Laurent Gbagbo a été transféré. Nous, nous apprêtons à organiser grande fête pour son départ à La Haye. Si vous voyez que nous ne l’avons pas encore fait, c’est parce que nous voulons que Simone Gbagbo, le général Dogbo Blé et le criminel de Blé Goudé, rattrapé dans sa cachette, suivent. Nous n’avons pas voulu faire plusieurs fêtes. Les victimes sont satisfaites du transfèrement de Laurent Gbagbo. D’ailleurs, j`ai entendu dire par ce dernier ceci au TPI: « On va aller jusqu’au bout. Moi, j’ai dirigé ce pays pendant dix ans, mais je n’ai pas fait cela ». Mais aujourd’hui, qu’il sache que l’impunité, c’est fini. Sous lui, c’était possible de tuer en toute impunité. Sous lui, il y a eu des gens qui ont massacré des citoyens. On a organisé un simulacre de procès et à la fin, ils ont été tous libérés. Mais ce n’est plus possible désormais. Desormais celui qui va se lever pour exécuter son prochain sera mis en prison. Lui, il est parti, nous attendons les autres pour faire la grande fête qui scellera définitivement la fin de l’impunité dans notre pays.
LP : Mais les exactions, il y en a eu dans les deux camps…
AS : C’est vous qui le dites.
LP : Mais il y a eu des rapports.
AS : Quels rapports ?
LP : Des organismes internationaux tels que Human Right Watch, Amnesty International et même l’ONUCI. Et pensez-vous qu’une juridiction comme la CPI puisse voir seulement les méchants dans un seul camp ? Par souci d’équilibrisme, comme c’est toujours le cas dans pareille situation.
AS : Je vais vous dire une chose. C’est un équilibrisme de mauvais aloi qui va poser problème. Parce que nous, nous n’allons pas nous asseoir tranquillement observer les gens jouer à ce jeu, rien que pour faire plaisir au camp de Gbagbo. On veut faire plaisir au camp Gbagbo en faisant des rapports pour dire les deux camps ont tués. Il faut qu’on arrête cela. Il y a des gens qui tuaient tous les jours. D’autres personnes qui étaient au nord, ont estimé qu`il fallait mettre fin à ces massacres en marchant sur Abidjan. Mais lorsqu’ils venaient à Abidjan, ce n’étaient pas des personnes qui avaient des rameaux d’olivier qui sont venus pour les accueillir. Mais ils avaient en face d’eux des mercenaires et des miliciens qui massacraient les populations. Vous attendez quoi des commandants des groupements tactiques? Qu’ils se laissent massacrer sans rien faire? Nous pensons que la communauté internationale se trompe en pensant qu’il faut équilibrer les choses. Si la crise a duré, c’est parce que justement elle voulait faire plaisir à tout le monde au lieu de dire la vérité à Laurent Gbagbo pour qu’il parte. Il y a eu des tueries pendant la guerre de part et d’autre. Mais cela s’est fait au cours des affrontements. Pour nous, il s’agit de sanctionner sévèrement ceux qui ont massacré les populations et il faut s’en tenir à cela. Ainsi, les FRCI qui sont aujourd’hui en activité sauront qu’on ne peut pas tuer en toute impunité des populations aux mains nues, au risque de se retrouver dans la situation de Laurent Gbagbo et de ses généraux.
LP : Vous avez parlé des FRCI tout à l’heure. Depuis que le président de la République est au pouvoir, pas un seul jour, où les populations ne se plaignent de leur comportement. La goutte d’eau qui a fait débordé le vase est ce qui s’est passé à Vavoua avec six morts où le président de la République a été obligé de prendre des mesures draconiennes contre elles. Que pensez-vous de ces mesures ?
AS : Je pense que le président de la République a sonné le holà et le message est bien passé. Nous condamnons toutes les dérives des FRCI de manière très énergique. Nous pensons qu’il ne faut pas que ces dernières jouent contre le pouvoir Ouattara. Parce qu’aujourd’hui, dans la tête de tout le monde, ce sont ces forces qui ont mené le combat pour le respect de la démocratie. Les FRCI n’ont donc pas intérêt à travailler contre le pouvoir Ouattara. Il est temps que les commandants prennent leurs responsabilités pour mettre de l’ordre dans les rangs des FRCI. Je connais ces commandants et je sais de quoi ils sont capables. Je veux les sentir, parce que je sais que ce sont des militaires accomplis, très regardant sur la discipline et les vertus militaires. Il s’agit de mettre de l`ordre au sein des combattants qui ont rejoint le mouvement à Abidjan. Et cette mission est hautement à la portée des commandants. C’est à eux de prendre leurs responsabilités. On espère que c’est le dernier dérapage. Il faut qu’ils mettent de l’ordre. La tâche n’est pas facile, car il y a des combattants qui n’étaient pas dans la rébellion et qui n’ont pas été formé à la discipline militaire. Et je soupçonne également des infiltrations des personnes qui n’ont pas intérêt à ce que la sécurité revienne dans nos villes. Est-ce qu’on est sûr que tous ceux qui roulent avec des véhicules estampillés FRCI et qui font le rodéo comme on le dit, sont vraiment des gens qui ont combattu ? Moi, je ne le crois pas. Il faut qu’on sache à qui on a affaire. Notre adversaire est capable de tout. Parce que très fort dans la manipulation. Il faut faire très attention et ouvrir les yeux. Car, je suis certain qu’il y a des infiltrés dans cette armée.
LP : Bientôt, il y aura un remaniement ministériel. Une chose qui a fait encore ressurgir la polémique sur le futur locataire de la Primature. Le PDCI-RDA revendique haut et fort ce poste. Parce qu’il estime c’est à lui qu’il revient. Puisque le président l’avait promis lors de la campagne présidentielle. Qu’est-ce que vous inspire toute cette polémique ?
AS : Vous voulez me faire parler, après on dira que c’est le Premier ministre Guillaume Soro qui a envoyé son petit frère Alphonse Soro pour le defendre. Il n’en est rien. Je suis son collaborateur et démocrate qu`il est, il ne nous prive pas de notre liberté de penser et de parole et j`ai mon opinion sur certaines questions en tant que dirigeant de mouvement associatif. Cela dit, j’ai une réponse à proposer. Il faut qu`on soit realiste. Premièrement, lorsque vous prenez la situation sécuritaire du pays, qui est mieux placé pour la gérer ? Deuxièmement, qui peut suivre et achever le processus de réinsertion pour permettre à ceux qui veulent être démobilisés de l’être et ceux qui veulent embrasser une carrière militaire de le faire. Troisièmement, les gens sont encore dans l’euphorie de la prise du pouvoir et oublient qu’on a affaire au FPI qui est un champion de la manipulation. Aujourd’hui, parmi les partisans de Laurent Gbagbo qui sont en exil, il y a plusieurs composantes. Vous avez celle qui est riche et qui a des milliards. Il y a également la composante militaire, on parle de plusieurs milliers de personnes. Et enfin la composante syndicalistes et politiques. Eux et nous avons fait l’école de la contestation, de l`insurrection et de la manipulation. Pensez-vous que toutes ces personnes vont rester longtemps en exil sans rien faire ? Posons-nous des questions. Aujourd`hui qui peut gérer tous cela? A moins qu`on ne souhaite le Charybde-en-Scylla à Guillaume Soro!
LP : Mais Guillaume Soro ne peut tout de même pas rester tout le temps à la Primature.
AS : Je suis d’accord avec vous qu’il ne restera pas ad-vitam aeternam Premier Ministre. Mais on est dans un processus qui évolue et les conditions se créent au fur et à mesure. Au PDCI, je dis que nous sommes tous soucieux du respect de la promesse électorale du Président Ouattara et surtout soucieux de sauvegarder l`entente et la cohésion actuelle à la tête de l`Etat. Maintenant, que le PDCI-RDA sache que le faiseur de roi n’est pas le roi. Il faut qu’au PDCI on intègre cela. Le président de la République, c`est Alassane Ouattara. Le PDCI doit tirer les leçons de ses échecs successifs. Ils ont perdu l’élection présidentielle. Ils viennent de perdre les élections législatives. Ce sont des messages clairs. Car s’ils n’y prennent garde, ils perdront plus aux élections municipales qui arrivent. Le PDCI ferait donc mieux de se concentrer et engager la réflexion sur leur appareil pour trouver des solutions à cette cascade d’échecs. Et puis on ne crée pas un parti politique pour revendiquer la Primature. On crée un parti politique pour diriger un pays en conquérant le poste de Président de la République.
LP : Mais le poste a été promis au PDCI…
AS : Il est vrai que le poste a été promis au PDCI. Mais le contexte dans lequel la promesse a été faite n’est le même que celui d’aujourd’hui. Il y a des contraintes nouvelles qui se présentent avec lesquelles il faut compter. Maintenant, si l’on veut qu’on s’amuse, il n’y a pas de problème. On peut prendre quelqu’un d’autre. Mais on aura un Premier ministre « flêkê-flêkê ». Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés. Il s’agit d’installer un système, de sécuriser un régime et de créer les conditions pour qu’il perdure afin de permettre au président de la République qui a bien commencer de continuer à travailler pour le bonheur des populations et c`est dans cela que tout le monde gagnera y compris le PDCI. C’est de cela qu’il s’agit et non des querelles de poste. C’est vraiment dommage, d’autant que cela vient d’un parti allié comme le PDCI. On est dans une alliance. Il faut que les choses se passent dans le cadre de l’alliance. Pourquoi est-ce que tout doit se décider sur la place publique ? C`est une question sensible et le Président de la République et le Président Bédié parleront et ils trouveront la bonne conduite à tenir. Donc le débat public sur cette question doit prendre fin.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly