« Tout est une question de programmation »
A la demande générale, nous republions les interviews vérité d’Affi, Aké N’Gbo et Bernard Doza. Bonne lecture à tous !
Dans votre programme, vous rêvez d’une université d’excellence et d’un centre d’expertise. Comment comptez-vous passer de la recherche fondamentale à la recherche appliquée ?
Effectivement, dans notre slogan de campagne, nous avons dit que l’université devait redevenir une université d’excellence et un centre d’expertise. L’excellence, c’est l’aspect classique, par contre le centre d’expertise relève de l’approche anglo-saxonne. Prenons le cas de l’Ufr des sciences de la terre et des ressources minières.
Vous avez des spécialistes en géologie. Ne peut-on pas tisser un partenariat avec des sociétés d’Etat, comme la Sodemi qui a besoin d’experts en la matière ? Un autre exemple, la lagune. Elle est complètement polluée. Nous avons des spécialistes à l’université à qui nous pouvons confier des études. Cela sous-entend que l’université doit se faire connaître. Elle doit communiquer, pour ne pas donner l’impression que les universitaires sont dans leur tour d’ivoire, qu’ils travaillent dans les laboratoires, et que leurs recherches n’ont rien à voir avec le quotidien.
Non. Nous pensons vraiment organiser les ressources humaines, de manière à ce que les universités puissent contribuer, par leurs recherches appliquées, à la prise de décisions et de façon véritable au développement national.
Vous avez un programme très ambitieux, bâti autour de sept axes, dont la modernisation de l’université de cocody, le renforcement des infrastructures et de l’équipement, l’amélioration des conditions de travail et de vie, etc. Pouvez-vous réaliser un tel programme en quatre ans?
Parmi ces sept axes majeurs, certains relèvent du court terme, d’autre du moyen terme et d’autres encore du long terme, surtout en ce qui concerne la modernisation de l’université de cocody. Dans le court terme, nous envisageons de mettre en place une étude prospective pour définir le schéma de développement de l’université. C e schéma va apparaître comme une boussole qui va servir à tous ceux qui auront l’occasion de présider aux destinées de cette institution.
Au niveau de l’informatisation, nous disposons déjà d’un schéma directeur informatique en cours d’exécution. Il s’agira dès lors de l’évaluer et l’adapter aux nouvelles réalités. Nous comptons également mettre un accent particulier sur la valorisation des ressources humaines. Maintenant pour ce qui porte sue la réhabilitation des infrastructures, elle peut se faire également à court et moyen terme ; quand pour le développement, il faudra plus de temps.
Toutefois, il est important de programmer et budgétiser ces infrastructures dans le cadre des projets d’investissement prioritaires au niveau de l’Etat. Notre programme prend en compte également une nouvelle gestion administrative. Dans un cadre de bonne gouvernance, il est important de faire élaborer des manuels de procédures administratives financières, pour que les responsabilités puissent être situées. Il ya des choses que nous pouvons faire pour ouvrir l’université sur l’extérieur.
Pour cela, on n’a besoin de ressources financières additionnelles. Très rapidement, nous allons nous y atteler. Le dernier axe concerne la mobilisation des ressources additionnelles. A ce niveau, il va s’agir de trouver des moyens d’engraver des ressources. Nous mettrons un point d’honneur à la création de la fondation des diplômés de l’université de Cocody, ainsi que des anciens étudiants. Les ressources mobilisées vont contribuer à appuyer l’université, dans la réalisation d’un certain nombre d’activités.
Ce programme a été fait à partir de certains constats telles les difficultés liées à l’insuffisance ou à la vétusté des infrastructures, à la surpopulation estudiantine, etc. Quelles sont vos priorités ?
Les défis sont immenses. Mais nous pensons que deux problèmes majeurs sont d’actualité. Il s’agit du chevauchement des années universitaires, notamment les années académiques 2007/2008, 2008/2009, 2009/2010, des problèmes liés à la scolarité. En ce qui concerne le chevauchement des années, il faut bien en comprendre les causes. C’est pourquoi nous envisageons de faire, très rapidement, le point avec les différents doyens, dès notre installation. Il y a effectivement des problèmes d’infrastructures ainsi que d’autres d’ordre matériel.
Pour ceux-ci, il est important de noter que les amphithéâtres sont la propriété de l’université qui les à la disposition des différentes Ufr. Nous pensons déjà qu’une meilleure programmation de leur utilisation peut contribuer à régler le problème d’infrastructures. Quant aux difficultés d’ordre matériel, à savoir le paiement des salaires, des primes ou des heures complémentaires ou supplémentaires, cela relève des autorités. Nous comptons les approcher très rapidement, pour qu’un paiement régulier se fasse, afin d’éviter tout blocage.
La meilleure programmation de l’utilisation des amphis que vous proposez contribuera-t-elle à mettre fin aux cours sur les pelouses, communément appelés les « agoras » ?
Dire que des cours se tiennent sur les pelouses, c’est exagérer un peu les choses. C’est vrai que les amphithéâtres sont surpeuplés, mais tout est une question d’organisation. Pour régler cette question, on peut, par exemple, imaginer des doubles vacations, pourvu qu’il ait des mesures d’accompagnement. En clair, des mécanismes incitatifs, pour que les collègues, les membres du personnel administratif et technique soient là pour faire le travail qu’il faut. Lorsque nous étions doyen, nous avions constaté que les délais ne nous permettaient pas d’utiliser une approche traditionnelle pour boucler nos programmes. Nous avons donc doublé les volumes horaires hebdomadaires. Ce qui nous a permis de réduire la longueur de l’année. Il faut analyser et envisager des solutions adaptées à la situation.
Vous parlez de doubler les volumes horaires, comment cela peut-il se faire dans cette institution où il y a de moins en moins d’enseignants ?
Le problème n’est pas général. C’est pour cette raison qu’il faut prendre le temps de bien regarder la situation de chaque Ufr. Parce que qu’il y en a certaines, ainsi que des départements où il y effectivement des problèmes d’amphithéâtres. Dans ces cas-là, il faut faire une programmation. Maintenant, s’il s’agit d’un déficit d’enseignants, alors il faut adapter le système d’enseignement à leur nombre réduit. On peut également recourir à des vacataires, à des enseignants missionnaires, etc. Tout ceci suppose qu’on aura pris le temps de programmer et d’anticiper. Ce n’est pas chemin faisant qu’on va se rendre compte qu’il n’y a pas d’enseignants.
Face à tous les défis, quelles seront vos sources de financements ?
L’université a deux sources de financements. Il y a la contribution de l’Etat qui fait pratiquement 95% et les ressources propres qui constituent le complément, soit 5%. Au niveau de la contribution de l’Etat, si une budgétisation de ces ressources est faite à temps, malgré les difficultés de la Côte d’Ivoire, on peut obtenir une augmentation de l’aide de l’Etat. Maintenant en ce qui concerne les ressources propres, c’est là qu’il y a le challenge. L’université regorge de compétences avec lesquelles on peut composer.
Nous comptons ajouter à cela, des partenariats avec le secteur public, la société civile, solliciter l’appui des Districts et conseils généraux, du secteur privé par la mise en place des projets fédérateurs. Avec des personnalités extérieures, nous voulons développer un partenariat gagnant-gagnant. Elles ne doivent pas être considérées comme du bétail électoral auquel on fait juste appel, tous les trois ou quatre ans. Nous comptons nous appuyer également sur les ressources générés par les études et recherches réalisées par le Centre d’expertise, de manière à engranger des ressources financières importantes. Nous avons eu à faire certaines expériences quand nous étions doyen et également chercheur au Centre de recherche micro économiquedu développement(Cremid).
A ce titre, nous avons fait des études pour des ministères, qui nous ont rapporté des ressources financières non négligeables. Il en est de même, au niveau de la Capec, où nous signons des partenariats d’appuis techniques ainsi que des conventions. Nous sommes en compétition avec d’autre s structures pour des études au niveau de la Cedeao, de l’Uemoa, des organisations internationales et au niveau national. Il y a donc possibilité d’engranger des ressources financières importantes, si l’université s’organise pour se mettre au service du développement.
Ce, à travers toutes les ressources humaines dont elle dispose.
Le Chef de l’Etat a octroyé les locaux de l’ex-Esie à l’université de cocody, mais apparemment ces locaux n’ont pas fonctionné. Quelle utilisation comptez-vous en faire ?
C’est une question importante en effet, le conseil de l’université qui est l’organe de délibération va se prononcer. S’il décide que la présidence de l’université reste délocalisée à bingerville, elle nous le dira et nous exécuterons. Maintenant, au cas où il choisit de faire revenir la présidence à cocody, sur le campus général, cela ne nous gênera pas. Toutefois, on peut exploiter autrement les locaux de Bingerville.
L’une des filières de l’Ufr de Sciences 2conomiques, notamment le programme de 3è cycle interuniversitaire, un programme sous-régional, est en train d’aménager un bâtiment sur le site, pour accueillir ce programme. On peut aussi l’élargir aux formations doctorales, aux filières professionnelles. Il faut mener une réflexion pour utiliser au mieux, les installations de Bingerville. Cela contribuera à résoudre, en outre, le problème de la surpopulation dans certaines filières.
Source Fraternité Matin N°13635 du 19 Mai 2010
A la demande générale, nous republions les interviews vérité d’Affi, Aké N’Gbo et Bernard Doza. Bonne lecture à tous !
Dans votre programme, vous rêvez d’une université d’excellence et d’un centre d’expertise. Comment comptez-vous passer de la recherche fondamentale à la recherche appliquée ?
Effectivement, dans notre slogan de campagne, nous avons dit que l’université devait redevenir une université d’excellence et un centre d’expertise. L’excellence, c’est l’aspect classique, par contre le centre d’expertise relève de l’approche anglo-saxonne. Prenons le cas de l’Ufr des sciences de la terre et des ressources minières.
Vous avez des spécialistes en géologie. Ne peut-on pas tisser un partenariat avec des sociétés d’Etat, comme la Sodemi qui a besoin d’experts en la matière ? Un autre exemple, la lagune. Elle est complètement polluée. Nous avons des spécialistes à l’université à qui nous pouvons confier des études. Cela sous-entend que l’université doit se faire connaître. Elle doit communiquer, pour ne pas donner l’impression que les universitaires sont dans leur tour d’ivoire, qu’ils travaillent dans les laboratoires, et que leurs recherches n’ont rien à voir avec le quotidien.
Non. Nous pensons vraiment organiser les ressources humaines, de manière à ce que les universités puissent contribuer, par leurs recherches appliquées, à la prise de décisions et de façon véritable au développement national.
Vous avez un programme très ambitieux, bâti autour de sept axes, dont la modernisation de l’université de cocody, le renforcement des infrastructures et de l’équipement, l’amélioration des conditions de travail et de vie, etc. Pouvez-vous réaliser un tel programme en quatre ans?
Parmi ces sept axes majeurs, certains relèvent du court terme, d’autre du moyen terme et d’autres encore du long terme, surtout en ce qui concerne la modernisation de l’université de cocody. Dans le court terme, nous envisageons de mettre en place une étude prospective pour définir le schéma de développement de l’université. C e schéma va apparaître comme une boussole qui va servir à tous ceux qui auront l’occasion de présider aux destinées de cette institution.
Au niveau de l’informatisation, nous disposons déjà d’un schéma directeur informatique en cours d’exécution. Il s’agira dès lors de l’évaluer et l’adapter aux nouvelles réalités. Nous comptons également mettre un accent particulier sur la valorisation des ressources humaines. Maintenant pour ce qui porte sue la réhabilitation des infrastructures, elle peut se faire également à court et moyen terme ; quand pour le développement, il faudra plus de temps.
Toutefois, il est important de programmer et budgétiser ces infrastructures dans le cadre des projets d’investissement prioritaires au niveau de l’Etat. Notre programme prend en compte également une nouvelle gestion administrative. Dans un cadre de bonne gouvernance, il est important de faire élaborer des manuels de procédures administratives financières, pour que les responsabilités puissent être situées. Il ya des choses que nous pouvons faire pour ouvrir l’université sur l’extérieur.
Pour cela, on n’a besoin de ressources financières additionnelles. Très rapidement, nous allons nous y atteler. Le dernier axe concerne la mobilisation des ressources additionnelles. A ce niveau, il va s’agir de trouver des moyens d’engraver des ressources. Nous mettrons un point d’honneur à la création de la fondation des diplômés de l’université de Cocody, ainsi que des anciens étudiants. Les ressources mobilisées vont contribuer à appuyer l’université, dans la réalisation d’un certain nombre d’activités.
Ce programme a été fait à partir de certains constats telles les difficultés liées à l’insuffisance ou à la vétusté des infrastructures, à la surpopulation estudiantine, etc. Quelles sont vos priorités ?
Les défis sont immenses. Mais nous pensons que deux problèmes majeurs sont d’actualité. Il s’agit du chevauchement des années universitaires, notamment les années académiques 2007/2008, 2008/2009, 2009/2010, des problèmes liés à la scolarité. En ce qui concerne le chevauchement des années, il faut bien en comprendre les causes. C’est pourquoi nous envisageons de faire, très rapidement, le point avec les différents doyens, dès notre installation. Il y a effectivement des problèmes d’infrastructures ainsi que d’autres d’ordre matériel.
Pour ceux-ci, il est important de noter que les amphithéâtres sont la propriété de l’université qui les à la disposition des différentes Ufr. Nous pensons déjà qu’une meilleure programmation de leur utilisation peut contribuer à régler le problème d’infrastructures. Quant aux difficultés d’ordre matériel, à savoir le paiement des salaires, des primes ou des heures complémentaires ou supplémentaires, cela relève des autorités. Nous comptons les approcher très rapidement, pour qu’un paiement régulier se fasse, afin d’éviter tout blocage.
La meilleure programmation de l’utilisation des amphis que vous proposez contribuera-t-elle à mettre fin aux cours sur les pelouses, communément appelés les « agoras » ?
Dire que des cours se tiennent sur les pelouses, c’est exagérer un peu les choses. C’est vrai que les amphithéâtres sont surpeuplés, mais tout est une question d’organisation. Pour régler cette question, on peut, par exemple, imaginer des doubles vacations, pourvu qu’il ait des mesures d’accompagnement. En clair, des mécanismes incitatifs, pour que les collègues, les membres du personnel administratif et technique soient là pour faire le travail qu’il faut. Lorsque nous étions doyen, nous avions constaté que les délais ne nous permettaient pas d’utiliser une approche traditionnelle pour boucler nos programmes. Nous avons donc doublé les volumes horaires hebdomadaires. Ce qui nous a permis de réduire la longueur de l’année. Il faut analyser et envisager des solutions adaptées à la situation.
Vous parlez de doubler les volumes horaires, comment cela peut-il se faire dans cette institution où il y a de moins en moins d’enseignants ?
Le problème n’est pas général. C’est pour cette raison qu’il faut prendre le temps de bien regarder la situation de chaque Ufr. Parce que qu’il y en a certaines, ainsi que des départements où il y effectivement des problèmes d’amphithéâtres. Dans ces cas-là, il faut faire une programmation. Maintenant, s’il s’agit d’un déficit d’enseignants, alors il faut adapter le système d’enseignement à leur nombre réduit. On peut également recourir à des vacataires, à des enseignants missionnaires, etc. Tout ceci suppose qu’on aura pris le temps de programmer et d’anticiper. Ce n’est pas chemin faisant qu’on va se rendre compte qu’il n’y a pas d’enseignants.
Face à tous les défis, quelles seront vos sources de financements ?
L’université a deux sources de financements. Il y a la contribution de l’Etat qui fait pratiquement 95% et les ressources propres qui constituent le complément, soit 5%. Au niveau de la contribution de l’Etat, si une budgétisation de ces ressources est faite à temps, malgré les difficultés de la Côte d’Ivoire, on peut obtenir une augmentation de l’aide de l’Etat. Maintenant en ce qui concerne les ressources propres, c’est là qu’il y a le challenge. L’université regorge de compétences avec lesquelles on peut composer.
Nous comptons ajouter à cela, des partenariats avec le secteur public, la société civile, solliciter l’appui des Districts et conseils généraux, du secteur privé par la mise en place des projets fédérateurs. Avec des personnalités extérieures, nous voulons développer un partenariat gagnant-gagnant. Elles ne doivent pas être considérées comme du bétail électoral auquel on fait juste appel, tous les trois ou quatre ans. Nous comptons nous appuyer également sur les ressources générés par les études et recherches réalisées par le Centre d’expertise, de manière à engranger des ressources financières importantes. Nous avons eu à faire certaines expériences quand nous étions doyen et également chercheur au Centre de recherche micro économiquedu développement(Cremid).
A ce titre, nous avons fait des études pour des ministères, qui nous ont rapporté des ressources financières non négligeables. Il en est de même, au niveau de la Capec, où nous signons des partenariats d’appuis techniques ainsi que des conventions. Nous sommes en compétition avec d’autre s structures pour des études au niveau de la Cedeao, de l’Uemoa, des organisations internationales et au niveau national. Il y a donc possibilité d’engranger des ressources financières importantes, si l’université s’organise pour se mettre au service du développement.
Ce, à travers toutes les ressources humaines dont elle dispose.
Le Chef de l’Etat a octroyé les locaux de l’ex-Esie à l’université de cocody, mais apparemment ces locaux n’ont pas fonctionné. Quelle utilisation comptez-vous en faire ?
C’est une question importante en effet, le conseil de l’université qui est l’organe de délibération va se prononcer. S’il décide que la présidence de l’université reste délocalisée à bingerville, elle nous le dira et nous exécuterons. Maintenant, au cas où il choisit de faire revenir la présidence à cocody, sur le campus général, cela ne nous gênera pas. Toutefois, on peut exploiter autrement les locaux de Bingerville.
L’une des filières de l’Ufr de Sciences 2conomiques, notamment le programme de 3è cycle interuniversitaire, un programme sous-régional, est en train d’aménager un bâtiment sur le site, pour accueillir ce programme. On peut aussi l’élargir aux formations doctorales, aux filières professionnelles. Il faut mener une réflexion pour utiliser au mieux, les installations de Bingerville. Cela contribuera à résoudre, en outre, le problème de la surpopulation dans certaines filières.
Source Fraternité Matin N°13635 du 19 Mai 2010