Ils s’attendaient à ce que le ministre des ressources animales et halieutiques, Kobenan Kouassi Adjoumani, vienne, hier, cautionner et entériner leur décision de chasser les pêcheurs traditionnels maliens appelés «Bozo», du lac d’Ayamé suite aux rixes du 7 janvier dernier. Mais conformément à l’esprit du «Vivre ensemble» prôné par le Président Alassane Ouattara, le ministre Adjoumani n’a pas répondu à l’attente des jeunes d’Ayamé. Il a plutôt laissé entendre ceci : «Au nom du Gouvernement, je vous invite à la cohésion. Vous savez la grave crise que nous venons de vivre. Nous ne souhaitons pas que l’embrasement de la Côte d’Ivoire parte d’Ayamé…». Ces propos n’ont pas plu aux jeunes regroupés sous une bâche de l’enceinte de l’hôtel de ville. Ces derniers indexés par les populations comme des militants Fpi et Lmp ont commencé à râler. Le ministre, se voulant apaisant, a poursuivi son plaidoyer. Mieux, quittant son fauteuil, il s’est avancé vers la foule pour mieux se faire comprendre. Mais contre toute attente, les jeunes Lmp devenaient de plus en plus agressifs dans leurs propos. Vu leur excitation, les gendarmes et policiers, debout face à eux, les contenaient. « Personne n’a le monopole de la Côte d’Ivoire pour chasser un tel. Ça là, moi, je ne suis pas venu ici pour cautionner ça », a ajouté le ministre. Il n’en fallait pas plus pour que les jeunes s’excitent davantage. Ils ont entrepris de quitter l’hôtel de ville. Et le ministre Adjoumani d’inviter alors le chef de terre à raisonner «ses» enfants. Ce qui a été fait. Mais hélas, la jeunesse Lmp n’a pas voulu entendre raison. La cérémonie a été ainsi bloquée pendant près d’une heure. Le ministre Aka Aouélé, président du Conseil général, le maire d’Ayamé, Aka Brou Blaise, le député élu d’Aboisso, N’gouan Jérémie Alfred, ont invité la chefferie à un conciabule dans les locaux de l’hôtel de ville. Tano Ano Jérôme, candidat indépendant à la députation, vainqueur en attendant la décision du Conseil constitutionnel après le recours déposé par son adversaire, le maire Aka Brou Blaise qui a présenté des éléments de fraude, n’a pas quitté son siège. C’est cet élu (?), disent des Ayamelais, qui est à l’origine du mauvais comportement de ces jeunes. Car lors de sa campagne, il aurait déclaré que s’il venait à remporter le scrutin, il chasserait tous les «Bozo» qui sont revenus à Ayamé après leur expulsion de la ville en 1998.
Des excuses à Adjoumani
Sortis du conciabule, les chefs ont présenté leurs excuses au ministre Adjoumani et sa suite. Quatre bouteilles de liqueur ont été même offertes. «Les chefs et la notabilité présentent leurs excuses et s’engagent à trouver une solution. Ils s’excusent pour le comportement de leurs enfants et petits-enfants», a traduit Marc Antoine, le maître de cérémonie, avant de présenter, lui aussi, ses propres excuses. Le président des pêcheurs lui a emboité le pas : «Veuillez nous excuser. Nous sommes déçus du comportement de nos frères», s’est-il indigné. Le ministre Adjoumani, de nouveau au micro, ne sera pas une fois de plus compris.
«On me fait dire que le jeune qui m’a parlé mal tout à l’heure est d’ethnie baoulé. C’est encore plus grave, car qu’il sache que si aujourd’hui, on chasse les « Bozo », demain, on dira de chasser les Baoulé, ensuite les Abron etc…», a-t-il à peine fini de dire que les jeunes ont encore manifesté leur mécontentement. Mais Adjoumani de poursuivre : «La Côte d’Ivoire a changé. Aujourd’hui, c’est Alassane Ouattara, le Président de la Côte d’Ivoire. Qu’on le veuille ou pas, c’est lui le Président de la République de Côte d’Ivoire. Sachez que plus rien ne sera comme avant». Ces propos ont encore mis les jeunes en transe. «On veut pas Bozo, On veut pas Bozo…» scandaient-ils. Alors qu’il peut demander au Gouvernement la suspension de la pêche à Ayamé, le ministre a dit qu’il écartait cette éventualité parce qu’il faut que les populations se nourrissent et que la Côte d’Ivoire a un besoin en poisson à couvrir. Mais à la surprise générale, les jeunes excités se sont dit favorables à la suspension de la pêche pour que plus personne ne s’aventure sur le lac du barrage d’Ayamé 1.
Une sortie difficile
Difficile était la sortie de la délégation de la cour de l’hôtel de ville. «On veut pas Bozo, on veut pas Burkinabé, on veut pas Malien», criaient les jeunes autour du cortège. La délégation du ministre, alors qu’elle se restaurait à la résidence du maire Aka Brou Blaise, a été prise à partie par les jeunes venus en ce lieu le visage noirci à l’huile de vidange. D’abord, c’est des cailloux qu’ils ont lancés au domicile du maire. Ensuite, ce sont des barricades qu’ils ont érigées sur les deux voies d’accès de la résidence. Et puis, ils ont assiégé la résidence. Les policiers et les gendarmes, loin de les brutaliser, ont cherché en vain à les calmer. Aussi des renforts de cargots de la gendarmerie sont-ils venus d’Aboisso. Le jeune Baoulé qui s’est mal illustré à l’hôtel de ville, comme gagné par les remords, s’est finalement introduit dans la résidence du maire pour se mettre à genoux pour demander pardon au ministre Adjoumani. Mais avant, il avait fait cette confidence : «C’est KB (Ndlr : le général KB de la Fesci qui est natif d’Ayamé, aujourd’hui en exil au Ghana) qui nous a envoyés ici. On a tué des gens et aujourd’hui, KB nous a abandonnés. Que vais-je devenir?». Quand il s’est agi de quitter Ayamé pour Aboisso, l’heure était encore plus grave. Le ministre Adjoumani, visiblement, a échangé plusieurs coups de fil avec le ministre de la Défense Koffi Koffi Paul et les Forces de l’ordre étaient en alerte maximale. Quand le cortège est apparu au centre-ville, les jeunes manifestants étaient encore très nombreux. Au passage du cortège, ils menaçaient et huaient. Finalement, le cortège a pu se frayer un chemin sous forte escorte des gendarmes et policiers pour regagner Aboisso. Le Préfet Seydou Gogoua Bernard a déploré cette situation. «Depuis 32 ans que je porte le Kaki, je me suis promené partout, je n’ai jamais vu ça. Vous avez humilié quelqu’un et là où il est allé se réfugier, vous venez là encore», a-t-il déploré tout abattu à l’instar du ministre Aka Aouélé qui n’a pas manqué de rappeler tous les soutiens matériel et en numéraires que ministre Adjoumani, lors de son premier passage au gouvernement, a apportés à la coopérative de pêcheurs d’Ayamé. Aux dernières nouvelles, vers 20 heures, hier, une forte délégation de sages d’Ayamé et des jeunes ont rallié Aboisso où ils ont plaidé l’implication du Préfet de région, préfet d’Aboisso, Seydou Gogoua Bernard, pour qu’ensemble, ils se rendent à Affiénou, village du ministre Aka Aouélé, pour demander une fois de plus pardon au ministre Kobenan Kouassi Adjoumani qui devait y passer la nuit.
Diarrassouba Sory, envoyé spécial
Des excuses à Adjoumani
Sortis du conciabule, les chefs ont présenté leurs excuses au ministre Adjoumani et sa suite. Quatre bouteilles de liqueur ont été même offertes. «Les chefs et la notabilité présentent leurs excuses et s’engagent à trouver une solution. Ils s’excusent pour le comportement de leurs enfants et petits-enfants», a traduit Marc Antoine, le maître de cérémonie, avant de présenter, lui aussi, ses propres excuses. Le président des pêcheurs lui a emboité le pas : «Veuillez nous excuser. Nous sommes déçus du comportement de nos frères», s’est-il indigné. Le ministre Adjoumani, de nouveau au micro, ne sera pas une fois de plus compris.
«On me fait dire que le jeune qui m’a parlé mal tout à l’heure est d’ethnie baoulé. C’est encore plus grave, car qu’il sache que si aujourd’hui, on chasse les « Bozo », demain, on dira de chasser les Baoulé, ensuite les Abron etc…», a-t-il à peine fini de dire que les jeunes ont encore manifesté leur mécontentement. Mais Adjoumani de poursuivre : «La Côte d’Ivoire a changé. Aujourd’hui, c’est Alassane Ouattara, le Président de la Côte d’Ivoire. Qu’on le veuille ou pas, c’est lui le Président de la République de Côte d’Ivoire. Sachez que plus rien ne sera comme avant». Ces propos ont encore mis les jeunes en transe. «On veut pas Bozo, On veut pas Bozo…» scandaient-ils. Alors qu’il peut demander au Gouvernement la suspension de la pêche à Ayamé, le ministre a dit qu’il écartait cette éventualité parce qu’il faut que les populations se nourrissent et que la Côte d’Ivoire a un besoin en poisson à couvrir. Mais à la surprise générale, les jeunes excités se sont dit favorables à la suspension de la pêche pour que plus personne ne s’aventure sur le lac du barrage d’Ayamé 1.
Une sortie difficile
Difficile était la sortie de la délégation de la cour de l’hôtel de ville. «On veut pas Bozo, on veut pas Burkinabé, on veut pas Malien», criaient les jeunes autour du cortège. La délégation du ministre, alors qu’elle se restaurait à la résidence du maire Aka Brou Blaise, a été prise à partie par les jeunes venus en ce lieu le visage noirci à l’huile de vidange. D’abord, c’est des cailloux qu’ils ont lancés au domicile du maire. Ensuite, ce sont des barricades qu’ils ont érigées sur les deux voies d’accès de la résidence. Et puis, ils ont assiégé la résidence. Les policiers et les gendarmes, loin de les brutaliser, ont cherché en vain à les calmer. Aussi des renforts de cargots de la gendarmerie sont-ils venus d’Aboisso. Le jeune Baoulé qui s’est mal illustré à l’hôtel de ville, comme gagné par les remords, s’est finalement introduit dans la résidence du maire pour se mettre à genoux pour demander pardon au ministre Adjoumani. Mais avant, il avait fait cette confidence : «C’est KB (Ndlr : le général KB de la Fesci qui est natif d’Ayamé, aujourd’hui en exil au Ghana) qui nous a envoyés ici. On a tué des gens et aujourd’hui, KB nous a abandonnés. Que vais-je devenir?». Quand il s’est agi de quitter Ayamé pour Aboisso, l’heure était encore plus grave. Le ministre Adjoumani, visiblement, a échangé plusieurs coups de fil avec le ministre de la Défense Koffi Koffi Paul et les Forces de l’ordre étaient en alerte maximale. Quand le cortège est apparu au centre-ville, les jeunes manifestants étaient encore très nombreux. Au passage du cortège, ils menaçaient et huaient. Finalement, le cortège a pu se frayer un chemin sous forte escorte des gendarmes et policiers pour regagner Aboisso. Le Préfet Seydou Gogoua Bernard a déploré cette situation. «Depuis 32 ans que je porte le Kaki, je me suis promené partout, je n’ai jamais vu ça. Vous avez humilié quelqu’un et là où il est allé se réfugier, vous venez là encore», a-t-il déploré tout abattu à l’instar du ministre Aka Aouélé qui n’a pas manqué de rappeler tous les soutiens matériel et en numéraires que ministre Adjoumani, lors de son premier passage au gouvernement, a apportés à la coopérative de pêcheurs d’Ayamé. Aux dernières nouvelles, vers 20 heures, hier, une forte délégation de sages d’Ayamé et des jeunes ont rallié Aboisso où ils ont plaidé l’implication du Préfet de région, préfet d’Aboisso, Seydou Gogoua Bernard, pour qu’ensemble, ils se rendent à Affiénou, village du ministre Aka Aouélé, pour demander une fois de plus pardon au ministre Kobenan Kouassi Adjoumani qui devait y passer la nuit.
Diarrassouba Sory, envoyé spécial