La réunion extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sera décisive dans la résolution de la crise malienne.
Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, veut prendre les taureaux par les cornes. Il a décidé de relever le défi lancé par les militaires maliens insurgés qui ont déposé, jeudi dernier, Amadou Toumani Touré. En sa qualité de président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Alassane Ouattara a convoqué ses pairs à une réunion extraordinaire qui se tient, demain, à Abidjan. De sources bien informées, la réunion des chefs d’Etat devrait aller au-delà de la simple condamnation du putsch intervenu, jeudi, à Bamako. Mieux, le chef de l’Etat ivoirien s’apprête à proposer à ses homologues ouest-africains, de recourir le cas échéant, à une intervention militaire pour rétablir les institutions républicaines maliennes. Il prépare donc l’argumentaire nécessaire pour convaincre ses pairs à accepter ce schéma, en phase avec la vision de la réunion d’Abuja du 17 février 2012 au terme de laquelle les chefs d’Etat de la Cedeao ont plébiscité Alassane Ouattara à la tête de l’organisation. La mission non écrite que lui ont confiée ses pairs consistait à ramener un minimum de sérénité dans la sous-région pour pouvoir mettre en route ses projets de développement. Et, au nombre des pays dans lesquels ses talents de diplomates devaient contribuer à ramener un calme, figure le Mali. Sans perdre de temps, il avait mandaté le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouédraogo, au pays des Dogons pour évaluer la situation et amorcer un dialogue entre les protagonistes de la crise malienne. Le coup de force de jeudi dernier constitue donc un pied de nez aux chefs d’Etat ouest-africains. Une raison qui vient en rajouter à la principale qui devrait amener à passer à l’offensive. Car, la raison majeure qui commande d’intervenir, militairement si besoin est, est la menace que représente le cas malien pour toute la sous-région. En renversant les institutions républicaines au Mali, les insurgés donnent, sans forcément s’en rendre compte, un coup de main aux rebelles et autres terroristes estampillés Aqmi ou Boko Haram pour s’enraciner solidement en Afrique de l’Ouest. Le besoin d’intervenir pour stopper la vague terroriste est motivé par le besoin sécuritaire à l’intérieur de tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest. Les chefs d’Etat ont aussitôt missionné les patrons des armées de la Cedeao pour définir les mesures sécuritaires nécessaires pour verrouiller la sous-région. Au terme de la réunion préparatoire d’urgence de la session du comité des chefs d’état-major de la Cedeao à Abuja, le 24 février 2012, les patrons des armées ouest-africaines avaient donné le ton. « Notre sous-région fait face à de nouvelles menaces qui entraînent la résurgence des conflits anciens, fragilisent des pans entiers de nos sociétés et menacent nos capacités de défense.
C’est le lieu d’appeler à la définition d’une politique de défense commune, à la mutualisation de nos moyens afin de juguler la poussée du terrorisme, de reprendre le contrôle de nos côtes livrées à la piraterie maritime et contenir les flux d’armes qui aggravent la criminalité, le grand banditisme », avait indiqué Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Le cas malien est donc l’exemple concret qui permet aux chefs d’Etat ouest-africains de mettre en branle, les stratégies arrêtées par leurs chefs militaires.
La crise est là et il faut la gérer !
La dimension personnelle dans la résolution préparée par Alassane Ouattara préconisant de passer à l’offensive, est liée au soutien dont lui-même a bénéficié de la part de la communauté internationale. Un soutien déterminant qui lui a permis de remporter le bras de fer post-électoral à lui imposé par Laurent Gbagbo. Un soutien dont l’homme-orchestre était l’ancien président en exercice de la Cedeao, le nigérian Goodluck Jonathan. Dans la posture de leader de la sous-région ouest-africaine, on peut aisément deviner que M. Ouattara est habité par le souci de renvoyer l’ascenseur à un autre démocrate en mauvaise posture dans son pays. D’où l’idée de défendre un schéma d’intervention militaire en cas d’échec des discussions pour amener les putschistes à la raison. « Il s’agit d’envoyer un signal fort à tous les putschistes pour éviter qu’ils ramènent la sous-région trop en arrière. C’est une question de principe », justifie un diplomate. Une option partagée par Paris qui exgige le retour du président Amadou Toumani Touré. Position rendue publique, hier, par Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération. Selon des sources concordantes, plusieurs présidents ouest-africains ont déjà marqué leur adhésion à la résolution de M. Ouattara. Reste à convaincre quelques sceptiques qui se recrutent parmi les voisins du Mali. D’ailleurs, le président ivoirien en fait une affaire personnelle, assure une source diplomatique, c’est aussi à cause de la proximité avec la Mali. En effet, Abidjan et Bamako partagent une longue frontière (532 km) que les adversaires armés d’Alassane Ouattara pourraient être tentés d’utiliser, eux qui cherchent depuis longtemps, une base-arrière pour leurs opérations. « Le danger du coup d’Etat au Mali, c’est qu’il peut conduire à l’effritement de ce pays. Or, l’effritement du Mali pourrait ouvrir la voie à la désagrégation de toute la sous-région, notamment en Côte d’Ivoire où la stabilité n’est pas encore totalement revenue », analyse un diplomate africain. Par mesure de prudence, tous les pays partageant une frontière avec le Mali, l’ont fermée. Mais, pour combien de temps?
Marc Dossa
Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, veut prendre les taureaux par les cornes. Il a décidé de relever le défi lancé par les militaires maliens insurgés qui ont déposé, jeudi dernier, Amadou Toumani Touré. En sa qualité de président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Alassane Ouattara a convoqué ses pairs à une réunion extraordinaire qui se tient, demain, à Abidjan. De sources bien informées, la réunion des chefs d’Etat devrait aller au-delà de la simple condamnation du putsch intervenu, jeudi, à Bamako. Mieux, le chef de l’Etat ivoirien s’apprête à proposer à ses homologues ouest-africains, de recourir le cas échéant, à une intervention militaire pour rétablir les institutions républicaines maliennes. Il prépare donc l’argumentaire nécessaire pour convaincre ses pairs à accepter ce schéma, en phase avec la vision de la réunion d’Abuja du 17 février 2012 au terme de laquelle les chefs d’Etat de la Cedeao ont plébiscité Alassane Ouattara à la tête de l’organisation. La mission non écrite que lui ont confiée ses pairs consistait à ramener un minimum de sérénité dans la sous-région pour pouvoir mettre en route ses projets de développement. Et, au nombre des pays dans lesquels ses talents de diplomates devaient contribuer à ramener un calme, figure le Mali. Sans perdre de temps, il avait mandaté le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouédraogo, au pays des Dogons pour évaluer la situation et amorcer un dialogue entre les protagonistes de la crise malienne. Le coup de force de jeudi dernier constitue donc un pied de nez aux chefs d’Etat ouest-africains. Une raison qui vient en rajouter à la principale qui devrait amener à passer à l’offensive. Car, la raison majeure qui commande d’intervenir, militairement si besoin est, est la menace que représente le cas malien pour toute la sous-région. En renversant les institutions républicaines au Mali, les insurgés donnent, sans forcément s’en rendre compte, un coup de main aux rebelles et autres terroristes estampillés Aqmi ou Boko Haram pour s’enraciner solidement en Afrique de l’Ouest. Le besoin d’intervenir pour stopper la vague terroriste est motivé par le besoin sécuritaire à l’intérieur de tous les Etats de l’Afrique de l’Ouest. Les chefs d’Etat ont aussitôt missionné les patrons des armées de la Cedeao pour définir les mesures sécuritaires nécessaires pour verrouiller la sous-région. Au terme de la réunion préparatoire d’urgence de la session du comité des chefs d’état-major de la Cedeao à Abuja, le 24 février 2012, les patrons des armées ouest-africaines avaient donné le ton. « Notre sous-région fait face à de nouvelles menaces qui entraînent la résurgence des conflits anciens, fragilisent des pans entiers de nos sociétés et menacent nos capacités de défense.
C’est le lieu d’appeler à la définition d’une politique de défense commune, à la mutualisation de nos moyens afin de juguler la poussée du terrorisme, de reprendre le contrôle de nos côtes livrées à la piraterie maritime et contenir les flux d’armes qui aggravent la criminalité, le grand banditisme », avait indiqué Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Le cas malien est donc l’exemple concret qui permet aux chefs d’Etat ouest-africains de mettre en branle, les stratégies arrêtées par leurs chefs militaires.
La crise est là et il faut la gérer !
La dimension personnelle dans la résolution préparée par Alassane Ouattara préconisant de passer à l’offensive, est liée au soutien dont lui-même a bénéficié de la part de la communauté internationale. Un soutien déterminant qui lui a permis de remporter le bras de fer post-électoral à lui imposé par Laurent Gbagbo. Un soutien dont l’homme-orchestre était l’ancien président en exercice de la Cedeao, le nigérian Goodluck Jonathan. Dans la posture de leader de la sous-région ouest-africaine, on peut aisément deviner que M. Ouattara est habité par le souci de renvoyer l’ascenseur à un autre démocrate en mauvaise posture dans son pays. D’où l’idée de défendre un schéma d’intervention militaire en cas d’échec des discussions pour amener les putschistes à la raison. « Il s’agit d’envoyer un signal fort à tous les putschistes pour éviter qu’ils ramènent la sous-région trop en arrière. C’est une question de principe », justifie un diplomate. Une option partagée par Paris qui exgige le retour du président Amadou Toumani Touré. Position rendue publique, hier, par Henri de Raincourt, ministre français de la Coopération. Selon des sources concordantes, plusieurs présidents ouest-africains ont déjà marqué leur adhésion à la résolution de M. Ouattara. Reste à convaincre quelques sceptiques qui se recrutent parmi les voisins du Mali. D’ailleurs, le président ivoirien en fait une affaire personnelle, assure une source diplomatique, c’est aussi à cause de la proximité avec la Mali. En effet, Abidjan et Bamako partagent une longue frontière (532 km) que les adversaires armés d’Alassane Ouattara pourraient être tentés d’utiliser, eux qui cherchent depuis longtemps, une base-arrière pour leurs opérations. « Le danger du coup d’Etat au Mali, c’est qu’il peut conduire à l’effritement de ce pays. Or, l’effritement du Mali pourrait ouvrir la voie à la désagrégation de toute la sous-région, notamment en Côte d’Ivoire où la stabilité n’est pas encore totalement revenue », analyse un diplomate africain. Par mesure de prudence, tous les pays partageant une frontière avec le Mali, l’ont fermée. Mais, pour combien de temps?
Marc Dossa