6,5 millions, ça en vaut la peine. Au lendemain du premier tour du scrutin présidentiel français, les 17,8% du Front National changent la donne. Marine Le Pen fait bouger les deux premiers que sont François Hollande et Nicolas Sarkozy. Tous les deux sont arrivés très tôt à leur quartier général de campagne où ils ont tenu de longues réunions avec leur état-major. « C’est normal avec ce score de l’extrême droite », justifie J. Damos un bénévole rencontré Rue de la Convention chez Sarkozy. Aux nombreux journalistes présents, il donne l’agenda du candidat pour lundi et mardi. « On ne peut pas mieux, avoue-t-il. Tout ça se fera en fonction de l’adversaire ». « Et aussi de Marine Lepen, non ? », raille un journaliste. Il a sans doute raison. Puisque à sa sortie de réunion, le Président sortant ne se débine pas sur les voix de l’extrême droite. « Les électeurs du FN doivent être respectés », affirme-t-il. Pour lui, leurs suffrages est un «vote de souffrance» qu’il compte bien soulager. «Il faut respecter le vote des électeurs, notre devoir c`est de l`entendre. Il y a ce vote de crise qui a doublé d`une élection à l`autre, c`est à ce vote de crise qu`il faut apporter une réponse, a déclaré le candidat UMP à la presse. Les électeurs du Front national doivent être respectés. Ils ont fait un choix, ils ont exprimé un choix. C`est un vote de souffrance, un vote de crise, pourquoi les insulter ? ». Ce sera sa ligne pour l’entre-deux-tours. Pour rallier les électeurs de Marine Le Pen. Même ligne pour son adversaire François Hollande. Lui aussi est arrivé assez tôt à son quartier général de Ségur. Après trois heures de réunion, il a planté les journalistes pour s’envoler pour la province, en Bretagne. Là-bas lui aussi s’engage à «entendre» le Front National. «Nous devons les entendre, a-t-il déclaré. (…) ces hommes et ces femmes qui ne savent plus vers qui se tourner et vont vers des vents mauvais». Voilà, tous les deux candidats cajolent les militants l’extrême droite. Marine Le Pen devrait arbitrer. Pourtant. «Ce n’est pas moi l’arbitre, jubile-t-elle cependant. Ce sont les français». Des français qu’elle compte toutefois bien utiliser pour les législatives à venir.
KIGBAFORY Inza,
Envoyé spécial à Paris
KIGBAFORY Inza,
Envoyé spécial à Paris
