«Bonsoir papa ou bonsoir maman. Je suis l’évangéliste X. je suis venu prêcher la parole de Dieu, mais comme vous-même le constatez, les temps sont durs maintenant. Je suis à cours d’argent, est-ce que vous pouvez m’aider à me payer le transport pour que je retourne à la maison ? ». C’est ainsi qu’ils vous abordent. Eux, ce sont des individus qui prétendent annoncer « la Bonne Nouvelle » de Jésus-Christ. Ils sont parfois en de petits groupes (hommes et femmes), ou bien, ils opèrent seuls. Après une telle interpellation, qui n’aimerait pas apporter aide et secours à un « homme de Dieu » en détresse ? Vu que la somme qu’il (elle) demande est souvent dérisoire. La personne ou la dame qui vous aborde est d’une apparence très soignée. Elle tient en main une Bible et apparemment, a tout l’air d’un Homme sérieux. Tout de suite, vous-vous dites que vu que c’est une modique somme qu’il (elle) vous réclame, n’eut été les réelles difficultés auxquelles cette personne serait confrontée, elle n’oserait pas vous aborder pour attendre de vous, des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais là où le bât blesse, c’est que les 100 F CFA qu’il (elle) réclame pour assurer le transport retour, il (elle) le réclame également à plusieurs autres personnes à la fois. En un mot, c’est une rengaine pour eux. La même personne vous abordera dans les mêmes environs en des jours différents, mais toujours avec le même refrain : « Je suis l’évangéliste X. je viens d’achever une séance d’évangélisation et je suis en manque d’argent. Pouvez-vous me compléter pour que je puisse regagner mon domicile ? ». Petit calcul arithmétique : supposons que 5 à 10 personnes lui remettent 100 FCfa. Cela lui fait entre 500F et 1000 F CFA par jour. Du coup, il (elle) se trouve être au-dessus du seuil de pauvreté (1dollar us soit 500F/Jour). Et cela, en se sucrant sur le dos des autres. Intriguez par cette autre forme de mendicité qui ne dit pas son nom et qui porte atteinte à l’honorabilité du créateur, nous avons approché des hommes de Dieu avisés, pour en avoir le cœur net. Pour le pasteur, B.G, lorsque Dieu donne la vision, il donne aussi la provision. En d’autres termes, poursuit-il, Dieu ne saurait confier une tâche ou une mission à quelqu’un sans lui en avoir donné les moyens au préalable. Sinon, ajoute-t-il, il l’avise de ce qui l’attend. Au pire des cas, il donne à ce dernier, la force de pouvoir surmonter ces épreuves. Pour l’évangéliste Martin K, un homme de Dieu peut avoir recours à un autre homme. Car, c’est à travers l’homme que Dieu bénit son prochain, admet-il. Là où il marque son désaccord face à cette pratique, c’est qu’elle frise « la mendicité, l’arnaque et est en désaccord total avec les principes bibliques », avoue-t-il. Il en veut pour preuve, le prophète Elie qui dans le désert a été nourri par les corbeaux. Aussi, convient-il avec le Seigneur Jésus-Christ qui pouvait dire à ses disciples : « bande d’incrédules, pourquoi vous inquiétez-vous pour peu ? ». Pour certaines victimes de cette pratique, le salut est personnel. Elles soutiennent que ces piécettes ne diminuent en rien leur argent et qu’elles peuvent leur en donner autant de fois. D’autres par contre soutiennent ne plus se laisser manipuler. Diagou M, lui, s’en remet à l’approche des uns et des autres ainsi qu’au contenu de leur message. « Par leur manière de t’approcher et en fonction du message qu’ils véhiculent, je me laisse emporter si mon cœur m’en dit », lâche t-il. Mais ces annonceurs de «bonne nouvelle », n’ont de nouvelles que les concernant. On les rencontre à tous les coins de rue. Jamais, ne les verriez-vous en train de prêcher. Ils ont toujours fini d’évangéliser.
Société Publié le samedi 19 mai 2012 | L’intelligent d’Abidjan