Le lundi 27 août dernier, le ministre gambien de l'Intérieur a annoncé l'exécution de 9 condamnés à mort. La nouvelle a choqué le monde entier qui réitère sa demande de clémence au président Jammeh pour le reste des prisonniers. Mais au fait, l'homme fort de Banjul n'a fait que mettre au grand jour, des pratiques qui sont monnaie courante sur le continent.
Des condamnés à mort alignés et passés au poteau par un peloton d'exécution, la scène est plutôt rare depuis un moment en Afrique. Le phénomène est moins récurrent depuis que les organisations de défense des droits de l'homme notamment Amnesty International, multiplient les campagnes pour l'abolition de la peine capitale. Mais le lundi 27 août 2012, le président gambien s'est illustré comme un nostalgique de ce passé peu reluisant. Lorsqu'il a annoncé dans un message à la nation le 19 août dernier, sa décision de faire exécuter tous les condamnés qui se trouvent dans le couloir de la mort, beaucoup, sauf peut-être le président en exercice de l'Union Africaine, le béninois Boni Yayi, avaient pensé à un coup de bluff de ce dirigeant dont les loufoqueries rappellent l'époque où l'inénarrable Idi Amin Dada, régnait sur l'Ouganda. L'émissaire envoyé par le président béninois, en l'occurrence son ministre des Affaires étrangères Arifari Bako, n'a pu hélas dissuader le président gambien de mettre à exécution son projet. C'est donc avec stupéfaction que le monde a appris la nouvelle de l'exécution des condamnés. De Paris à Dakar, les récriminations fusent. Parlant du dirigeant gambien, Alioune Tine, le président de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme, (RADDHO), dira que « c'est un cas de folie à la tête d'un Etat, un paranoïaque à la tête de la Gambie et c'est dangereux pour l'Afrique ». Mais au-delà de l'émotion suscitée par cette application de la peine de mort, on peut se demander si la sentence suprême est réellement en recul aujourd'hui en Afrique. Dans nombre d'Etats africains, la signature de la charte abolissant la peine capitale fait partie d'un ensemble de textes que ces pays ont ratifiés, mais qui en réalité ne sont que du vernis démocratique destiné à faire passer ces pseudo démocraties pour de vraies. Dans les prisons du continent en effet, les compartiments des criminels sont de véritables mouroirs où crèvent quotidiennement de faim ou de maladies, des prisonniers. Les exécutions extra- judiciaires, les tortures suivies de mort, et autres mauvais traitements, pratiques très répandues dans les lieux de détention et lors des interventions de la police ou de l'armée, ne sont pas plus excusables que l'acte posé par le président gambien. Yahia Jammeh pourrait demander à ceux qui s'émeuvent de son geste, de comparer l'acte qu'il a posé avec ce qui s'est passé le 16 août 2012 à la mine de platine de Marikana en Afrique du Sud. 34 mineurs qui protestaient ce jour contre les salaires de misère qu'ils reçoivent, ont été arrosés de balles comme de dangereux criminels par la police. Cette scène qui rappelle bien le châtiment que faisaient subir les Blancs aux Noirs à l'époque de l'Apartheid, n'est-elle pas plus grave que ce qu'on reproche au dirigeant gambien ?
Charles d'Almeida
Des condamnés à mort alignés et passés au poteau par un peloton d'exécution, la scène est plutôt rare depuis un moment en Afrique. Le phénomène est moins récurrent depuis que les organisations de défense des droits de l'homme notamment Amnesty International, multiplient les campagnes pour l'abolition de la peine capitale. Mais le lundi 27 août 2012, le président gambien s'est illustré comme un nostalgique de ce passé peu reluisant. Lorsqu'il a annoncé dans un message à la nation le 19 août dernier, sa décision de faire exécuter tous les condamnés qui se trouvent dans le couloir de la mort, beaucoup, sauf peut-être le président en exercice de l'Union Africaine, le béninois Boni Yayi, avaient pensé à un coup de bluff de ce dirigeant dont les loufoqueries rappellent l'époque où l'inénarrable Idi Amin Dada, régnait sur l'Ouganda. L'émissaire envoyé par le président béninois, en l'occurrence son ministre des Affaires étrangères Arifari Bako, n'a pu hélas dissuader le président gambien de mettre à exécution son projet. C'est donc avec stupéfaction que le monde a appris la nouvelle de l'exécution des condamnés. De Paris à Dakar, les récriminations fusent. Parlant du dirigeant gambien, Alioune Tine, le président de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l'Homme, (RADDHO), dira que « c'est un cas de folie à la tête d'un Etat, un paranoïaque à la tête de la Gambie et c'est dangereux pour l'Afrique ». Mais au-delà de l'émotion suscitée par cette application de la peine de mort, on peut se demander si la sentence suprême est réellement en recul aujourd'hui en Afrique. Dans nombre d'Etats africains, la signature de la charte abolissant la peine capitale fait partie d'un ensemble de textes que ces pays ont ratifiés, mais qui en réalité ne sont que du vernis démocratique destiné à faire passer ces pseudo démocraties pour de vraies. Dans les prisons du continent en effet, les compartiments des criminels sont de véritables mouroirs où crèvent quotidiennement de faim ou de maladies, des prisonniers. Les exécutions extra- judiciaires, les tortures suivies de mort, et autres mauvais traitements, pratiques très répandues dans les lieux de détention et lors des interventions de la police ou de l'armée, ne sont pas plus excusables que l'acte posé par le président gambien. Yahia Jammeh pourrait demander à ceux qui s'émeuvent de son geste, de comparer l'acte qu'il a posé avec ce qui s'est passé le 16 août 2012 à la mine de platine de Marikana en Afrique du Sud. 34 mineurs qui protestaient ce jour contre les salaires de misère qu'ils reçoivent, ont été arrosés de balles comme de dangereux criminels par la police. Cette scène qui rappelle bien le châtiment que faisaient subir les Blancs aux Noirs à l'époque de l'Apartheid, n'est-elle pas plus grave que ce qu'on reproche au dirigeant gambien ?
Charles d'Almeida