Face à la détérioration du climat sociopolitique, Charles Konan Banny, a décidé de jouer son va-tout. Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation que certains observateurs ont souvent accusé de tourner en rond, a entrepris de renouer le fil du dialogue entre les partis politiques. En la matière, il n’est pas à sa première tentative. En mai dernier, alors que le dialogue pouvoir-opposition montrait des signes d’essoufflement, Charles Konan Banny a engagé une large consultation avec les principales formations politiques. « Pour nous, les populations ivoiriennes s’entendent très bien là où elles sont. Mais ce sont les hommes politiques qui instrumentalisent l’ethnie, la religion, la région et qui empoisonnent cette vie. Nous pensons donc que ce serait bien que la Commission considère comme prioritaire la mise en place d’une opération qui puisse permettre aux hommes politiques de se parler d’abord. Nous ne pouvons pas vouloir réconcilier les Ivoiriens si nous-mêmes qui faisons la politique au quotidien, restons avec la haine, le manque de confiance, nos peurs et nos lâchetés », lui avait confié Mamadou Koulibaly, le président de Liberté et démocratie pour la République (Lider), à l’occasion de ces rencontres. Plus de quatre mois après, les choses ont empiré. Et M. Konan Banny remonte au créneau. Le bon diagnostic a-t-il été posé ? Pas sûr puisqu’hier, au sortir de sa rencontre avec le président de la Cdvr, le Front populaire ivoirien (Fpi), considéré comme le problème, a bien donné l’impression de n’avoir pas varié dans son discours. Se déclarant victime d’acharnement de la part du gouvernement qui refuserait de discuter avec eux, les responsables du Fpi ont remis sur la table leurs principales exigences : libération des détenus, dégel des avoirs des cadres du parti, la reprise des législatives, la reprise du découpage électoral, le retour à l’Accord politique de Ouagadougou, etc. «Voilà des gens qui disent qu’ils sont prêts à entrer dans un gouvernement et qui continuent de s’accrocher à des préalables non-négociables. Nous avancerons sans eux parce que leur souci est de tirer le pays vers le bas. La réconciliation dont on parle tant ne doit pas être considérée comme la satisfaction des caprices du Fpi mais le retour de la concorde entre les Ivoiriens », a réagi hier, hors micro, un haut responsable du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), la coalition au pouvoir. Dialogue de sourd ? On n’en est pas loin.
Marc Dossa
Marc Dossa