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Art et Culture Publié le jeudi 17 janvier 2013 | Le Patriote

Lutte contre le piratage des œuvres de l’esprit de l’esprit : Il faut que l’Etat joue son rôle

En décidant de susciter une concertation avec les parties intéressées sur les politiques de lutte contre le piratage des œuvres de l’esprit, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), même s’il ne le dit pas ouvertement, a lancé implicitement la balle dans le camp de l’Etat. D’ailleurs, à l’issue des deux jours de travaux, les participants ont admis que la lutte contre le piratage des œuvres de l’esprit incombe à l’Etat. Et ils n’ont pas tort, alors-là pas du tout. Il faut le dire tout net, si la prolifération des œuvres culturelles contrefaites a atteint cette proportion, cela est dû à l’indifférence de l’Etat de Côte d’Ivoire face à cette gangrène, depuis plus d’une décennie. Oui, c’est la faute à l’Etat qui n’a jamais voulu, on ne sait pas trop pourquoi, jouer son rôle régalien de protection des œuvres de l’esprit. Sinon comment comprendre que ces produits frauduleux puissent être vendus au Grand carrefour de Koumassi, à Adjamé Boulevard Nangui Abrogoua en face de la grande mosquée de cette commune, et sur bien d’autres espaces publics, en toute impunité, parfois au nez et à la barbe des forces de l’ordre.

C’est comme si le faux était… légalisé. Comme sous l’ancien régime, les pirates ne sont pas vraiment inquiétés aujourd’hui. Avec le départ des frontistes du pouvoir, les artistes avaient espéré sérieusement que des décisions fortes seraient prises contre ces fraudeurs. Hélas, jusque-là, rien de concret véritablement. Certes, le ministère de la Culture et de la Francophonie a installé la Brigade de lutte contre ce fléau dans ses locaux, a doté le Burida de nouveaux véhicules pour mieux accroître son assiette de perception des droits d’auteurs. Mais contre les pirates, on a rien vu. Ni la législation contre eux n’a été durcie, ni la Brigade n’a vraiment été doté en moyens logistiques et humains pour traquer les pirates. Elle essaie de montrer qu’elle existe avec quelques descentes sporadiques sur le terrain. Au cours de l’atelier de vendredi et samedi derniers, le patron de la Brigade, le Commissaire Idrissa Diarrassouba a dressé le bilan pour le moins flatteur, au titre de l’année 2012, des actions menées par sa structure. Selon lui, 140 missions ont été réalisées, pour 889 personnes interpellées et 280 000 supports piratés saisis. Apparemment, cela semble être une bonne prise. Mais, sur le terrain, le constat est implacable. Il y encore davantage d’œuvres illicites, peut-être même 10 fois plus que celles saisies par le Commissaire Diarrassouba et ses hommes.

Impuissants face à ce phénomène, qui a pris, il est vrai, une ampleur inquiétante, les artistes, le burida et les parties concernées s’en remettent à l’Etat. D’où leur volonté de lui remettre un livre blanc, qui ressasse les conséquences de ce fléau sur le monde artistique, et regroupe leurs recommandations pour le juguler.
En demandant que le piratage des œuvres de l’esprit soit érigé au rang de crime économique ou encore en exigeant des mesures plus coercitives contre les pirates, ils ne demandent qu’une seule chose : un vrai engagement de l’Etat, à mettre fin ce trafic honteux. Autant il se bat pour que les Ivoiriens vivent mieux, autant il devrait se battre pour que les artistes, qui croulent sous le poids de la misère, ne meurent pas dans l’indigence. Tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas vivre décemment de leur art.
C’est donc ni plus moins un signal fort qu’ils attendent, cette année, de l’Etat, à travers bien entendu leur ministère de tutelle. Ce qu’ils veulent avant tout, c’est la fin de cette impunité dont jouissent les pirates. Que l’Etat prenne dans l’immédiat la décision, arrêté ministériel ou décret présidentiel, d’interdire la vente sur toute l’étendue du territoire national des supports frauduleux, en enjoignant les «corps habillés» de la faire respecter. Même si elle n’endiguera pas d’un coup, telle une baguette magique, ce fléau, cette mesure aura au moins le mérite de faire prendre conscience aux pirates qu’ils ne peuvent plus écouler librement leurs produits illicites. Et nul ne doute que, ces CD piratés qui pullulent à tous les coins de rue, disparaitront subitement. Ce serait déjà un grand pas dans la lutte contre ce fléau, qui menace l’existence des artistes. Et de l’art en général en Côte d’Ivoire. En attendant, naturellement, d’autres mesures pour booster l’industrie culturelle, singulièrement musicale.
Les artistes ont désormais les yeux rivés sur l’Etat. Il est temps qu’il agisse s’il ne veut pas les voir mourir…

Y. Sangaré
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