Vingt tableaux grandeur nature cernent, dans une vaste salle d’exposition, une installation assez singulière, mais à la force thématique indéniable. Une voiture d’un vif rouge, qui rappelle le sang, bariolée de diverses coupures de la presse ivoirienne, africaine et même internationale. Dans une scénographie assez intéressante, cette exposition met en lumière depuis le 1er février et ce jusqu’au 16 mars prochain, à la galerie Cécile Fakhoury, située à Cocody, les œuvres de Cheikh Ndiaye, artiste peintre et photographe sénégalais. Le vernissage a eu lieu vendredi, en début de soirée, devant un parterre d’invités dont des artistes plasticiens, des amateurs et collectionneurs d’art. Intitulée «(I)n(f)ormal visitation», cette exposition donne à voir, autour de cette installation, une série de peintures sur les cinémas désaffectés au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Cheikh Ndiaye invite à regarder autrement ces bâtiments à l’architecture particulière, construits au lendemain des indépendances sur le continent. Ils symbolisaient, pour les dirigeants africains d’alors, l’entrée dans une nouvelle ère certes de liberté, mais surtout de modernité. Le travail de ce peintre urbaniste nous rappelle que ces édifices, quoique abandonnés ou pas fonctionnels, n’en demeurent pas le témoignage d’une époque. Ce qui est aussi intéressant chez Cheikh Ndiaye, c’est qu’il ne perd pas de vue le fait que, même si ces cinémas ont perdu aujourd’hui leur fonction originelle, ils servent à d’autres usages que l’artiste matérialise avec habileté. Et dans ces œuvres, on y voit des ateliers, des étals de commerce, des échoppes… qui entretiennent la vie autour de ces cinémas morts. Dans cette exposition, l’installation, baptisée « Red reflex », qu’il propose, est une pertinente réflexion sur la liberté d’expression. Les coupures de presse aux titres évocateurs, que Cheick Ndiaye sert, montrent le rôle important que les médias jouent dans la frénésie des manifestations populaires. De toute évidence, c’est une exposition qui impressionne par le talent de cet artiste, qui s’intéresse particulièrement à l’architecture, au design et à l’urbanisme. Diplômé de l’École Nationale des Arts de Dakar et de l’École Supérieure des Beaux-arts de Lyon, Cheick Ndiaye partage son temps entre New-York, Dakar et Lyon. Ses peintures, photographies et installations s’inspirent, en général, des mythes, des légendes et des contes africains, et de la manière dont ils influencent les codes sociaux. En mai 2012, il figurait parmi les artistes sélectionnés pour la 10ème Biennale de l’art africain contemporain de Dakar ( Dak’Art).
YS
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