Rappeur engagé, Yao Billy Serge, plus connu sous l’appellation de Billy Billy, était hier face à la presse au Stand Up, une discothèque située à Cocody. L’occasion était belle pour lui pour certes parler de sa nouvelle œuvre musicale intitulée « Avant-propos». Un maxi single, de quatre titres, qui puisent leur base rythmique dans le groove, histoire pour l’artiste de faire danser le public tout en le conscientisant. Aussi a-t-il dit, comme il en a l’habitude, avec fracas ce qu’il pense. Sans porter de gants, il a ouvertement, au cours de cette causerie avec les journalistes, accusé la RTI (Radiodiffusion Télévision Ivoirienne) de le censurer, à cause de ses textes engagés, particulièrement les paroles de sa chanson « Ma Lettre au Président ». De même, il a laissé entendre qu’il ne croyait nullement en la réconciliation en Côte d’Ivoire. En tout cas, pas pour maintenant, voire dans …50 ans ! Billy Billy, tout feu, tout flamme. Morceaux choisis.
“Ce que le Président Ouattara m’a confié”
«Le Président de la République m’a félicité pour le fait que j’ai eu le culot de dire ce que je pense. Selon ses mots, il y a des choses qui se trament dans son dos. Grâce à ma chanson, il a pu s’apercevoir de beaucoup de choses. Il m’a dit : ‘’Félicitations Billy Billy. Si un dirigeant moderne qui veut diriger la Côte d’Ivoire n’écoute pas Billy Billy, il va cogner le mur. Parce que tu es le cordon ombilical entre le peuple et le pouvoir. Franchement, je te reconnais mon garçon. Je vais voir mon programme avec la demoiselle qui t’a eu au téléphone pour que je puisse te recevoir. Ne quitte pas je te passe ta maman ‘’. La première Dame prend le téléphone et me félicite, à son tour, pour ma chanson (ndlr, « Ma Lettre au Président »), mon état d’esprit et mon moral. Et puis elle m’a posé des questions sur certaines paroles de ce titre, notamment la partie où je dis qu’il y a un gardien qui se promène avec un compteur. Elle m’a demandé de qui je parle. Je lui ai répondu que c’était un secret professionnel. Nous nous sommes marrés. Et le couple présidentiel a promis me recevoir. Cela dit, je n’ai pas fait cette chanson pour être reçu par le Président de la République. Je l’ai faite pour juste dire haut ce que le peuple pense bas. Je n’ai donc pas fait cela pour un objectif lucratif, mais plutôt en tant que conscience publique et éveilleur de conscience. Et je l’assume.»
“Depuis que je sors des albums, j’ai toujours été victime de censure”
«Je préparais une émission (« Samedi, ça me dit ») avec la RTI. A quelques jours de l’enregistrement, la présentatrice Nahomi m’a convié avec les autres artistes à une séance de travail. C’est ainsi qu’elle m’a fait savoir que ses patrons ne voulaient pas que je passe à la télé parce que mes chansons ne cadraient pas avec la réconciliation et qu’elles étaient très engagées. Billy Billy à la télévision, jusqu’à nouvel ordre on n’en a pas besoin. Pourtant, même dans 50 ans, on ne pourra jamais se réconcilier. C’est donc comme si on m’interdisait de passer à l’antenne pendant 50 ans. Depuis que je sors des albums, j’ai toujours été victime de censure. Mais, personne qui a le courage de s’arrêter devant moi pour me dire que c’est lui qui a donné l’ordre pour qu’on censure Billy Billy. Je suis un citoyen libre. Sur ma facture de CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité), il est marqué 2000 FCFA au titre de la redevance. J’ai donc le droit de passer à la télé. Je n’ai donc pas besoin d’aller voir Aka Sayé Lazare (DG de la RTI) pour que je puisse passer à la télé. Comme je suis victime de censure, je préfère saisir la presse qui est une arme pour porter cette information à la connaissance du grand public ivoirien. Personne n’a le droit de me priver de passage à la télé. »
“Je ne chante pas pour des dessous de table”
«Je ne chante pas pour des dessous de table. A chaque sortie d’album, je sais qui j’ai au bout du téléphone. Si je voulais chanter pour des dessous de table, je ne serais pas en train de circuler encore dans ma vieille voiture. Nous sommes des révolutionnaires et non des griots. Si j’ai fait « Ma Lettre au Président », ce n’est pas parce que j’attends quelque chose en retour. Je tiens à dire que je n’ai jamais fait de campagne pour le RDR. Comme je chantais « Wassakara » et que les responsables de ce parti alors dans l’opposition ont voulu faire une campagne politique dans ce quartier, ils m’ont demandé d’être là. Ce que j’ai accepté, parce que c’est mon quartier. Les gens ont interprété cela comme ils le voulaient. Chacun a dit ce qu’il pensait. Mais, je suis resté serein. J’ai reçu le candidat du RDR à la Présidentielle de 2010. Je lui ai fait visiter le quartier en lui présentant la décrépitude dans laquelle on vivait. Et je lui ai dit qu’à travers Wassakara, il devait voir tous les quartiers défavorisés où il y a beaucoup de gens qui donnent leur poitrine pour installer les dirigeants au pouvoir.»
“Une partie de la population ne se sent pas concernée par la réconciliation”
«J’ai participé à la caravane de la réconciliation comme tout jeune citoyen qui a participé à la guerre. Chacun à son niveau est coupable de ce qu’il s’est passé en Côte d’Ivoire : journalistes, militaires, hommes politiques, etc. Que ce soit en actes ou en pensées, chacun de nous a fait la guerre. Donc, si on me sollicite en qu’artiste pour une telle initiative, j’ai le droit d’y participer. Maintenant, je pense qu’on ne pourra pas se réconcilier, cela ne veut pas dire que je suis pessimiste. Soyons réalistes. Il y a un certain nombre de choses qui se passent et qui font que cela ne sera pas possible maintenant. C’est une réalité même si elle est triste. D’ailleurs pendant la caravane, j’ai été le seul à avoir dit que c’était du cinéma. On jouait dans les stades devant 2000 ou 3000 milles personnes, avec des mégastars comme Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Magic System, etc. Tous ceux qui passaient à la télé trouvaient que tout était beau et que les gens étaient réconciliés. Mais moi, j’ai eu le courage de dire que c’était à l’image du pays. Parce qu’en Côte d’Ivoire, il y a une partie de la population qui ne se sent pas concernée par la réconciliation, ce n’est pas une injure. Des gens se sentent frustrés et sont dans leur coin. On ne se réconcilie pas avec son ami mais plutôt avec son ennemi. C’était cela ma participation à la caravane de la réconciliation. Avoir le courage de dire ce que j’ai vu. C’est la manière de mener le processus de réconciliation sans franchise qui fait que je dis qu’on ne peut pas se réconcilier maintenant. Les clés de la réconciliation seront dans ma prochaine lettre. Je le dirai en face à qui de droit.»
“Je suis venu à la musique pour éveiller les consciences”
«Je suis venu à la musique précisément au rap parce que c’est une musique de combat, une musique révolutionnaire. Il est né dans un contexte de souffrance. Et ce sont ces souffrances que j’essaie de mettre sur la musique. A la base, le hip pop est une musique de combat. C’est une musique pour dire des choses, une musique pour éveiller des consciences. Il faut qu’on ait le courage de dire à nos dirigeants ce que nous pensons. C’est nous qui les employons, ils travaillent pour nous. C’est le peuple qui met les dirigeants au pouvoir. L’Afrique a 53 ans, des gens pensent que le développement passe par la voierie, par l’éducation, mais moi je pense que le développement passe aussi par la liberté d’expression. Qu’on laisse la parole circuler librement. »
YS
“Ce que le Président Ouattara m’a confié”
«Le Président de la République m’a félicité pour le fait que j’ai eu le culot de dire ce que je pense. Selon ses mots, il y a des choses qui se trament dans son dos. Grâce à ma chanson, il a pu s’apercevoir de beaucoup de choses. Il m’a dit : ‘’Félicitations Billy Billy. Si un dirigeant moderne qui veut diriger la Côte d’Ivoire n’écoute pas Billy Billy, il va cogner le mur. Parce que tu es le cordon ombilical entre le peuple et le pouvoir. Franchement, je te reconnais mon garçon. Je vais voir mon programme avec la demoiselle qui t’a eu au téléphone pour que je puisse te recevoir. Ne quitte pas je te passe ta maman ‘’. La première Dame prend le téléphone et me félicite, à son tour, pour ma chanson (ndlr, « Ma Lettre au Président »), mon état d’esprit et mon moral. Et puis elle m’a posé des questions sur certaines paroles de ce titre, notamment la partie où je dis qu’il y a un gardien qui se promène avec un compteur. Elle m’a demandé de qui je parle. Je lui ai répondu que c’était un secret professionnel. Nous nous sommes marrés. Et le couple présidentiel a promis me recevoir. Cela dit, je n’ai pas fait cette chanson pour être reçu par le Président de la République. Je l’ai faite pour juste dire haut ce que le peuple pense bas. Je n’ai donc pas fait cela pour un objectif lucratif, mais plutôt en tant que conscience publique et éveilleur de conscience. Et je l’assume.»
“Depuis que je sors des albums, j’ai toujours été victime de censure”
«Je préparais une émission (« Samedi, ça me dit ») avec la RTI. A quelques jours de l’enregistrement, la présentatrice Nahomi m’a convié avec les autres artistes à une séance de travail. C’est ainsi qu’elle m’a fait savoir que ses patrons ne voulaient pas que je passe à la télé parce que mes chansons ne cadraient pas avec la réconciliation et qu’elles étaient très engagées. Billy Billy à la télévision, jusqu’à nouvel ordre on n’en a pas besoin. Pourtant, même dans 50 ans, on ne pourra jamais se réconcilier. C’est donc comme si on m’interdisait de passer à l’antenne pendant 50 ans. Depuis que je sors des albums, j’ai toujours été victime de censure. Mais, personne qui a le courage de s’arrêter devant moi pour me dire que c’est lui qui a donné l’ordre pour qu’on censure Billy Billy. Je suis un citoyen libre. Sur ma facture de CIE (Compagnie Ivoirienne d’Electricité), il est marqué 2000 FCFA au titre de la redevance. J’ai donc le droit de passer à la télé. Je n’ai donc pas besoin d’aller voir Aka Sayé Lazare (DG de la RTI) pour que je puisse passer à la télé. Comme je suis victime de censure, je préfère saisir la presse qui est une arme pour porter cette information à la connaissance du grand public ivoirien. Personne n’a le droit de me priver de passage à la télé. »
“Je ne chante pas pour des dessous de table”
«Je ne chante pas pour des dessous de table. A chaque sortie d’album, je sais qui j’ai au bout du téléphone. Si je voulais chanter pour des dessous de table, je ne serais pas en train de circuler encore dans ma vieille voiture. Nous sommes des révolutionnaires et non des griots. Si j’ai fait « Ma Lettre au Président », ce n’est pas parce que j’attends quelque chose en retour. Je tiens à dire que je n’ai jamais fait de campagne pour le RDR. Comme je chantais « Wassakara » et que les responsables de ce parti alors dans l’opposition ont voulu faire une campagne politique dans ce quartier, ils m’ont demandé d’être là. Ce que j’ai accepté, parce que c’est mon quartier. Les gens ont interprété cela comme ils le voulaient. Chacun a dit ce qu’il pensait. Mais, je suis resté serein. J’ai reçu le candidat du RDR à la Présidentielle de 2010. Je lui ai fait visiter le quartier en lui présentant la décrépitude dans laquelle on vivait. Et je lui ai dit qu’à travers Wassakara, il devait voir tous les quartiers défavorisés où il y a beaucoup de gens qui donnent leur poitrine pour installer les dirigeants au pouvoir.»
“Une partie de la population ne se sent pas concernée par la réconciliation”
«J’ai participé à la caravane de la réconciliation comme tout jeune citoyen qui a participé à la guerre. Chacun à son niveau est coupable de ce qu’il s’est passé en Côte d’Ivoire : journalistes, militaires, hommes politiques, etc. Que ce soit en actes ou en pensées, chacun de nous a fait la guerre. Donc, si on me sollicite en qu’artiste pour une telle initiative, j’ai le droit d’y participer. Maintenant, je pense qu’on ne pourra pas se réconcilier, cela ne veut pas dire que je suis pessimiste. Soyons réalistes. Il y a un certain nombre de choses qui se passent et qui font que cela ne sera pas possible maintenant. C’est une réalité même si elle est triste. D’ailleurs pendant la caravane, j’ai été le seul à avoir dit que c’était du cinéma. On jouait dans les stades devant 2000 ou 3000 milles personnes, avec des mégastars comme Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Magic System, etc. Tous ceux qui passaient à la télé trouvaient que tout était beau et que les gens étaient réconciliés. Mais moi, j’ai eu le courage de dire que c’était à l’image du pays. Parce qu’en Côte d’Ivoire, il y a une partie de la population qui ne se sent pas concernée par la réconciliation, ce n’est pas une injure. Des gens se sentent frustrés et sont dans leur coin. On ne se réconcilie pas avec son ami mais plutôt avec son ennemi. C’était cela ma participation à la caravane de la réconciliation. Avoir le courage de dire ce que j’ai vu. C’est la manière de mener le processus de réconciliation sans franchise qui fait que je dis qu’on ne peut pas se réconcilier maintenant. Les clés de la réconciliation seront dans ma prochaine lettre. Je le dirai en face à qui de droit.»
“Je suis venu à la musique pour éveiller les consciences”
«Je suis venu à la musique précisément au rap parce que c’est une musique de combat, une musique révolutionnaire. Il est né dans un contexte de souffrance. Et ce sont ces souffrances que j’essaie de mettre sur la musique. A la base, le hip pop est une musique de combat. C’est une musique pour dire des choses, une musique pour éveiller des consciences. Il faut qu’on ait le courage de dire à nos dirigeants ce que nous pensons. C’est nous qui les employons, ils travaillent pour nous. C’est le peuple qui met les dirigeants au pouvoir. L’Afrique a 53 ans, des gens pensent que le développement passe par la voierie, par l’éducation, mais moi je pense que le développement passe aussi par la liberté d’expression. Qu’on laisse la parole circuler librement. »
YS