Très engagé dans le combat pour la mise en œuvre de l’Assurance maladie en Côte d’Ivoire, M. Donatien Robé est le président de l’Ong Orphelins secours. Spécialiste de la protection sociale, il est l’auteur du livre « Financement de la santé en Afrique : le choix de l’assurance maladie en Afrique » paru aux éditions du panthéon en France. Il donne son point de vue sur la Couverture médicale universelle (Cmu) annoncée pour les Ivoiriens.
M. Donation Robé, que pensez- vous de l’annonce par le Premier ministre de la mise en œuvre prochaine de la Couverture médicale universelle (CMU) cette année ?
C’est une bonne nouvelle pour les Ivoiriens, d’autant que la gratuité des soins a atteint ses limites. Les Ivoiriens continuent de déserter les centres de santé, faute de moyens financiers. Avec la CMU qui sera un système contributif, dès que vous payez votre cotisation, vous savez les prestations auxquelles vous avez droit, contrairement à la gratuité des soins qui fait régner le flou sur les prestations. La CMU créera des droits et c’est une bonne chose d’en parler à nouveau. Cependant, je ne pense pas qu’elle sera opérationnelle, comme annoncé par le premier ministre, cette année.
Pourquoi ?
Dans le processus de mise en œuvre, il y a d’abord la conception de la formule de la CMU. Cette étape est essentielle et déterminante. Après, il y a l’élaboration et le vote de la loi, à moins qu’on veuille se servir de celle sur l’AMU. Suivront les décrets d’application, les négociations avec les partenaires sociaux concernés par le projet, notamment les syndicats. Et je devine que ce ne sera pas facile au regard de la tension sociale actuelle. Il y a aussi le temps de la pédagogie qui est indispensable si on veut éviter les incompréhensions comme dans le système malien. Il y a enfin les phases des conventions avec les professionnels de la santé, du recrutement et de la formation du personnel. Toutes ces étapes, à moins qu’on veuille les bâcler, ne peuvent pas se faire en dix mois.
Quelles sont, pour vous, les clés pour réussir la Cmu ?
Ecoutez, je ne sais pas tous les objectifs du gouvernement. Mais il faut éviter de politiser le projet. On l’a vu avec L’Amu et on connaît le résultat. L’expérience en Afrique montre que la politisation du projet l’expose à la déstabilisation et au dénigrement de l’opposition et des syndicats. Il est inutile de tenir des propos du genre « les autres ne l’ont pas fait, nous le ferons ». Il faut donc un minimum de consensus national. Faisons comme l’Allemagne qui, avant toute réforme sociale majeure, cherche le consensus entre le pouvoir et l’opposition, car le social concerne l’ensemble de la population. Ensuite il y a les gages de bonne gestion car en Afrique, il y a un déficit de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Il est vrai que le président de la République est réputé rigoureux et la sensibilisation peut s’appuyer sur cette qualité mais il faut tout de même une commission de contrôle de la gestion. Le reste du processus n’est qu’une approche technique par rapport aux objectifs visés.
Dominique FADEGNON
M. Donation Robé, que pensez- vous de l’annonce par le Premier ministre de la mise en œuvre prochaine de la Couverture médicale universelle (CMU) cette année ?
C’est une bonne nouvelle pour les Ivoiriens, d’autant que la gratuité des soins a atteint ses limites. Les Ivoiriens continuent de déserter les centres de santé, faute de moyens financiers. Avec la CMU qui sera un système contributif, dès que vous payez votre cotisation, vous savez les prestations auxquelles vous avez droit, contrairement à la gratuité des soins qui fait régner le flou sur les prestations. La CMU créera des droits et c’est une bonne chose d’en parler à nouveau. Cependant, je ne pense pas qu’elle sera opérationnelle, comme annoncé par le premier ministre, cette année.
Pourquoi ?
Dans le processus de mise en œuvre, il y a d’abord la conception de la formule de la CMU. Cette étape est essentielle et déterminante. Après, il y a l’élaboration et le vote de la loi, à moins qu’on veuille se servir de celle sur l’AMU. Suivront les décrets d’application, les négociations avec les partenaires sociaux concernés par le projet, notamment les syndicats. Et je devine que ce ne sera pas facile au regard de la tension sociale actuelle. Il y a aussi le temps de la pédagogie qui est indispensable si on veut éviter les incompréhensions comme dans le système malien. Il y a enfin les phases des conventions avec les professionnels de la santé, du recrutement et de la formation du personnel. Toutes ces étapes, à moins qu’on veuille les bâcler, ne peuvent pas se faire en dix mois.
Quelles sont, pour vous, les clés pour réussir la Cmu ?
Ecoutez, je ne sais pas tous les objectifs du gouvernement. Mais il faut éviter de politiser le projet. On l’a vu avec L’Amu et on connaît le résultat. L’expérience en Afrique montre que la politisation du projet l’expose à la déstabilisation et au dénigrement de l’opposition et des syndicats. Il est inutile de tenir des propos du genre « les autres ne l’ont pas fait, nous le ferons ». Il faut donc un minimum de consensus national. Faisons comme l’Allemagne qui, avant toute réforme sociale majeure, cherche le consensus entre le pouvoir et l’opposition, car le social concerne l’ensemble de la population. Ensuite il y a les gages de bonne gestion car en Afrique, il y a un déficit de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Il est vrai que le président de la République est réputé rigoureux et la sensibilisation peut s’appuyer sur cette qualité mais il faut tout de même une commission de contrôle de la gestion. Le reste du processus n’est qu’une approche technique par rapport aux objectifs visés.
Dominique FADEGNON