Ma lettre aux juges de la Cour Pénale Internationale suite à l’audience de la confirmation de charge contre Monsieur Laurent Koudou Gbagbo La confirmation de charges entreprise par la Cour Pénale internationale vient de mobiliser l’attention de toute la Cote d’Ivoire. Après le procureur et les avocats, l’occasion a été donnée à l’ex-président Laurent Gbagbo de se prononcer sur les charges qui lui sont attribuées dans le cadre de la crise postélectorale. La déclaration de Gbagbo bien que surprenante n’étonne guère parce qu’elle reste dans la logique de l’homme. Il a toujours eu pour habitude de déplacer le débat. La franchise et l’honnêteté ne l’ont jamais animé. Le but de cette lettre est de rappeler des actes posés par Gbagbo qui démontrent que les propos tenus face à la cour ne sont que contrevérités. Pour mieux comprendre le parcours de Gbagbo, il faut rappeler qu’il a tiré profit des moments qu’il a passé dans les casernes pendant le service militaire et la période de détention. Ces moments ont permis à l’ex-président de nouer des contacts dans les armées. Ces liens avec des officiers ont permis la mise en place d’une branche militaire au sein de l’organisation du mouvement d’opposition qui a abouti par la suite au front populaire ivoirien, FPI. Cette entité militaire du FPI s’est dévoilée au monde entier au sein du Conseil National de Salut Public et dans le gouvernement de Laurent Gbagbo, qui s’est autoproclamé président suite aux élections de 2000. Ces mêmes militaires qui ont fait preuve de fidélité sans réserve ont usé de tous les moyens et sous les ordres de leur chef suprême pour que ce dernier demeure au pouvoir. La volonté politique de Gbagbo à conserver le pouvoir a été affichée après la prise du pouvoir en 2000. A cette occasion, il avait fait la déclaration suivante: « Mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance ! ». Pour la campagne des élections de 2010, le slogan de Gbagbo était ainsi formulé : « On gagne ou on gagne ». Conscient que le pouvoir lui échappait à la veille des présidentielles de 2010, il a dit ceci à ces officiers : « Si je tombe, vous tombez ». En se limitant seulement ces trois propos, on comprend que les aspirations de Gbagbo et son parti n’ont jamais été démocratiques. Cependant, il est bon de s’attarder sur le slogan de campagne. Il nous démontre sans ambiguïté que Gbagbo n’a jamais envisagé l’éventualité d’une défaite. Son adresse aux militaires est la preuve que Gbagbo n’a jamais considéré l’armée comme une institution républicaine. Une telle attitude est contraire à la démocratie et pourtant, Gbagbo s’évertue à montrer au monde qu’il en a fait son combat politique. Les juges de la CPI analyseront ces quelques lignes et aviseront. En ce qui concerne le président Ouattara que Gbagbo traite de perdant est le démocrate par essence et par excellence. C’est sous Ouattara que notre pays a connu le multipartisme. Ce dernier a eu tous les leviers en main pendant une longue période d’une vacance de pouvoir du président Houphouët-Boigny. Démocrate dans l’âme, Alassane Ouattara a fait preuve, pendant sa primature, de naïveté politique en répondant par l’affirmative qu’il pouvait se présenter à une présidentielle en Cote d’Ivoire. Il a été naïf parce que novice en politique africaine et cela lui a attiré toutes les foudres. Gbagbo et son journal ont été les premiers à le traiter de voltaïque. Il a ensuite fait les frais de l’ivoirité et d’une constitution rédigée spécialement contre lui, affirmation faite par Gbagbo lui-même. Au regard de ce qui précède, si Ouattara n’était pas démocrate, il aurait confisqué le pouvoir à la mort du président Félix Houphouët-Boigny. Gbagbo, l’historien, n’a pas d’arguments pour défendre sa cause et voudrait pour aller jusqu’au bout de sa logique, ruser une dernière fois avec le monde. Qu’il sache que l’histoire est constituée de faits difficilement falsifiables. L’histoire de l’Afrique moderne est si courte que nous l’avons tous en mémoire. Les héros du continent sont connus et Gbagbo n’en fait pas partie. Que Gbagbo arrête son jeu qui n’amuse plus personne parce que macabre et répugnant. Après s’être autoproclamé président du FPI, président de la République suite aux élections de 2000 et de 2010, Gbagbo voudrait s’imposer à l’Afrique comme seul combattant pour la démocratie. Une œuvre qu’il a entreprise bien avant la chute du mur de Berlin. En définitive, Gbagbo a raison. Il est allé au bout de sa logique et celui de la bêtise.
Société Publié le lundi 4 mars 2013 | Le Patriote