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Société Publié le mardi 12 mars 2013 | Notre Voie

Résolution des conflit - Mme Mugiraneza Assumpta (experte de l’UNESCO) : « L’amnistie peut aider»

L’amnistie est-elle une bonne chose pour la paix, au lendemain d’une crise grave ? A cette interrogation, Mme Mugiraneza Assumpta, experte de l’Unesco en matière de gestion des conflits, répond presque par l’affirmative, en prenant soin de nuancer ses propos. «L’amnistie, c’est d’abord une décision politique. Et, comme je le dis souvent, toute situation est mieux que la guerre. L’amnistie peut aider si elle permet de mettre en place une paix durable. Mais, si elle consacre l’impunité, la fuite de la justice, alors rendez-vous pour des problèmes pires demain », dira-t-elle. L’experte de l’Unesco a réaffirmé cette position, vendredi dernier, au cours d’une conférence publique qu’elle a prononcée à l’amphi 7 de l’Université de Cocody, sur le thème «Devoir de mémoire et processus de prévention et de résolution des conflits : mémoires de la Shoah ».

Mme Mugiraneza Assumpta a fait un exposé sur les tragédies marquantes de l’histoire de l’humanité que sont les génocides arménien, juif et Tusti. Elle a relevé que le génocide est d’abord et avant tout un projet politique. Il est conçu et réalisé par les forces politiques, militaires, administratives et les masses populaires. Selon elle, le génocide survient en période de guerre, mais les victimes du génocide ne sont pas les victimes de la guerre, entendu que, depuis longtemps, les choses ont été savamment préparées. La conférencière a souligné que l’idéologie génocidaire choisit une cible qu’elle présente comme le mal absolu. Aussi s’en suit-il une campagne propagandiste pour demander l’éradication du mal supposé. A cet égard, elle a évoqué l’exemple du génocide rwandais au cours duquel les victimes étaient assimilées à des cafards. « On comprend donc que l’on pouvait écraser un cafard sans état d’âme », dira-t-elle. Mme Mugiraneza Assumpta a également indiqué que, dans le projet, il y a la mise en place de deux mondes opposés. Le « je » contre le «eux ».

Autre chose rapportée par la conférencière, la manipulation de l’histoire pour discréditer la victime. Dans le cas du Rwanda, elle a expliqué que les génocidaires faisaient croire que leurs victimes n’étaient pas des Rwandais authentiques ou qu’ils étaient toujours méchants. « Pendant ce temps, les génocidaires se présentaient comme le peuple, les citoyens, la majorité, les nationaux contre les étrangers les envahisseurs», a-t-elle avancé. Mme Mugiraneza soutient que, dans les différents cas évoqués, les génocidaires ont toujours accusé leurs victimes de perpétrer des massacres en masse. Une façon, selon elle, de justifier leur prochain forfait.
L’experte de l’Unesco, qui est elle-même Rwandaise, a expliqué que le génocide rwandais, a été une tragédie qui a dépassé l’entendement humain par son ampleur et le niveau de cruauté des tueries. Elle a souligné que plus de 20.000 personnes ont été tuées par jour, et ce malgré l’usage d’armes archaïques que sont la machette, la hache pour ne citer que ceux-là. Sur la Shoah, elle dira que son avènement a été ressenti comme une onde de choc dans une Europe qui était perçue comme le sanctuaire de la civilisation moderne. «Il a ébranlé l’Europe des lumières », dira-t-elle.

Le Professeur Lézou, titulaire de la Chaire-Unesco de l’Université de Cocody, initiatrice de la conférence, a soutenu que les conflits ne sont pas une mauvaise chose en soi. Ils permettent aux humains de mieux se connaître. Lorsqu’ils surviennent, il appartient aux individus ou aux parties en conflit de trouver les moyens de les surmonter. Aussi a-t-il avancé que cette initiative vise à dédramatiser les crises, notamment celle de la Côte d’Ivoire, afin de donner les moyens aux Ivoiriens de surmonter leurs différends.

César
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