Les cours de mercredi sont désormais biens connus des élèves et même des parents. Chaque mercredi, les instituteurs, moyennant une somme forfaitaire, enseignent les élèves. Objectif : Renforcer les capacités des enfants. Qualifiés de facultatifs, ces cours se font pratiquement dans tous les établissements primaires et à tous les niveaux. A telle enseigne que ne pas le faire est devenu ‘‘anormal’’ pour un élève. Mais des parents d’élèves qualifient ces cours de ‘‘commerce juteux’’ quand les enseignants soutiennent le contraire. Notre constat. Mercredi 27 février 2013, il est 10h40mn. Nous sommes dans la cour du groupe scolaire régional, à Treichville. Pour un jour où il n’y a pas école, Nous sommes surpris de voir autant d’élèves dans l’enceinte de l’établissement. La plupart des salles de classes sont ouvertes avec des instituteurs et des élèves en pleins cours. A la fin des classes, certains élèves se dirigent automatiquement vers un véhicule stationné dans la cour. Renseignement pris, ces élèves vont visiter le zoo d’Abidjan. Pour être du convoi, chaque enfant doit s’acquitter de la somme de 1200 FCFA. Un instituteur qui assiste à la scène déplore qu’aucun maître n’ait été associé à l’initiative. «On ne sait pas qui accompagne les enfants. Or cette visite du zoo pouvait permettre à l’instituteur d’approfondir la connaissance des enfants sur les animaux», se désole l’enseignant. Un groupe de filles, en retrait et sous un arbre, assiste également à la scène. Loué Elysée, Bah Ramatoulaye, Victoire Esther et Cissé Alimatou, sont toutes en classe de CM2, à l’EPP Raquain. Nous les approchons pour savoir la raison de leur présence dans l’établissement, ce mercredi matin alors qu’il n’y pas école. Elles répondent être venues suivre les cours de mercredi. Pourquoi viennent-elles à ses cours ? «Les cours de mercredi nous aident à la composition. Le maître donne les exercices qu’il a donné au cours de mercredi», clament-elle. Avant de révéler que chaque élève paie 500 FCFA chaque mercredi pour participer à ces cours, qui ne sont pas obligatoires.
Une contrainte morale pour les parents
En théorie, tous les enseignants qui dispensent les cours de mercredi vous diront tous qu’ils sont facultatifs. Les parents sont libres d’inscrire ou non leurs enfants. Mais, à la pratique, il s’avère que les parents, devant l’insistance de leur enfants, sont obligés de payer ces cours. «Chaque mercredi, ma petite fille qui est en classe de CM1 me réclame 250 FCFA pour aller au cours de mercredi. Lorsque je refuse, elle se met à pleurer. Elle me dit qu’elle aura zéro à la composition et ses amis auront de bonnes notes car la maîtresse donne à la composition, l’exercice du cours de mercredi», explique dame Safiatou Diallo, dont la petite fille fréquente l’EPP Konaté, à Abobo. Face à la détresse de sa petite fille, dame Diallo nous confie qu’elle est obligée de remettre les 250 FCFA à la petite fille. «Quelques fois, je lui donne 200 FCFA. Mais, la maitresse ne la met pas dehors», soutient la bonne dame. Cet «avantage» des cours de mercredi est bien connu de parents. En effet, Oulaye Narcisse dont les enfants fréquentent le groupe scolaire BAD, à Koumassi, est bien au parfum de cette pratique. «Au départ, je ne voulais pas payer pour les cours de mercredi parce que les enfants ont déjà un répétiteur à la maison. Mais, comme cela permet aux enfants d’avoir de bonnes notes et de passer en classe supérieure, je n’y vois plus d’inconvénient. Mais j’ai dû arrêter avec le répétiteur car je ne peux payer deux choses à la fois», explique M. Kouassi. A l’instar de M. Kouassi, ils sont aujourd’hui nombreux, les parents qui soutiennent que si leurs enfants ne vont pas au cours de mercredi, ils ne passeront pas en classe supérieure. Car le maître ne leur donnera pas de bonnes notes. «Dans l’école de ma fille, on demande aux parents de payer 4000 FCFA par mois pour les cours de renforcement. Ainsi, chaque après midi, après la fin des cours normaux, les enfants dont les parents ont payé les 4000 f restent en classe jusqu’à 18 h pour faire les cours de renforcement. A la première composition, je n’ai pas payé et ma fille a eu cinq de moyenne. Lorsque j’ai commencé à payer, à la deuxième composition, elle a eu sept de moyenne. Du coup, j’ai décidé de continuer à payer ces cours de renforcement, mais j’ai demandé au répétiteur que je payais à 8000 FCFA d’arrêter ses cours», nous explique une parente d’élève rencontrée au groupe scolaire «Les Pingouins», à Abobo.
Ce qu’en pensent les enseignants
Ils sont donc nombreux les parents qui estiment que les cours de mercredi sont «des gombos» pour les enseignants qui arrondissent ainsi leurs fins de mois. Ils accusent les enseignants de rendre ces cours incontournables, tout en déclarant qu’ils ne sont pas obligatoires. Cela, en faisant en sorte que les élèves qui participent à ces cours obtiennent toujours de bonnes notes. Toute chose qui incite les autres élèves à vouloir participer à ces enseignements. Il s’agit là, à en croire les enseignants, d’une accusation injustifiée. Ces cours, indiquent-ils, sont des cours de renforcement et sont tout à fait justifiés. Et d’argumenter, en se basant sur l’âge des écoliers. « Aujourd’hui, les parents inscrivent très tôt leurs enfants à l’école. Un enfant de la classe de CP1, a l’âge de trois ou quatre ans. Nous avons donc affaire à des bébés qui passent le plus clair de leur temps à jouer plus qu’à travailler. Et c’est normal, c’est leur âge qui le veut. Ce n’est pas normal qu’un enfant qui a huit ans, se retrouve au CM2. Il va plus jouer que travailler en classe. Lorsqu’on est dans une telle situation, l’élève intelligent va assimiler les cours, mais un élève qui évolue normalement sera toujours en retard dans l’apprentissage. Car il ne peut être concentré tout le temps. Lorsque c’est ainsi, l’enseignant se retrouve avec une classe évoluant à double vitesse. Ceux qui tiennent et ceux qui traînent. Pour ne pas pénaliser ces derniers, l’enseignant est obligé de faire les cours de renforcement avec ceux-ci », explique M. Bakayoko Souleymane, instituteur à l’EPP Biasso du groupe scolaire régional. Les cours de renforcement, poursuit M. Bakayoko, permettent en réalité aux enseignants, d’informer les parents sur le niveau réel de leurs enfants. « Nous ne voyons pas les parents. Nous les convoquons au début de l’année pour leur expliquer le bien-fondé de ces cours. Chaque mercredi, les enfants vont avec les copies corrigées des sujets que nous avons traités. Le parent signe la copie et l’enfant la ramène. Nous pensons qu’en la signant, le parent voit ainsi les lacunes de son enfant et il pourra orienter le répétiteur », soutient-il. Les 500 FCFA, à l’en croire, servent à payer leur transport. «De toutes les façons, je ne mets jamais dehors un élève qui vient le mercredi au cours parce qu’il n’a pas payé les 500f», précise-t-il. Autre argument avancé par les enseignants pour la tenue de ces cours de renforcement, le sureffectif des classes. A cela s’ajoute la contrainte de temps de travail. «Un enseignant peut se retrouver avec 60 ou 70 élèves par classe. Selon les normes pédagogiques, le temps imparti par cours est de 40 mn. L’enseignant doit faire la leçon, vérifier si les élèves ont compris en les interrogeant. S’ils ont compris, ils doivent être capables de l’écrire sur les ardoises et l’enseignant doit passer pour le constater. Tout cela, en 40 mn. Vous comprenez que faute de temps, l’enseignant ne peut interroger que deux ou trois élèves», indique M. Adjemian Jean, instituteur au groupe scolaire EPP Lac. Aux cours de renforcement, le maître, explique-t-il, ne prend que les élèves qui ont des difficultés à suivre le rythme de la classe. Prenant son cas (ndlr M. Adjemian enseigne la classe de CP1), il nous précise que dans la progression normale, il est au stade d’écriture de découverte de nouveaux mots et de création de phrases par les élèves eux-mêmes. Mais d’autres élèves sont encore au stade de pré-apprentissage et ils continuent de faire des graphismes. « Ils ne peuvent pas encore formuler de lettre. Mais est-ce pour autant qu’il faut les laisser et poursuivre avec ceux qui arrivent à lire correctement ? Un enseignant consciencieux ne peut pas le faire ainsi. C’est pourquoi nous demandons aux parents de ces enfants de les faire venir au cours de mercredi afin que nous puissions travailler avec eux. Nous les aidons à surmonter les difficultés que nous avons décelées », indique M. Adjemian. Avant d’ajouter que ces cours ne rapportent rien à l’enseignant sur le plan pécuniaire. Et M. Adjemian de nous prendre à témoin. « Les 250FCFA que nous demandons, ce n’est pas pour nous enrichir. C’est juste pour payer le déplacement du maître. Et c’est un prix social. Parfois, certains enfants amènent 200 voire 100f. D’autres même viennent sans cet argent. Nous ne les mettons pas dehors pour autant. Ce matin (ndlr les échanges ont eu lieu le mercredi 20 février 2013), j’ai un effectif de 17 élèves. Seuls 9 ont payé », nous confie-t-il. Poursuivant, il ajoute qu’il n’est nullement question de favoriser les enfants qui assistent à ces cours. « Constatez-vous-même. Il nous montre les notes d’un enfant présent au cours. Il a eu zero en écriture et 10 en mathématique. Il a une moyenne de 3,75/ 10. Il n’y a donc pas de favoritisme », cla
Une contrainte morale pour les parents
En théorie, tous les enseignants qui dispensent les cours de mercredi vous diront tous qu’ils sont facultatifs. Les parents sont libres d’inscrire ou non leurs enfants. Mais, à la pratique, il s’avère que les parents, devant l’insistance de leur enfants, sont obligés de payer ces cours. «Chaque mercredi, ma petite fille qui est en classe de CM1 me réclame 250 FCFA pour aller au cours de mercredi. Lorsque je refuse, elle se met à pleurer. Elle me dit qu’elle aura zéro à la composition et ses amis auront de bonnes notes car la maîtresse donne à la composition, l’exercice du cours de mercredi», explique dame Safiatou Diallo, dont la petite fille fréquente l’EPP Konaté, à Abobo. Face à la détresse de sa petite fille, dame Diallo nous confie qu’elle est obligée de remettre les 250 FCFA à la petite fille. «Quelques fois, je lui donne 200 FCFA. Mais, la maitresse ne la met pas dehors», soutient la bonne dame. Cet «avantage» des cours de mercredi est bien connu de parents. En effet, Oulaye Narcisse dont les enfants fréquentent le groupe scolaire BAD, à Koumassi, est bien au parfum de cette pratique. «Au départ, je ne voulais pas payer pour les cours de mercredi parce que les enfants ont déjà un répétiteur à la maison. Mais, comme cela permet aux enfants d’avoir de bonnes notes et de passer en classe supérieure, je n’y vois plus d’inconvénient. Mais j’ai dû arrêter avec le répétiteur car je ne peux payer deux choses à la fois», explique M. Kouassi. A l’instar de M. Kouassi, ils sont aujourd’hui nombreux, les parents qui soutiennent que si leurs enfants ne vont pas au cours de mercredi, ils ne passeront pas en classe supérieure. Car le maître ne leur donnera pas de bonnes notes. «Dans l’école de ma fille, on demande aux parents de payer 4000 FCFA par mois pour les cours de renforcement. Ainsi, chaque après midi, après la fin des cours normaux, les enfants dont les parents ont payé les 4000 f restent en classe jusqu’à 18 h pour faire les cours de renforcement. A la première composition, je n’ai pas payé et ma fille a eu cinq de moyenne. Lorsque j’ai commencé à payer, à la deuxième composition, elle a eu sept de moyenne. Du coup, j’ai décidé de continuer à payer ces cours de renforcement, mais j’ai demandé au répétiteur que je payais à 8000 FCFA d’arrêter ses cours», nous explique une parente d’élève rencontrée au groupe scolaire «Les Pingouins», à Abobo.
Ce qu’en pensent les enseignants
Ils sont donc nombreux les parents qui estiment que les cours de mercredi sont «des gombos» pour les enseignants qui arrondissent ainsi leurs fins de mois. Ils accusent les enseignants de rendre ces cours incontournables, tout en déclarant qu’ils ne sont pas obligatoires. Cela, en faisant en sorte que les élèves qui participent à ces cours obtiennent toujours de bonnes notes. Toute chose qui incite les autres élèves à vouloir participer à ces enseignements. Il s’agit là, à en croire les enseignants, d’une accusation injustifiée. Ces cours, indiquent-ils, sont des cours de renforcement et sont tout à fait justifiés. Et d’argumenter, en se basant sur l’âge des écoliers. « Aujourd’hui, les parents inscrivent très tôt leurs enfants à l’école. Un enfant de la classe de CP1, a l’âge de trois ou quatre ans. Nous avons donc affaire à des bébés qui passent le plus clair de leur temps à jouer plus qu’à travailler. Et c’est normal, c’est leur âge qui le veut. Ce n’est pas normal qu’un enfant qui a huit ans, se retrouve au CM2. Il va plus jouer que travailler en classe. Lorsqu’on est dans une telle situation, l’élève intelligent va assimiler les cours, mais un élève qui évolue normalement sera toujours en retard dans l’apprentissage. Car il ne peut être concentré tout le temps. Lorsque c’est ainsi, l’enseignant se retrouve avec une classe évoluant à double vitesse. Ceux qui tiennent et ceux qui traînent. Pour ne pas pénaliser ces derniers, l’enseignant est obligé de faire les cours de renforcement avec ceux-ci », explique M. Bakayoko Souleymane, instituteur à l’EPP Biasso du groupe scolaire régional. Les cours de renforcement, poursuit M. Bakayoko, permettent en réalité aux enseignants, d’informer les parents sur le niveau réel de leurs enfants. « Nous ne voyons pas les parents. Nous les convoquons au début de l’année pour leur expliquer le bien-fondé de ces cours. Chaque mercredi, les enfants vont avec les copies corrigées des sujets que nous avons traités. Le parent signe la copie et l’enfant la ramène. Nous pensons qu’en la signant, le parent voit ainsi les lacunes de son enfant et il pourra orienter le répétiteur », soutient-il. Les 500 FCFA, à l’en croire, servent à payer leur transport. «De toutes les façons, je ne mets jamais dehors un élève qui vient le mercredi au cours parce qu’il n’a pas payé les 500f», précise-t-il. Autre argument avancé par les enseignants pour la tenue de ces cours de renforcement, le sureffectif des classes. A cela s’ajoute la contrainte de temps de travail. «Un enseignant peut se retrouver avec 60 ou 70 élèves par classe. Selon les normes pédagogiques, le temps imparti par cours est de 40 mn. L’enseignant doit faire la leçon, vérifier si les élèves ont compris en les interrogeant. S’ils ont compris, ils doivent être capables de l’écrire sur les ardoises et l’enseignant doit passer pour le constater. Tout cela, en 40 mn. Vous comprenez que faute de temps, l’enseignant ne peut interroger que deux ou trois élèves», indique M. Adjemian Jean, instituteur au groupe scolaire EPP Lac. Aux cours de renforcement, le maître, explique-t-il, ne prend que les élèves qui ont des difficultés à suivre le rythme de la classe. Prenant son cas (ndlr M. Adjemian enseigne la classe de CP1), il nous précise que dans la progression normale, il est au stade d’écriture de découverte de nouveaux mots et de création de phrases par les élèves eux-mêmes. Mais d’autres élèves sont encore au stade de pré-apprentissage et ils continuent de faire des graphismes. « Ils ne peuvent pas encore formuler de lettre. Mais est-ce pour autant qu’il faut les laisser et poursuivre avec ceux qui arrivent à lire correctement ? Un enseignant consciencieux ne peut pas le faire ainsi. C’est pourquoi nous demandons aux parents de ces enfants de les faire venir au cours de mercredi afin que nous puissions travailler avec eux. Nous les aidons à surmonter les difficultés que nous avons décelées », indique M. Adjemian. Avant d’ajouter que ces cours ne rapportent rien à l’enseignant sur le plan pécuniaire. Et M. Adjemian de nous prendre à témoin. « Les 250FCFA que nous demandons, ce n’est pas pour nous enrichir. C’est juste pour payer le déplacement du maître. Et c’est un prix social. Parfois, certains enfants amènent 200 voire 100f. D’autres même viennent sans cet argent. Nous ne les mettons pas dehors pour autant. Ce matin (ndlr les échanges ont eu lieu le mercredi 20 février 2013), j’ai un effectif de 17 élèves. Seuls 9 ont payé », nous confie-t-il. Poursuivant, il ajoute qu’il n’est nullement question de favoriser les enfants qui assistent à ces cours. « Constatez-vous-même. Il nous montre les notes d’un enfant présent au cours. Il a eu zero en écriture et 10 en mathématique. Il a une moyenne de 3,75/ 10. Il n’y a donc pas de favoritisme », cla