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Art et Culture Publié le samedi 6 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

La femme, la meilleure électrice

Jacques Anouma a été le président de la Fédération ivoirienne de football. Un poste ingrat. Et cela dans tous les pays du monde. Tous les postes qui vous mettent au devant de la scène sont ainsi. Pas seulement dans le domaine du football. Jacques Anouma vient d’accorder une interview à un journal sportif. Je suis surpris par sa surprise. Il déclare : «Depuis 2011, je commence à connaître ce que c’est que la loyauté. Ce que c’est que l’amitié, la fraternité. Les dix dernières années, je ne faisais pas attention à cela, car de ma position, c’était difficile de le percevoir… Au contraire, je suis heureux que Dieu m’ait permis de voir cela avant ma mort. Je ferai désormais attention à mes relations et je me consacrerai davantage à ma famille. Là au moins, je ne peux pas être trahi. » J’avoue que cette déclaration m’étonne, venant d’un homme qui a tenu de si grandes responsabilités. C’est élémentaire de savoir qu’à tous les postes de responsabilité, on vous lancera des cailloux. C’est ainsi la nature humaine. On ne pardonne jamais à ceux qui sont sur l’arbre. Tant que vous n’êtes pas sous l’arbre, les pierres vous atteindront toujours. Et pire, de la part de ceux qui vous sont les plus proches. La famille n’y échappe pas. Est-il encore besoin de rappeler à Jacques Anouma l’histoire de Caïn et d’Abel, deux frères de même père et de même père. La connaissance de l’homme est une exigence première et fondamentale à toutes les étapes de la vie. Personne ne vous fera de cadeau. Tous les sourires sont des couteaux déguisés sous des costumes. Jacques Anouma n’a certainement pas lu mon roman intitulé : « Et pourtant, elle pleurait. » L’image du livre est symbolique. Un sourire. Mais, à l’intérieur, c’est la haine, la jalousie, l’envie, la médisance, le mensonge. On ne devient pas leader sans le savoir. Dans son remarquable ouvrage : « Devenez un grand leader » que je ne cesse de recommander, l’auteur, Steven Sample, recommande la lecture. Le chapitre 4 est intitulé : « Vous êtes ce que vous lisez. » Il recommande fortement à tous de lire les auteurs classiques. Ces auteurs que les siècles ont consacrés. Cette lecture de ravissement. Les générations se trompent mais les siècles ne se trompent jamais. Un seul roman de Balzac, malgré toutes ces histoires de femmes, est un vrai traité de psychologie. C’est avec la lecture abondante des classiques qu’on peut détecter par la seule voix si un homme est vrai ou faux. On ne peut pas fréquenter ceux qui ont marqué de leur emprise sur les siècles, par leurs œuvres, et ne pas connaître l’homme. Surtout l’homme mâle. La femme est moins méchante. Et c’est pourquoi elle demeure la meilleure électrice pour les hommes politiques. Contrairement à l’homme qui change constamment de position et d’humeur, sinon de partis politiques, selon ses intérêts nombreux et variés, la femme est d’une grande fidélité. Dès que la femme vous soutient, elle n’a pas la corde dans les mains pour vous pendre. Elle étale son foulard à vos pieds. Il est impossible de gagner une élection sans l’accompagnement d’une grande majorité de femmes. Miser sa stratégie sur l’homme est suicidaire. Avec les élections locales qui s’ouvrent, on va se rendre compte de la loyauté des femmes. Elles viendront à tous les meetings, elles iront de porte en porte avec enthousiasme. Elles n’attendront pas grand-chose du leader sauf un petit sourire et des remerciements. L’homme laissera votre tee-shirt dans son salon. Il ne fera pas le dixième de ce qu’on lui demandera de faire tant qu’il n’aura pas suffisamment d’argent dans sa poche. Et gare à vous si après votre élection vous ne lui trouvez pas un poste lucratif. Vous saurez alors qu’un serpent est sorti de vos entrailles. Il va saper votre image et votre autorité par des allégations fantaisistes et mensongères. Cela ne devrait étonner personne. Du moins ceux qui lisent beaucoup la littérature, surtout classique. Dans un de ses livres, Alphonse Daudet nous a appris à connaître l’hypocrisie de l’homme, ce sournois. Il avait une lettre de recommandation pour deux personnes. Celui en qui il croyait pour avoir un travail, à cause des ses larges sourires, sera le plus mufle. Avec la femme c’est je ne t’aime pas ou je t’aime. Inutile d’insister. Elle est émotive et ne sait pas tricher. Elle ne vous suivra pas pour des intérêts particuliers, mais parce qu’elle croit en vous et vous aime. Elle ne demande qu’à être séduite par l’homme politique. Par l’homme tout court. Elle ne vous demandera rien mais ne la trahissez jamais sans quoi elle vous fera comprendre que votre chute n’est plus loin. Il est réconfortant de voir que dans le monde entier on réclame de plus en plus la parité dans tous les domaines. Ainsi, on donnera plus de sincérité, d’amour, d’abnégation et de travail dans nos institutions et nos entreprises. Candidats aux élections, baptisés pompeusement locales, car elles sont plus politiques que la présidentielle et les législatives, vous savez ce que vous devriez faire. Une stratégie basée sur les femmes et pour les femmes. Les urnes seront fermées quand les hommes n’auront pas encore fini avec leurs habituelles discussions stériles et leurs critiques acerbes. De tout temps et encore pour longtemps, la femme sera la meilleure électrice. Partout dans le monde. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
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